La nature/Morale et politique de la nature

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Respecter la nature peut prendre plusieurs sens. Le respect de la nature peut ainsi signifier que l'on reconnaisse des droits à l’environnement et aux animaux, mais cette expression désigne aussi une imitation morale de la nature : agir conformément à la nature, par exemple. Dans plusieurs débats moraux, l'argument "c'est naturel/c'est contre-nature" revient souvent, mais cette considération est-elle seulement pertinente ?

Morale et politique de la nature
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Chapitre no 1
Leçon : La nature
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La nature et l'homme : une relation partie-tout

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L'empereur romain et philosophe stoïcien Marc Aurèle, dans ses Pensées, conçoit la nature comme un tout dont l'être humain fait partie. Or, ce qui est bon pour un tout ne peut être mauvais pour ses parties. C'est ainsi que chaque être humain a le devoir de contribuer au bien des autres, et mène ainsi une vie heureuse. Marc Aurèle établit qu'il est une partie de la nature : il s'agit d'un fondement (voir le repère fondement/origine). La nature ne peut être mauvaise volontairement, selon Marc Aurèle, ni se faire du mal de manière involontaire.

Création de l'homme

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Pic de la Mirandole est un philosophe humaniste italien du XIVe siècle. Dans De la dignité de l'homme, il recourt au mythe de la création, par le "parfait ouvrier", pour définir l'être humain. Comme dans la tradition monothéiste et dans la mythologie grecque, l'être humain est créé en dernier. Au lieu de définir l'être humain, de lui donner des caractéristiques, il a pour toute nature le choix d'être bestial ou divin (le thème de l'ange et de la bête est aussi présent chez Pascal). C'est parce que l'être humain peut faire le choix d'être bestial, que, paradoxalement, il a de la grandeur. Il est question de "pouvoir arbitral", ce qui se rapproche du libre-arbitre humaniste (on retrouve la notion de libre-arbitre dans la théologie juive).

L'homme est-il au-dessus de l'animal ?

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Dans ses Essais, Montaigne évoque l'organisation de la nature. Celle-ci se caractérise par son identité, c’est à dire par son homogénéité, de telle sorte qu'il est illusoire d'envisager une hiérarchisation. Il est notamment faux de penser que l'être humain est au-dessus du reste de la création. Certes, il s'en distingue par sa faculté d'imagination, de distinction du vrai et du faux, de "dérèglement de pensée", mais c'est cette même faculté qui mène au péché et au désespoir. Exception n'est donc pas supériorité. C'est également dans les Essais que Montaigne dénonce la cruauté envers les animaux, et l'attrait humain pour cette cruauté (alors que l'on aime voir des scènes de cruauté, on aime moins voir des scènes de tendresse). On peut établir un lien entre cette absence de hiérarchisation et le refus de la cruauté envers les animaux (il sera question d'éthique animale dans le chapitre 5).

Montaigne estime plus raisonnable de suivre une loi naturelle plutôt qu'une loi due à la fantaisie humaine. Autrement dit : la loi naturelle est nécessaire, la loi humaine seulement contingente (voir les repères contingent/nécessaire).

Le don de la nature à l'être humain

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Dans Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique, Kant développe (troisième proposition) l'idée que la nature fut prodigue envers l'être humain et ne laissa rien au hasard. Une question qui se pose dès le mythe de Prométhée, et qui est abordée par Kant, est : comment l'être humain, qui n'a ni griffes, ni cornes, ni crocs, put il être si puissant ? C'est que son intelligence, sa prudence et la bonté de son vouloir doivent être "son œuvre". Kant attribue donc à la nature une volonté et celle-ci veut que l'être humain soit vertueux plutôt que de mener une vie agréable. C'est ainsi que, selon la nature, les premiers êtres humains commencent à construire un édifice que les générations suivantes terminent. La première génération ne jouira pas de cet édifice. Le progrès est envisagé de cette manière par Kant, de telle sorte que la marche de l'histoire humaine correspond à la volonté naturelle.

Le soi écologique

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Dans La Réalisation de Soi (1987), Arne Næss propose le concept du soi écologique. La réalisation de soi "classique" passe de l'ego au soi social (qui inclut l'ego), et du soi social au soi métaphysique (qui inclut le soi social). Or, cette considération ne prend pas en compte la nature.