Méthode mentaliste/Méthodologie
CONSCIENCE ET INTROSPECTION, LES OUTILS DU CHERCHEUR MENTALISTE
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modifierLe sujet de cette Leçon est le sens, la façon dont il naît, se construit, s’organise, ses contraintes et ses conséquences qui conditionnent tous les aspects de notre vie. Ce qui place la sémantique, l’étude du sens, au cœur de la philosophie et au fondement de toutes les sciences humaines. D’abord je voudrais vous parler de ma méthode de travail. Dans mon livre Sémantique et fonctions mentales je ne la présente pas vraiment ou pas assez, même si elle peut s’imaginer en lisant entre les lignes, parce que ce qui m’intéresse ce sont les résultats et non la méthode, mais à la suite de certaines réactions que j’ai reçues et pour dissiper les malentendus, il m’apparaît nécessaire d’en parler davantage. Cette méthode je ne l’ai pas inventée, c’est celle de Bergson, c’est celle de Proust, tout simplement. Elle consiste à examiner l’expérience immédiate de la pensée, ce que Bergson appelait les données, ou les impressions immédiates de la conscience. Et ce n’est pas quelque chose de compliqué, c’est quelque chose de naturel, d’évident à partir de l’instant de l’acquisition de la conscience d’être conscient, et en fait cette conscience d’être conscient nous ne l’acquérons pas, nous la constatons simplement. C’est quelque chose que nous possédons tous, que nous partageons tous, il suffit juste de s’arrêter de faire et de regarder. Et dès que nous regardons, nous nous posons des questions : « mais pourquoi et comment c’est comme ça ? » et là, cela devient tout de suite plus difficile. La première chose que nous remarquons c’est que l’observation de l’expérience de la pensée fait partie de l’expérience de la pensée, l’observateur s’observe lui-même et, à chaque instant le sujet qui observe et qui analyse ce qu’il observe, transforme l’objet qu’il observe. Dit comme cela, cela peut paraître présenter un problème, mais il ne se pose pas de la même manière qu’en physique parce qu’ici le sujet n’est pas étranger à l’objet, et qu’il est toujours possible d’utiliser le souvenir, la concentration, la répétition pour un meilleur résultat. Nous ne pouvons pas non plus totalement nous empêcher d’analyser ce que nous observons pendant que nous l’observons. Mais le souvenir, la concentration, la répétition, l’analyse font partie de ce que nous cherchons à observer et à comprendre. Alors, nous n’observons pas toujours ce que nous voulons, mais tout ce que nous observons est exploitable. Quoi que nous fassions, nous ne sortons jamais de notre sujet d’étude. Évidemment il y a des choses, des expériences qu’il n’est pas possible de produire à volonté, que nous ne pouvons pas répéter volontairement, ou que nous ne pouvons pas refaire dans les mêmes conditions, et qu’il faut saisir au vol quand elles se produisent. Cependant nous pouvons répéter leur souvenir, donc la mémoire est importante, même si dans le souvenir l’expérience immédiate se présente dégradée. Mais à force d’apprentissage, d’entraînement, à la manière d’un artisan, les résultats s’améliorent. Une autre chose, c’est que nous ne cessons de nous enrichir sans jamais pouvoir revenir à l’état antérieur, mais en même temps, nous enrichir c’est le but que nous poursuivons. C’est ce que dit Proust dans Le temps retrouvé, maintenant après tout ce temps, après toutes ces expériences, il est devenu capable d’écrire, et le fait de le comprendre, de le dire, de l’écrire, fait partie de son roman laboratoire.