Introduction aux textes sacrés du judaïsme/Présentation élémentaire des textes sacrés
Les textes sacrés du Judaïsme forment un ensemble assez disparate de textes rédigés entre la plus haute antiquité (Deuxième Millénaire avant Jésus-Christ pour les plus anciens textes) et la période helléniste (deuxième siècle avant Jésus-Christ).
Présentation du corpus
modifierLe corpus sacré du judaïsme est, nous l'avons dit, très hétérogène. Il a été cependant partagé en trois groupes de textes :
- תורה (Torah) : La Torah (également appelé Pentateuque) est un ensemble de cinq livres dont la rédaction est attribuée par la tradition à Moche et qui forme le plus sacré des textes du Judaïsme : cet ouvrage décrit en effet comment Dieu fit alliance avec Abraham, puis avec Moche et les Hébreux, et décrit également la Loi que Dieu prescrit aux Hébreux.
- נביאים (Nevi'im, Inspirés ou Prophètes) : Les Livres des Nevi'im sont principalement de deux natures : les livres à caractère historique et les livres à caractère prophétique. Les livres à caractère historique prennent la suite des passages historiques de la Torah, et racontent l'organisation politique, militaire et religieuse des Hébreux en Terre Promise. Les Livres Prophétiques, quant à eux, sont des ouvrages contenant des prophéties révélées par Dieu aux Prophètes, prophéties qui peuvent concerner les Hébreux ou les autres nations.
- כתובים (Autres Écrits) : Ce corpus n'a pas réellement d'homogénéité propre, et contient des textes très différents les uns des autres. On y rencontre tout à la fois des poèmes, des sentences morales ou des récits à portée théologique ou historique.
Présentation succincte de la Torah
modifierLa Torah est divisée en cinq livres (d'où son nom helléniste de Pentateuque, πεντα signifiant "Cinq" en grec)
- Le Livre de la Genèse. Ce livre à nature uniquement historique couvre une très vaste période, puisqu'il s'ouvre avec le récit de la création de l'Univers, la vie du premier homme et de la première femme, puis suit de nombreuses générations, s'autorisant parfois d'énormes ellipses. On y rencontre aussi principalement le récit des Patriarches et des Matriarches, l'Alliance promise par Dieu à Avraham, le récit de son fils Yitshak, de son petit-fils Yaakov et de ses enfants, et tout particulièrement Yoseph.
- Le Livre de l'Exode. Ce livre nous narre le récit de l'esclavage des Hébreux en terre de Misraïm (l'Égypte), ainsi que le récit de Moshè, prophète de Dieu qui permit aux Hébreux de quitter l'esclavagisme en terre de Misraïm. Une deuxième partie de cette ouvrage est à nature législative : Dieu dicte aux Hébreux différentes ordonnances légales, parmi lesquelles les fameuses Dix Paroles.
- Le Livre du Lévitique. Ce livre est à nature uniquement législative. Dieu donne de nombreuses ordonnances aux Hébreux. Une grande majorité des ordonnances décrites dans ce livre est de nature lithurgiques, et parmi celles-ci une très vaste majorité concerne le Temple. Celui-ci ayant été détruit, ces lois ne sont plus applicables de nos jours.
- Le Livre des Nombres. Ce livre prend la suite du livre de l'Exode, et raconte les pérégrinations des Hébreux dans le désert qui les mènera jusqu'en Terre Promise. On y retrouve également de nombreuses ordonnances légales.
- Le Livre du Deutéronome. Ce livre est un ensemble de discours sermonnés par Moïse juste avant que les Hébreux n'arrivent en Terre Promise. Il constitue également une répétition de nombreux préceptes légaux formulés dans les livres précédents.
Présentation succincte des Inspirés
modifierNous pouvons, nous l'avons dit, considérer deux groupes de livres dans le corpus des Inspirés : les textes à nature essentiellement historique, et les textes à nature essentiellement prophétique.
Livres historiques
modifier- Le Livre de Yehoshua. Ce livre prend la suite directe du Deutéronome, et nous raconte comment les Hébreux conquirent la Terre Promise et s'y installèrent.
- Le Livre des Suffètes. Ce livre décrit la grande instabilité politique qui suivit l'installation des Hébreux en Terre Promise. Les Hébreux sont dans ce livre gouvernés par des Suffètes, des dirigeants politiques et militaires, et ne cesse de se détourner de la Torah de Dieu. Dieu envoie alors des peuples envahisseurs conquérir la Terre Hébreue, jusqu'à ce que s'élève un nouveau Suffète qui reformera une armée hébreue et reconquérira la Terre Promise.
- Le(s) Livre(s) de Shmuel. Les deux livres de Shmuel n'en formaient qu'un à l'origine, leur dissociation n'ayant été faite que dans un but purement pratique. Ce livre raconte le Ministère du Prophète Shmuel, ainsi que l'intronisation du premier Roi d'Israël, Shaül, ses campagnes militaires, sa jalousie face à David, l'intronisation de David, la vie de David.
- Le(s) Livre(s) des Rois. De même, les deux livres des Rois n'en formaient qu'un à l'origine. Ce livre décrit le règne du Roi Shlomo, fils de David, ainsi que le schisme qui sépara le Royaume d'Israël en deux Royaumes : le Royaume de Juda, formé de deux tribus, et le Royaume d'Israël, formé des dix tribus restantes. Ce livre s'achève sur la chute de ces deux Royaumes.
Livres prophétiques
modifier- Le Livre de Yeshayahou. Ce livre, qui s'ouvre sur le récit pathétique des malheurs des Juifs et des païens, s'achève toutefois sur l'évocation d'un temps futur agréable. C'est notamment dans ce livre qu'il est fait question de la venue d'un Messie.
