Premiers secours en équipe/Le relevage et le brancardage/Annexe/Les nœuds


Les secouristes utilisent en général du matériel approprié, simple et rapide à mettre en œuvre dans des conditions normales d'exercice. Toutefois, ils et elles peuvent parfois être confrontées à des situations nécessitant d'utiliser des cordages et des sangles, et donc d'avoir à les nouer. On utilise dans ce cas des nœuds « marins » (l'apprentissage des nœuds fait partie du « matelotage »). Ce sont des nœuds :

  • rapides à faire ;
  • résistants ;
  • faciles à reconnaître (ce qui permet de vérifier qu'ils ont été bien faits) ;
  • faciles à défaire.
Les nœuds
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Annexe 1
Leçon : Le relevage et le brancardage


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Premiers secours en équipe/Le relevage et le brancardage/Annexe/Les nœuds
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Utilisation et risques modifier

Les nœuds servent en général à :

  • accrocher un cordage à un objet ou à un point de fixation : ce sont les nœuds d'accroche et les nœuds de boucle, par exemple :
    • accrocher une corde à un arbre pour faire une main courante,
    • accrocher une corde à un brancard pour l'assurer (le retenir en cas de chute),
    • accrocher une sangle à un brancard pour pouvoir y sangler une victime ;
  • relier deux cordes ou sangles entre elles, pour les allonger, ou bien relier deux brins d'une corde ou d'une sangle pour former un anneau : ce sont les nœuds d'ajut, par exemple :
    • faire une torchette pour un portage en chaise,
    • nouer la sangle de portage à dos ;
  • empêcher une corde de défiler à travers un trou : ce sont les nœuds d'arrêt, par exemple :
    • placer un repère à une distance de 2 m de l’extrémité libre d'une corde afin de savoir qu'on arrive au bout.

Les risques liés aux nœuds sont :

  • que le nœud se défasse, en particulier s'il est mal exécuté ; cela peut provoquer la chute d'un objet ou d'une personne ;
  • la fragilisation du cordage ou de la sangle : un nœud concentre les efforts et donc rend la corde ou la sangle plus fragile.

Par précaution : les brins doivent dépasser d'au moins la largeur de la paume de la main (environ 10 com) de chaque côté du nœud. Ainsi, si la corde glisse, on a « un peu de marge » avant que le nœud ne se défasse. En général, on a un long brin de corde (le dormant), on s'assure donc que le petit brin (le courant) dépasse du nœud d'au moins la largeur de la paume de la main.

Le matériel modifier

Il existe de nombreux types de cordages et de sangles. En secourisme, on utilise principalement des cordages et sangles « statiques », c'est-à-dire qui s'allongent très peu lorsque l'on tire dessus. Les cordes « dynamiques » permettent d'amortir le choc en cas de chute et servent principalement à la pratique de l’escalade ; elles ne sont pas utiles en secourisme « classique » puisque dans ce cas-là la corde est en permanence en tension, et l'on préfère alors une corde qui ne s'allonge pas.

On peut distinguer deux types de cordages statiques :

  • les cordes en chanvre naturel (magasins de bricolage) : leur fabrication respecte la nature (faible émission de gaz à effet de serre, elles ne génèrent pas de déchets), elles glissent peu ;
  • les cordes synthétiques de type « spéléo » (magasins de sport) : elles sont légères et résistantes, leur diamètre fait environ 9 ou 10 mm ; en 2023, le prix varie entre 1,50 et 2,50 EUR/m.
 
Anneaux de sangle cousus, pour l’escalade.

Pour les sangles, on utilise des sangles de manutention non élastiques (magasins de bricolage) ou des sangles pour ligne de vie (magasins de bricolage), ainsi que des anneaux de sangle cousus pour l’escalade (magasins de sport) ou la sécurité des travaux en hauteur (magasins de bricolage). Pour les sangles de manutention, on prendra des sangles pouvant porter plus de 200 kg, soit le poids d'une personne de 180 kg sur un brancard de 10 kg avec une bouteille d'oxygène de 5 L pesant également 10 kg. En 2023, les sangles de manutention ou pour ligne de vie coûtent entre 0,80 et 1,80 EUR/m ; les anneaux de sangle pour escalade coûtent entre 4,70 et 13,30 EUR/m.

 
Différents mousquetons d'escalade ; la résistance selon les différentes directions de traction est indiquée en kN.

