FRA3826/EDN6001-ProjetEditionNumérique-Numérique-dans-le-scolaire


Raguenaud Chloé

ProjetEN2
18 décembre 2023
Université de Montréal
Français
Outil : SceneVr de KnightLab
Corpus : Anne Frank
Résumé : Je me propose de développer un projet unissant la maniabilité des outils numériques avec la littérature. Mon idée repose sur l’éditorialisation de passages littéraires. Avec l’aide de l’outil SceneVr de Knightlab, certains extraits de classiques seraient accompagnés de photos panoramiques permettant une narrative à 360°.
Mots-clefs : éditorialisation, scolaire, numérique, accessibilité, pratiques, lecture, évolution
ProjetEN2


Introduction

Corpus

Nous allons nous pencher sur un corpus mettant en avant un classique de la littérature pour toutes les générations: Le journal d’Anne Frank. Cet ouvrage s’est très vite immiscé au cœur de nos classiques littéraires par son caractère fondamental, unique et émotionnel. À travers sa lecture, nous nous voyons offert un premier témoignage de l’histoire de la Shoah.

Soigneusement écrit dans la clandestinité, ce livre nous présente des moments émouvant d’une histoire vécue sous le signe de la persécution et de la peur. Ce journal intime est écrit par une jeune juive allemande qui s’adresse à sa jeune amie imaginaire Kitty. Celle-ci va se confier sur les souffrances de sa condition et des événements de la Seconde Guerre Mondiale. Après avoir entendu à la radio de Londres le discours du ministre de l’Éducation du gouvernement néerlandais, Anne choisit d’accomplir un travail de réécriture pour pouvoir un jour publier les passages de son journal. Cette dernière se retrouve inspirée par ce discours et souhaite laisser son empreinte sur le monde ainsi que de sensibiliser un public. D’ailleurs, en relisant certains extraits nous pouvons souligner le véritable désir de la jeune fille d’un jour pouvoir devenir écrivaine ou journaliste «Deviendrai-je jamais une journaliste et un écrivain? Je l’espère tant, car en écrivant je peux tout consigner, mes pensées, mes idéaux et les fruits de mon imagination.».

L’étude de cet ouvrage est essentielle car il constitue aujourd’hui un objet de la mémoire collective. Ce journal nous confronte à nous-même en relatant des faits intimes que nous traversons tous au moment de l’adolescence en plus de nous présenter ce sentiment de tiraillement décrit entre l’espoir d’une liberté et la peur d’être découvert.

Problématique

L’enjeu de ce projet est d’analyser la réception des élèves si nous fusionnons l’univers du livre avec l’univers numérique. Ces deux conceptions ont très souvent été placées en rôle d’ennemis, si l’un existe l’autre ne peut survivre. C’est ce que caractérise les termes de Terreur et Sublime élaborés par Ollivier Dyens dans son livre. Celui-ci caractérise le bouleversement culturel de l’arrivée du numérique dans notre mode de vie et explique ce sentiment paradoxal éprouvé par tous, une bataille entre l’adoration et la peur de son impact. Il s’agit d’un point de vue que l’on retrouve énormément entre les élèves et leurs parents. La descendance s’est vue utiliser ces nouvelles technologies dès le berceau alors que la plus vieille génération, ayant été témoin de son arrivée, possède un esprit critique vis-à-vis de son influence.

Ainsi, pour questionner cette réception nous utiliserons l’outil numérique SceneVr afin d’accompagner des passages de classiques littéraire de photos panoramiques permettant ainsi une visibilité à 360°.

Projet d'édition numérique

Objectifs

Tout d’abord, une des idées de ce projet est de réconcilier la relation entre l’école, vue comme une infrastructure relativement traditionnelle, et le numérique, un espace qui s’ancre dans nos pratiques d’aujourd’hui par sa modernité. D’ailleurs, un des aspects conventionnels de l’École est consacré à l’apprentissage d’œuvres littéraires dites classiques. L’apprentissage de ces ouvrages est fondamental pour le cadre scolaire associant alors l’image de l’étudiant à celui du lecteur esthète. Un profil qui a été étudié par les sociologues Pudal, Maugier et Poliak dans leur ouvrage Histoire de lecteur où ces derniers insistent sur le caractère exceptionnel de ce type de lecture. Cela démontre l’attente exigeante des professionnels de l’éducation ainsi que d’une lecture classique. Ce type de contrainte de lecture analytique ne s’adapte pas aux nouvelles habitudes et pratiques des étudiants. Ainsi, unir l’univers numérique à celui de la littérature pourrait permettre une meilleure maitrise des codes de lectures attendus par l’École. En plus, cela permettrait d’associer une image plus moderne au scolaire et réconcilier ces deux univers trop souvent mis en contradiction.  

