Prévenir les violences conjugales

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Prévenir les violences conjugales
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Intro/ Épidémiologie

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Le rôle du psychologue selon le gouvernement français consiste en l'application de « mesures préventives et curatives ». https://choisirleservicepublic.gouv.fr/metiers/medical-et-paramedical/psychologue/#:~:text Il apparaît donc essentiel, dans le cadre de la psychologie des violences conjugales, de se pencher sur les méthodes de prévention de ce phénomène. La prévention est définie par l’OMS (1948) comme « l'ensemble de mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps ».

Historiquement, la première campagne nationale de prévention contre les violences faites aux femmes en France remonte à 1989. Entre 2006 et 2016, quatre plans gouvernementaux de lutte contre les violences faites aux femmes ont été déployés. https://www.senat.fr/rap/r15-425/r15-4251.html#:~:text=

Lors du Grenelle des violences conjugales de septembre 2019, un objectif de prévention est clairement formulé : « éradiquer dès le plus jeune âge les stéréotypes sexistes qui contribuent à la reproduction des violences, et abaisser le seuil de leur tolérance dans la société. » https://arretonslesviolences.gouv.fr/l-etat-vous-protege/politique-de-lutte-contre-les-violences-faites-au-femmes

L’OMS (1948) propose une classification de la prévention en 3 catégories :

  • La prévention primaire est définie comme « l'ensemble des actes visant à diminuer l’incidence d’une maladie dans une population et à réduire les risques d’apparition ». Elle cible les individus a priori en bonne santé, en l'occurrence la population générale. Ce type de prévention repose ainsi sur la promotion de comportements favorables à une bonne santé et sur la réduction des risques en dénonçant les comportements préjudiciables.

Un exemple de campagne de prévention: Yves Saint Laurent Beauty.

En septembre 2020, face aux résultats alarmants d’un sondage sur les violences conjugales chez les jeunes, YSL lance un programme international pour prévenir les violences au sein du couple. Il développe en partenariat avec des associations locales, le programme de prévention “Aimer Sans Abuser”. Lors de courts spots télévisés, des personnalités lisent des témoignages de jeunes femmes victimes de violences conjugales. La campagne vise à sensibiliser les jeune-femmes en diffusant la parole de celles qui préfèrent souvent rester dans le silence, et ainsi les inciter à parler et à se défendre.

https://lareclame.fr/betcparis/realisations/aimer-sans-abuser-yves-saint-laurent-beaute-lance-son-programme-international-de-lutte-contre-les-violences-au-sein-du-couple

La campagne propose des affiches au design efficace, mettant en avant neuf signes pouvant alerter lors d’une relation abusive.

Aimer sans abuser  : 9 signes d’alerte

Yves-Saint-Laurent

  • La prévention secondaire « consiste à identifier le problème de santé à son stade le plus précoce et à appliquer un traitement rapide et efficace  ». Appliquée aux violences conjugales, elle a pour but de  réduire la prévalence des violences au sein des foyers et de diminuer les facteurs de risque de répétition de ces violences.

De nombreux facteurs de risque sont associés à l'apparition de violences : conflits familiaux, maltraitance infantile, événement traumatique, grossesse, troubles addictifs au sein du couple, … Il est notable par exemple que la documentation de prévention proposée par Addiction France tient compte du risque de violences conjugales. https://addictions-france.org/datafolder/uploads/2022/03/F-.-REPERES-Les-competences-psychosociales.pdf

  • La prévention tertiaire à pour but de réduire la progression et les complications des problèmes de santé. Elle consiste en un ensemble de mesures prises afin de diminuer les incapacités, les invalidités et les inconvénients, ainsi qu’à améliorer la qualité de vie des personnes affectées. Dans le cadre des violences conjugales, la prévention tertiaire cible la prise en charge des victimes, des auteurs et de l’entourage notamment les enfants.

