Art et génie de Perrault

Quand nous avons parlé de la peinture, je suis demeuré d'accord que Saint Michel et la sainte famille de Raphaël que nous vîmes hier dans le grand appartement du roi sont tous deux préférables a ceux de Lebrun ; mais j’ai soutenu et soutiendrai toujours que M.Lebrun a su plus parfaitement que Raphaël, l'art de la peinture dans toute son étendue, parce qu'on a découvert avec le temps une infinité des secrets dans cet art, que Raphaël n'a point connu. J’ai dit la même chose touchant la sculpture, et j’ai fait voir que nos bons sculpteurs étaient mieux instruit que les phidias et les polyclètes, quoi que quelques-unes des figures qui nous restent de ses grands maîtres soient plus estimables que celles de nos meilleurs sculpteurs. Il y a deux choses dans tout artisans qui contribuent a la beauté de son ouvrage: la connaissance des règles de son art et la force de son génie; de là il peut arriver, et souvent il arrive l'ouvrage de celui qui est le moins savant, mais qui a le plus de génie, est meilleur que l'ouvrage de celui qui sait mieux les règles de son art et dont le génie a moins de force. Suivant ce principe, Virgile a pu faire un poèmes épique plus excellent que tous les autres, parce qu’il a eu plus de génie que tous les poètes qui l'ont suivi, et il peut en même temps avoir moins su les règles du poème épique, ce qui me suffit, mon problème constant uniquement en cette proposition que tous les arts ont été portes dans notre siècle à un plus plus haut degré de perfection que celui ou ils étaient parmi les anciens, parce que le temps a découvert plusieurs secret de tous les arts, qui, joints à ceux que nous ont laisse, ont rendus plus accomplis, l'art n'étant autre chose, selon Aristote même, qu'un amas de préceptes pour bien l'ouvrage qu’il a pour objet. Or quand j’ai fait voir que Hommere et Virgile ont fait une infinité de fautes où les modernes ne tombent plus, je crois avoir prouve qu’ils n'avaient pas toutes les règles que nous avons, puisque l'effet naturel des règles est d'empêcher qu'on ne fasse des fautes. De sorte que s'il plaisait au ciel de faire naitre un homme qui eut un génie de la force de celui de Virgile, il est sûr qu’il ferait un plus beau poème que l'Énéide, parce qu’il aurait, suivant ma supposition, autant de génie que Virgile, et qu’il aurait en même temps un plus grand amas de préceptes pour le conduire. Cet homme pouvait naître en ce siècle de même qu'en celui d'Auguste, puisque la nature est toujours la même et qu'elle ne s'est point affaiblie par la suite des temps.

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