Hautbois/Les premiers morceaux

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Les premiers morceaux
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Chapitre no 4
Leçon : Hautbois
Chap. préc. :Les premières suites de notes
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Hautbois/Les premiers morceaux
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Au Clair de la Lune

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Travail préparatoire

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Pour cette deuxième leçon, nous allons commencer par travailler un peu le souffle.

L'élève met sa main sur son ventre et respire normalement, sans forcer. Il sent son ventre se gonfler et se dégonfler. Pus, il met ses mains sur le bas de son dos (au-dessus de ses hanches, en touchant les côtes du bas). Là aussi, il sent le bas de son dos se gonfler et se dégonfler.

L'élève remet une main sur son ventre. Sans forcer, il ou elle expire son air, prend une inspiration normale puis souffle en prononçant les sons « fffff-sssss » : les lèvres se mettent en position comme pour siffler ce qui fait le son « ffff », puis la langue vient se plaquer sur les dents du bas (tout en gardant la même forme de lèvres), ce qui fait le son « sssss ». Il ou elle expire ainsi pendant environ 10 secondes, puis reprend une inspiration normale et recommence ; il ou elle le fait trois fois au total. Il ou elle recommence l'exercice en mettant les mains sur le bas de son dos.

Cet exercice permet de sentir d'où vient l'air, tout en créant une opposition au passage de l’air à la sortie de la bouche (un peu comme le fait l’anche).

L'élève refait cet exercice en soufflant dans l'anche. Il ou elle dit sentir les muscles du ventre et du bas du dos se contracter.

Chauffe

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Pour se chauffer, l'élève fait des pauses de son : avant de jouer chaque note, on expire l’air de ses poumons et on prend une respiration normale ; puis, on joue la note en comptant jusqu'à quatre dans sa tête. Les notes sont jouées dans l'ordre suivant :

sollasilasolfa♯ ↘ mimifa♯ ↗ sol.

Ceci s'appelle la « gamme de sol majeur ».

Le professeur ou la professeure peut demander de jouer deux ou trois notes au hasard, afin de vérifier que l’élève a bien mémorisé les notes, et pour faciliter cette mémorisation.

Restitution

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L'élève joue le morceau appris lors du cours précédent. On vérifie ainsi que les doigtés ont été bien assimilés. Il faut s'attacher dès le début à quelques « bonnes habitudes » et corriger éventuellement des dérives, notamment :

  • la posture du corps est correcte : le dos est « droit » sans être contracté, la tête est droite ;
    vu de profil, le dos n'est jamais droit, mais présente plusieurs courbures (quatre) ; on peut cependant agir sur la bascule du bassin pour trouver une position neutre, entre antéversion et rétroversion, qui permet d'avoir une posture qui ne comprime pas l’abdomen (laissant les poumons se développer vers le bas lors des inspirations) et une rectitude du « tuyau » allant des poumons vers la bouche (trachée) ;
  • les doigts n'appuient pas trop fort : ils exercent une pression juste suffisante pour abaisser les plateaux et boucher les trous ;
    cet élément est important pour, plus tard, gagner en rapidité et en précision ; si les plateaux du hautbois sont percés — les hautbois pour débutants ont parfois des plateaux pleins pour les « petites mains », en dehors bien sûr du plateau du haut pour assurer le « demi-trou » —, on peut inviter l'élève à ressentir l'air vibrer sous les doigts (si l'élève appuie trop fort, il ne sent plus la vibration).

Le morceau

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Au Clair de la Lune en tonalité de sol majeur, avec les doigtés de hautbois. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

Dans le chapitre précédent, nous avons appris le début de Au Clair de la Lune. Nous allons maintenant voir le morceau en entier :

solsolsollasi-ila-asol ↗↗ silalaso-ol (courte pause)
solsolsollasi-ila-asol ↗↗ silalaso-ol (courte pause)
lalalala ↘↘↘ mi-imi-i ↗↗↗ lasolfa♯ ↘ miré-é (courte pause)
solsolsollasi-ila-asol ↗↗ silalaso-ol (fin)

On remarque qu'il y a deux phrases : la première phrase, ou phrase A, qui est jouée trois fois, deux fois au début et une fois à la fin ; et une seconde phrase, ou phrase B, qui est jouée en position 3. Le morceau a donc une structure appelée « AABA ».