La classification de l’OMS met en lumière que la prévention des violences conjugales ne concerne pas uniquement les victimes, mais englobe un ensemble d'acteurs. Il est aussi essentiel d'adapter les stratégies de prévention au contexte individuel et sociétal. Nous détaillerons dans cette partie sur la prévention des violences conjugales les méthodes et le rôle de la prévention pour chacun des acteurs. Nous aborderons successivement la prévention centrée sur les victimes, la prévention centrée sur les auteurs, la prévention au niveau systémique et  la prévention pratiquée par les professionnels de santé.

Nous évoquerons pour finir la prévention pratiquée dans les pays anglo-saxons.

Prévention centrée sur les victimes

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Prévention primaire

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Bien que la prévention primaire s’adresse initialement à la population générale, elle peut également être adaptée pour sensibiliser spécifiquement les victimes potentielles de violences conjugales. En fournissant des informations sur les comportements protecteurs et à risque, ainsi que sur les ressources disponibles pour obtenir de l'aide, ces initiatives peuvent aider les victimes à reconnaître et à nommer leur situation, ce qui est souvent le premier pas vers la recherche de soutien.

Adaptation des Outils de Communication :
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Sans nier l’existence de violences envers les hommes, les prévalences montrent que ce sont les femmes qui sont majoritairement touchées par les violences conjugales. En ce sens, nombre de campagnes et actions sont menées à l’encontre des violences faites aux femmes. Nous pouvons noter que le projet de stratégie nationale de santé pour 2023-2033 aborde les « violences au sein du couple » dans la partie 4.1.7 intitulée   «Repérer et protéger les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles». Les violences au sein du couple s’avèrent être un problème majeur de santé publique,  notamment en termes de protection des femmes victimes de leur conjoint masculin.  Dans ce sens, la majorité des travaux de recherche sont ciblés sur les couples hétérosexuels (Patard & Ouellet, 2019).

Cependant, il est important de noter que d’autres populations sont elles aussi à risque de subir des violences au sein du couple, notamment les personnes en situation de vulnérabilité comme les adolescents (plus enclin aux violences réciproques) et les personnes LGBTQIA+. Peu de campagnes de prévention ciblent ces publics. Il est crucial d'adapter les outils de communication à chaque public. Par exemple, des flyers, des vidéos éducatives, des affiches, ou des journées de sensibilisation peuvent être utilisés pour atteindre différentes populations. Un exemple notable est la campagne de sensibilisation de la fédération LGBTI+ adressée aux couples de femmes en 2021, reconnaissant ainsi les besoins spécifiques de ce groupe: Enfin une campagne sur les violences conjugales entre femmes ! - Fédération LGBTI+ (federation-lgbti.org)

Encouragement à la Parole :
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        Les initiatives de prévention primaire visent également à encourager la libération de la parole chez les victimes. En reconnaissant et en nommant les violences conjugales comme inacceptables, ces campagnes contribuent à briser le silence et à inciter les victimes à chercher de l'aide. Sur ce site du gouvernement, vous pouvez retrouver tous les outils de communication qui participent à la prévention des violences et aux meilleurs repérages des victimes : Les outils de communication | Arrêtons les violences (arretonslesviolences.gouv.fr)

En adaptant les stratégies de prévention primaire, il est possible de sensibiliser davantage de personnes concernées par cette problématique, de les encourager à reconnaître leur situation, et de les orienter vers les ressources appropriées pour obtenir de l'aide et se mettre en sécurité.

Prévention secondaire

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        La prévention secondaire vise à réduire la prévalence des violences conjugales en dépistant et repérant les signaux. Elle cible tous les individus susceptibles de subir ou faire subir des violences. Bien que les femmes soient les plus touchées (86% des victimes de violences conjugales sont des femmes), il est important de cibler tous les individus potentiellement concernés et de rester vigilants, surtout en présence de facteurs de risque associés.

