Psychologie positive/Bien-Être

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Bien-Être
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Chapitre no 2
Leçon : Psychologie positive
Chap. préc. :Introduction
Chap. suiv. :Les cinq piliers du bien-être en psychologie positive
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Définition du bien-être

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Le bien-être est défini pour le plus grand nombre comme « une sensation agréable procurée par la satisfaction de besoins physiques, l’absence de soucis » (Le robert, Dictionnaire)[1] ou encore un « état agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l'esprit » (Larousse, Dictionnaire)[2].

Pourtant, il s’agit d’un concept difficile à définir de par son aspect multidimensionnel. En effet, le bien-être peut s’appliquer à plusieurs domaines de la vie quotidienne tels que le domaine physique, émotionnel, social, professionnel, intellectuel, spirituel, environnemental, psychologique ou encore subjectif.

Le bien-être est souvent associé à d’autres notions qui se veulent tout de même différentes. Le bonheur, la satisfaction de vie, le plaisir et la qualité de vie, par exemple, reviennent régulièrement dès lors que l’on essaye de définir le bien-être (Bruchon-Schweitzer, 2005)[3]. Ces termes sont liés mais ils ont leurs propres définitions. S’ils sont associés c’est parce que pour certains auteurs le bonheur et le plaisir sont des conditions indispensables au bien-être alors que pour d’autres le bien-être implique l’actualisation du potentiel humain (Laguardia & Ryan, 2000)[4]. De plus, les résultats de différentes études et notamment celle de Voyer et Boyer (2001)[5] démontrent que ces concepts sont distincts et ne devraient pas être utilisés de façon interchangeable:

  • type de mesure (objective/subjective),
  • type d'évaluation (cognitive/affective),
  • les attributs,
  • les antécédents,
  • les conséquences,
  • et l'influence du temps (transitoire/stable).

En psychologie positive, le bien-être est défini comme un état de fonctionnement optimal où l'individu est satisfait de sa vie dans son ensemble et éprouve des émotions positives telles que la joie, le plaisir et l'épanouissement. Le bien-être comprend également un sentiment de signification, de but ainsi que des relations sociales satisfaisantes et des expériences de réalisation personnelle.

Il ne renvoie pas seulement à l’absence de maladie physique et/ou mentale. Il s’agit plutôt d’un état de santé mentale et/ou physique positif où l'individu est capable de faire face aux défis et aux difficultés de la vie de manière efficace, tout en cultivant des relations positives et de la satisfaction.

Vallerand (2019)[6] explique que le bien-être correspond à l’évaluation des diverses sphères de fonctionnement de l’être humain. Cet état de fonctionnement optimal est caractérisé par un haut niveau de bien-être psychologique, physique et social, un haut niveau de performance dans le domaine d’activité principale ainsi que la perception de contribuer à sa communauté ou plus généralement à la société (Martin-Krumm & Tarquinio, 2021)[7].

Par conséquent, le bien-être est un phénomène complexe qui n’a pas trouvé une définition qui fait consensus. Le point d’accord gravite autour du fait que la définition ne peut se résumer à la simple présence d’un état de plaisir momentané.

Dans cet objectif, au vu de la quantité de façons de définir et de notions proposées, nous reviendrons sur les principaux axes de définitions tels que le bien-être psychologique, le bien-être subjectif, le bien-être hédonique ainsi que le bien-être eudémonique.

Bien-être psychologique

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Le bien être psychologique est une sous-dimension du bien-être. De nombreux auteurs ont fait des recherches sur cette notion.

Le premier à définir avec précisions le bien-être psychologique était Bradurn (1969)[8]. Selon lui, il s’agissait bien d’un concept multidimensionnel où les principaux éléments correspondaient aux sentiments intérieurs tels que le sentiment de compétence, l’estime de soi, les relations affectives, l’optimisme et le bonheur. Les affects positifs prévalent alors sur les affects négatifs.

Bryant et Veroff (1982)[9], quant à eux, définissent le bien-être psychologique par le sentiment de bien-être, la perception de soi, les symptômes de détresse et l’adaptation de la personne au mariage, au rôle de parent et au travail.

Dans les années 1980 également, Andrews et McKennell (1980)[10] font part de leur vision qui encore aujourd’hui réside comme vrai pour définir le bien-être psychologique. Ils proposent de faire la distinction entre les sentiments et le cognitif. La cognition a alors un rôle de même envergure que l’affectif dans l’évaluation de ce concept. En effet, ils soutiennent que l’évaluation cognitive de la personne face à ses buts et sa vie est importante pour déterminer le bien-être psychologique.

