Les Français et la République/Question ouvrière et Front populaire
Formation d'une république « sociale »
modifierLa classe ouvrière vit avec le souvenir lointain de l'échec politique de la Commune de Paris (1871) et de la répression exercée au début du XXe siècle contre les grèves ouvrières et minières. Les revendications pour l’augmentation des salaires et l’augmentation des conditions de vies n'ont jamais été satisfaites.
La France, touchée tardivement par la dépression des années 1930, en ressent fortement les conséquences (explosion du chômage touchant surtous les catégories ouvrières). Le 6 février 1934, les ligues d’extrême droite hésitent lors d'une manifestation violente visant à prendre l'Assemblée nationale. La garde mobile tire dans la foule (15 morts). La gauche française et la classe ouvrière voient dans cette action une tentative de coup d'État fasciste. Faisant taire leurs divisions, les partis politiques de gauche décident de s'unir.
Le temps de l'espérance
modifierUn programme commun est présenté le 12 janvier 1936 autour d'un slogan cherchant à répondre à la crise économique, sociale et politique : « Le pain, la paix, la liberté ». La classe ouvrière y voit une chance d’être enfin étendue.
Les élections législatives de mai 1936 sont un triomphe pour la gauche. Les grèves spontanées qui éclatent dès le 11 mai voient pour la première fois des occupations d'usines. Léon Blum, investi le 6 juin comme président du Conseil, pousse les syndicats et le patronat à la négociation. Les accords de Matignon (7-12 juin 1936) octroient des avancées sociales importantes : augmentation des salaires, conventions collectives, 40 heures de travail hebdomadaire au lieu de 48. Par une loi votée l'été suivant, 15 jours de congés payés sont instaurés. On construit des installations sportives et auberges de jeunesse pour les loisirs des ouvriers.
Le temps des désillusions
modifierEn juillet 1936, le PCF souhaite l'intervention militaire en Espagne pour soutenir le gouvernement républicain contre les nationalistes du général Franco. La SFIO est partagée, les radicaux contre. Internationaliste et pacifiste, la classe ouvrière est hostile à la guerre mais sensible au combat contre le fascisme. Le gouvernement décide la non-intervention et envoie des armes. Sur le plan intérieur, le gouvernement dissout les ligues d'extrême droite qui continuent d'entretenir l'agitation par des attaques xénophobes et antisémites. Il décide aussi de nationaliser les industries de guerre et de réarmer le pays. De nombreux capitaux s'enfuient à l'étranger. Le gouvernement dévalue alors le franc et décide une pause dans les réformes de 1937, provoquant alors le mécontentement de la classe ouvrière.
En avril 1938, c’est la fin du Front populaire. Daladier, du Parti radical, forme un gouvernement de centre droit et, conscient qu'une guerre est inévitable avec l'Allemagne nazie, cherche à gagner du temps. Le programme de réarmement est en retard et la ligne Maginot donne l'illusion d’être à l'abri des invasions. La France, de moins en moins pacifiste, est marquée par les divisions sociales et politiques. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le Pacte germano-soviétique du 22 août 1939 trouble la classe ouvrière, sensible aux prétendues idées de la paix de Staline.