Repérage précoce  :
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          Il est crucial de reconnaître que les violences conjugales ne se limitent pas aux seules manifestations physiques. Elles peuvent également être psychologiques, économiques, ou se manifester sous forme de cyberharcèlement… Chacune de ces formes de violences sont à observer dans des trajectoires individuelles selon différents paramètres (Jaquier & Guay, 2013). Trois facteurs sont souvent utilisés pour étudier les dynamiques des violences conjugales :

-          Occurrence : déterminer la chronicité des comportements violents dans la relation (ex : déterminer s’il y a eu un épisode de violence sur une période donnée)

-          Fréquence : S’il y a occurrence, la fréquence permet de déterminer le nombre de comportements violents sur cette période

-          Gravité : prend en considération les conséquences potentielles, au sens large, sur la victime

        Les études ont montré que ces paramètres ne sont pas stables dans le temps, qu’ils varient d’une relation à l’autre et même au sein de la même relation. Cependant, de manière générale, la fréquence des violences au sein du couple semble augmenter au fil du temps (Blondin, Ouellet et Leclerc, 2018).  Il semble donc important de pouvoir les dépister et les repérer le plus tôt possible.

Les différents acteurs de santé sont concernés par la prévention des violences conjugales. La question du repérage systématique par les professionnels de santé et notamment les médecins généralistes se pose et sera détaillée dans une partie spécifique.

D’autres acteurs de la vie civile sont sollicités. Les centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) ont édité une brochure à destination des entreprises. https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/sites/efh/files/2024-02/guide-violences-couple-destination-entreprises-2020-FNCIDFF.pdf

Facteurs de vulnérabilité :
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        Certains groupes de population, tels que les personnes en situation de handicap, les personnes âgées, celles souffrant de troubles psychiatriques, ou ayant des problématiques d'addictions, présentent des vulnérabilités auxquelles les violences conjugales peuvent se surajouter. Une attention particulière doit être portée à ces personnes, qui peuvent être dépendantes de leur partenaire pour les soins. Notons également que  la barrière de la langue est un véritable facteur de vulnérabilité. Les femmes d’origine étrangère et avec des repères culturels autres, se retrouvent encore plus isolées face à ces comportements violents.

Sensibilisation à la diversité :
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        Il est également crucial de prendre en compte la diversité des situations, notamment en ce qui concerne l'orientation sexuelle. Les personnes LGBTQIA+ peuvent rencontrer des difficultés supplémentaires dans l'identification et la dénonciation des violences conjugales en raison de stigmatisations ou de peurs spécifiques. Une étude a montré que les personnes LGBTQIA+ étaient plus enclines à parler des violences qu’elles subissent à leurs proches ou à des associations qu'à des professionnels de santé (Lavoie & Thibault, 2017). Il semble donc important de sensibiliser la population générale aux violences conjugales et notamment à leur repérage.

Des ressources sont disponibles pour toutes les victimes, leur proches, ainsi que les professionnels pour aider aux repérages et à l’orientation des personnes victimes:

-          Je suspecte, j'identifie | Déclic Violence (declicviolence.fr)

-          J'ai besoin d'aide | Arrêtons les violences (arretonslesviolences.gouv.fr)

-          healthy_relationships_fr.pdf (manitoba.ca)

-          « Le Violentomètre » | Centre Hubertine Auclert (centre-hubertine-auclert.fr)

-          Violences au sein du couple | Arrêtons les violences (arretonslesviolences.gouv.fr)

        Un numéro d’écoute et d’orientation gratuit et anonyme pour aider les femmes victimes de violence est également disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et en 12 langues:          3919

       

Prévention tertiaire

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        La prévention tertiaire s’inscrit dans une perspective curative. Elle vise à réduire les effets et les séquelles chez les personnes victimes de violences conjugales, en mettant l'accent sur leur mise en sécurité. Elle repose sur l'efficacité de la prévention secondaire, c'est-à-dire sur le repérage précoce des victimes.

Mise en sécurité :
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En cas de danger imminent, la victime peut contacter le 17 ou le 115. Si le danger n’est pas imminent, il est important que la victime puisse parler de sa situation avec une personne de confiance qui saura l’écouter et l’orienter en fonction de ses besoins. Différentes possibilités se présente à elle : contacter des professionnels de santé, faire appel à des association nationales Les associations de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles | Arrêtons les violences (arretonslesviolences.gouv.fr) , à des associations locales Liste des associations | Arrêtons les violences (arretonslesviolences.gouv.fr) ou contacter le 3919.

