Imparfait du subjonctif en français
L'imparfait du subjonctif (aussi appelé subjonctif imparfait) est un temps de la conjugaison des verbes français.
Il remplace le subjonctif présent lorsque l'action est au passé, et parfois au conditionnel présent
Utilisation
modifierLe subjonctif imparfait est employé à la place du subjonctif présent dans les propositions subordonnées introduites par une principale au passé simple, à l'imparfait, au plus-que-parfait, au passé antérieur, au passé composé (s'il n'a pas valeur purement aspectuelle), ou au conditionnel présent à valeur d'irréel du présent. Cependant, son usage a considérablement reculé depuis le début du xixe siècle1, sous l'effet de la complexité de ses formes et de leur ressemblance avec celles du passé simple2. Aujourd'hui, il n'est quasiment plus utilisé à l'oral[réf. nécessaire] (contrairement au cas des autres langues romanes, où il demeure très usuel). Cependant, il figure encore dans les textes littéraires, les discours formels ou bien encore dans des articles de journaux tels que Le Figaro ou Le Monde. Il peut aussi être employé à des fins humoristiques, à cause des jeux de motspar homophonie parfois graveleux qu’il permet. Par exemple, « Faut-il que je le sache ? » devient au passé « Fallait-il que je le susse ? », etc.
Le subjonctif imparfait remplace le subjonctif présent dans une proposition subordonnée quand la principale est au passé et que l'action de la subordonnée est simultanée avec l'action de la principale ou est antérieure à celle-ci.
Exemples :
- La phrase « Il est nécessaire qu’il parle. » devient à l'imparfait « Il était nécessaire qu’il parlât. »
- La phrase « Je veux que tu viennes. » devient à l'imparfait « Je voulais que tu vinsses. »
- La phrase « Ils voudront que la France redevienne un Empire. » devient au conditionnel présent « Ils voudraient que la France redevînt un Empire. »
Toutefois, quand l'action de la subordonnée est postérieure au temps présent, il vaut mieux utiliser le subjonctif présent. La phrase « Il m'a donné de l’argent hier pour que j'achète un poulet demain. » illustre très bien cette particularité. On voit bien ici la différence de sens entre « Il m'a donné de l’argent pour que j'achète un poulet. » et « Il m'a donné de l’argent pour que j'achetasse un poulet. » Dans la première phrase, le poulet n’est pas encore acheté ; tandis que dans le seconde, il l'est.
Également, le subjonctif présent est à utiliser quand l'action n'a pas de date précise, et peut concerner aussi bien le passé que le futur. Exemple :
- « Il a œuvré pour que tous les hommes vivent heureux. » est préférable à « Il a œuvré pour que tous les hommes vécussent heureux. »
- « Toute ma vie, je n'ai cessé de servir ma Nation afin qu'elle aille mieux. » est préférable à « Toute ma vie, je n'ai cessé de servir ma Nation afin qu'elle allât mieux. »
Cas spécial du conditionnel présent
modifierL'arrêté ministériel du 31 juillet 1900 (modifié par l'arrêté ministériel du 26 février 1901) indique3 :
Le conditionnel présent peut être suivi du subjonctif présent ou du subjonctif imparfait. Il y a cependant à l'usage une différence entre les deux, que l’on peut percevoir plus clairement en se référant aux deux valeurs qu’il peut prendre. En effet, le conditionnel présent en français recouvre les deux notions de potentiel et d'irréel du présent en grammaire latine. Dans le premier sens, on peut le faire suivre du subjonctif présent, alors que dans le second l'imparfait s'impose. Ainsi, la différence entre, par exemple,« Mieux vaudrait que le comité se prononçât en toute sérénité. » et « Mieux vaudrait que le comité se prononce en toute sérénité. » réside dans le degré de probabilité de la subordonnée. Dans le premier exemple, il s'agit d'un vœu pieux (le locuteur pense que le comité est incapable de se prononcer en toute sérénité), tandis que le deuxième est plus optimiste (le locuteur a bon espoir de voir l'événement se réaliser).
Par extension, cela permet de donner un ordre de manière plus aimable. Exemple:
- « Il faudrait que tu rangeasses ta chambre. » laisse la liberté à la personne à qui l’on s'adresse de ranger sa chambre ou non. Il s'agit plutôt d'un conseil.
- « Il faudrait que tu ranges ta chambre. » a une valeur plus impérative. Le locuteur pense très sérieusement que la personne à qui il s'adresse va ranger sa chambre, ou du moins lui ordonne plus vivement que dans la première phrase. Il s'agit plutôt d'un ordre.