On utilise également des mousquetons d'escalade.

Il convient d'inspecter régulièrement le matériel pour vérifier qu'il est en bon état.

Les nœuds sont réalisés à la main, sans matériel. Toutefois, pour éviter les brûlures par frottement lorsque la corde défile, on utilise souvent des gants de travail lors de la mise en œuvre.

Note
La résistance du matériel est parfois indiquée en daN (déca-newtons) ou kN (kilo-newtons). L'équivalence est :
  • daN ≃ 1 kg ;
  • kN ≃ 100 kg.
Dans l'image ci-dessus, les mousquetons peuvent donc supporter 2 400 kg (24 kN) dans le sens longitudinal, 800 kg (8 kN) dans le sens transversal et la résistance descend à 700 kg (7 kN) lorsque le doigt de verrouillage est ouvert.

Éléments d'un nœud modifier

 
  • A et B : ganse ;
  • C : boucle ;
  • D : tour mort ;
  • E : deux tours morts.
 
Demi-clef.
 
Demi-nœud.

Une corde ou une sangle possède deux extrémités, appelées « brins ». On distingue :

  • le dormant : c'est le brin qui reste immobile durant l'exécution du nœud, typiquement le brin qui va travailler (brin de traction) ;
  • le courant : c'est l'extrémité libre, le brin qui sert à tisser le nœud.

Avec la corde, on exécute des formes dont certaines portent un nom :

  • ganse : la corde forme un U, un arrondi sans que les brins ne se croisent ;
  • boucle : les brins se croisent ;
  • demi-clef : comme une boucle, mais les brins partent perpendiculairement au plan de la boucle ;
  • tour mort : la corde fait un tour complet d'un objet, les deux brins sont parallèles ;
  • demi-nœud : c'est lorsque qu'une corde s'enroule d'un tour autour d'une autre corde ; c'est le début des nœuds de lacet de chaussure.

Une fois le nœud fini, il doit rester au moinscm de courant libre ; 10 cm ne sont pas de trop.

Nœuds d'arrêt modifier

En secourisme, les nœuds d'arrêt servent essentiellement à repérer l'extrémité d'une corde. Cela permet de bloquer la corde avant qu'elle ne s'échappe. Ce sont également les nœuds les plus simples, ils servent de base à l'apprentissage et sont la base d'autres nœuds plus complexes.

Un nœud d'arrêt est un nœud que l'on fait sur la corde elle-même, à proximité de son extrémité — à 2 m en secourisme.

 
Exécution d'un demi-nœud d'arrêt (le dormant est vers la gauche).
 
Demi-nœud fini mais non serré.

Le premier nœud est le demi-nœud. Nous avons vu plus haut que c'était un élément de nœuds, mais lorsqu'il est exécuté entre le courant et le dormant d'une même corde, c’est un nœud d'arrêt. Pour le faire :

  1. On forme une boucle.
  2. Le courant fait un demi-tour du dormant et vient passer dans la boucle.

L'inconvénient principal de ce nœud est qu'une fois serré, il est extrêmement difficile à défaire. Il existe deux solutions à ce problème.

 
Demi-nœud (haut, dormant vers la gauche) et demi-nœuds gansés (milieu, dormant vers la gauche, et bas, dormant vers la droite).

La première solution consiste à faire un demi-nœud gansé :

  1. On forme une boucle (comme pour un demi-nœud simple).
  2. Le courant fait un demi-tour du dormant, puis on forme une ganse avec le courant et cette ganse vient passer dans la boucle.

Il suffit ensuite de tirer sur le courant pour défaire le nœud (comme avec un nœud de lacets de chaussure).

 
Nœud de huit en cours de formation (le dormant est vers la droite).
 
Nœud de huit fini.

La seconde solution consiste à faire un nœud de huit ; il porte ce nom car sa forme ressemble à un 8 :

  1. On forme une boucle (comme pour un demi-nœud simple).
  2. Le courant fait un tour complet du dormant et vient passer dans la boucle.

Une fois serré, ce nœud a la même épaisseur qu'un demi-nœud, mais il utilise plus de longueur de corde. Pour le desserrer, on fait « battre les ailes du papillon ».

Nœuds de fixation modifier

 
Nœud de cabestan autour d'un poteau, le dormant étant en tension.