De plus, il existe ce sentiment que la lecture et le numérique ne peuvent s’associer. À l’aide de ce projet, les étudiants seraient amenés à avoir une approche beaucoup plus favorable face à la lecture. Il s’agit d’une pratique beaucoup trop ramenée auprès des élèves et qui a donc créée cet effet de dégout et rejet. Ainsi, il s’est avéré que le meilleur moyen de promouvoir la lecture est si elle ne s’affiche pas comme telle. Avec ce projet, les étudiants associeront moins cette idée de lire à quelque chose de repoussoir car l’univers interactif numérique leur permettront de se replonger dans une dimension avec laquelle ils sont plus familiers. Cela mettrait en avant une lisibilité complètement différente des expériences présentées auparavant par l’École. Comme le démontre le sociologue Donnat dans Les pratiques culturelles des Français à l'ère numérique, nous pouvons observer un déplacement du pôle de gravité des pratiques culturelles passant d’un pôle littéraire à un pôle audiovisuel. C’est pourquoi en modernisant cette pratique cela permettrait de l’aborder sous un autre angle et ainsi réconcilier les étudiants avec les ouvrages classiques qui restent importants à traiter pour une question de culture. En plus, cela permettrait de combattre ces préjugés qui associe la lecture à un usage ennuyeux. Il s’avère non envisageable de supprimer les classiques des programmes donc les moderniser et proposer une approche beaucoup plus attractive reste la solution pour redorer son image.

Enfin, ce projet permettrait de mettre en avant l’idée que le livre ne se détermine pas par son format. Il existe cette croyance que les nouveaux formats littéraires numériques seraient une menace à l’objet livre. Bertrand Gervais souligne dans son article "Imaginaire de la fin du livre: figures du livres et pratiques illitéraire" la crainte de certaines personnes face détournement du support papier. Cette pratique serait synonyme de l’extension du livre car il ne serait plus capable de répondre à ses fonctions premières. Avec ce projet nous pourrions tester et jouer avec la lisibilité de l’œuvre. Ici, il serait question de redéfinir la maniabilité du livre et sortir de l’horizon d’attente que l’on a de celui-ci, des attentes souvent entretenues par notre culture traditionnelle mais qui pourrait facilement être modifiable avec la nouvelle génération. Nous pourrions associer ce projet à une réappropriation de l’objet livre et non à sa désacralisation. Cette transformation des œuvres classiques n’impact en rien leur importance ou leur validité mais plutôt propose une lecture différente en utilisant des outils du XXIème siècle. Ainsi, l’objectif est de mettre en avant une nouvelle approche du livre pour les étudiants et insister sur l’idée qu’un format ne détermine pas la qualité d’une œuvre.

Outil numérique

Présentation

L’outil numérique utilisé est SceneVR par Knightlab qui propose de raconter des histoires à partir de nouvelles perspectives. Ce dernier offre la possibilité de transformer ta collection de photos en une série de scènes à travers laquelle tu peux naviguer t’offrant alors une expérience à 360°. Nous pouvons alors créer une narrative unique en quelques clics qui pourra ensuite être visionnée sur ton ordinateur. Cet outil numérique a été conçu par une communauté d’étudiants entourés par des professionnels et professeurs de NorthWestern University in Chicago.  Le but de cet outil était de développer les espaces journalistiques et littéraires en proposant plusieurs outils en lien avec le numérique.