Conjugaison
modifierPrincipe général de formation
modifierLe subjonctif imparfait est plus précieux que véritablement difficile à construire. Sa construction ne requiert que la connaissance du passé simple, souvent intuitive dans la mesure où ce temps est d’emploi plus courant dans la littérature, temps dont il emprunte exactement le radical, et ce pour la totalité des verbes français. Il suffit d'ajouter à ce radical les terminaisons :
- (je) -sse
- (tu) -sses
- (il) ^t
- (nous) -ssions
- (vous) -ssiez
- (ils) -ssent
La conséquence de cette règle est qu'un verbe qui n'a pas de passé simple (par exemple, le verbe éclore), n'a, ipso facto, pas d'imparfait du subjonctif.
Verbes du premier groupe
modifier- Que j'aimasse
- Que tu aimasses
- Qu'il, qu'elle, qu'on aimât
- Que nous aimassions
- Que vous aimassiez
- Qu'ils, qu’elles aimassent
Verbes du deuxième groupe
modifier- Que je finisse
- Que tu finisses
- Qu'il, qu'elle, qu'on finît (Exception: Qu'il, qu'elle, qu'on haït)
- Que nous finissions
- Que vous finissiez
- Qu'ils, qu’elles finissent
Verbes du troisième groupe
modifierRadical en -i
modifier- Que je misse
- Que tu misses
- Qu'il, qu'elle, qu'on mît
- Que nous missions
- Que vous missiez
- Qu'ils, qu’elles missent
Radical en -u
modifier- Que je connusse
- Que tu connusses
- Qu'il, qu'elle, qu'on connût
- Que nous connussions
- Que vous connussiez
- Qu'ils, qu’elles connussent
Radical en -in
modifierCe modèle ne concerne que les verbes venir, tenir et leurs composés :
- Que je vinsse
- Que tu vinsses
- Qu'il, qu'elle, qu'on vînt
- Que nous vinssions
- Que vous vinssiez
- Qu'ils, qu’elles vinssent
Avoir
modifier- Que j'eusse
- Que tu eusses
- Qu'il, qu'elle, qu'on eût
- Que nous eussions
- Que vous eussiez
- Qu'ils, qu'elles eussent
Être
modifier- Que je fusse
- Que tu fusses
- Qu'il, qu'elle, qu'on fût
- Que nous fussions
- Que vous fussiez
- Qu'ils, qu'elles fussent
Exercice
modifierComplétez les phrases suivantes avec le(s) verbe(s) entre parenthèses conjugué(s) à l'imparfait du subjonctif :
- Je n'ai jamais voulu que tu … ici. (venir)
- Aurais-tu pu éviter qu’ils ne … ? (s'approcher)
- Que vouliez-vous qu’il … d'autre ? (faire)
- Je souhaite que Camille et son mari …. (partir)
- Fallait-il vraiment qu'on en … à ce point ?! (arriver)
- Je pense que vous ne … pas venir ici. (devoir)
- Où que vous …, quoi que vous …, il fallait que vous …. (être), (faire), (se retirer)
- « Voudriez-vous que je … un tel péché ? » Dom Juan (1665), Acte III, Scène 2 (commettre)
- Le gouverneur s'opposa formellement a ce que nous … la route de Paris. (prendre)
- L'infirmière m'a dit qu’il fallait que je … en classe. (retourner)
- Je n'ai jamais voulu que tu vinsses ici. (venir) - Subjonctif imparfait
- Aurais-tu pu éviter qu’ils ne s'approchassent ? (s'approcher) - Subjonctif imparfait
- Que voulez-vous qu’il fît d'autre ? (faire) - Subjonctif imparfait
- Je souhaite que Camille et son mari partent. (partir) - Subjonctif présent
- Fallait-il vraiment qu'on en arrivât à ce point ?! (arriver) - Subjonctif imparfait
- Je pense que vous ne devriez pas venir ici. (devoir) - Conditionnel présent
- Où que vous fussiez, quoi que vous fissiez, il fallait que vous vous retirassiez. (être), (faire), (se retirer) - Subjonctif imparfait
- « Voudriez-vous que je commisse un tel péché ? » Dom Juan (1665), Acte III, Scène 2 (commettre) - Subjonctif imparfait
- Le gouverneur s'opposa formellement a ce que nous prissions la route de Paris. (prendre) - Subjonctif imparfait
- L'infirmière m'a dit qu’il fallait que je retournasse en classe. (retourner) - Subjonctif imparfait