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Motrice
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Chapitre no 18
Leçon : Fonctions mentales
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Chap. suiv. :Spatialité
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La fonction motrice et les activités programmées

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    La fonction motrice assure le lien entre la vie mentale et mon corps. Ce lien est un fait ordinaire quand je suis éveillé sans que j'aie conscience de sa nature, il disparaît dans le sommeil et le rêve. Dans l'expérience très particulière, exceptionnelle et involontaire du sommeil lucide j'ai conscience de sa disparition ou plutôt peut-être de son élongation, car je peux conserver la conscience confuse d'une présence de mon corps, mais d'une présence éloignée, détachée de moi, lointaine, la présence de mon corps m'apparaît comme un objet étranger, lointain de moi. Le sommeil lucide c'est la même chose que le rêve lucide, seulement je ne rêve pas, je ne dors pas non plus mais je suis conscient d'être dans un état de sommeil d’un point de vue physiologique. Le sommeil lucide serait un rêve lucide dans lequel ma fonction volontaire serait restée dominante et l'analytique resté en servitude, j'ai accès à ma mémoire, je peux réfléchir, méditer, rêvasser, ma relation à moi-même est assez proche de celle que je connais quand je suis éveillé. C'est un état instable qui peut basculer dans le rêve, le sommeil profond ou l'éveil. Quand je me réveille d'un sommeil lucide, j'ai nettement la sensation de ressaisir mon corps. Il a suffi d'un désir, d'une légère inclination de ma direction volontaire et ma fonction motrice s'active et rétablit le lien qui m'unit à lui, cela ne dure qu'un instant dans lequel je sens que je me rapproche de sa présence, puis je me réveille.
    Ma fonction motrice me permet d'agir mon corps. Quand je suis éveillé elle entretient une relation très particulière avec ma direction volontaire, une relation faite de souples mouvements de bascule. Quand je n'ai pas besoin de lui, elle me semble effacée, en servitude, en attente alors que ma direction volontaire est dominante. Quand j'ai besoin de lui pour passer à l'acte ma fonction motrice doit devenir dominante, mais elle n'en a pas le pouvoir, ni de le décider, ni de le faire. Ce pouvoir c'est ma direction volontaire qui le possède, mais il ne lui suffit pas de le décider, elle ne peut pas simplement solliciter la fonction motrice comme elle le fait avec les autres fonctions mentales et obtenir leur concours tout en restant dominante, il faut qu'elle passe en servitude, déclenche ce mouvement de bascule et ce déclenchement est plus qu'une simple décision, il faut qu'elle opère ce déclenchement. Elle possède ce pouvoir car c'est un pouvoir de direction, mais un pouvoir de direction sur elle-même. Cette opération est tellement ordinaire et tellement rapide que j'en ai à peine conscience, c'est d'ailleurs il me semble cette inconscience qu'exploitent les hypnotiseurs pour prendre le contrôle de leurs patients. Cette opération s'accompagne d'une mission pour la fonction motrice, car la direction volontaire n'opère cette bascule que pour faire quelque chose avec un objectif précis. Dès cette opération ma fonction motrice devenue dominante passe à l'acte pour réaliser cet objectif à l'aide de ses nombreuses structures comportementales qui sont des programmes automatiques qu'elle se contente de servir. Ces programmes peuvent exiger le recours de nombreuses fonctions mentales telles que la concentration, la remémoration, l'analytique, etc. selon leur complexité, aussi tant que ma fonction motrice est dominante ma vie mentale s'installe dans une synergie particulière où toutes mes autres fonctions sont en servitude de ces programmes y compris ma fonction volontaire.  Car la fonction motrice ne possède pas ce pouvoir de direction aussi quand un programme a besoin d'une direction c'est la fonction volontaire qui l'assure en servant ce programme, il n'y a pas de contradiction en elle-même, mais une totale cohérence, car en ce faisant elle sert aussi son propre objectif. Dans cet état ma vie mentale s'abandonne tout entière à un programme, elle vit au ralenti, perd la conscience d'elle-même. Mais pendant ce temps le jugement arbitraire veille, à chaque instant le volontaire peut reprendre la main, modifier ou changer de programme.
    Cette synergie est à géométrie variable car selon la nature du programme les fonctions mentales sont plus ou moins sollicitées, elle peuvent donc se permettre une activité secondaire et ceci d'autant plus que l'action est mécanique et répétitive, ainsi quand je me promène ou que je conduis ma voiture, que la route est bien dégagée, qu'aucun danger n'est en vue, il m'arrive souvent de penser à autre chose, mais si la route devient plus dangereuse je me concentre naturellement sur elle. Quand je fais un sudoku ou que je joue aux cartes, je ne peux pas penser à autre chose, sinon je joue mal. Ecrire est un exercice mécanique qui ne nécessite pas que j'y pense, il faut cependant que je pense pour écrire avec pour conséquence que j'écris mal et je pense mal, aussi souvent j'arrête d'écrire pour penser, puis j'écris la mémoire qui me reste de cette pensée. Il est plus facile d'écrire des souvenirs ou de l'imaginaire. Il y a là un conflit entre deux activités concurrentes, ma concentration ne peut pas se porter sur deux choses à la fois, alors que la formidable capacité de l'analytique permettrait de le faire. L'architecture mentale constitue un modèle qui prévaut pour toute activité. 
    Globalement, les structures comportementales de la fonction motrice sont constituées de mon image virtuelle du monde (qui comprend un ensemble de représentations), de l'image virtuelle de mon corps dans ce monde et d'un ensemble de programmes qui permettent à cette image de mon corps d'agir sur cette image du monde. Lancée par la fonction volontaire, servie par la fonction motrice qui demeure la véritable fonction opérationnelle de ces programmes et assistée de l'ensemble des fonctions mentales, sans cesse améliorés par l'entraînement et les apprentissages successifs, cette action peut être très efficace. En outre, la fonction volontaire servant la fonction motrice tout se passe comme si celle-ci devenait une fonction volontaire animée par un soi. C'est ce que ressens, mais il faut souligner que si en conséquence les besoins de mon corps réel sont satisfaits, il ne s'agit que d'un jeu entre des images virtuelles de mon univers mental, jeu par lequel je manipule la réalité, mais dont celle-ci est totalement absente.