En secourisme, les nœuds de fixation, ou nœuds d'amarrage, sert à fixer une corde ou une sangle à un « mât » : la hampe d'un brancard ou un mât radio. Il peut aussi servir à fixer une corde à un arbre, un poteau ou un piquet de fixation pour créer un ancrage.

Nous n'utilisons qu'un seul nœud : le nœud de cabestan. Il consiste à faire deux demi-clefs identiques autour de la hampe ou du point d'ancrage. C'est un nœud qui est rapide à faire et est auto-serrant : plus on tire sur le dormant, plus le nœud se serre. Pour le défaire, il suffit de relâcher la tension et de faire bouger un peu le nœud. Cela permet également de tendre la corde : d'une main, on pousse le dormant en direction du nœud (ce qui relâche le nœud), de l’autre on tire sur le courant (ce qui resserre le nœud).

L'inconvénient est que si la corde n’est pas en tension, le nœud risque de glisser. Pour éviter cela, on le sécurise avec une demi-clef sur le dormant.

 
Comment nouer un nœud de cabestan sur la hampe d'un brancard.

Lorsque l’extrémité du « mât » est accessible, on peut faire le nœud de la manière suivante :

  1. La corde est placée le long du mât (la hampe du brancard), le dormant est maintenu par une main ; l’autre main, côté extrémité du mât, tient le courant en supination (paume vers le haut).
  2. La main tenant le courant tourne pour passer en pronation (paume vers le bas), ce qui forme une boucle.
  3. La boucle est glissée sur le mât.
  4. La main tenant la boucle vient ressaisir le courant en supination et répète l'opération.
  5. On tire sur le courant pour serrer le nœud.
  6. Le nœud est sécurisé en faisant une demi-clef sur le dormant.
 
Exécution du nœud de cabestan lorsque l'extrémité du mât n’est pas accessible.
 
Sécurisation du nœud de cabestan.

Si l’extrémité du mât n’est pas accessible, on procède de la manière suivante :

  1. Le courant fait le tour du mât et vient croiser le dormant pour former la première demi-clef.
  2. Le courant fait un autre tour et vient se glisser entre la corde et le mât, dans la partie située entre les deux boucles ; cela forme la deuxième demi-clef.
  3. Le nœud est sécurisé en faisant une demi-clef sur le dormant.

Nœuds d'ajut modifier

Les nœuds d'ajut servent à relier deux cordes.

 
Réalisation d'un nœud en double huit.

Le plus simple et sûr à réaliser est le nœud en double huit :

  1. On réalise un nœud de huit sur le cordage no 1, sans le serrer.
  2. On met le courant du cordage no 2 face au courant du cordage no 1, et on vient « tricoter » le nœud : le courant du cordage no 2 suit le trajet du cordage no 1.
 
Nouer un nœud plat.
 
Nœud de lacet : un nœud plat doublement gansé.

Plus simple, mais moins sûr : le nœud plat. Il consiste à faire deux demi-nœuds inversés. Mais si on se trompe, on fait à la place un nœud de vache, nœud qui a tendance à glisser et se défaire s'il n'est pas bien serré et qui, lorsqu'il est très serré, est très difficile à défaire. En cherchant bien, on peut arriver à faire un autre mauvais nœud, le nœud de voleur, qui a lui aussi tendance à glisser.

Il est facile de voir si le nœud plat est bien fait :

  • on voit deux belles ganses intriquées, le courant et le dormant d'un cordage passent du même côté de la ganse de l’autre cordage ;
  • les courants des deux cordages sont du même côté.

Ces points sont très importants : avec un nœud plat, lorsque l'on tire sur les dormants, les courants ont tendance à glisser dans le sens inverse ; les mouvements étant en opposition, ils « s'annulent » (ce qui n’est pas le cas des nœuds de vache et de voleur).

Notons que le nœud plat doublement gansé est tout simplement le nœud de laçage des chaussures. Ainsi, connaître ce nœud permet de mieux lacer ses chaussures (en faisant attention à ne pas faire un nœud de vache), et lacer ses chaussures est un entraînement au nœud plat.

 
Le nœud de pêcheur, une manière de sécuriser le nœud plat.

Outre le risque d'erreur, l'autre problème du nœud plat est que s'il n’est pas maintenu en tension, il risque de glisser, notamment si le cordage remue. Pour éviter ceci, on peut faire un demi-nœud avec chaque dormant sur le courant du cordage correspondant (à la manière du nœud de pêcheur).

