États-Unis et le monde depuis les « 14 points » de Wilson/Déclin de la puissance

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Depuis la chute de l’Union soviétique en 1991, les États-Unis demeurent l'unique superpuissance au monde : d'où la notion d'« hyperpuissance » pour la désigner. Cette nation est la plus influente dans la mondialisation, que se soit économiquement, socialement ou politiquement (on parle même d'« américanisation » du monde). Elle fait figure de « gendarme des nations » à travers sa politique étrangère interventionniste.

Déclin de la puissance
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Chapitre no 4
Leçon : États-Unis et le monde depuis les « 14 points » de Wilson
Chap. préc. :Étapes de l'affirmation
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Un sans domicile fixe à Boston en 2008 : un Américain sur sept est sous le seuil de pauvreté, une proportion en augmentation.

Mais cette période faste évolue rapidement : les années 2000 sont une période de remise en cause de la toute puissance américaine, que ce soit économiquement ou politiquement. Quelques auteurs (Emmanuel Todd, Après l'empire : essai sur la décomposition du système américain, 2002) considèrent qu’il s'agit d'un déclin de la superpuissance américaine. Mais il faut nuancer cette faiblesse américaine : ce déclin est relatif.

Difficultés économiques modifier

Concurrence modifier

 
Une des voitures les plus vendues aux États-Unis est la Toyota Camry[1], fabriquée par la marque japonaise notamment dans le Kentucky. Ici photographiée à College Park (Maryland).

Dès la fin des années 1990, la supériorité économique et technologique américaine commence à être remise en cause par la montée en puissance de l’économie japonaise (deuxième PIB jusqu'en 2009), puis plus tardivement de l’économie chinoise (deuxième PIB depuis 2010).

Par exemple pour l’industrie automobile, secteur traditionnellement phare de l’économie américaine, le premier pays producteur était les États-Unis depuis 1907 ; mais le Japon les détrône à partir de 2006[2], puis c’est le tour de la Chine qui est devenue en 2009 en même temps le premier consommateur[3] et le premier producteur mondial[4]. Sur le sol américain lui-même, les marques étrangères ont conquis d’importantes parts de marché, soit en exportant vers les États-Unis (avec des navires rouliers), soit en produisant directement en Amérique du Nord : Honda dans l'Ohio, Hyundai et Mercedes dans l'Alabama, Mitsubishi dans l'Illinois, Nissan dans le Tennessee, Subaru dans l'Indiana, Kia en Géorgie, BMW en Caroline du Sud, Volkswagen au Mexique, ou Toyota dans le Kentucky, l'Indiana et au Canada[5].
Articles connexes : World motor vehicle production by country in 2012 ; Automotive industry in China.

Surendettement modifier

 
National Debt Clock à New York : 14 255 milliards en mars 2011.

L'autre principale difficulté économique est le surendettement des États-Unis. quatre éléments l'explique :

  • d’abord maintenir de puissantes forces armées coûte extrêmement cher, les États-Unis ont dépensé 711 milliards de dollars en 2012 pour leurs forces armées, soit 41 % des dépenses militaires mondiales[6] ;
  • ensuite les impôts ont été fortement réduits sous la présidence de George W. Bush (2001-2009) ;
  • tandis que les dépenses, notamment de santé, augmentent sous la présidence de Barack Obama (depuis 2009) ;
  • enfin l'économie américaine est en récession, suite à la crise financière en 2007, réduisant encore plus les recettes.

Le résultat est que le budget fédéral des États-Unis est marqué par un déficit public record (les dépenses sont largement supérieures aux recettes), d'où le besoin de souscrire des emprunts pour maintenir les dépenses (y compris le payement des intérêts de la dette). Le total de la dette publique américaine a dépassé l'équivalent de 100 % du PIB des États-Unis, avec un total estimé de 17 564 milliards de dollars en avril 2014[7] : les États-Unis, l'État le plus riche du monde, est donc aussi le plus endetté (« on ne prête qu'aux riches »).
Article connexe : Patient Protection and Affordable Care Act ; Dette publique des États-Unis.