On remarque que certaines notes sont plus longues que d'autres : dans la phrase A, les notes no 5 (si-i), 6 (la-a) et 11 (so-ol final). Dans la phrase B, ce sont aussi les notes no 5 (mi-i), 6 (mi-i) et 11 (ré-é final). Les deux phrases ont la même succession de notes courtes et notes longues, on parle « d'imitation rythmique ».

Nous avons mis ci-contre la partition de l'air que nous venons de jouer. La musique est codée de la manière suivante :

  • les notes à jouer sont des figures rondes avec une hampe (un trait vertical) ; elles sont placées sur une échelle de cinq lignes, et quatre espaces entre les lignes (appelés interlignes) ;
  • le nom de la note — , mi, fa♯, sol, la et si — est donné par la hauteur de la note sur la portée ;
  • la durée de la note est donnée par la couleur de la figure : durée courte pour une « noire » 𝅘𝅥, durée longue pour une « blanche » 𝅗𝅥 ;
  • la courte pause est représentée par un rectangle noir placé au-dessus de la troisième ligne, 𝄼, et appelé « demi-pause » ;
  • les notes sont regroupées dans des cases appelées « mesures » ; une mesure contient quatre noires, ou bien deux blanches ou bien une blanche et une demi-pause, et est délimitée par une barre verticale appelée « barre de mesure » ; les mesures font toutes la même durée ;
    𝄀 𝅘𝅥 𝅘𝅥 𝅘𝅥 𝅘𝅥 𝄀 𝅗𝅥 𝅗𝅥 𝄀 𝅗𝅥 𝄼 𝄀
  • la fin du morceau est indiquée par une barre de mesure de fin, « 𝄂 » ; c'est une double barre de mesure dont le deuxième trait est plus épais, c'est léquivalent du point final d'un texte ;
  • au début du morceau, nous avons des indications générales : une clef de sol 𝄞 qui indique comment lire les notes sur l’échelle, et un « C » qui indique que l'on peut mettre quatre noires dans une mesure (on peut aussi mettre « 4/4 » à la place) ;
  • nous avons ajouté des diagrammes, appelés « tablature », représentant les doigtés des notes ; les plateaux sont représentés par des cercles, un cercle noir indique que l'on appuie dessus avec le doigt, un cercle vide indique que le doigt correspondant est levé.

Nous avons utilisé les six notes que nous connaissons.

Nous avons constaté que l'air de musique (la mélodie) est constitué de trois choses :

  • des notes de hauteur différentes qui se suivent ;
  • des notes de durées différentes ;
  • des silences par endroit.

Nous avons vu que le morceau avait une structure :

  • il est composé de deux phrases, nommées A et B ;
  • certaines phrases peuvent se répéter ; ici, c'est la phrase A ;
  • le morceau a une structure appelée AABA ;
  • les phrases A et B sont en imitation rythmique.

Nous avons vu que l'air de musique peut être écrit sous la forme d'une partition, qui indique :

  • la hauteur des notes — c'est-à-dire leur nom — par la position sur la portée (l'échelle) ;
  • la durée des notes — c'est la « figure », blanche ou noire ;
  • et les silences — ici des demi-pauses.

Sur la partition, nous avons vu que :

  • il existe plusieurs manières de lire la hauteur des notes ; la manière est indiquée en début de portée par une clef, ici la clef de sol 𝄞 ;
  • les notes sont groupées dans des « mesures » ; les mesures font toutes la même durée, la durée d'une mesure est indiquée en début de morceau, ici par la lettre « C » ; le morceau se termine par une barre de fin.

