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Linguistique DMS : Production
Linguistique DMS/Production », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.
L'opération inverse de la réaction psycholinguistique c'est la production linguistique, une création de signes dans un langage donné à partir du sens. Ce que nous avons à dire est d'abord la structuration d'un ensemble de sens, et le dit : sa traduction, en signes. Son analyse est facilitée si nous pensons hors du langage. Comme dans les paragraphes précédents, je perçois des qualités et des relations que je peux associer à des signes. Évidemment si j'emprunte les signes de la langue française plutôt que mon système sémiotique personnel, le résultat pourra surprendre ici ou là. Pour les relations c'est plus difficile car le français est pauvre en relateurs, mais comme pour les qualités, j'invente autant de syntagmes inusités dont j'ai besoin tout en restant dans le cadre de ce que la langue peut admettre. Il en résulte un schéma bidimensionnel que j'écrase en linéaire et dont je raccorde les morceaux comme je peux, plutôt mal que bien.
Si je me reconnais dans l'objet final de la production linguistique, c'est qu'ayant intégré ces signes comme mes signes, les sens qu'ils signalent restent mes sens, et quand l'autre utilise les mêmes signes, par empathie je sens que ce sont ses signes qu'il attribue à son sens dans lequel je ne peux pas en général reconnaître mon propre sens.
Ce qui montre une fois de plus que le signe ne possède pas de sens mais celui que chacun lui prête, et qu'une langue doit être considérée comme un éventail de signes associables en syntagmes et en combinaisons : les phrases, une corne d'abondance que chacun peut s'approprier pour dire son propre sens. Enfin, comme nous procédons par interprétation et empathie, le sens d’un terme que nous imaginons quand nous le rencontrons chez l’autre ou quand nous l’émettons à son attention, va varier par réduction de sens de ses possibles selon le contexte, selon notre intention et/ou la sienne, selon ce que nous savons ou pas de lui, selon la relation affective ou professionnelle que nous entretenons avec lui, et selon la qualité de notre authenticité mutuelle. Le sens tel que nous le vivons, n’est donc pas une entité fixe et définie une fois pour toutes, mais un élément modulable à géométrie qualitative variable, riche d’un potentiel multiple, adaptable aux situations diverses auxquelles nous sommes confrontées.
Dans ces conditions, la linguistique pourrait non pas rechercher un sens à des signes et groupe de signes, mais l'ensemble des possibles singuliers qu'ils offrent, tout en sachant qu'il y aura des contradictions. C'est d'ailleurs ce que font les dictionnaires avec leur polysémie ordinaire et leurs lots de citations, de variations de sens chez les auteurs. Si la sémantique peut être une science ce serait avant tout celle des structures mentales dont découle le sens.