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Quelques précisions de vocabulaire tout d’abord. Sans encore le définir, on peut appeler beau ce qui est produit soit par l'art, soit par la nature. La beauté en tant qu'objet permet de distinguer l'art de la science et de la morale. Alors que la science a pour objet la vérité, que la morale considère le bien, l'art est d'une manière générale une recherche de la beauté. Mais ne confondons pas l'art, activité productrice d'œuvres, et la réflexion sur l'art et la beauté. Cette réflexion est nommée esthétique. Au sens large, est esthétique tout ce qui est relatif à la beauté, dans un sens second, l'esthétique est la théorie qui tente de définir ce que peut être la beauté. Enfin, nous devons dire que la beauté est une question de goût. Selon Kant, « le goût est la faculté d'apprécier le beau » dans sa Critique de la faculté de juger. Mais étudions cette définition plus en détail.

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Chapitre no 1
Leçon : L'art
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Chap. suiv. :Le sentiment esthétique
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L'art/Introduction
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Le goût est un jugement. Qu'est-ce que ça implique ? Quand nous affirmons ou nions quelque chose de quelque chose nous rapportons forcément notre pensée au réel. Nous rapportons nos représentations, qu’elles soient sensibles ou qu’elles soient des concepts, à des objets. Kant les nomme des jugements de connaissance ou logiques. Or, il découvre que le goût est un jugement particulier : il reste un jugement car on affirme ou nie qu'une chose est belle, avec l'activité de réflexion associée, mais on ne rapporte pas ce jugement à un objet mais à un sujet, soi-même, et au seul sentiment de plaisir ou déplaisir.

Par exemple, nous regardons un tableau bleu que nous trouvons beau. Se posent deux jugements : "ce tableau est bleu" et "ce tableau est beau". Dans le premier, ce dont on a conscience est rapporté à l'objet, au tableau. Dans le second, même si notre manière de parler signifie le contraire, la beauté n’est pas une sensation en rapport à l'objet. Aucune caractéristique objective ne peut expliquer la beauté d'une chose, et c’est pourquoi plusieurs choses peuvent être dites belles sans pour autant être objectivement comparables. C'est donc seulement le sentiment d'une certaine satisfaction qui va déterminer notre jugement. Le jugement de goût est donc une faculté de discernement et d'appréciation fondée sur la seule prise de conscience par le sujet de son propre état. Le goût est donc entièrement subjectif, il n'apporte aucune connaissance sur l'objet. Ce jugement n’est pas pour autant relatif.

Cette analyse nous conduit à différentes problématiques.

  • Premièrement, si le goût est subjectif, cela signifie-t-il pour autant que l’on peut se contenter de la formule "à chacun à goûts" ? L'appréciation subjective de la beauté la rend elle relative à chacun ? La satisfaction esthétique n'est-elle qu'un plaisir comme un autre, uniquement sensible ? Comment un objet beau affecte-t-il son observateur ? D'où viens l'impression que ce sont les objets qui sont en eux-mêmes beaux ?
  • Deuxièmement, l'œuvre d'art : l'art existe depuis l'origine de l'humanité, et même chez Néandertal. Que recherche donc l'être humain à travers cette activité ? Uniquement à se faire plaisir ? Qu'est-ce que le génie artistique ? Une création artistique au lieu d'une simple production ?