Difficultés politiques modifier

 
Cette caricature du brésilien Carlos Latuff représente les États-Unis comme une puissance « diabolique » : l'Oncle Sam, assis sur un trône, entouré de flammes et tenant un trident marqué par le symbole du dollar, tel un diable régnant sur son royaume.

L'hégémonie politique et militaire d'un État sur les autres est invariablement remis en cause : le leadership américain n'échappe pas à la règle, contrebattu par des mouvements terroristes et concurrencé par d'autres États.

Développement du terrorisme modifier

Si les années 1990 sont considérées comme une période d'affirmation de la puissance américaine (avec le « nouvel ordre mondial » du président George Bush sénior), se sont aussi des années de développement du terrorisme islamiste. Les années 2000 s'ouvrent sur les attentats du 11 septembre 2001, qui entrainent la guerre d'Afghanistan (depuis 2001) et la guerre d'Irak (depuis 2003).

En février 1998, plusieurs mouvements extrémistes musulmans (dont al-Qaïda)[8] signent la Déclaration du Front islamique mondial pour la guerre contre les juifs et les croisés[9], une sorte de déclaration de guerre visant tout particulièrement les États-Unis et détaillant trois raisons (trois casus belli) :

Ces mouvements ont recours aux attentats à cause de la situation asymétrique vis-à-vis des États-Unis et de leurs alliés : le terrorisme est l'arme du faible contre le fort.
Article détaillé : Fatawā of Osama bin Laden.

Le 7 août 1998, les ambassades américaines de Nairobi (capitale du Kenya) et de Dar es Salam (capitale de la Tanzanie) sont les cibles de deux attaques-suicides à la voiture piégée, revendiqués par l'« Armée islamique de libération des lieux saints », c'est-à-dire al-Qaïda. La réaction du président Bill Clinton est d'ordonner une riposte, qui a lieu le 20 août suivant par le bombardement de quatre camps d'al-Qaïda en Afghanistan (Opération Infinite Reach, avec 79 Tomahawk).
Articles détaillés : Attentats des ambassades américaines en Afrique ; Timeline of al-Qaeda attacks.

 
Explosion à travers la façade Nord de la seconde tour, qui vient d’être percutée par le vol 175 UA sur sa face Sud, à 9 h 03 le 11 septembre 2001.

Le 11 septembre 2001, une série d'attentats avec quatre avions-suicides sont perpétrés aux États-Unis, visant les tours du World Trade Center (bâtiments de bureaux, au centre de New York), le Pentagone (quartier général des forces armées, dans la banlieue de Washington) et la Maison-Blanche (résidence du président, au centre de Washington). Bien que le quatrième avion s'écrase avant de frapper la Maison-Blanche, le total des pertes est de 2 992 morts (de 93 nationalités, dont 2 203 occupants des tours, 343 pompiers, 213 passagers des vols, 125 occupants du Pentagone, 60 policiers, 33 membres d'équipage et 19 pirates de l'air)[10],[11] et 6 291 blessés, ce qui en fait les attentats les plus meurtriers.
Article détaillé : Attentats du 11 septembre 2001.

Enlisement au Moyen-Orient modifier

Dès ce moment la politique extérieure des États-Unis, menée par le président George Bush junior, change complètement, avec le lancement d'une guerre contre le terrorisme contre des ennemis qui forment une nébuleuse transnationale composés de cellules dormantes. Rapidement les États-Unis ont une attitude unilatérale (ne demandant pas l'avis des autres États), n'hésitant pas à mener des opérations punitives voire préventives : d’abord la guerre d'Afghanistan engagé avec l'accord de l'ONU depuis 2001 (Operation Enduring Freedom), puis la guerre d'Irak (Operation Iraqi Freedom) en 2003 déclenché sans l'ONU l'approuve, cette dernière dégénérant en guerre civile de 2003 jusqu'à aujourd’hui (2015).
Articles détaillés : Campagne d'Afghanistan (automne 2001) ; US withdrawal from Saudi Arabia.