Signalement des faits à la police ou à la gendarmerie :
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Si la victime souhaite porter plainte, les policiers et des gendarmes ont l’obligation d’enregistrer la plainte de la victime (même sans certificat médical).  Si la victime ne souhaite pas porter plainte, il est possible de faire une déclaration sur main courante (police) ou un procès-verbal de renseignement judiciaire (gendarmerie). D’autres alternatives s’offrent aussi à la victime : il est possible de signaler des faits de violences conjugales en ligne et d’échanger avec des policiers et gendarmes formés à ce type de violence : Accueil | Service-Public.fr ; Utiliser l’application « Mémo de vie » permet à la victime de sécuriser, dans un coffre-fort numérique, les documents essentiels qu’elle souhaite protéger dont  les preuves des événements violents qu’elle a pu subir. L’objectif est de documenter au mieux leur situation, afin de faciliter la plainte (si elle le souhaite) et l’enquête.

Dispositifs de protection juridique et d’aide au victimes :
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L’ ordonnance de protection (civil) est une mesure juridique qui offre une protection judiciaire à la victime et à ses enfants. Elle comprend des dispositions relatives à l'exercice de l'autorité parentale et à l'attribution du logement de couple, attribution d’un hébergement d’urgence, des mesures d’interdictions... En France, elle est délivrée par un juge aux affaires familiales. Le ministère de la justice a créé un guide pratique de l’ordonnance de protection (Aout 2022) que vous pourrez retrouver à l’adresse suivante : DACS_Ordonnance de protection_Guide_2020_08.pdf (justice.gouv.fr).

Le contrôle judiciaire et l’interdiction d’entrer en contact (pénal) est une mesure qui permet de restreindre la liberté d'une personne soupçonnée d'une infraction pénale (acte interdit par la loi) et passible de sanctions pénales lorsqu'elle encourt une peine de prison. Pour avoir plus d’informations sur le contrôle judiciaire, vous pouvez cliquer sur le lien suivant : Contrôle judiciaire | Service-Public.fr

Le bracelet anti rapprochement (mesure civile ou pénale) est un dispositif de surveillance électronique qui permet de géolocaliser une personne à protéger et un auteur réel ou présumé de violences conjugales. Si la zone interdite n’est pas respectée, les forces de l’ordre peuvent intervenir et mettre la victime en sécurité.

Le dispositif « Téléphone Grave Danger » (TGD) : Le juge aux affaires familiales ou le procureur de la république, peuvent demander à équiper la victime d’un téléphone portable disposant d’une touche « raccourci » préprogrammée spécifique, permettant à la victime de joindre, en cas de grave danger, un service de téléassistance, accessible 7j/7 et 24h/24. L’objectif de ce dispositif est de prévenir les nouveaux faits de violences que pourrait subir la victime. Vous trouverez plus d’informations sur le dispositif TGD en cliquant sur ce lien : Guide-Teléphone-Grave-Danger.pdf (indre-et-loire.gouv.fr)

Le Pack Nouveau Départ est une aide financière qui permet aux victimes de faire face aux différentes dépenses  lorsqu’elles quittent le foyer en attendant de trouver une situation stable et durable. Pour plus d’informations sur le dispositif « Nouveau Départ », consultez le lien suivant : Aide d'urgence et Pack nouveau départ | Égalité-femmes-hommes (egalite-femmes-hommes.gouv.fr)

La victime, en cas de départ du domicile, peut  demander un hébergement d’urgence auprès du Samu social (numéro 115).

Pour les femmes étrangères victimes de violence, la délivrance et le renouvellement des titres de séjours est gratuit.

Pour plus d’informations sur les différentes mesures : Violences au sein du couple la loi avance (arretonslesviolences.gouv.fr)

        En mettant en œuvre ces différentes mesures de prévention tertiaire, il est possible de réduire les effets néfastes des violences conjugales et de garantir la sécurité des victimes.

Prévention centrée sur les auteurs

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