Art préhistorique/Art pariétal
Définition
modifier- L' « art pariétal » (du latin parietalis, « relatif aux murs » au sens de paroi) désigne les œuvres d'art au sens large réalisées par l'Homme sur des parois de grottes.
- L' art rupestre (du latin rupes, « roche ») est l'art pratiqué sur un rocher à l'air libre.
Des gravures pariétales ont été faites par nos ancêtres « Homo sapiens » mais aussi par Neandertal.
Par exemple, la grotte de la Roche-Cotard sur les bords de Loire, près de Tours (Indre-et-Loire) possède des gravures réalisées par Neandertal vieilles d’au moins 57000 ans.
Exemple d'art pariétal: La grotte Chauvet
modifierLa grotte Chauvet est une grotte ornée paléolithique découverte en 1994 et située en France dans la commune de Vallon-Pont-d'Arc (Ardèche).
Le site comporte un millier de peintures et de gravures, dont 447 représentations d'animaux de 14 espèces différentes[1] (rhinocéros, lion, mammouth, cheval, auroch, bisons, bouquetin, mégacéros, ours, hibou).
La grotte a connu deux phases d'occupation, l'une à l'Aurignacien (environ -37000 à -33500 ans), l'autre au Gravettien (environ -31000 à .-28000 ans) mais on pense que les œuvres de la grotte datent de l'Aurignacien et qu'elles comptent alors parmi les plus anciennes au monde.
On ne sait rien des auteurs de ces dessins. Pourquoi ont-ils fait ces fresques ? L'homme de Cro-Magnon a fondé des sociétés au Paléolithique supérieur qui étaient certainement déjà fondées sur des valeurs politico-religieuses[2].
Il y a eu certainement l'intervention de nombreux hommes pendant des siècles dans cette grotte mais les célèbres panneaux noirs du fond de la grotte sont d'une qualité qui peut faire penser que c'est l’œuvre de quelques artistes seulement (peut-être un maître et ses élèves ?).
Techniques utilisées
modifierLes techniques utilisées sont = ♦ la gravure ♦ la préparation des parois par raclage ♦ le dessin digité ou au fusain souvent suivi d'une estompe en écrasant la couleur avec les doigts pour obtenir des nuances diverses ♦ le détourage des contours ♦ l'utilisation de techniques mixtes.
Les dessins sont parfois réalisés au charbon de bois. Les artistes montrent une belle maîtrise de l’estompe au charbon de bois, tel ce cerf, qui a été dégradé délibérément par des traces de raclage.
Ponctuations et dessins rouge
modifierLe pigment utilisé dans les dessins est de l’hématite, avec parfois des utilisations de l’estompe qui consiste à étaler les particules de pigment pour obtenir des teintes intermédiaires.
l’hématite de la main négative a été particulièrement bien soufflée. |
La gravure au doigt
modifierUne partie de la grotte a une surface très tendre ce qui a permis la gravure au doigt (hibou, cheval, mammouths)[3].
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Hibou
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Cheval
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Deux mammouths
Le panneau des chevaux
modifierIci, la technique combine le trait et l’estompe au charbon de bois, le détourage précis au silex (voir le museau du quatrième cheval sur le détail), l’estompe blanche, la figuration du souffle du second cheval par des traits blancs au silex[4].
Les quatre chevaux ont chacun leurs caractéristiques très marquées (yeux / bouche). Le quatrième cheval, sur lequel l’artiste focalise l’attention, a été réalisé en dernier, ce qui prouve que l’ensemble était pensé avant son exécution[5].
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vue d'ensemble
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partie gauche: bisons, rhinocéros affrontés.
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partie droite
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détail
La scène des rhinocéros affrontés est saisissante de violence.
Il y a aussi un couple de lions, le mâle devant, cou tendu vers l’arrière-train de la femelle. Celle-ci a l’arrière-train baissé et se dérobe en montrant les dents.
À droite du panneau des chevaux se situe le panneau des rennes.
Le panneau des lions
modifierDes lions poursuivent des bisons et des rhinocéros. Cette scène se trouve autour d’une niche au fond de laquelle apparaît un cheval.
- Toutes les techniques du panneau des chevaux sont utilisées ici : trait et estompe au charbon de bois, détourage et raclage au silex, estompe en blanc.
- À gauche, précédés par des lions majestueux, les rhinocéros fuient. La démultiplication des cornes figure leur précipitation. Tout autour de la niche, rhinocéros, bison et mammouth ont le regard braqué sur l’apparition du cheval.
- Tout à droite, les lions ont les yeux fixés sur les bisons. Le troupeau des bisons éclate et une partie fuit vers l’avant, regardant vers le spectateur.
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partie gauche: rhinocéros en fuite.
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centre gauche: rhinocéros en fuite (démultiplication des cornes).
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centre droit: niche avec cheval, les animaux autour le regardent.
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partie droite: les lions regardent les bisons, les bisons regardent devant la paroi d’où ils s’échappent.
figuration du triangle pubien
modifierOn voit un triangle pubien et des jambes, surmonté par une figure de bison à l’œil protecteur. Le corps puissant du bison se termine par une jambe humaine. Peut être est-il possible de voir dans cette peinture une figuration de la femme dans sa fécondité et de l’homme dans sa puissance protectrice[6], thème que l’on retrouve chez Pablo Picasso dans ses figures du minotaure.
Modifications
modifierDes traits rouges ont été postérieurement ajoutés sur un rhinocéros mais il n'a pas été possible de dater cet ajout. On peut imaginer que ce rouge pourrait représenter un rhinocéros blessé avec du sang coulant de la gueule.
Notes
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Art pariétal :
Grotte de Lascaux -
Art rupestre :
vallée de Côa -
Art mobilier :
Dame de Brassempouy -
Art sur bloc :
Vénus de Laussel
- ↑ Jean Clottes, La grotte Chauvet: l'art des origines, Seuil, 2001, p. 203
- ↑ François Bon, 34000 avant J.-C. - Inventer le monde dans les entrailles de la Terre, in Histoire mondiale de la France sous la direction de Patrick Boucheron, Seuil (2017)
- ↑ Jean Clottes, “L'art des cavernes”, éditions Phaidon, mars 2010, p.36.
- ↑ “Les techniques de l'art pariétal”, Norbert Aujoulat, Domunique Baffier, Valérie Feruglio, Carole Fritz et Gilles Tosello, in “La Grotte Chauvet. L'Art des origines”, sous la direction de Jean Clothes, Éditions du Seuil, avril 2010, pp.152-158.
- ↑ “L'art des cavernes”, op. cit., p.38.
- ↑ “Les représentations humaines”, Yanik Le Guillou, in “La grotte Chauvet. L'art des origines”, op.cit., pp.167-171.