Point de vue/Point de vue omniscient
Pour comprendre le point de vue omniscient: imaginons un immeuble d'habitation ; nous sommes Dieu, pouvons tout faire et soulevons le toit : nous voyons les locataires, nous savons tout sur eux, nous connaissons leurs pensées les plus intimes.
Le point de vue omniscient, aussi appelé focalisation zéro, permet au lecteur une connaissance complète et quasi exhaustive de tous les « ingrédients de l'action ». Il sait tout (omni = tout ; -scient = connaissance), pénètre dans les pensées de chacun des personnages dont il connaît le passé, les volontés, les sentiments... Il a une position quasidivine sur le monde fictionnel qu’il raconte. Le narrateur omniscient a aussi ce don d'ubiquité qui lui permet d'assister et de relater plusieurs actions qui se déroulent simultanément dans des lieux différents. Ainsi, aucune réalité, la plus dissimulée soit-elle, la plus complexe, la plus inconsciente même, ne lui échappe et donc n'échappe au lecteur. Ce type de narration permet au lecteur la compréhension totale d'un récit, chacune des informations nécessaires étant directement disponible. Nulle interrogation, tout est énoncé : les jugements, les conclusions, les attentes mêmes sont accessibles. Tout cela est parfois directement visible car exprimé sous la forme d'un commentaire intercalé entre deux péripéties, ou encore sous la forme d'une morale qui vient conclure le récit. Le lecteur pourra parfois regretter le trop grand interventionnisme de l'auteur qu’il devinera facilement derrière certaines situations ou remarques, mais il appréciera, en contrepartie, l'accès qui lui sera offert à un niveau d'analyse et de compréhension totale de la situation.
Remarque : Ce point de vue omniscient est souvent adopté par les auteurs du XIXe siècle. Honoré de Balzac en est un exemple.
Exemple de texte au point de vue omniscient
modifier« Vers le mois d'octobre 1829, monsieur Simon Babylas Latournelle, un notaire, montait du Havre à Ingouville, bras dessus bras dessous avec son fils, et accompagné de sa femme, près de laquelle allait, comme un page, le premier clerc de l'Étude, un petit bossu nommé Jean Butscha. Quand ces quatre personnages, dont deux au moins faisaient ce chemin tous les soirs, arrivèrent au coude de la route qui tourne sur elle-même comme celles que les Italiens appellent des corniches, le notaire examina si personne ne pouvait l'écouter du haut d'une terrasse, en arrière ou en avant d'eux, et il prit le médium de sa voix par excès de précaution. [...]
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— Balzac , incipit de Modeste Mignon, 1844