La physique peut-elle prétendre étudier la nature mentale/Introduction
Position du problème
modifierUne science physique n'est pas nécessairement physicaliste, en ce sens qu'elle peut admettre l'existence d'autres natures que celle qu'elle se donne pour objet d'étudier, ou tout simplement qu'elle ne se prononce pas sur leur existence ou leur non existence. Elle peut aussi être moniste physicalisme, car on ne peut décemment pas reprocher à une science de se choisir le système métaphysique, ou la position philosophique sur lesquels elle se fonde. Dans ce cas elle affirme qu'il n'existe qu'une seule nature, celle qu'elle étudie : la nature physique, et que toute autre, telle que la nature mentale est inexistante et illusoire. Il revient ensuite à l'épistémologie d'étudier la pertinence de sa position de principe et celle de cette affirmation, de juger si ce matérialisme affirmé est ou non scientiste, mais là n'est pas le problème. En général le problème ne se pose pas car les sciences définissent précisément leur domaine d'étude, et s'y tiennent, et se soucient relativement peu des questions métaphysiques, c'est le cas des départements de la physique générale, des sciences de la matière et de la biologie. Le problème se pose quand une science physique outrepasse son domaine, et dans le cas présent se donne pour objet d'étude quelque chose qui ne l'est pas, quelque chose qui n'est ni observable, ni mesurable par des moyens physiques, qui ne se rattache à aucune grandeur physique, qu'elle ne peut donc pas formellement définir dans son langage ni même en parler. C'est le cas de la conscience et d'une façon générale de la nature mentale, d'ailleurs pendant longtemps ces termes étaient totalement exclus des neurosciences. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, et le problème se pose dans les sciences cognitives et computationnalistes, l'intelligence artificielle et la robotique.
Les neurosciences
modifier Si les neurosciences ont accompli d’importants progrès dans la connaissance biologique du cerveau et fait progresser la médecine, la psychologie cognitive expérimentale constitue une extension abusive de cette science physicaliste dans un domaine qui n’est pas le sien. Les neurosciences ne peuvent pas prétendre étudier notre vie mentale alors qu'elles nient l'existence de nos qualia et de nos percepts d'expérience pure des activités créatrices des fonctions de notre nature intime. La psychologie cognitive en particulier, n'étudie que la vie cérébrale à l'aide de l'imagerie médicale IRM et de l'EEG. Toutes ses interprétations sont douteuses car elles sont fondées sur une position de principe exclusivement moniste physicaliste et ne concernent que des comportements en relation directe ou indirecte avec le monde matériel extérieur.
Cette dénomination de vie mentale pour une activité cérébrale est non seulement abusive mais elle est perverse et nuisible pour la santé de l'espèce humaine. En effet, il ne peut pas y avoir de confusion entre les deux termes : cérébral désigne ce qui appartient au cerveau et mental à notre esprit. L'amalgame des deux termes par ces pseudosciences est donc volontaire. Il s'apparente à un procédé de novlangue dénoncé par George Orwell qui consiste à modifier le sens des mots et à en supprimer certains, ainsi l'ignorance devient une force et la liberté un esclavage. Les neurosciences s'approprient un domaine qui n'est pas le leur et parlent des facultés de notre esprit, tel la conscience, comme émergentes du cerveau alors que refusant l'introspection, elles n'y ont pas accès.
Seule une science dualiste, reconnaissant l'indépendance de notre psychisme, la réalité de nos qualia et la spécificité mentale de nos expériences pures, pourrait véritablement étudier notre vie mentale, grâce à l'introspection dont les techniques peuvent être développées bien au delà de ce que l'on connaissait à la fin du XIXe siècle, par des ancrages permettant d’accéder à tous ses aspects conscients et inconscients.
L'intelligence artificielle et la robotique
modifierEncouragée par les neurosciences cognitives qui identifient l’origine de la pensée et de la conscience humaine à notre seul cerveau, et notre pensée à son soi-disant traitement symbolique de l’information, la théorie computationnelle de l’esprit assimile le cerveau à un ordinateur, donc le calcul d’un ordinateur à notre pensée, qui devrait alors logiquement pouvoir faire tout ce que nous éprouvons : notre conscience de soi, nos émotions, notre intention, notre pouvoir de décider et de juger arbitrairement, notre confiance péremptoire, etc. Nous voyons ici une théorie fausse en entraîner par ricochet une autre, encore pire, prête à accorder au robot une personnalité juridique à l’égal de celle des humains, dans une imbrication complexe de concepts inappropriés. La science et la technologie, fortes de l’auréole de leurs succès passés, ont su créer là un monde magique, digne des contes des mille et une nuits avec leurs tapis volants, à grands renforts de propagande médiatique propre à convaincre les plus grands esprits du temps, séduisant les uns, angoissant les autres, engouffrant des dizaines et peut-être des centaines de milliards de dollars de dépenses de recherches pour une des plus grandes sottises de tous les temps. Les entreprises éblouies s’empressent d’investir, les subventions sont votées, les chercheurs se frottent les mains car l’argent afflue massivement, les investisseurs aussi car les cotes des actions des sociétés montent en bourse. Les économistes et les politiques se réjouissent, car tout cela fait tourner l’économie et fait progresser la croissance, qui en a bien besoin après des années de disette suite à la dernière crise financière. Le théâtre est monté, il s’écroulera dans trente ou cinquante ans, car nous savons avec l’expérience de la matière noire que les idées fausses ont la peau dure dans cette société humaine, mais que tout fini par se déconstruire devant le mur obtus et implacable des réalités, entraînant les théories absurdes que les neurosciences portent sur l’esprit humain dans sa déconfiture. Car c’est oublier que nous ne pensons pas en alpha numérique même si le langage peut nous le laisser croire, mais avec du sens. En informatique tout est précis au pixel près, les images sont codées et les signes impliquent des actions, c'est un monde logique, sémantiquement vide, qui n'est pas le nôtre. Ce que certains appellent l'intelligence artificielle (IA) d'une machine qui, aura beau permuter à toute vitesse des signes et gagner des parties de Go, ne pourra donc jamais penser comme nous, ni même penser tel que l'évoque le terme (le signe) que nous associons à ce sème personnel. Les signes n’impliquent aucune conscience, aucune conscience ne peut émerger de leur complexité, car ce sont deux natures radicalement distinctes qui n’appartiennent pas au même monde. L’univers physique est distinct de notre monde mental sémantique. C’est au delà d’une question de complexité. Donc l’intelligence artificielle ne pourra jamais devenir consciente, une faculté mentale réservée aux êtres vivants, en dépit des rêves et des espoirs insensés de tous les chercheurs en informatique.