Le travail à faire durant la semaine est le suivant :

  • prendre l’anche, l'humidifier et sortir un son ;
  • refaire les exercices respiratoires ;
  • monter le hautbois, jouer les six notes une par une, dans l'ordre habituel (solsisol), en suivant la procédure pour chaque note : expirer, inspirer normalement, jouer la note en comptant jusqu'à 4 ;
  • lire la partition en disant le nom des notes à voix haute ;
  • jouer le morceau en entier ;
  • démonter, nettoyer et ranger le hautbois.

Cela doit prendre environ dix minutes.

Note
Si l'on respecte la durée relative des notes (noires et blanches), en revanche, les pauses pour respirer font que le rythme global du morceau n’est pas respecté, les mesures ne s'enchaînent pas. Cela se corrigera au fur et à mesure que l'élève maîtrisera la respiration, mais il est important de mettre en place dès le départ une bonne gestion du souffle, aux dépens de l'exactitude du rythme.

Mise en place du lié et du détaché

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Nous allons continuer sur Au Clair de la Lune.

Travail préparatoire

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Prononcer le mot « adu-u », en laissant traîner le « u » en comptant jusqu'à 4 dans sa tête. Puis prononcer « adu-ff » : commencer par prononcer « a » pour ouvrir la gorge, puis « du » et, sans s'arrêter de souffler, rapprocher les lèvres pour faire siffler un « ff » (contrairement à l'exercice précédent, on ne passe pas au « ss » car on a besoin de la langue pour autre chose).

Prononcer le mot « adu-u-du-u-d-u » (donc trois fois « du » en laissant traîner les « u »). Puis prononcer « adu-ff-dff-dff » : on prononce « ff » en continu, mais on interrompt le flux d'air avec un coup de langue (le « d »). C'est bien le coup de langue qui interrompt le flux d'air pendant que les poumons expirent en continu.

Mouiller l’anche et faire un premier son avec. Puis :

  • souffler dans l'anche en commençant par un coup de langue, comme si on prononçait la syllabe « du-u » ;
  • souffler dans l'anche en commençant par un coup de langue, puis en donnant trois coups de langue comme si on prononçait le mot « du-du-du-du » (avec des « u » longs).

Le coup de langue s'appelle aussi une « attaque ».

Chauffe

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Avant la gamme, le professeur ou la professeure peut demander de jouer deux ou trois notes au hasard, afin de vérifier que l’élève a bien mémorisé les notes, et pour faciliter cette mémorisation.

 
Gamme de sol majeur, entre les notes et si, lié et détaché.

Nous allons jouer la gamme deux fois : à chaque fois, on souffle en continu sur quatre notes, mais la première fois, on n'interrompt pas le flux d'air — on dit que l'on joue « lié » ; et la seconde fois, on interrompt le flux d'air par un coup de langue entre chaque note — on dit que l'on joue « détaché ». Le terme « articulation » désigne l’enchaînement des notes : détaché ou lié.

Gamme liée
Notes sol la si la <respiration> sol fa mi <respiration> mi fa sol
Articulation du- u- u- u du- u- u- u du- u- u
Gamme détachée
Notes sol la si la <respiration> sol fa mi <respiration> mi fa sol
Articulation du- du- du- du du- du- du- du du- du- du

Pour commencer à jouer, on expire l'air des poumons et on prend une inspiration normale avant d'emboucher l'anche.

La « respiration » consiste à vider l'air qui reste dans les poumons et à prendre une inspiration normale.

Sur une partition, lorsque des notes sont liées, on place une grande parenthèse au-dessus ou en dessous d'elles. Si l'on ne met rien, c’est qu'elles sont détachées. Les respirations sont indiquées par une virgule placée en haut de la portée.

Le morceau

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Au Clair de la Lune en sol majeur, avec des articulations.

Nous allons reprendre Au Clair de la Lune, mais avec des articulations : certaines notes sont liées, les autres sont détachées.

