Arpitan/Vocabulaire/Faire connaissance (patois vaudois)/Elles sont pharmaciennes
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Quelques formules de politesse
modifierpatois vaudois | français |
perdon | pardon |
macî | merci |
quemeint cein va-te ? | Comment ça va ? |
quemeint vant lè z’affére1 ? | Comment vont les affaires ? |
1le mot affére est masculin en patois.
Le genre des noms
modifierEn général, il y a deux modèles principaux du masculin, le modèle sans terminaison (terminé par le radical, éventuellement suffixé), ex. vesin 'voisin', et le modèle avec la terminaison -o, ex. velâdzo 'village'.
Les mots féminins reçoivent généralement la terminaison -a, ex. vela 'ville', sauf ceux dont le radical se termine par y/ï/i, dz, ts, id, it et ir, auquel cas, la terminaison est régulièrement -e, ex. bolondzîre 'boulangère', ovrâire 'ouvrière'. Tout comme en français, certains féminins font exception à la règle, ex. né 'nuit'.
Il existe également des noms à terminaison -e, assez souvent péjoratifs, qui désignent des personnes et acceptent indistinctement le genre masculin ou féminin, selon le sexe de la personne désignée, ex. tabenatse 'imbécile', batalyâre 'bagarreur, bagarreuse', pintolyâre 'buveur, buveuse', chenolye 'chenapan'.
patois vaudois | français |
(Gnèsse l’è) apotiquiéra | (Agnès est) pharmacienne |
(Tyèno l'è assebin) apotiquiéro | (Etienne est aussi) pharmacien |
Le français fait un usage assez systématique des consonnes latentes, des consonnes qui sont prononcées ou non selon le contexte. Cela concerne deux domaines principaux :
1. la formations de certaines variantes grammaticales d'un mot, par exemple l'adjective masculin gris (le s n'est pas prononcé mais suggère la forme du féminin grise) ou la forme verbale attend (ou le d n'est pas prononcé mais annonce le pluriel attendent ou l'imparfait attendait).
2. la liaison, par exemple avec le pronom elles dont le s n'est pas prononcé devant une consonne (ex. elles dansent) ou en fin de syntagme (Dansent-elles ?) mais est revitalisé en syntagme devant une voyelle (elles écoutent).
L'orthographe usuelle du patois, qui privilégie la similitude de prononciation, possède bien quelques exemples de consonnes latentes tels que le d de grand, mais beaucoup moins que l'orthographe du français.
Contrairement à la graphie usuelle vaudoise utilisée dans cette leçon, le système ORB, qui constitue un mode d'écriture pour tous les parlers apparentés (d'où son nom d'orthographe supradialectale), note systématiquement les consonnes latentes (ce qui l'amène à ressembler un peu plus au français).
La formation du féminin singulier des noms et adjectifs
modifierLa forme des adjectifs masculins est identique à celle des noms avec un modèle sans terminaison, ex. grand 'grand', nâi 'noir', et un modèle avec la terminaison -o, ex. rodzo 'rouge' (adj. masc.).
La formation du féminin singulier
modifierOn construit normalement la forme féminine d'un nom ou d'un adjectif à lʼaide de la terminaison -a (qui s'ajoute à un masculin sans terminaison ou se substitue à la terminaison -o), ex. tsaud 'chaud' > tsauda 'chaude', autro 'autre (masc.)' > autra 'autre (fém.)', ou -e (après y/ï/i, dz, ts, id, it, ir, iér), ex. nâir 'noir' > nâire 'noire', dèmariâ 'divorcé' > dèmariâïe 'divorcée'.
Pour les formes à terminaison -o, tout est assez simple. Cependant, tout comme pour le français, les formes masculines sans terminaison du patois vaudois ont souvent perdu au cours de l'histoire une partie consonantique finale, partie qui subsiste dans la forme féminine (et parfois en situation de liaison), ex. frâi > frâide à comparer avec la prononciation de froid [fʁwa] et froide [fʁwad]. Comme indiqué plus haut, l'orthographe usuelle du patois vaudois ne note pas quelquefois la consonne finale latente est présente, ex. tsaud 'chaud' (voyelle latente d), mais une orthographe plus proche de la prononciation est souvent préférée, ex. frâi 'froid', blyan 'blanc', ce qui laisse les formes féminines incertaines.
