DMS 2/Science mentaliste

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Science mentaliste
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Chapitre no 13
Leçon : DMS 2
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MONOGRAPHIE n°39 Science de la vie mentale modifier

Une science de l'être singulier modifier

    Nous pourrions faire une analogie entre nous-mêmes seuls dans notre monde mental et un physicien seul sur une île déserte. Nous disposons des instruments d'observation et de mesure adaptés à l'étude de notre monde comme il dispose des règles et des horloges adaptées à son île. Nous pouvons répéter nos expériences et les valider comme il le fait mais nous ne pouvons pas transmettre notre pensée aux autres, pas plus qu'il ne peut convier les autres physiciens sur son île pour constater les fruits de son travail. Pour communiquer nous avons le langage, lui un mauvais télégraphe morse, mais son problème c'est que chacun des autres physiciens seuls sur leur île utilise son propre code morse et lui donne un sens dans sa propre culture.
    Dans le monde extérieur l'évidence scientifique peut être partagée quand ensemble nous faisons les mêmes expériences avec les mêmes règles et les mêmes horloges, comme l'a fait Galilée avec son plan incliné pour les lois de la pesanteur. Formellement, du fait du paradoxe sémantique nous ne pouvons pas atteindre la même assurance pour nos expériences mentales, mais nos instruments de perception et de mesure et notre méthodologie peuvent être aussi fiables, rigoureux et rationnels que ceux du physicien. Nous pouvons parler de science parce que son objet et ses méthodes sont bien déterminées et sa valeur universelle, une science expérimentale, mais du fait de son objet et des conditions de l'observation et de l'expérimentation, c'est une science de l'être singulier pour l'être singulier. Son objet c'est notre anespace, nos fonctions mentales et le sens, ses méthodes ce sont celles que nos fonctions mentales permettent. Son objectif c'est comme pour les autres sciences de trouver des constantes universelles et un cadre conceptuel cohérent.
    Ce qui caractérise cette science, c’est que de son point de vue, à l’extérieur de son objet, il n’y a rien. Toutes observations, représentations, analyses, sciences du monde, épistémologies de ces sciences, sont à l’intérieur de son objet. C’est une science du tout. Son objet spécifique, notre être, ne se découvre qu’en rejetant à l’extérieur ce qui à l’évidence ne lui appartient pas. Formellement, il me paraît difficile de faire la preuve que cet univers extérieur existe vraiment. C’est la cohérence de notre cadre conceptuel qui nous amène à postuler son existence, de même que nous postulons que la terre tourne autour du soleil (le mouvement est relatif) parce qu’ainsi les lois qui nous permettent de décrire ce mouvement sont plus simples et plus rationnelles, deviennent universelles au lieu de rester locales. Donc nous commençons à rejeter à l’extérieur l’espace, la temporalité, puis tout ce qui existe dans cet espace-temps, y compris notre corps. Il ne nous reste en définitive que tout ce nous ne pouvons pas rejeter, projeter, hors de notre anespace : notre être singulier, aspatial, présent. Mais sans oublier que tout ce que nous avons rejeté porte la marque de fabrique de notre être singulier, les couleurs n’existent que dans notre être, l’actualité n’est déterminée que par notre présent, etc.  Car ce n’est pas la réalité que nous percevons mais l’interprétation qu’en fait notre être. Nous pouvons alors réintégrer dans la réalité de notre être (notre conscience, notre mémoire), les représentations de la réalité que nous avons rejetés de notre être, comme témoignage de son existence inaccessible, en distinguant clairement notre monde mental du monde extérieur. Cette première distinction intuitive, évidente est fondamentale.
    Au sein de cet être ainsi distingué, c’est plus confus car les représentations de notre être se mêlent en permanence avec le vécu de notre être. Aussi la première priorité de cette science est d’assurer une cohérence entre nos représentations et la réalité que nous vivons. Ensuite, tout comme les sciences de la matière et de la nature seraient futiles si elles ne fournissaient pas à l’ingénierie les moyens d’améliorer notre existence, cette science a pour objectif d’améliorer notre vie mentale, à la différence que nous sommes ici à la fois savants et techniciens. Si là-bas nous transformons le monde à notre convenance, nous transformons ici la réalité de notre monde mental à mesure que nous progressons dans la connaissance et la cohérence des représentations de nous-mêmes.
    Si dans le monde extérieur nous pouvons fabriquer de nombreux outils scientifiques adaptés à la recherche, dans notre anespace nous n’en avons qu’un, naturel, global et complexe, nous ne fabriquons pas, nous le faisons évoluer par des restructurations successives. Notre première tâche est de le connaître davantage, et la multipolarité est le résultat d’une restructuration qui nous ouvre un champ de nouvelles perspectives, par la décentration qu’elle nous offre, d’abord d’accéder à de meilleures représentations, puis d’améliorer ses performances, c’est l’objet de la mission de l’ ASFM.
    L’objet de notre science mentale et son outil de recherche restructuré étant bien déterminés reste à examiner les méthodes que nous pouvons développer pour obtenir des résultats efficaces. La première constatation, c’est qu’au contraire de la logique, notre outil, nos fonctions mentales, existe sans avoir besoin d’être intelligible, mais qu’il peut le devenir. En particulier chaque fois que l’analytique se révèle davantage à lui-même, devenant plus intelligible, devient plus performant, construit de meilleures représentations qui améliorent le fonctionnement de l’ensemble. Mais l’analytique n’est pas le seul organe de cet outil, toutes nos fonctions y participent. Toute avancée de l’une d’entre elles, même minime, compte tenu de leur synergie de complémentaires, a des répercutions sur leur performance globale.
    Je ne pourrai pas dans cet article épuiser l’examen de toutes les méthodes possibles, tout au plus puis-je classer des axes méthodologiques qui ne sont en définitive pas très éloignés de ceux des autres sciences, ce qui n’est pas très surprenant car nous opérons toutes ces sciences : méthodes d’observation, méthodes d’expérimentation, méthodes de conceptualisation, méthodes d’application ou d’exploitation technique. Je ne ferai donc qu’ébaucher les principes généraux qu’il faut retenir en priorité, qui demandent à être déclinés pour chaque fonction particulière.

