On appelle article un mot qui, placé devant un substantif ou l'adjectif antéposé au substantif, sert à le déterminer plus ou moins précisément, et peut alors prendre la marque du genre (féminin ou masculin) et du nombre.
En français, il y a des articles articles définis (le, la, les), et des articles indéfinis (un, une, des), et aussi des articles partitifs (de, du, des), et des articles dits « contractés » fusionnés avec une préposition : au (x), du, des.
Les articles bretons jouent le même rôle, mais dans des conditions différentes de celles du français.
L'article breton
modifierL'article breton varie, comme l'article anglais, pour des raisons phonétiques et ne dépend ni du genre ni du nombre.
- ar plac'h, la fille, ar plac'hed, les filles.
La variation est définie par la consonne initiale du nom, ou la voyelle initiale.
Article défini
modifierL'article défini breton varie donc phonétiquement selon la consonne initiale du mot qui le suit :
- an [ãn] devant les VOYELLES et consonnes N, T, D, H ;
- al devant L ;
- ar devant les autres consonnes ; Y étant aussi considéré comme une consonne.
- an aber (la ria) • an enez (l'île) • an inizi (les îles) • an oabl (le ciel) • an uloc'h (la poussière) • an nor (la porte) • an tiez (les maisons) • an daol (la table) • an hendadoù (les ancêtres)
- al labous (l'oiseau) • al laboused (les oiseaux)
- ar c'harr (la voiture) • ar mor (la mer) • ar yod (la bouillie)
Article indéfini
modifierL'article indéfini se décline de la même façon que l'article défini :
- un ['œ̃n:] devant les VOYELLES et N, T, D, H ;
- ul [œl] devant L ;
- ur [œr] devant les autres consonnes ; Y est considérée comme une consonne.
- un aber (une ria) • un enez (une île) • un ivin (un ongle) • un ouf (une crique) • un urzh (un ordre) • un nor (une porte) • un ti (une maison) • un daol (une table) • un hendad (un ancêtre)
- ul labous (un oiseau) • ul louarn (un renard)
- ur c'harr (une voiture) • ur mezeg (un médecin) • ur yalc'h (une bourse)
Article partitif
modifierLes articles partitifs français de, du, des n'existent pas en breton. Leur rôle est joué par l'absence d'article.
Concret dénombrable
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Concret non dénombrable
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Abstrait
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Articles contractés
modifierIl n'y a pas d'équivalent breton aux articles contractés français, les prépositions restent séparées des articles dans ces cas :
- d'ar gwellañ (au mieux) • d'ar vro (au pays) • d'ar c'hizhier (aux chats) ;
- eus an Norzh (du Nord) • diouzh an tu mat (du bon côté) • en abeg d'ar fazioù (à cause des erreurs).
♦ Cependant, l'article défini breton an, al, ar se contracte avec la préposition e (en, dedans) : en (en + an) , el (en + al), er (en + ar).
- en arc'h (dans le coffre) • en egor (dans l'espace) • en inizi (dans les îles) • en oabl (dans le ciel) • en uloc'h (dans la poussière) • en nevezamzer (au printemps) • en tiez (dans les maisons) • en dar (dans l'évier) • en hañv (en été)
- el lenn (dans le lac) • el lu (dans l'armée)
- er c'harr (dans la voiture) • er mor (dans la mer) • er yod (dans la bouillie)
♦ L'article indéfini ne se contracte pas: en un arc'h (dans un coffre) • en ul lenn (dans un lac) • en ur c'harr (dans une voiture).
Particularités
modifier- Substantifs
- Quand un substantif est déterminé par un autre substantif, il ne prend pas d'article : merc'h he mamm (la fille de sa mère) • yezhadur ar brezhoneg (la grammaire du breton).
- Quand il y a un rapport de partition (en fait de quantité) entre les deux substantifs, le second ne prend pas l'article : an tamm bara (le morceau de pain) • ul lur amann (une livre de beurre), ur bern labour.
- Le substantif kêr, quand il signifie la ville, ne prend généralement pas d'article défini : mont e kêr (aller en ville) • kêr Gemper (la ville de Quimper).[1]
- ♦ Mais : ar gêr vras (la grande ville) ; l'article indéfini est régulier : ur gêr vihan (une petite ville) • ur gêr eo, ur vourc'h n'eo ket (c'est une ville, pas un bourg).