Son enjeu

Les raisons qui m’ont également poussé à choisir Anne Frank comme élément principale de mon corpus est parce qu’il est possible de se rendre dans l’Annexe dans laquelle celle-ci a écrit son journal. Ainsi en capturant des clichés de cet endroit il serait possible de présenter un panorama du lieu où Anne, ainsi que sa famille, a dû vivre clandestinement. De plus, de nombreux vestige de camp de concentration de la Seconde Guerre Mondiale sont encore présents et accessibles. En utilisant cet outil numérique, une véritable sensibilisation pourrait s’opérer auprès des lecteurs. Aussi, il serait également possible de le faire avec d’autres classiques de la littérature française étant donné que beaucoup d’auteur (surtout ceux du XIXème siècle) citent de nombreux endroits existant encore de nos jours. L’idée est de créer cette familiarité qui peut être dur à retrouver pour les étudiants très peu investis dans la lecture.

Problématiques éditoriales

La lisibilité

À travers ce projet il est questionné la notion de lisibilité de l’œuvre. En éditorialisant l’œuvre, il serait légitime de remettre en cause le côté traditionnel car l’enjeu du Journal d’Anne Frank est de retrouver cet aspect de journal intime que l’on peut feuilleter. Or, nous pouvons souligner que la mise en œuvre du projet ne revient pas à supprimer l’existence même du format papier. Cette idée vient comme une manière de réconcilier les étudiants à la lecture, des étudiants ayant grandi dans cet univers de technologie où la sensibilité du matériel n’est plus réellement présente. De plus, le numérique permet une nouvelle approche d’une œuvre comme c’est le cas de TNT en Amérique de Gerner qui propose une adaptation numérique de la BD Tintin. Une mise en forme qui reprend l’univers de la BD mais qui apporte par ses modifications une lecture plus approfondie avec des critiques faites de la société Américaine.  En utilisant SceneVr pour les œuvres classiques, l’idée serait d’apporter une sensibilisation plus profonde avec l’accompagnement d’un visuel numérique. Ainsi, l’œuvre ne deviendrait pas illisible mais contiendrait simplement une lecture différente.

Éditorialisation

Une des notions importantes est d'éditer dans un univers numérique ce qui remet en question l’idée de sacralité de l’œuvre. La valeur d’un livre est tout de suite remise en cause si elle se trouve dans un environnement numérique. Néanmoins cette pratique revient à créer une ouverture sur la structuration culturelle de l’édition. Bachimont propose une définition de ce terme comme une repensée de la numérisation où l’on peut observer une restructuration des informations. De plus, nous observons aujourd’hui une conversion du numérique où celui-ci se retrouve initié dans notre culture. Ainsi en unissant l’aspect moderne du numérique et classique de la littérature, cette fausse idée de désacralisation pourrait être petit à petit combattu par la mise en place du projet. Cette nouvelle structuration revient tout simplement à créer du savoir à partir du numérique donc sa mise en place n’impacte en aucun cas les notions défendues dans les œuvres classiques. Ainsi, associer ces deux grands aspects pourraient s’avérer un test pour voir s’il revient possible de mélanger le moderne au classique.

Remédiation

La mise en place de ce projet pourrait être vue comme poussant les élèves à consommer beaucoup plus les écrans. Nous avons cette image que le scolaire constitue une frontière entre les loisirs domestiques comme la télé ou encore les jeux vidéo. L’École constitue ce cadre éducatif où l’emploi des téléphones est très contrôlé. Or ce projet aurait pour effet de combler les lacunes de lecture des étudiants, son but est d’apporter un soutien pédagogique à l’enfant de manière à ne pas le repousser face à cette pratique. De plus, comme le révèle une étude faite par l’Université d’Ottawa en 2023, la pandémie de la Covid-19 a augmenté le temps d’écran des étudiants dû au fait que les classes devait se faire visio-conférence. Durant cette période, de nouvelles manières de tenir des cours ont été adapté avec la technologie faisant des ordinateurs des outils beaucoup plus utilisés dans les écoles. Ainsi, mettre en place la lecture à travers le numérique constitue une simple avancée de ce nouveau système d’éducation qui permettrait de corriger certains apprentissages dits trop traditionnels ou encore aujourd’hui erronés.

Conclusion

Résultats attendus

  1. Obtenir une plus forte sensibilisation à la lecture de la part des étudiants.
  2. Améliorer l’image de l’École en la modernisant.
  3. Permettre une extension de l’objet livre.
  4. Aider les étudiants de retrouver cette familiarité du numérique dans la lecture.
  5. Aborder sous un nouvel angle les classiques de la littérature et permettre une meilleure compréhension de celles-ci.

Bibliographie