Nouvelles figures de l’utilisateur dans une économie de l’attention/Travail pratique/Conception de l’espace-problème/Plus-value attentionnelle

D'après Citton (2014, p.155), la plus-value attentionnelle est une source de pouvoir économique importante pour les mass media. Elle résulte d'une différence entre l'attention prêtée aux contenus des mass media par les utilisateurs et l'attention reçue par ces mêmes utilisateurs, en provenance des mass media. Cette plus-value est d'autant élevée que les mass media sont en capacité, par des dispositifs techniques d'automatisation, de démultiplier la petite quantité d'attention qu'ils prêtent à leurs utilisateurs.

Représentation graphique de la plus-value attentionnelle réalisée par Instagram

Pour illustrer le concept, Citton donne à voir la plus-value attentionnelle réalisée dans trois situations différentes, à savoir un dialogue, une conférence et le "Journal de 20 heures" :

"Dans un dialogue en face-à-face, les temps d’attention des discutants se déroulent selon une temporalité présentielle commune (à l’échelle 1 minute = 1 minute). Lors d’une conférence faite devant un auditoire garni, le temps de préparation investi en amont par le présentateur – temps qui peut être considéré comme la forme d’attention qu’il accorde par avance à ses auditeurs – compense en quelque sorte l’asymétrie structurelle de la situation de conférence (10 heures de préparation × 1 orateur ≈ 30 minutes de conférence × 30 auditeurs). Même si la préparation du « Journal de 20 heures » de TF1 ou de France 2 mobilisait l’attention d’une centaine de personnes sur deux jours, et même si la plupart des six millions de téléspectateurs ne le regardaient que d’un œil distrait, les ordres de grandeur ont perdu toute proportion entre les deux côtés de la caméra (1 600 heures de production ≠ 3 000 000 heures de réception). Malgré une scénographie centrée sur l’attention illusoire d’un journaliste regardant la France les yeux dans les yeux, on se situe clairement du côté du spam.”[1]

  1. Citton, Y. (2014). Pour une écologie de l'attention. Média Diffusion.