Le nœud plat est cependant utile en cas d'urgence : il est plus rapide à nouer que le nœud en double huit.

 
Nœud d'écoute avec des cordages de diamètre différent.

Il existe un nœud aussi rapide à faire que le nœud plat, un peu plus complexe à apprendre, mais beaucoup plus sûr : le nœud d'écoute. Alors que le nœud plat est constitué de deux ganses intriquées, le nœud d'écoute est constitué d'une ganse et d'une boucle. Il existe donc deux manières de le nouer : en commençant par la ganse, ou bien en commençant par la boucle.

En commençant par la ganse :

  1. Faire une ganse avec le cordage no 1 et passer le courant du cordage no 2 dans la ganse.
  2. Faire le tour de la ganse avec le courant du cordage no 2 ; on a ainsi un demi-nœud d'un côté.
  3. Faire une bouche avec le courant du cordage no 2, en coinçant le courant entre le dormant du cordage no 2 et le courant du no 1.

Point de contrôle important : comme pour le nœud plat, à la fin du nœud, les deux courants doivent être du même côté.

En commençant par la boucle :

  1. Faire une boucle avec le cordage no 2, de sorte que le dormant (le brin de traction) soit en-dessous.
  2. Passer le courant du cordage no 1 dans la boucle, du dessous vers le haut, faire le toue du dormant du cordage no 2
  3. Repasser le dormant du cordage no 1 dans la boucle. On prend souvent l'image suivante : le serpent sort du trou, fait le tour de l’arbre et rentre dans le trou.

C'est un nœud que l'on peut faire avec des cordages de diamètre différent ; dans ce cas-là, le cordage de plus gros diamètre forme la ganse.

Nœuds de boucle modifier

Un nœud de boucle forme une boucle qui ne se resserre pas. La boucle peut ainsi accueillir un mousqueton ou bien être passée autour d'un objet.

 
Nœud de plein poing en huit.

Le nœud de boucle le plus simple est le nœud de plein poing en huit. Il s'obtient facilement en faisant un nœud de huit avec une ganse.

S'il faut former la boucle autour d'un mât, on peut procéder comme le nœud en double huit, puisqu'il s'agit au fond d'un nœud d'ajut entre le dormant et le courant.

 
Formation du nœud de chaise.
 
Nœud de chaise fini. Le repère a désigne le dormant (brin de traction), b le courant.

On peut ainsi utiliser d'autres nœuds d'ajut pour former une boucle, et notamment un nœud de cabestan : on obtient ainsi un nœud de chaise. Il se noue comme suit :

  1. Faire une boucle, le dormant passant sous le courant.
  2. Former la boucle principale avec le courant, puis passer le courant dans la boucle.
  3. Faire le tour du dormant puis repasser dans la boucle (le serpent sort du trou, fait le tour de l’arbre et rentre dans le trou).

Quelques nœuds supplémentaires utiles modifier

Deux autres nœuds peuvent être utiles en secourisme.

 
Nœud de tête d'alouette.

Le premier est le nœud de tête d'alouette. Il permet de réaliser un ancrage rapidement, en particulier si on le réalise avec un anneau de sangle ou de corde.

Le nœud consiste simplement à faire passer une ganse autour du point d'ancrage (mât, anneau métallique…), puis à faire passer les courants dans la ganse. On l'utilise rarement sous cette forme, car il présente deux inconvénients :

  • il faut faire défiler toute la corde dans la ganse
  • il faut utiliser les deux brins de la corde ensemble, de manière solidaire : si on tire sur un seul brin, l’autre glisse ; cela divise la longueur utile par deux.

Avec un anneau de sangle ou de corde : on considère que l’anneau est fait de deux ganses attachées, on passe une ganse autour du point d'ancrage, puis l’autre ganse à l'intérieur de la première. La ganse qui pend peut alors recevoir un mousqueton, qui peut à son tour recevoir un cordage ; on peut aussi saisir la ganse par la main et s'en servir comme poignée.

Cette méthode permet également de « mettre » une poignée autour d'un objet : le nœud enserre l'objet, et la ganse pendante fournit une poignée.

 
Nœud de demi-cabestan.

Le second est le nœud de demi-cabestan. C'est un nœud qui permet d'assurer une charge : on peut laisser filer la corde, mais si bloque la corde, le nœud se bloque et c’est le point d'ancrage qui encaisse l’effort de traction.