Les États qui ne soutiennent pas cette politique sont presque considérés comme des ennemis. Plusieurs alliés de l’OTAN participèrent, dès 2001 en Méditerranée (Operation Active Endeavour), à partir de 2002 en Afghanistan (au sein de l’ISAF) et depuis 2009 dans le golfe d'Aden (Operation Ocean Shield). Selon l'historien Jean-Michel Lacroix, « la stratégie de George Bush consiste à capitaliser sur l'émotion collective et la psychose sécuritaire en se posant en défenseur du monde libre au risque de prendre une posture impériale et d'alimenter une vision manichéenne du bien et du mal »[12]. L'attitude américaine, surtout après la découverte par l'opinion public des prisons de Guantánamo (ouvert fin 2001 pour les combattants illégaux capturés) et d'Abou GhraibBagdad), renforce l'antiaméricanisme.

Retour au multilatéralisme ? modifier

 
Le discours prononcé au Caire en 2009 par le président Barack Obama est le symbole de la réconciliation du monde musulman avec les États-Unis (A New Beginning).

L'élection de Barack Obama en 2008 et sa prise de fonction en 2009 a transformé l'attitude américaine, avec une politique extérieure moins agressive, un retour au multilatéralisme (consultations des alliés et négociations dans un cadre internationale) et le retrait progressif des troupes américaines d'Irak. Ce changement n'empêche pas la poursuite des combats, avec le renforcement des forces déployées en Afghanistan dès 2009, l’assassinat de ben Laden à Abbottabad en mai 2011 et la multiplication des attaques aériennes américaines au Pakistan à partir de drones.
Article connexe : Discours du président Barack Obama au Caire.

Les États-Unis sont donc encore la première puissance dans quasiment tous les domaines, mais cette puissance est à relativiser à cause des nombreux mouvements d'opposition et à cause de la concurrence croissante des autres puissances, notamment la Chine. Selon l’OCDE, la Chine deviendra la première puissance mondiale en 2016 devant les États-Unis.
Articles détaillés : Relations Chine/États-Unis ; Perspectives de la Chine comme superpuissance potentielle ; Relations Iran/États-Unis ; Relations Corée du Nord/États-Unis.

Article connexe : Puissance militaire chinoise.

Note et références modifier

  1. (en) « Top 10 Best-Selling Cars: January 2013 », sur http://blogs.cars.com/.
  2. (en) [pdf] OICA, « World motor vehicle production by country 2005-2006 », sur http://oica.net/.
  3. (en) [pdf] OICA, « World sales, all vehicles », sur http://oica.net/.
  4. (en) OICA, « 2012 Production statistics », sur http://oica.net/.
  5. Le Canada, les États-Unis et le Mexique forment un seul espace économique grâce à l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).
  6. (en) [pdf] « The 15 countries with the highest military expenditure in 2011 », sur http://www.sipri.org/.
  7. (en) « US Debt Clock », sur http://www.usdebtclock.org/.
  8. Les signataires de la Déclaration du Front islamique mondial du 23 février 1998 sont le cheikh Oussama ben Mohamed ben Laden (pour al-Qaïda, basée alors en Afghanistan), Ayman Al-Zaouahiri (Jihad islamique égyptien), Refa'i Ahmed Taha Musa (Gamaa al-Islamiya, en Égypte), cheikh Mir Hamzah (Jamiat-ul-Ulema-e-Pakistan) et Fazlur Rehman Khalil (Harakat ul-Mujahidin, au Pakistan et au Bangladesh).
  9. (en) « Jihad Against Jews and Crusaders », sur http://www.fas.org/.
  10. (en) « Memorial guide », sur http://names.911memorial.org/.
  11. « Collection of photographs of those killed (except of 92 victims) during the terrorists attacks on September 11, 2001 », sur http://www.vaed.uscourts.gov/.
  12. Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Presses universitaires de France, collection « Quadrige », 2006, p. 533.