Hautbois/Annexe/Le souffle et la colonne d'air


Les éléments suivants sont assimilés au fur et à mesure de la pratique. On ne peut pas souffler parfaitement du premier coup, et si l'on cherche à tout faire bien dès le début, on n'arrive pas à jouer. Il faut donc accepter de « mal faire » au début, ce qui permet d'oser jouer et de mettre en place doucement les différents éléments : mémorisation des doigtés, apprentissage de la lecture de notes, écoute et justesse (oreille musicale), musicalité…

Le souffle et la colonne d'air
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Annexe 1
Leçon : Hautbois
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Les éléments suivants sont donc des choses que l'on va travailler dès le début, mais en corrigeant les défauts petit à petit.

C'est une des raisons qui rend l'auto-apprentissage compliqué et rend nécessaire le recours à un professeur ou une professeure.

La respiration ventrale

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Respiration ventrale : vue en « transparence » et de face du torse, avec les poumons (en rose) et le diaphragme (en vert).

La respiration est instinctive : on respire sans y penser, même si on peut maîtriser sa respiration, c'est-à-dire choisir volontairement quand on veut inspirer ou expirer. Une des difficultés du hautbois consiste à maîtriser sa respiration sans la forcer.

Lorsque l'on n'y pense pas, par exemple lorsque l'on dort, la respiration se fait de la manière suivante :

  • le diaphragme, un muscle situé sous les poumons, pousse vers le bas sur les organes contenus dans le ventre, les viscères (intestin, estomac, etc.) ; cela permet aux poumons de s'étendre et d'aspirer de l'air, c’est l'inspiration ; le ventre « ressort », se gonfle, et l'air rentre dans les poumons ; l’arrière du dos se détend également, même si cela est moins perceptible ;
  • lors de l’expiration, le diaphragme pousse vers le haut pour comprimer les poumons, ce qui chasse l’air et permet au ventre de se « dégonfler ».

Lorsque l'on joue d'un instrument à vent, et notamment du hautbois, il faut garder cette même « mécanique ». Lorsque l'on inspire, on laisse son ventre et le bas du dos se gonfler et pour souffler, on pousse sur son ventre et le bas du dos, avec les muscles de la sangle abdominale.

C'est ce que l'on appelle la « respiration ventrale ».

En jouant, on s'essouffle. On a tendance à forcer la respiration en soulevant les épaules : des muscles tirent la cage thoracique vers le haut, ce qui permet aux poumons de s'étendre aussi vers le haut et augmente donc la quantité d'air que l'on aspire. Cette respiration est inefficace pour les instruments à vent : on n'a pas besoin de plus d'air, et l'expiration est plus difficile, donc il est plus difficile de jouer.

Maîtriser sa respiration

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Courbures du dos (c'est-à-dire de la colonne vertébrale).

La respiration ventrale se fait donc en laissant ses poumons se développer vers le ventre. Il faut donc éviter de comprimer le ventre lors de l'inspiration. Une des clefs est le placement du bassin :

  • si on bascule le bassin vers l’arrière (rétroversion), c’est-à-dire que l'on arrondit le dos, on vient comprimer le ventre ;
  • si l'on bascule le bassin vers l’avant (antéversion), c'est-à-dire que l'on creuse le bas du dos, on libère certes le ventre (en la poussant vers l'avant) mais on crée des douleurs et des contractions dans le bas du dos ; cela produit un inconfort qui nuit à la pratique de l'instrument ; par ailleurs, la contraction des muscles à l'arrière du dos empêche l'expansion de l’arrière du dos, qui est un des mécanismes de la respiration.

Il faut donc trouver une position neutre du bassin, entre antéversion et rétroversion. On peut travailler cela en étant debout ou bien en étant assis — on sent alors le bassin « rouler » autour du contact avec le siège (les os « pointus » sur lesquels on s'assoit sont appelés ischions).

Le haut du torse doit également être détendu : les épaules doivent être relâchées (ni rentrées vers l'avant, ni tirées vers l’arrière, ni haussées).