Si on a accès à l'extrémité du cordage, la réalisation est très simple et consiste à :

  1. Faire une ganse et faire passer la ganse autour du point d'ancrage.
  2. Faire passer un des deux courants dans la ganse.

C'est en quelque sorte également un « nœud de demie tête d'alouette ».

 
Faire un nœud de demi-cabestan avec un mousqueton.

Si l'ancrage est muni d'un mousqueton, on peut faire le nœud de la manière suivante :

  1. On passe une ganse dans le mousqueton.
  2. On fait une demi-clef, comme pour le nœud de cabestan (mouvement de supination-pronation), et on passe la demi-clef dans le mousqueton.
 
Situation de sécurité lorsque les deux brins et le nœud sont alignés : le brin portant la charge est à l'opposé du doigt de verrouillage.

Si les brins de la corde et le nœud sont dans l'alignement — par exemple lorsque l'on assure un grimpeur ou une grimpeuse par le bas —, il est impératif :

  • de s'assurer que le brin de traction est du côté opposé à l'ouverture : dans le cas contraire, en cas de chute, la corde, passant par l'extérieur, pourrait appuyer sur le doigt du mousqueton et défaire le nœud ;
  • d'utiliser un mousqueton à verrouillage.

Brêlage modifier

 
Brêlage carré.
 
Mise en évidence des tours de frappe.

Le brêlage consiste à assembler deux bâtons à l’aide d'une ficelle ou d'une sangle à tendeur. Il peut être utilisé pour fabriquer un brancard improvisé ou bien pour fixer un tasseau sur les hampes d'un brancard pour le faire glisser sur une échelle, ou pour fixer un tube sur une échelle pour y faire pivoter un brancard (méthodes utiles pour une évacuation depuis une hauteur modérée).

Nous ne présentons ici que le brêlage carré, qui permet d'assembler deux bâtons à angle droit. Un des bâtons est le « bois mort » : c’est celui qui risque le plus de glisser ; l’autre est le « bois porteur », typiquement un poteau vertical.

  1. On place les deux bâtons à assembler.
  2. On fait un nœud de cabestan sur le bois porteur.
  3. Faire trois tours d'assemblage : on passe par-dessus le bois mort, puis par-dessous le bois porteur, puis à nouveau par-dessus le bois mort etc.
  4. Faire trois tours de frappe : on vient enserrer les cordes entre les bois.
  5. On termine par un nœud plat avec le dormant.

Voir la vidéo :

« Square Lashing », sur YouTube, chaîne « gmccomb », (consulté le 21 janvier 2023).

Mise en œuvre concrète des nœuds modifier

En situation réelle :

Début d’un principe
Fin du principe


Apprentissage modifier

En secourisme plus que dans beaucoup de domaines, on intervient dans un environnement inconnu et incertain. Il n’est pas possible de prévoir, au moment de la formation, quelles seront exactement les situations rencontrées.

L'apprentissage comprend :

  • la connaissance du matériel de base : cordage, sangle, anneau de sangle cousu, mousqueton ;
  • la vérification visuelle de l’état du matériel : repérer les traces d'usure, de dégradation ;
  • l'apprentissage des nœuds : démonstration, réalisation devant le formateur ;
  • l’entraînement sur quelques situations concrètes.

Pour être sûr de maîtriser un nœud, il faut savoir :

  • le faire avec la main gauche et la main droite ;
  • le faire devant soi en fermant les yeux ;
  • le faire en étant allongé ;
  • le faire dans son dos ;
  • le faire en étant assis sur une chaise, les mains étant sous la chaise.

Les trois nœuds à connaître en priorité sont :

  • le nœud de cabestan : c’est le nœud le plus utile en secourisme, il permet de plus de maîtriser la notion de demi-clef ;
  • le nœud de huit : avec ses déclinaisons — nœud en double huit, nœud de plein poing en huit — il permet de maîtriser un nœud d'arrêt, un nœud d'ajut et un nœud de boucle ;
  • le nœud de tête d'alouette : très simple, il permet de créer rapidement des ancrages.

Nous proposons cinq situations concrètes.

