Méthodes de l'écrit et de l'oral face à un ou plusieurs textes littéraires/Question sur corpus

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Question sur corpus
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Chapitre no 1
Leçon : Méthodes de l'écrit et de l'oral face à un ou plusieurs textes littéraires
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Rappel de méthode : la rédaction des questions sur corpus modifier

Après le travail d'analyse au brouillon, que doit-on trouver sur la copie ?

  • Les réponses doivent faire environ 1 à 2 pages (pas plus) par question. Il faut toujours traiter les différentes questions séparément.
  • Elles commencent par une phrase d'introduction qui présente les textes et la question.
  • Elles développent un propos organisé qui s'appuie sur tous les textes et des citations. Chaque réponse doit être justifiée par des procédés expliqués. Elle propose une analyse des textes donnés à étudier.
  • Elles doivent véritablement confronter/comparer les textes donnés avec des outils explicites : alors que, tandis que, comme, en revanche, c'est le même cas pour, mais, également, à l'inverse…
  • Elles se terminent par une phrase conclusive répondant clairement à la question.

Attention ! Comme dans tout travail d'analyse, la question sur corpus ne doit pas se contenter de constater, elle explique, justifie et interprète. Par ailleurs, n'oubliez pas de traiter complètement la question, si possible en trouvant aux moins deux éléments de réponse différents dans les textes.

Question : Identifiez les points communs entre les textes A et B. modifier

Texte A : Maupassant, Bel-Ami, 1885

  Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant.

  Comme il portait beau par nature et par pose d'ancien sous-officier, il cambra sa taille, frisa sa moustache d'un geste militaire et familier, et jeta sur les dîneurs attardés un regard rapide et circulaire, un de ces regards de joli garçon, qui s'étendent comme des coups d'épervier.

  Les femmes avaient levé la tête vers lui, trois petites ouvrières, une maîtresse de musique entre deux âges, mal peignée, négligée, coiffée d'un chapeau toujours poussiéreux et vêtue toujours d'une robe de travers, et deux bourgeoises avec leurs maris, habituées de cette gargote à prix fixe.

  Lorsqu'il fut sur le trottoir, il demeura un instant immobile, se demandant ce qu'il allait faire. On était au 28 juin, et il lui restait juste en poche trois francs quarante pour finir le mois. Cela représentait deux dîners sans déjeuners, ou deux déjeuners sans dîners, au choix. Il réfléchit que les repas du matin étant de vingt-deux sous, au lieu de trente que coûtaient ceux du soir, il lui resterait, en se contentant des déjeuners, un franc vingt centimes de boni[1], ce qui représentait encore deux collations au pain et au saucisson, plus deux bocks[2] sur le boulevard. C'était là sa grande dépense et son grand plaisir des nuits; et il se mit à descendre la rue Notre-Dame-de-Lorette.

  Il marchait ainsi qu'au temps où il portait l'uniforme des hussards, la poitrine bombée, les jambes un peu entrouvertes comme s'il venait de descendre de cheval; et il avançait brutalement dans la rue pleine de monde, heurtant les épaules, poussant les gens pour ne point se déranger de sa route. Il inclinait légèrement sur l'oreille son chapeau à haute forme assez défraîchi, et battait le pavé de son talon. Il avait l'air de toujours défier quelqu'un, les passants, les maisons, la ville entière, par chic de beau soldat tombé dans le civil.

  Quoique habillé d'un complet de soixante francs, il gardait une certaine élégance tapageuse, un peu commune, réelle cependant. Grand, bien fait, blond, d'un blond châtain vaguement roussi, avec une moustache retroussée, qui semblait mousser sur sa lèvre, des yeux bleus, clairs, troués d'une pupille toute petite, des cheveux frisés naturellement, séparés par une raie au milieu du crâne, il ressemblait bien au mauvais sujet des romans populaires.

  1. Excédent (de boni = en plus)
  2. Bière
Texte B : Flaubert, Madame Bovary, 1857

  Nous étions à l'étude, quand le Proviseur entra, suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail.

  Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir; puis, se tournant vers le maître d'études :

  – Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élève que je vous recommande, il entre en cinquième. Si son travail et sa conduite sont méritoires, il passera dans les grands, où l'appelle son âge.

  Resté dans l'angle, derrière la porte, si bien qu'on l'apercevait à peine, le nouveau était un gars de la campagne, d'une quinzaine d'années environ, et plus haut de taille qu'aucun de nous tous. Il avait les cheveux coupés droit sur le front, comme un chantre[1] de village, l'air raisonnable et fort embarrassé. Quoiqu'il ne fût pas large des épaules, son habit-veste de drap vert à boutons noirs devait le gêner aux entournures et laissait voir, par la fente des parements[2], des poignets rouges habitués à être nus. Ses jambes, en bas bleus, sortaient d'un pantalon jaunâtre très tiré par les bretelles. Il était chaussé de souliers forts, mal cirés, garnis de clous.