Note
Il faut oublier la notion de « dos droit » : en effet, vue de profil, le dos, ou plus précisément la colonne vertébrale, présente plusieurs courbures (quatre au total), il n'est donc jamais droit… Les points importants sont la position neutre du bassin, et la position des épaules.

Une des choses que l'on apprend à force de jouer est que l'on a toujours trop d'air dans les poumons : le passage d'air dans l'anche est très petit, il y a donc très peu d'air qui sort quand on joue. Lorsque l'on joue du hautbois et que l'on est essoufflé, on ne manque pas d'air, on en a encore plein dans les poumons ; mais on n'a plus assez d'oxygène, comme quand on fait de l’apnée.

Pour reprendre son souffle au hautbois, il faut d'abord chasser l'air de ses poumons avant de prendre de l’air neuf. Pour être efficace, il faut donc ne pas avoir trop d'air au départ, mais de l'air « bien placé ». Et donc utiliser la respiration ventrale.

C'est quelque chose qui se travaille durant toute sa vie de hautboïste, et qui commence donc dès le départ.

La colonne d'air

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Système respiratoire, du nez et de la bouche aux poumons. Notons le trajet de l’air à l'expiration : trachée (14), larynx (gorge, 13), pharynx (derrière la bouche et le nez, 12).

L'air part du bas des poumons (respiration ventrale) et doit aller jusqu'au bout du hautbois. Il passe par plusieurs « portails » :

  • la trachée : c'est le tuyau qui va des poumons vers la bouche ;
  • la gorge (et plus précisément le larynx) ;
  • les lèvres et l'anche.

Pour que l'air passe bien, il faut maîtriser chacun de ces passages :

  • pour que le tuyau (la trachée) soit bien droit, il faut que les épaules et la tête soient droites (regarder droit devant sans voûter le dos) ;
  • pour que la gorge soit grande ouverte, on peut s'imaginer prononcer la lettre « A » ou « O » ;
  • pour que l’air entre bien dans le hautbois, il faut que les lèvres assurent l’étanchéité autour de l'anche — pas de fuite — mais sans écraser l’anche pour qu'elle reste ouverte ; il faut donc bien centrer l’anche en rapprochant la commissure des lèvres, et ouvrir sa mâchoire tout en maintenant les lèvres fermées.

La maîtrise de la colonne d'air est là encore un travail constant.

Hautbois et chant

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Position des cordes vocales (repère b).

La voix est aussi un instrument à anche : les cordes vocales sont une anche, une membrane qui vibre. La différence essentielle est que la fréquence — la hauteur du son — n'est pas imposée par la cavité résonnante — le corps du hautbois — (on parle d'anche faible puisque l’anche n'impose pas sa fréquence) mais par la tension de la membrane. L'autre différence est que les cordes vocales sont situées en arrière de la gorge alors que l'anche de hautbois est située au niveau des lèvres.

Mais le trajet de l'air, et la manière dont il est utilisé, est le même. Maurice Bourgue s'est à juste titre inspiré des techniques de chant pour travailler la respiration au hautbois[1].

Les hautboïstes peuvent donc travailler leur voix, par exemple par des vocalises, avec un ou une professeur de chant, pour améliorer leur manière d'inspirer et de souffler.

Recherche du vibrato

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Après quelques années d'étude, le ou la hautboïste peut commencer à rechercher un vibrato. Le vibrato est une fluctuation du débit ou de la pression de l'air, qui provoque une légère ondulation du son en intensité ou en hauteur. Le vibrato recherché est le vibrato dit « naturel », c'est-à-dire qu'il vient de la colonne d'air et donc de la maîtrise des muscles, et non pas de pincements de l'embouchure ou des spasmes du diaphragme.

L'acquisition du vibrato repose donc sur un travail de la colonne d'air, en particulier la capacité à relâcher les muscles pour donner une souplesse nécessaire pour « laisser vibrer » la colonne d'air[2].

Notes et références

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  1. Pierre Gervasoni, « Mort du hautboïste Maurice Bourgue », Le Monde, 2023-10-09 [texte intégral (page consultée le 2024-02-01)].
  2. Alain Bouhey, « Le vibrato naturel aux instruments à vent », sur abouhey1.free.fr, (consulté le 1er février 2023).