Le Paris Haussmannien/Les principes esthétiques
Il existe une divergence de sensibilité entre les deux principaux maîtres d'œuvre du projet. Haussmann est un partisan du culte de la ligne droite et de l'homogénéité d'aspect des bâtiments privés. Quand Napoléon III, influencé par son séjour londonien, sacrifie volontiers la ligne droite à la préservation de certains monuments remarquables. Il souhaite également ménager des espaces protégés dans la ville, en dehors des grandes perspectives comme des squares fermés ou des cours protégées de la rue. Haussmann craint ces arrière-plans comme source potentielle de désordres du fait du moindre contrôle de l'espace public par les forces de l'ordre. Au total, de nombreux auteurs, dont Baudelaire, se lamentent de la disparition du "vieux Paris" sous la pioche et le marteau des démolisseurs ignorants.
L'opéra de Charles Garnier apparaît comme un équipement phare de ce nouveau Paris. Le bâtiment réconcilie le baroque et le classique dans un hymne à la profusion décorative intérieure et extérieure. Il doit faire contrepoids symétrique au nouveau Louvre.