- Les noms de repas ne prennent pas l'article défini : lein (le repas du matin) • merenn (le repas du midi) • koan (le repas du soir)[2]. Cependant, il prennent l'article quand on désigne un repas particuler : ul lein re fonnus (un repas du matin trop copieux) • e goan diwezhañ (son dernier repas du soir).
- Comparatifs
- On ne met pas d'article devant un comparatif suivi d'une relative :
- • an dra gentañ (la première chose) → kentañ tra a welas (la première chose qu'il vit) ;
- • ar brasañ fazi eo (c'est l'erreur la plus grave) → brasoc'h fazi eo c'hoazh (c'est une erreur encore plus grave).
- Pas d'article non plus à l'exclamatif : brasat fazi ! (quelle grave erreur !).
- Temporels
- Les noms des jours prennent l'article ou pas selon le sens de la proposition.
- • Un jour déterminé par l'article défini signifie un jour particulier dans le contexte : d'al Lun e vin e Brest (je serai à Brest le lundi, pas un autre jour dans le contexte).
- • Un jour précédé par l'article indéfini désigne n'importe quel jour : d'ul Lun e vin e Brest (je serai à Brest un lundi, sans plus de précision).
- • L'absence d'article marque une habitude : da Lun e vezan e Brest (je suis à Brest tous les lundis).
- On omet l'article indéfini devant bloaz (an) et miz (mois) dans les expressions telles que : miz zo, bloaz zo (il y a un mois, un an) • miz e chomin e Gwened ha bloaz e Naoned (je resterai un mois à Vannes et un an à Nantes) • miz pe bloaz goude e c'hoarvezo (cela se produira un mois ou un an après).
- Noms de personnes
- On place l'article défini devant les titres de personnes suivants quand on parle d'elles, au singulier ou au pluriel :
- • aotrou (monsieur) → an aotrou X (monsieur X) • aotrounez (messieurs) → an aotrounez X & Y (messieurs X & Y)
- • itron (madame) → an itron X (madame X) • itronezed (mesdames) → an itronezed X & Y (mesdames X & Y)
- • dimezell (mademoiselle) → an dimezell X (mademoiselle X) • dimezelled (mesdemoiselles) → an dimezelled X & Y (mesdemoiselles X & Y)
- L'article défini disparaît quand on s'adresse directement aux personnes, et le substantif prend une majuscule :
- • Aotrou X (Monsieur X) • Aotrounez (Messieurs X & Y)
- • Itron X (Madame X) • Itronezed X & Y (Mesdames X & Y)
- • Dimezell X (Mademoiselle X) • Dimezelled X & Y (Mesdemoiselles X & Y)
- On ne met pas d'article entre les titres et les qualités : an aotrou rener (monsieur le directeur) • an itron vaodiernez (madame la ministre) • an dimezell gannadez mademoiselle l'ambassadrice).
- • Si la qualité d'un homme commence par une voyelle, on gardera l'article défini avec élision : an aotrou 'n abad (monsieur l'abbé) • an aotrou 'n eskob (monseigneur l'évêque) • an aotrou 'n urcher (monsieur l'huissier).
- Les noms d'habitants terminés par -iz ne prennent pas l'article défini quand on parle d'eux en général : Breizhiz eo Kemperiz (les Quimpérois sont des Bretons) ; ils le prennent quand on parle d'eux en particulier : ar Gemperiz a welan, pelec'h emañ ar Vrestiz ? (je vois les Quimpérois, où sont les Brestois ?)
- Autres expressions
- Là où le français le supprime, le breton emploie l'article défini dans certaines expressions:
- après les termes liv, c'hwezh : c'hwezh ar vioù brein zo (il y a une odeur d'œufs pourris)
- après la préposition gant quand elle indique la cause: ruziañ gant ar vezh (rougir de honte).
Notes
modifier- ↑ attention : mont e kêr (aller en ville) ≠ mont d'ar gêr (aller à la maison) • chom e kêr (rester en ville) ≠ chom er gêr (rester à la maison) • etc.
- ↑ Et adlein (la collation du matin, entre le repas du matin et le repas de midi), merenn ou adverenn (le "goûter"), koan (la collation du soir, entre le repas et le coucher), fiskoan (le réveillon).
Exercices
modifierFaites ces exercices : les articles. |