De nombreux chercheurs, à la même époque, pointent l’importance du soutien social car l’influence des relations qu'entretient un individu est centrale pour le bien-être psychologique.

À la suite de ces nombreuses avancées, c’est Ryff (1995)[11] qui met en lumière l’aspect multidimensionnel du concept en proposant une définition comme reposant sur : l’autonomie, l'acceptation de soi, la maîtrise de l’environnement, les relations avec les autres, la croissance personnelle et le but dans la vie. Un équilibre de celles-ci amène à un bien être psychologique.

-L’autonomie renvoie aux capacités de la personne à penser et à se comporter comme elle le souhaite et ce, quel que soit ce qui est attendu par la société, à condition d’avoir un regard critique. Cette notion regroupe les idée d’autodétermination et d’indépendance.

-L’acceptation de soi revient à avoir une attitude positive envers soi. Il convient alors de connaître et d’accepter (autant que faire se peut) sa personnalité et son histoire.

-La maîtrise de l’environnement correspond au sentiment de compétence et de contrôle dont fait preuve l’individu en fonction des divers contextes et de comment il s’en saisit. Faire des choix et se créer des opportunités pour servir ses besoins et ses valeurs est alors mis à l’honneur.

-Être chaleureux, être une personne de confiance, faire preuve d’empathie et d’affection, se préoccuper des autres sont les qualités qui définissent la dimension relation avec les autres. Le principe étant de comprendre et de savoir : donner et recevoir.

-La croissance personnelle comme l’évoque le nom de cette dimension correspond aux faits d’évoluer, de changer, de s’épanouir, de se développer, de faire de nouvelles expériences. Il faut que l’individu remarque son potentiel et l’utilise. La personne doit se connaître et connaître ses capacités.

-Le but dans la vie doit faire écho à la perception d’un sens à sa vie, qu’elle soit passée ou présente et la personne doit avoir des objectifs. L’individu doit également faire appel à des croyances.

Selon Ryff et Singer (1996)[12], un état psychologique complexe caractérisé par un haut degré d’acceptation de soi, de relation positive avec autrui, la perception d’être autonome, de contrôler son environnement, de se développer et de percevoir que sa vie a un sens indique une bien-être psychologique.

En 2002, ils proposent de concevoir le bien-être comme un construit multidimensionnel incluant à la fois le bien-être psychologique, comme défini ci-dessus, et le bien-être subjectif, bien que différents dans leurs approches méthodologiques.

Bien-être subjectif

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Le bien-être subjectif renvoie à la façon dont un individu vit et évalue les différents aspects de sa vie. Souvent utilisé pour mesurer la santé mentale, le bonheur et la satisfaction de vie, le bien-être subjectif est un réel marqueur de santé individuelle.

Ce concept a été opérationnalisé par Diener en 1984[13]. Il renvoie à l’évaluation subjective que l’individu fait de son propre bien-être. L’individu évalue ainsi de manière subjective la satisfaction globale qu’il a à l’égard de sa vie. Le bien-être subjectif se compose alors de deux principaux éléments, à savoir des composantes cognitives et des composantes émotionnelles.

Le bien-être subjectif renvoie ainsi d’une part à la satisfaction de vie (composante cognitive), faisant référence à la façon dont l’individu pense à sa vie et à l’évaluation globale qu’il en fait (Pavot et al., 1991)[14]. L’évaluation de la qualité de vie considère des facteurs indépendants, à savoir les réactions émotionnelles aux événements et conditions de vie de l’individu, comprenant les composantes objectives de sa vie (Diener & Emmons, 1985[15] ; Rolland, 2000 ; Veehoven, 1984 ; Warr et al., 1983 ; Watson & Clark, 1992)[16].

Les aspects relationnels, financiers, matériels, professionnels ainsi que les loisirs, la santé et bien d’autres sont également pris en compte. L’évaluation de la satisfaction de vie peut alors être influencée par des facteurs externes tels que le contexte social et économique, la culture, mais aussi par des facteurs internes tels que les valeurs de l’individu, sa personnalité, son vécu, ses objectifs et attentes ainsi que sa vision de l’avenir.

Par ailleurs, le tempérament, composante innée, pré déterminerait le bien-être subjectif dès la naissance (Diener, 1996)[17]. Par exemple, un individu présentant des traits de caractère tels que l’enthousiasme tendrait à bénéficier de sentiments positifs à l’égard de la vie, tandis qu’une personne présentant un caractère agressif serait plutôt confronté à une perspective plus négative liée à la vie.