Nous avons également espacé les respirations, l'élève devant gagner en endurance et s'habituer à jouer des phrases de plus en plus longues. Si c’est trop difficile, nous pouvons rester sur les mêmes respirations que précédemment.

À la fin de la première ligne, nous avons une « barre de reprise », c'est-à-dire deux-points avec une double barre 𝄇. Cela signifie que la première ligne doit être jouée deux fois, ce qui évite de la réécrire. C'est l'équivalent, dans les paroles de chansons, d'un « × 2 » ou d'un « bis ».

En début de ligne, nous avons placé des lettres encadrées. Ce sont des « repères » : au lieu de dire « veux-tu bien rejouer la deuxième ligne ? », on peut dire « peux-tu reprendre en B ? ». Ce n'est pas très utile pour le moment (la partition est courte) mais les morceaux longs joués en orchestre comportent en général des repères, ce qui facilite le travail en répétition.

Nous avons vu les notions d'attaque, de détaché et de lié.

Nous avons mis cela en œuvre dans le morceau que nous connaissons déjà, Au Clair de la Lune.

Nous avons vu une nouvelle notation : la barre de reprise. Nous avons aussi vu les repères de répétition.

Toujours le même morceau ?!
Le fait de rester sur le même morceau permet de mettre en place des choses de plus en plus complexes : dans un premier temps, l'élève mémorise les notes et assimile la base du souffle, puis il ou elle travaille l'articulation.
Rester trop longtemps sur un même morceau peut provoquer une lassitude, surtout chez les jeunes débutants et débutantes. Selon les élèves, il peut être intéressant de varier les morceaux courts pour consolider la lecture et les doigtés, et introduire les articulations plus tard.

Travail à plusieurs

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Au Clair de la Lune en sol majeur avec une basse et un contrechant.

On peut commencer assez tôt le travail à plusieurs. Cela permet aux élèves de s'habituer à jouer en formation, de travailler l’écoute réciproque. Sur Au Clair de la Lune, cela peut être le ou la professeur·e, ou bien un ou une élève (hautboïste ou pratiquant un autre instrument), qui joue une partie de basse (il peut s'agir d'un ou une élève débutant·e) ou bien un contrechant (élève de niveau moyen).

La partition fournie fera alors figurer de nouvelles conventions :

  • le fa dièse est indiqué en début de ligne, « à l'armure » ; cela signifie que tous les fa sont dièses ;
  • les trois voix sont écrites l'une au-dessus de l’autre, formant un « système » ; un système est l’assemblage de plusieurs portées, et il y a trois systèmes (A, B et C) dans la partition ; lorsque deux notes sont l'une en dessous de l’autre, elles sont jouées en même temps ; chaque instrumentiste joue toujours la même ligne d'un système (un instrumentiste ne joue que les premières lignes des systèmes, une autre instrumentiste ne joue que les deuxièmes lignes…).

Et après ?

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Vous pouvez consulter le chapitre Exercices/Morceaux complets.

Ressources

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  • « Hautbois », sur YouTube, chaîne de Wor05 (consulté le 10 juin 2023)
    un adulte ayant commencé le hautbois en avril 2021 filme ses progrès semaine après semaine (YouTube Présente les vidéo à rebours, les débuts sont donc à la fin de la liste) ; au début, son professeur le fait travailler avec la méthode de Jérôme Pétain, La première méthode du tout petit hautboïste, Robert Martin, 2018 (ISBN 9790231058208) [présentation en ligne] , puis avec Jérôme Pétain, La deuxième méthode du petit hautboïste, Robert Martin, 2021 (ISBN 9790231059380) [présentation en ligne] , ainsi que sur des airs traditionnels ou des thèmes classiques.
  • Joseph-François Garnier, Méthode raisonnée pour le haut-bois, Paris, Pleyel, 1798 [lire en ligne]  (sur la page, cliquer sur l'icône de téléchargement)