Si certaines finales sont assez prévisibles, notamment -u > -ûva, ex. cru > crûva 'froid', et -âo > -âosa (équivalent des suffixes français -eux,-euse et -eur,-euse), ex. dzoyâo / dzoyâosa 'joyeux, joyeuse', pour les autres, il convient dʼapprendre le doublet masculin / féminin (dont la mémorisation peut souvent sʼappuyer sur une forme similaire en français ou dans une autre langue romane), ex. frè / frètse 'frais, fraiche', sû / sûra 'sûr, sûre', mafî / mafîta 'fatigué, fatiguée'.
Enfin, quelques formes du féminin présentent une différence de voyelle dans le radical par rapport au masculin, ex. bon / bouna 'bon, bonne', vesin / vesena 'voisin, voisine' (à noter la dénasalisation au féminin, mais ce n'est pas toujours le cas).
Les articles et le pluriel
modifierLe patois vaudois connaît les mêmes catégories d'articles que le français : Lo (déf.) quienton de Vaud l'è on (indéf.) quienton de Suisse. 'Le canton de Vaud est un canton de Suisse'.
Attention à la prononciation de quienton (voir la remarque précédente sur la prononciation de qu devant i).
patois vaudois | français |
lo velâdzo | le village |
l'ovrâi | l'ouvrier |
la vela | la ville |
l'ovrâire | l'ouvrière |
lè velâdzo | les villages |
lè z'ovrâi, lè z'ovrâire | les ouvriers, les ouvrières |
patois vaudois | français |
on velâdzo | un village |
on ovrâi | un ouvrier |
onna vela | une ville |
onn'ovrâire | une ouvrière |
dâi velâdzo | des villages |
dâi z'ovrâi, dâi z'ovrâire | des ouvriers, des ouvrières |
L'article défini possède une forme spéciale l' au singulier devant une voyelle (ou un h muet). La forme indéfinie du féminin prend la forme onn' devant une voyelle (ou un h muet). Au pluriel, la forme de chaque article est unique, mais le mot suivant est précédé d'une marque de liaison z' s'il commence par une voyelle (ou un h muet), tout comme les verbes commençant par une voyelle après les pronoms no et vo.
Le pluriel du masculin n'est pas marqué par la terminaison des noms et adjectifs.
Sant bin dzoyâo 'Ils sont très joyeux'
No sein mafî 'Nous somme fatigués'
La terminaison du féminin pluriel est -e ou -è (règle à préciser un peu).
(exemples à vérifier par des patoisants)
Sant bin dzoyâose (dzoyâosè ?) 'Elles sont très joyeuses'
No sein mafîte (mafîtè ?) 'Nous somme fatiguées'
Sant mariâïe (mariâïè ?) 'Elles sont mariées'
No sein pas sûre (sûrè ?) 'Nous ne somme pas sûres'
Sant pas capote (capotè ?), sant bède (bèdè ?) 'Elles ne sont pas tristes, elles sont pensives'
No sein tote rodze (totè rodzè ?) 'Nous somme toutes rouges'
Dans les autres cas, l'article joue le rôle primordial dans le marquage du pluriel.
Le comparatif et le superlatif
modifierLosena l'è pllie granta qu'Einverdon. 'Lausanne est plus grande qu'Yverdon'
Le verbe âovrâ 'travailler'
modifierpatois vaudois | français |
(y')âovro (à l'èpetau) | je travaille (à l'hôpital) |
t'âovre (à l'èpetau) | tu travailles (à l'hôpital) |
l'âovre (à l'èpetau) | il/elle travaille (à l'hôpital) |
no z'âovrein (à l'èpetau) | nous travaillons (à l'hôpital) |
vo z'âovrâ(de) (à l'èpetau) | vous travaillez (à l'hôpital) |
l'âovrant (à l'èpetau) | ils/elles travaillent (à l'hôpital) |
Ce verbe suit la même conjugaison que restâ 'habiter'.