  On commença la récitation des leçons. Il les écouta de toutes ses oreilles, attentif comme au sermon, n'osant même croiser les cuisses, ni s'appuyer sur le coude, et, à deux heures, quand la cloche sonna, le maître d'études fut obligé de l'avertir, pour qu'il se mît avec nous dans les rangs.

  Nous avions l'habitude, en entrant en classe, de jeter nos casquettes par terre, afin d'avoir ensuite nos mains plus libres; il fallait, dès le seuil de la porte, les lancer sous le banc, de façon à frapper contre la muraille en faisant beaucoup de poussière ; c'était là le genre.

  Mais, soit qu'il n'eût pas remarqué cette maneuvre ou qu'il n'eût osé s'y soumettre, la prière était finie que le nouveau tenait encore sa casquette sur ses deux genoux. C'était une de ces coiffures d'ordre composite, où l'on retrouve les éléments du bonnet à poil, du chapska[3], du chapeau rond, de la casquette de loutre[4] et du bonnet de coton, une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile. Ovoïde et renflée de baleines, elle commençait par trois boudins circulaires; puis s'alternaient, séparés par une bande rouge, des losanges de velours et de poils de lapin; venait ensuite une façon de sac qui se terminait par un polygone cartonné, couvert d'une broderie en soutache[5] compliquée, et d'où pendait, au bout d'un long cordon trop mince, un petit croisillon de fils d'or, en manière de gland. Elle était neuve; la visière brillait.

  – Levez-vous, dit le professeur.

  Il se leva; sa casquette tomba. Toute la classe se mit à rire.

  1. Celui qui chante lors des cérémonies religieuses
  2. Revers fixe ornant le bas des manches des vếtements d'hommes
  3. Coiffure militaire empruntée aux Polonais, portée en France par les cavaliers du Premier et du Second Empire
  4. Faite de fourrure de loutre (mammifère vivant près des lacs
  5. Ornement vestimentaire

Réponse rédigée modifier

Nous allons analyser les points communs entre les premières pages de Bel-Ami de Maupassant et de Madame Bovary écrit par Flaubert.

Ces deux textes appartiennent au genre romanesque comme le prouvent les récits au passé, par exemple dans les phrases suivantes, « il demeura […] immobile » (texte A, 1.8) et « On commença la récitation » (texte B, 1.13). On note également un point commun thématique entre ces deux extraits. En effet, chaque passage nous présente un personnage masculin au centre de tous les regards. Dans le texte de Maupassant, le narrateur met en valeur le personnage en le caractérisant par son nom, « Georges Duroy », dès la première phrase et en soulignant que « les femmes » du restaurant « avaient levé la tête vers lui » (1.5), le plus-que parfait indiquant ici qu'elles le regardent avant même qu'il agisse grâce à des verbes au passé simple. En ce qui concerne le texte de Flaubert, le « nouveau » est aussi évoqué dès les premiers mots et son importance dans la scène est soulignée par les italiques sur ce terme. Bien qu'il soit « à peine » visible (1.7), il est scruté par ses camarades, comme le prouve la description des lignes 7 à 12 où l'on relève par exemple des adjectifs qualificatifs dans les expressions « l'air raisonnable » ou « un t à boutons noirs ». On retrouve d'ailleurs la technique de la description dans le texte A, où les caractéristiques physiques du personnage sont détaillées dans le dernier paragraphe grâce au champ lexical du visage : il a une « moustache retroussée », des « yeux bleus » et « des cheveux frisés naturellement » (1.20-22). L'importance des descriptions et précisions nous amène ainsi à penser que ces deux ouvres s'insèrent dans le même mouvement littéraire, le Réalisme. L'évocation de l'argent et le nom de la rue « Notre-Dame-de-Lorette » dans Bel-Ami ainsi que la présence du « garçon de classe qui portait un grand pupitre » dans Madame Bovary peuvent en effet mettre en évidence le souci du détail réaliste cher aux deux écrivains.

Nous pouvons donc conclure que, bien qu'ils amorcent des histoires très différentes, les incipits de Bel-Ami et de Madame Bovary ont de nombreuses ressemblances qui soulignent, conformément aux centres d'intérêts du Réalisme, leur objectif commun de présenter l'évolution d'un ou plusieurs personnages dans la société du XIXe siècle.