Sangler une victime sur un brancard modifier

 
Sanglage d'une victime sur un brancard.
Situation : il faut sangler une victime pour éviter sa chute lors du brancardage.
Matériel : un brancard normalisé, un cobaye ou un mannequin, une sangle (ou à défaut un cordage) de 12 m.
Mise en œuvre :
  1. La victime est positionnée sur le brancard. Avec la sangle, effectuer un nœud de cabestan à une poignée de brancard côté tête.
  2. Tendre la sangle le long de la hampe jusqu'aux épaules ; réaliser une demi-clef enserrant les épaules de la victime et le brancard.
  3. Faire de même au niveau des hanches.
  4. Faire de même au niveau des genoux.
  5. Faire passer la sangle dans le pied creux du brancard du côté des pieds de la victime, de la tête vers les pieds ou bien de l'extérieur vers l'intérieur selon la manière dont sont faits les pieds.
  6. Entourer les pieds de la victime et passer la sangle dans le pied de brancard opposé.
  7. Faire remonter la sangle le longe de la hampe en la tendant. Faire une boucle autour de chaque demi-clef.
  8. Terminer par un nœud de cabestan sur la poignée de la hampe côté tête.
  9. Vérifier visuellement que les nœuds sont bien faits. Tirer à divers endroits sur la sangle pour vérifier qu'elle est bien arrimée. Vérifier que l'on peut passer deux doigts entre les demi-clefs et la victime, ce qui assure qu'elle n’est pas compressée.
  10. Faire vérifier le sanglage par un tiers compétent.

Assurer un brancard modifier

Situation : le brancard doit être manipulé sur une forte pente. Il faut le retenir avec une corde afin qu'il ne dévale pas la pente si on venait à le lâcher.
Matériel : un brancard normalisé, une corde de bonne longueur (typiquement 20 m).
Mise en œuvre :
  1. Réaliser un nœud de boucle, au choix (nœud de huit en double par défaut, nœud de chaise s'il est connu) passant par l'intérieur des pieds creux à la tête du brancard.
  2. Vérifier visuellement que le nœud est fait correctement ; tirer sur la boucle pour vérifier qu'elle tient.
  3. Faire vérifier le nœud par un tiers compétent.

Réaliser un ancrage d'urgence modifier

Situation : arrimer un cordage en quelques secondes à un point, puis le raccorder à un autre point afin de prendre en compte le risque de rupture d'un des ancrages.
Matériel : deux points d'ancrage (mâts), un cordage de bonne longueur (typiquement 20 m).
Réalisation :
  1. Avec le cordage, faire un nœud de cabestan autour de l'ancrage principal. Vérifier et faire vérifier le nœud ; le cordage peut être utilisé.
  2. Un secouriste donne du mou au cordage tandis que l'autre tire le courant, afin d'atteindre l’ancrage secondaire.
  3. Faire un nœud de cabestan autour de l’ancrage secondaire. Vérifier et faire vérifier le nœud. L'installation est sécurisée.
Cette mise en situation permet de mettre en évidence des principes importants :
  • principe de redondance : nous supposons ici, et dans les scénarios qui suivent, que l'ancrage est faible (arbuste, potelet) ce qui impose la redondance (dans le cas d'un ancrage solide, un seul point suffit) ;
  • travailler avec peu de moyens (un seul cordage) et en situation d'urgence.

Réaliser un double ancrage avec connexion en série modifier

 
Point d'ancrage avec un anneau de corde autour d'un arbre, avec deux mousquetons en opposition. L'anneau est ici noué non pas par un nœud de tête d'alouete, mais par un nœud de plein poing en huit fait avec les deux ganses, qui permet également le passage des deux mousquetons.
 
