Littérature de jeunesse en anglais : Walter Crane, La biche au bois/Désirée amoureuse

Chapitre 2 : Désirée amoureuse
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Dès que le crabe se fut éloigné, la reine demanda aux fées de préserver sa fille des maux qui la menaçaient ; elles décidèrent de bâtir un palais sans portes ni fenêtres pour y élever la princesse jusqu'à la fin de cette période fatale. Trois coups de baguette et cet édifice grandiose sortit de terre. Pas un rai de lumière du jour mais tellement de chandelles, de bougies et de lampes qu'on y voyait comme en plein jour. L'intelligence et la vivacité de la princesse lui permirent de s'instruire très rapidement ; son esprit et sa beauté charmait tous ceux qui l’approchaient. La reine serait restée en sa compagnie en permanence si ses devoirs ne l'avaient retenue auprès du roi. Les bonnes fées venaient lui rendre visite de temps en temps. Comme l’heure approchait de quitter le château, la reine fit faire son portrait qu'elle fit circuler dans les plus grandes cours royales de l'univers. À sa vue il n'y eut aucun prince qui ne se défendit de l'admirer; mais il y en eut un qui en fut si touché, qu’il ne put plus s'en séparer. Il s'enferma avec le portrait, en lui parlant comme s'il pouvait le comprendre. Le roi, en ne voyant presque plus son fils, demanda ce qui l'empêchait de retrouver sa gaieté coutumière. Plusieurs courtisans l'informèrent qu’ils craignaient que le prince ne soit devenu fou car il restait enfermé dans sa chambre en parlant à une dame comme si elle était présente. Le roi envoya quérir son fils et lui demanda pou quelle raison il avait si radicalement changé. Le prince se jeta aux pieds de son père en disant : "Je tiens à vous avouer que je suis tombé amoureux de la princesse Désirée et que je souhaite l'épouser". Il se précipita pour chercher le portrait et le rapporta au roi qui répondit : "Ah, mon cher Guerrier, je comprends votre vœu et consens au mariage. Je vais rajeunir en un instant avec une princesse aussi belle à ma cour." Le prince supplia le roi d'envoyer un ambassadeur auprès de la princesse Désirée et ce fut le jeune aristocrate Bécafigue, connu pour son éloquence, qui fut choisi. Au moment de prendre congé, le prince lui dit : "N'oubliez pas, mon cher Bécafigue, qu’il y va de ma vie. Ramenez la belle princesse à n’importe quel prix." L'ambassadeur partit avec de nombreux présents pour la princesse et un portrait du prince. Le roi et la reine furent enchantés de son arrivée car ils avaient entendu parler des mérites exceptionnels du prince Guerrier : ils étaient pleinement satisfaits d’avoir trouvé pour leur fille un époux si digne d'elle. Ils décidèrent de lui présenter Désirée mais la fée Tulipe s'y opposa : "Gardez-vous bien, madame, de présenter Bécafigue à la princesse ; il ne faut pas qu’il la voie aussi tôt, et ne consentez point à la laisser partir, qu'elle n'ait passé quinze ans ; car si elle part plutôt, il lui arrivera quelque malheur." La reine promit de suivre son conseil.