L'avantage à la science - Commentaire n°1
Texte
modifierEntre deux bourgeois d'une Ville
S'émut jadis un différend :
L'un était pauvre, mais habile ;
L'autre riche, mais ignorant.
Celui-ci sur son concurrent
Voulait emporter l'avantage,
Prétendait que tout homme sage
Était tenu de l'honorer.
C'était un homme sot ; car pourquoi révérer
Des biens dépourvus de mérite ?
La raison m'en semble petite.
« Mon ami, disait-il souvent
Au savant,
Vous vous croyez considérable ;
Mais dites-moi, tenez-vous table ?
Que sert à vos pareils de lire incessamment ?
Ils sont toujours logés à la troisième chambre,
Vêtus au mois de juin comme au mois de décembre,
Ayant pour tout laquais leur ombre seulement.
La république a bien affaire
De gens qui ne dépensent rien !
Je ne sais d'homme nécessaire
Que celui dont le luxe épand beaucoup de bien.
Nous en usons, Dieu sait ! notre plaisir occupe
L'artisan, le vendeur, celui qui fait la jupe,
Et celle qui la porte, et vous, qui dédiez
À Messieurs les gens de finance
De méchants livres bien payés. »
Ces mots remplis d'impertinence
Eurent le sort qu'ils méritaient.
L'homme lettré se tut, il avait trop à dire.
La guerre le vengea bien mieux qu'une satire.
Mars détruisit le lieu que nos gens habitaient :
L'un et l'autre quitta sa ville.
L'ignorant resta sans asile:
Il reçut partout des mépris ;
L'autre reçut partout quelque faveur nouvelle.
Cela décida leur querelle.
Laissez dire les sots: le savoir a son prix.
Étude linéaire
modifierEntre deux bourgeois d'une Ville |
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→ marquage de l'opposition entre les 2 personnages |
S'émut jadis un différend. |
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→ opposition des personnages |
L'un était pauvre, mais habile, L’autre riche, mais ignorant. |
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→ comparaison des personnages en fonction de leur profil social |
Celui-ci sur son concurrent Voulait emporter l'avantage. |
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→ le riche veut dominer le pauvre |
Prétendait que tout homme sage |
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→ la sagesse domine la richesse |
Était tenu de l'honorer. |
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→ la sagesse doit s'incliner face à la richesse |
C'était un sot |
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→ description du riche |
Car pourquoi révérer Des biens dépourvus de mérite ? |
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→ le fabuliste pousse le lecteur à s'interroger sur la valeur de l'argent |
La raison m'en semble petite. |
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→ émet son opinion |
→ Dans un récit vif et rapide, le fabuliste donne son avis sur la querelle qui oppose les personnages et condamne immédiatement le riche dont il nous fait entendre les propos méprisants.
« |
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→ discours direct |
Mon ami, disait-il souvent |
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→ l'hypocrisie et la prétention du riche est sans cesse mise en avant |
Au savant, |
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→ mise en valeur du savoir |
Mais, dites-moi, tenez-vous table ? |
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→ le riche prétend que le pauvre se surestime |
Mais, dites-moi, tenez-vous table ? |
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→ le pauvre est incapable d'avoir une vie sociale |
Que sert à vos pareils de lire incessamment ? |
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→ le riche se moque des pauvres |
Ils sont toujours logés à la troisième chambre |
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→ le riche fait preuve de mépris envers l'érudit |
Vêtus au mois de juin comme au mois de décembre |
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→ les hommes n’ont pas les moyens de s’habiller |
Ayant pour tout Laquais leur ombre seulement |
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→ mépris pour la pauvreté, la misère, le dénuement |
La République a bien affaire De gens qui ne dépensent rien ! |
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→ inutilité sociale → agacement du riche |
Je ne sais d'homme nécessaire Que celui dont le luxe épand beaucoup de bien. |
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→ utilité des riches dans la société |
Nous en usons, Dieu sait : |
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→ soutien de la religion |
Notre plaisir occupe L’artisan, le vendeur, celui qui fait la jupe, Et celle qui la porte, et vous, |
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→ les riches sont des moteurs sociaux |
Qui dédiez |
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→ mépris pour ce parasite |
À Messieurs les gens de Finance De méchants livres bien payés. » |
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→ agacement à l'égard de cet usurpateur |
→ Le discours du bourgeois témoigne de son acharnement envers l'érudit dont le travail intellectuel n’a aucune valeur, aucune utilité.
Ces mots remplis d'impertinence Eurent le sort qu'ils méritaient. |
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→ retour au récit |
L'homme lettré se tut, il avait trop à dire. |
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→ sagesse d'ignorer les paroles acerbes du riche |
La guerre le vengea bien mieux qu'une satire. Mars détruisit le lieu que nos gens habitaient. |
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→ accentue la violence, l'effet de destruction |
L'un et l'autre quitta sa ville. |
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→ ils sont sur le même plan |
L'ignorant resta sans asile ; il reçut partout des mépris ; L’autre reçut partout quelque faveur nouvelle. |
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→ retournement de situation |
Cela décida leur querelle. |
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→ situation finale |
Laissez dire les sots ; le savoir a son prix. |
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→ morale explicite |
→ La richesse matérielle ne vaut pas la richesse intellectuelle. Face à un revers de fortune, la science est un bien inaliénable.