Méthodes d’observation : modifier

    Il faut d’abord distinguer l’observation de ce qu’elle n’est pas : la conceptualisation, les idées, les fantasmes, les mythes, etc.  Il faut purger notre esprit de tout ce qui l’encombre y compris des choses qui peuvent nous paraître séduisantes comme la science l’a fait au cours de la Renaissance en remettant en cause les idéologies archaïques et les théologies dominantes. Distinguer nos expériences immédiates de tout le reste, de toutes nos connaissances antérieures, afin de pouvoir les saisir dans leur virginité, préservées de toute altération, de toute pollution et du langage. Admettre que toute expérience quelle qu’elle soit, existe telle qu’elle est, même si elle n’est pas intelligible, même si quelque part elle nous dérange.

Méthodes d’expérimentation : modifier

    Il ne faut pas hésiter à répéter dix fois la même chose, la même expérience, afin d’en saisir toutes les nuances, toutes les subtilités. Ici nous sommes en principe toujours alertés par le couple analytique-arbitraire chaque fois qu’un aspect nouveau apparaît.  Savoir ce qui est reproductible de ce qui ne l’est pas, quelles sont les conditions de la reproduction, quelles sont les fonctions à mettre en œuvre, et profiter des variables ordinaires de notre existence.

Méthodes de conceptualisation : modifier

    Je ne saurais mieux dire que Descartes lui-même:
  ° De ne jamais recevoir aucune chose pour vraie que mon jugement pourrait mettre en doute en  évitant la précipitation et la  prévention.
  ° De diviser toutes les difficultés en autant de parties nécessaires à leur résolution.
  ° De conduire sa pensée en examinant les objets les plus simples pour monter peu à peu vers les plus complexes.
  ° De faire autant de dénombrements nécessaires à s’assurer de ne rien omettre. 
    Mais une conception nouvelle parfaitement validée ne suffit pas, il faut l’implanter profondément en recourant à la technique de la restructuration consciente.

Méthodes d’exploitation : modifier

    La bonne vieille méthode des essais et erreurs est toujours  valable. Qui ne tente rien n’a rien, et quand quelque chose commence à marcher il faut poursuivre dans ce sens. Il est judicieux d’explorer toutes les nuances de nos pouvoirs opératifs, afin d’enrichir la saveur de leur sens, de l’inscrire dans notre mémoire pour mieux les exploiter ensuite.
    Enfin cette science ne s’écrit pas dans les livres, elle s’inscrit dans nos structures mentales et tout ce qui ne s’inscrit pas ne compte pour rien. Aussi, si ces articles proposent de nombreuses méthodes et techniques particulières, ce n’est pas simplement une invite à les lire mais surtout à les pratiquer.