De même, le soutien social jouerait un rôle essentiel dans la satisfaction de vie, sur le bien-être physique et mental (Caron et Guay, 2006)[18]. En effet, le soutien social permettrait à l’individu de jouir d’affects positifs, de se sentir en sécurité notamment et ainsi de favoriser l’appréciation du bien-être.

L’état d’esprit et la résilience sont des facteurs également déterminants du bien-être subjectif. En effet, un individu possédant un état d’esprit positif ainsi qu’un fort sentiment de résilience se sentirait plus optimiste, et ce, même face à des événements de vie difficiles.

D’autre part, le bien-être subjectif renvoie à une composante émotionnelle, prenant en compte les affects positifs et négatifs. Il serait ainsi caractérisé par un niveau élevé d’affects (émotions) positifs (joie, plaisir, gratitude, enthousiasme, etc.) et un niveau faible d’affects négatifs (tristesse, peur, colère, dépression, angoisse, etc.), ainsi qu’une perception générale (subjective) de grande qualité de vie (Diener, 1984 ; Diener et al., 1985 ; Martin-Krumm and Tarquinio, 2021[19]. Ainsi, le bien-être subjectif serait caractérisé par la recherche du plaisir et l’évitement de la souffrance (Kahneman et al., 1999)[20].

Les individus chercheraient essentiellement à maximiser le plaisir découlant de récompenses. Ces trois premières composantes sont bien indépendantes, c’est-à-dire que la présence d’affects positifs ne signifie pas l’absence d’affects négatifs, et inversement. De même, la satisfaction de vie ne renvoie pas nécessairement à un équilibre entre les affects.

De fait et en rejoignant l'évaluation subjective du bonheur, le bien-être subjectif renvoie à la conception hédonique du bonheur.

L'hédonisme est, en psychologie, un concept fondamental renvoyant au bonheur, au bien-être mais aussi plus généralement à la motivation (Fenouillet, 2012)[21].

L’évaluation positive du bonheur et du bien-être subjectif découlerait et serait alors liée à l’expérimentation par l’individu d’affects plaisants et positifs. (Martin-Krumm & Tarquinio, 2021)[22].

Une autre approche pourrait expliquer la manière dont l’individu peut faire l’évaluation de son bonheur et de son bien-être subjectif. Ainsi, la perspective eudémonique est une conception basée sur le fait que les individus font une évaluation globalement positive de leur bien-être et de leur bonheur lorsqu’ils sentent que leur vie a un but ou un sens particulier.

Cette théorie se rapproche de l’auto-détermination, conception du bonheur centrée sur le sens et les buts ou les objectifs. La théorie de l’auto-détermination a été initialement modélisée par Deci et Ryan (1985, 2002). Elle stipule que l’individu a un besoin constant d’augmenter son potentiel, de croître et c’est cela qui le pousserait à s’engager dans une activité. Ce besoin est nourri par la nécessité innée de l’individu à découvrir de nouvelles choses, de nouveaux objectifs et par la satisfaction de trois besoins que sont le besoin de compétence, d’autonomie et d’appartenance sociale (Dupont, 2009)[23].

Ces auteurs ont aussi mis en évidence trois types de motivation rentrant en compte dans l’investissement que met l’individu dans ses activités : la motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque et l’a-motivation.

La motivation intrinsèque correspond au fait que l’individu va adhérer à une activité car celle-ci lui apporte du plaisir et présente un intérêt particulier pour celui-ci et donc, de fait, une forme de satisfaction.

La motivation extrinsèque correspond aux facteurs qui vont influencer l’adhérence ou non d’un individu à une activité ou un défi. Ces facteurs peuvent prendre la forme de punitions, de récompenses ou encore de pressions exercées sur le sujet.

Enfin, l’a-motivation correspond au manque total de motivation chez l’individu. L’a-motivation apparaît lorsque l’individu ne trouve pas ou plus de sens à l’activité à laquelle il doit participer.

Comme nous l’avons vu, selon les différentes perspectives, approches et théories observées et citées, le bien-être subjectif et l’évaluation par l’individu de sa satisfaction de vie dépend de nombreux facteurs, qu’ils soient psychologiques, sociaux, environnementaux mais aussi internes ou externes à l’individu et tous interdépendants.