- Le Livre de Yekhezkel. Ce livre s'ouvre sur une vision très allégorique donnée par Dieu au prophète Yekhezquel, la vision des Chariots, enchaine sur l'étude des jugements des Juifs et des païens, et s'achève sur des visions, encore une fois très allégorique, du peuple Juif des derniers jours.
- Le Livre de Yirmeyahu. Ce livre évoque les fautes et les jugements d'Israël et des nations.
- Les Douze Livres des Prophètes Mineurs, à savoir les livres d'Hoshéa, Ioel, Amos, Obadyah, Iona, Mikha, Nahum, Habaquq, Sephanya, Agaï, Zekharyah et Malakhi. Ces douze livres sont principalement des discours de remontrances morales à l'égard de telle ou telle tribu d'Israël.
Présentation succincte des Autres Écrits
modifierNous l'avons dit, le corpus des Autres Écrits est un corpus très hétérogène, sans réelle uniformité. Ce corpus contient
- Le Livre des Louanges (ou Psaumes). Un ensemble de cent cinquante poèmes, la plupart attribués à David, souvent à la gloire de Dieu ou de sa Torah
- Le Livres des Exemples (ou Proverbes). Un ensemble de sentences à valeurs principalement éthique, la plupart attribuées à Shlomo
- Le Livre d'Iyov. Ce livre, qui commence par le récit des malheurs d'Iyov, est principalement constitué d'échanges entre Iyov et ses amis, et pose la question centrale de la place de Dieu dans le mal sur Terre.
- Le Poème des Poèmes (ou Cantique des Cantiques). Un poème attribué à Shlomo parlant principalement d'amour et teinté d'érotisme
- Le Livre de Rut. Ce récit, celui de Rut, étrangère convertie au judaïsme et future grand-mère de David, Roi d'Israël, pose la question de la conversion au Judaïsme
- Le Livre des Lamentations. Un ensemble de plusieurs poèmes se lamentant sur le sort attribué à Jérusalemen et à Israël en général
- Le Livre de Kohelet. Il s'agit d'une réflexion philosophique sur le sens de la vie et sur le sens de la présence de l'homme sur Terre.
- Le Livre d'Esther. Ce récit raconte l'histoire du personnage d'Esther et de son oncle Mordekhai, nous raconte comment Esther devint Reine Juive d'une Terre étrangère, et comment elle et son oncle mirent à mal un complot antisémite
- Le Livre de Daniel. Ce livre, assez particulier dans sa forme, est scindable en deux parties. La première partie nous raconte le Ministère de Daniel, Juif, à la cour de Neboukhadrèsar (Nabuchodonosor). La seconde est une suite de visions allégoriques d'évènements historiques.
- Les Livres d'Ezra et Néhémyah. Ces deux livres, qui n'en formaient qu'un seul à l'origine, narrent les vies d'Ezra et de Néhémyah, deux personnages ayant eu une forte influence dans la pratique du Judaïsme de leur époque
- Le(s) Livre(s) des Paroles des Jours. Ces deux livres, qui n'en formaient qu'un seul à l'origine, est une espèce de gigantesque résumé de l'histoire du monde et d'Israël. Il s'ouvre en effet sur un long enchaînement de généalogie, et enchainent sur la description des règnes de David et Shlomo.
Remarques et avertissements
modifier- Chaque livre est divisé en chapitres qui sont eux-mêmes divisés en versets. Un verset est un court extrait, comportant une ou deux phrases.
- Toutes les citations bibliques sont des citations tirées de la traduction d'André Chouraqui. Après chaque citation est indiqué, en chiffres romains, le chapitre d'où est tiré cette citation, ainsi qu'en chiffres arabes le verset correspondant. Exemple : "Abimèlèkh, avec Pikhol, le chef de sa milice, parla à Avrahâm" (XX, 22). Cette citation est donc tirée du vingt-deuxième verset du vingtième chapitre du livre dont elle est tirée (en l'occurrence, le livre de Bereshit).
- Pour ce qui concerne la translitération de noms propres écrits avec l'alphabet hébreu vers l'alphabet latin, nous avons suivi, une fois de plus, André Chouraqui.
- Le texte biblique contient plusieurs noms pour nommer Dieu : le premier, Elohîms, est un terme hébreu qui signifie littéralement "Dieu", comme on pourrait parler des dieux d'une mythologie. Le second, "Adonaï", pourrait être traduit par "Seigneur". Le troisième, "YHVH" (tétragramme dont la prononciation s'est perdue au fil des siècles) est, en un sens, ce qui se rapproche le plus, dans le texte, d'un prénom pour désigner Dieu. On pourrait traduire ce terme imprononçable par "L'Éternel" ou, plus littéralement, "Celui qui est, a été, et sera". À noter également que le terme Elohîms est un terme qui peut également désigner un juge, et Adonaï (ou Adôn) le maître d'un esclave. Conformément, une fois de plus, à la traduction d'André Chouraqui, aucun de ces termes n'a été traduit dans les citations que nous proposons.
- Il est très important de bien comprendre qu'il s'agit dans ce cours de donner uniquement un aperçu de ce qui écrit, et non pas de la façon dont ces textes sont interprétés. Il faudra donc garder à l'esprit tout au long de l'étude de ce cours que certains versets sont interprétés allégoriquement, métaphoriquement, ou bien sont interprétés comme faisant partie d'une dialectique historique complexe, et ne sont donc pas appliqués à la lettre ou considérés comme vérité absolue et indubitable.