Variante du double ancrage : les mousquetons sont accrochés avec un nœud double gansé ; l'ancrage principal est réalisé avec un maillon rapide, le cordage y est accroché par une nœud de cabestan.
Situation : arrimer un cordage à deux points, afin de prendre en compte le risque de rupture d'un des ancrages. La traction se fait sur l’ancrage principal, l'ancrage secondaire est situé au bout du cordage ; le cordage est « mou » entre les deux points d'ancrage.
Matériel : deux points d'ancrage (mâts), un anneau de sangle cousu, une sangle d'environ 1 m, un mousqueton à verrouillage, deux mousquetons simples, un cordage de bonne longueur (typiquement 20 m).
Mise en œuvre :
  1. Aller à l’ancrage secondaire, réaliser un anneau de sangle avec la sangle courte (nœud de double huit), réaliser un nœud de tête d'alouette avec l'anneau ainsi formé.
  2. Mettre les deux mousquetons simples tête-bêche dans la ganse pendante ; réaliser un nœud de plein poing en huit et le passer dans les deux mousquetons.
  3. Dérouler le cordage jusqu'au point d'accroche principal, rajouter une longueur de bras et effectuer un nœud de plein poing en huit sur le cordage.
  4. Faire un nœud de tête d'alouette autour du point d'ancrage principal avec l'anneau de sangle cousu ; y placer le mousqueton à verrouillage ; placer la boucle du nœud de plein poing dans le mousqueton et le verrouiller.
  5. Vérifier la bonne réalisation des points d'ancrages, qu'ils sont solides et que le mousqueton principal est bien verrouillé. Faire vérifier l'installation par un tiers compétent.
Cette mise en situation permet de mettre en évidence des principes importants :
  • principe de redondance ;
  • utiliser le matériel le plus performant pour l'ancrage principal (anneau de sangle cousu, mousqueton à verrouillage) ;
  • mettre en œuvre du matériel simple lorsque l'on n’a pas de matériel spécifique (sangle nouée pour former un anneau, deux mousquetons pour sécuriser l’ancrage).
On peut utiliser une variante du scénario : s'il faut réaliser au plus vite l’ancrage, on se concentre d'abord sur l'ancrage principal :
  1. On pose l’extrémité du cordage au pied de l’ancrage secondaire, on déroule le cordage jusqu'à l'ancrage principal et on rajoute deux longueurs de bras.
  2. On réalise l’ancrage principal, on le vérifie, on le fait vérifier. On peut commencer à utiliser le dispositif.
  3. On effectue l'ancrage secondaire, on le vérifie, on le fait vérifier. Le dispositif est sécurisé.
Autre variante :
  1. On réalise l’ancrage principal : nœud de tête d'alouette avec l’anneau de sangle cousu autour du poteau, on y accroche le mousqueton à verrouillage ; on fait un nœud de plein poing en huit à l'extrémité du cordage. Le dispositif peut être utilisé.
  2. On réalise l’ancrage secondaire.
  3. On relie les deux ancrages avec un anneau de sangle passant dans les mousquetons, ou bien avec une petite longueur de corde ayant deux nœuds de plein poing en huit.

Réaliser un double ancrage avec triangulation modifier

Situation : arrimer un cordage à deux points, afin de répartir la charge entre les deux ancrages.
Matériel : deux points d'ancrage (mâts), deux anneaux de sangle cousus, trois mousquetons à verrouillage, un anneau de cordage ou un anneau de sangle suffisamment long pour relier les deux ancrages, un cordage de bonne longueur (typiquement 20 m).
Mise en œuvre :
  1. On réalise le premier ancrage avec un anneau de sangle et un mousqueton.
  2. On réalise le second ancrage avec un anneau de sangle et un mousqueton.
  3. On passe le grand anneau de sangle ou de cordage dans chacun des mousquetons d'ancrage ; on verrouille les mousquetons.
  4. Le long de l’anneau reliant les ancrages, on se place au plus près de la charge à assurer et on fait un nœud de cabestan sur le dernier mousqueton avec les deux brins de l'anneau.
  5. On fait un nœud de huit en plein poing sur le long cordage et on le met dans le mousqueton. On verrouille le mousqueton.
  6. On vérifie le dispositif, et on le fait vérifier.
Ainsi, lorsque l'on tire sur le cordage, la force est répartie sur les deux ancrages. Si un ancrage lâche, l’autre peut tenir toute la charge.

Bilan modifier

La mise en œuvre des nœuds suit la procédure suivante :

  1. Décider du nœud à réaliser, en fonction du besoin et du matériel disponible.
  2. Préparer tout le matériel avant de commencer.
  3. Effectuer le ou les nœuds, les sécuriser.
  4. Vérifier visuellement que le nœud a bien été réalisé et qu'il est serré ; tirer sur le dormant pour vérifier sa solidité.
  5. Demander à un tiers compétent de vérifier le ou les nœuds, ce qui consiste à : reconnaître les nœuds et valider leur bonne exécution ; valider que ce sont les bons nœuds qui ont été utilisés en fonction des besoins ; tirer sur les dormants pour vérifier la solidité des nœuds.
Le relevage et le brancardage