Notes et références

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  1. Le Petit Robert. (2022). Le Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Dans Dictionnaire.
  2. Larousse. (2019). Larousse: dictionnaire langue française. Dans Dictionnaire.
  3. Bruchon-Schweitzer, M. (2005). Psychologie de la santé : Modèles, concepts et méthodes. (2e). Paris : Dunod
  4. Laguardia, J.G. & Ryan, R.M. (2000). But personnels, besoins psychologiques fondamentaux et bien-être: théorie de l'autodétermination et applications. Revue québécoise de psychologie, vol 21., n°2
  5. Voyer, P., & Boyer, R. (2007). Le bien-être psychologique et ses concepts cousins, une analyse conceptuelle comparative. Santé mentale au Québec, 26(1), 274-296.
  6. Robert J. Vallerand et Léa Bragoli-Barzan, « Chapitre 1. Passion et bien-être : une analyse multidimensionnelle du fonctionnement optimal en société: », dans Psychologie positive, Dunod, (ISBN 978-2-10-079407-2, DOI 10.3917/dunod.marti.2019.01.0017, lire en ligne), p. 17–41
  7. Martin-Krumm, C., & Tarquinio, C. (2021). Grand manuel de psychologie positive - Fondements, théories et champs d’intervention: Fondements, théories et champs d’intervention. DUNOD.
  8. Bradburn, N. (1969). The Structure of Psychological Well-being, Chicago, Aldine.
  9. Bryant, F. B., Veroff, J. (1982). The structure of psychological well-being : a sociohistorical analysis, Journal of Personality and Social Psychology, 43, 653-673.
  10. Andrews, F. M., Mckennell, A. C. (1980). Measures of self-reported wellbieng, Social Indicators Research, 8, 127-156.
  11. Ryff, C. D. (1995). Psychological well-being in adult life, Current Directions in Psychological Science, 4, 4, 99-104.
  12. Ryff, C. D., & Singer, B. (1996). Psychological Weil-Being: Meaning, Measurement, and Implications for Psychotherapy Research. Psychotherapy and Psychosomatics, 65(1), 14–23. https://doi.org/10.1159/000289026
  13. Diener, E. (1984). Subjective well-being. Psychological Bulletin, 95(3), 542–575. https://doi.org/10.1037/0033-2909.95.3.542
  14. Pavot, W., Diener, E., Colvin, C. R., & Sandvik, E. (1991). Further Validation of the Satisfaction With Life Scale: Evidence for the Cross-Method Convergence of Well-Being Measures. Journal of Personality Assessment, 57(1), 149–161. https://doi.org/10.1207/s15327752jpa5701_17
  15. Diener, E., Emmons, R. A., Larsen, R. J., & Griffin, S. (1985). The Satisfaction with Life Scale. Journal of Personality Assessment, 49, 71–75. https://doi.org/10.1207/s15327752jpa4901_13
  16. Watson, D. I., & Clark, L. A. (1992). On Traits and Temperament: General and Specific Factors of Emotional Experience and Their Relation to the Five-Factor Model. Journal of Personality, 60(2), 441–476. https://doi.org/10.1111/j.1467-6494.1992.tb00980.x
  17. Diener, E. (1996). Traits Can Be Powerful, but Are Not Enough: Lessons from Subjective Well-Being. Journal of Research in Personality, 30(3), 389–399. https://doi.org/10.1006/jrpe.1996.0027
  18. Caron, J., & Guay, S. (2006). Soutien social et santé mentale : concept, mesures, recherches récentes et implications pour les cliniciens. Santé Mentale Au Québec, 30(2), 15–41. https://doi.org/10.7202/012137ar
  19. Martin-Krumm, C., & Tarquinio, C. (2021). Grand manuel de psychologie positive - Fondements, théories et champs d’intervention: Fondements, théories et champs d’intervention. DUNOD.pp: 68
  20. Kahneman, D., Diener, E., & Schwarz, N. (1999). Well-being : the foundations of hedonic psychology. Russell Sage Foundation EBooks. http://ci.nii.ac.jp/ncid/BA42653627
  21. Fenouillet, F. (2012). Les conceptions hédoniques de la motivation. Pratiques Psychologiques, 18(2), 121‑131.  https://doi.org/10.1016/j.prps.2012.02.003
  22. Martin-Krumm, C., & Tarquinio, C. (2021). Grand manuel de psychologie positive - Fondements, théories et champs d’intervention: Fondements, théories et champs d’intervention. DUNOD.
  23. Dupont, J. (2009). Influence des négociations « professeur-élèves » sur la dynamique motivationnelle des élèves en éducation physique : une approche basée sur la théorie de l’auto-détermination. http://hdl.handle.net/2078.1/21875