Le théâtre : texte et représentation/Les enjeux de la mise en scène
La représentation a ses exigences propres : les relations entre le texte et sa mise en scène, l'auteur et ses interprètes participent à l'originalité et au renouvellement du théâtre.
La fidélité au texte de l'auteur
modifierEn écrivant une pièce de théâtre, en montrant un conflit, l'auteur a un objectif qui peut être esthétique, politique ou social. Il peut vouloir faire rire ou faire réfléchir, évoquer le présent ou le passé. Ces intentions sont perceptibles dans toute représentation.
Molière crée Tartuffe à Versailles en 1667, à la cour de Louis XIV, Il s'attaque à l'hypocrisie des dévots et dénonce publiquement ceux qui s'opposent à l'évolution des meurs au nom de la religion. La pièce est interdite. Molière explique ainsi ses intentions : « L'emploi de la comédie est de corriger les vices des hommes. »
L'actualisation du texte
modifierLorsque le texte est rejoué, parfois plusieurs siècles après sa création, la représentation veut montrer son actualité. Ce qui est présenté sur la scène doit alors faire écho aux questions que se pose le public dans la salle.
En assistant à Moscou, au XXe siècle, à la représentation de la comédie de Molière, le public rit sans retenue. Il voit en effet dans le personnage de Tartuffe une inIcarnation de l'hypocrisie du bureaucrate soviétique.
Le partage d'une émotion
modifierOn est seul quand on lit un texte mais on est ensemble quand on est au théâtre. Chaque représentation est un événement collectif : de là les scandales et les batailles qui ponctuent l'histoire du théâtre. Que l'on y rit, que l'on y pleure ou que l'on y réfléchisse, c'est toujours ensemble. C'est à la qualité de la relation qui s'établit entre les spectateurs et les interprètes qu'on mesure la qualité de la représentation. Le théâtre fait circuler des signes, des mots, des gestes, pour le bonheur de ceux qu'il a un instant réunis.
Les grandes dates de l'histoire littéraire : l'évolution de la mise en scène
modifierJusqu'au XIXe siècle
modifierLe plus souvent, c'est le directeur de la troupe qui prend en charge les tâches du régisseur (distribuer les rôles, régler les entrées, gérer les accessoires) et qui assure la conduite de la représentation. L'expression « metteur en scène » n'apparaît qu'au XIXe siècle.
XIXe siècle
modifierÀ la fin du XIXe siècle, le Français Antoine, le Russe Stanislavski ou l’Anglais Craig imposent le metteur en scène comme un créateur à part entière.
XXe siècle
modifierDiverses conceptions s’affrontent au XXe siècle. Les uns, comme Louis Jouvet ou Jean vilar, veulent se mettre au service du texte : « Le créateur au théâtre, écrit ce dernier, c'est l'auteur. » Les autres, à la suite d'Antonin Artaud, veulent se libérer du texte et font de la représentation une cérémonie bouleversante dont le metteur en scène est « une sorte d'ordonnateur magique ». Un troisième courant, influencé par les théories de Bertolt Brecht, veut, par la distanciation, inciter le spectateur à réfléchir et à réagir.
Aujourd'hui
modifierToutes ces conceptions inspirent librement les metteurs en scène dont le rôle est pleinement reconnu : ils sont parfois plus célèbres que les auteurs qu'ils interprètent.