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Malsain
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Chapitre no 19
Leçon : Linguistique DMS
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Des pratiques malsaines

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    Le sémantiquement malsain se manifeste par la présence de fantasmes dominant la personne, de désordres dans ses objectifs, des contradictions avec les valeurs fondamentales de nos fonctions (survie, liberté, efficacité), la négation de son éthique (à l'extrême, comme de vouloir se suicider dans un attentat terroriste pour son salut, l'honneur ou la gloire), qui peuvent la mener à être dangereuse pour elle-même comme pour les autres, sans qu'elle puisse être déclarée irresponsable de ses actes, et à un moindre degré à subir des souffrances et un sentiment d'échec.
    Si nous pouvons parler de sémantiquement malsain, il ne serait pas raisonnable de parler de linguistiquement malsain, car si la langue nous permet de dire le faux comme le vrai, elle nous permet aussi de dénoncer le faux, le non-sens, le contresens, le vide de sens, les fantasmes, les mythes et les constructions conceptuelles douteuses, et aussi de dire où sont les aspects linguistiquement défavorables ou nuisibles à l'épanouissement du sens de la personne, principalement dans le système syntaxique avec lequel nous construisons les unités de communication, qui nous permettent de dépasser les difficultés liées à la linéarité, la polysémie, la synonymie, en précisant le sens attribuable à chaque signe et en suggérant un sens global. Nous pouvons aisément constater et dire que :
    ° Les marqueurs relationnels entre signe et sens qui vont de (c'est  ça), (signifie), (désigne) à (signale), qui s'ils ne permettent jamais de dire qu'un signe est la chose qu'il représente, impliquent cependant, pour nombre d'entre eux, l'idée qu'il partage en partie sa nature ((le sens) ou (le concept d'objet)) en ne précisant pas assez que la réalité de l'objet est définitivement hors de notre portée (sauf s'il est mental).
    ° La possibilité d'utiliser, par facilité, la copule (est) qui ne spécifie aucune relation précise (égalité, identité, appartenance, etc.) alors qu'il est toujours nécessaire de la moduler par des relateurs plus complexes, des syntagmes (groupe de signes) qui forment un ensemble ouvert aménageable.
    ° La dénomination qui présuppose l'existence bien que non avérée d'une chose (dieux, tao, nation, mythe, etc.) et plus généralement d'un sens ou d'une relation, qui peut faire l'objet d'une évidence collective difficile à contester par l'analyse et le raisonnement. Or la liste des dénominations est ouverte à toutes les absurdités et construit des systèmes de représentation (et de compréhension) fausse de la réalité.
    ° Le statut grammatical des signes (nom, verbes, adjectif, etc.) qui présuppose d'une partie de leur (...?) sens, qui ne dépend que de l'organisation interne de la phrase et non du sens qu'il signale. (Ainsi un verbe peut signaler ou non une action, de même qu'un nom, etc., et fait apparaître une confusion entre substantif et opératif). Ce statut crée une valeur intralinguistique entre des signes qui formellement n'ont pas de sens.
    ° La limitation à trois types (en gros) de relations structurales : la synonymie (le même), l'hyperonymie (le classement hiérarchique ou catégoriel), l'antonymie (le contraire ou l'autre), qui bien qu'elles comportent une large variété de nuances et de gradations tendent à enfermer le sens en excluant ou en laissant pour compte d'autres possibles (complémentarité, synergie, tiers exclu, etc.) et donnent l'illusion de pouvoir définir des signes avec d'autres signes.
    ° La détermination préconstruite de signes lexicaux systémiques (affixes, suffixes, déclinaison des radicaux), ce qui implique une tendance à imposer un vêtement au sens, un découpage codé, indépendamment de la réalité de sa structure.
    ° L'invariance des signes grammaticaux (pronoms, articles, etc.) qui fait qu'une langue exprime d'abord une culture, alors qu'elle doit exprimer toutes choses.
    ° Les règles de bonne formation des expressions linguistiques indépendamment de la réalité de l'organisation et du flou du sens, alors qu'une phrase n'est que la tentative (parfois désespérée) de l'expression d'une structure sémantique complexe, à priori libre de tout système de paradigmes particulier.
    ° Les marques d'enchaînement et d'achèvement des phrases limitées à quelques valeurs logiques (mais, car, donc, enfin, etc.), alors que la phrase, pas plus qu'un texte ou un discours aussi volumineux soit-il, n'épuise jamais le système relationnel du sens. 
    Tous ces inconvénients peuvent cependant être dépassés par le rappel fréquent des principes de base concernant le signe, la dénomination, etc., par la création de nouveaux signes qui imposent un réajustement des valeurs au sein du sens, par l'abus de phrases longues et complexes qui obligent l'esprit à sortir des modèles simplistes que la langue lui propose, enfin par le recours à des schémas, des tableaux qui présentent d'autres paradigmes structuraux.