Recherche:Histoire de la civilisation grecque
et parlons avec leurs expressions. »[1]
L'Histoire de la civilisation grecque (Griechische Kulturgeschichte)[2] est un cours de l'historien Jacob Burckhardt. Il fut publié en quatre tomes après sa mort par son neveu, Jacob Oeri, de 1898 à 1902.
Sommaire du cours
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Considérations générales sur l'étude de la civilisation des Grecs
modifierL'introduction de ces cours permet de saisir de quelle manière Burckhardt conçoit l'enseignement de l'histoire, son contenu et sa finalité[3].
Tout d’abord, Burckhardt écarte l’idée de faire un cours traitant des antiquités ou de l'histoire événementielle de la Grèce, et énonce comment il entend placer son travail relativement à un traitement scolaire certes indispensable, mais dont le prix est la spécialisation, c'est-à-dire la déshabituation de l'esprit aux vues synthétiques :
- « De tous ces matériaux nous n'avons besoin que de ce qui sert à confirmer de façon toute particulière l’idée que les Grecs se faisaient de l'existence. »[4]
C'est pour lui une perte de temps de discuter à l'infini sur l'exactitude d'un fait. En définissant l'histoire de la civilisation comme une recherche « des manières de voir et de penser du peuple grec » qui consiste à « chercher à discerner les forces vives, constructrices et destructrices, qui s'exercent dans la vie des Grecs »[5], il propose de distinguer, non les faits isolés et objectifs, mais les traits caractéristiques d'un peuple, y compris ses manières de falsifier l'histoire : si nous ne pouvons avoir aucune certitude sur tous les faits historiques, nous pouvons en tout cas interpréter le mensonge comme quelque chose qui révèle une sensibilité et des valeurs. Le résultat de cette méthode est de permettre de se représenter ce qu’il y a de typique, de durable et d'universel dans l’existence grecque, par opposition au momentané et à l'anecdotique.
Cette approche a pour corrolaire la mise en avant de la psychologie du chercheur, qui n’est pas passif face à l'histoire, mais s'engage personnellement dans un dialogue au cours duquel il sera instruit. Dans un premier temps, Burckhardt oppose le goût moderne de la lecture des journaux à la capacité subtile d'écoute dont doit faire preuve l'étudiant. Il développe alors la question des qualités indispensables, qui sont le résultats d'un travail patient et d'une subjectivité qui s'enrichit aux contacts des œuvres du passé :
- « Aucun ouvrage de référence au monde, avec ses citations, ne peut remplacer le lien organique qu'une affirmation trouvée par nous-même établit avec notre intuition et notre attention, si bien qu’il se forme une véritable richesse pour notre esprit. »[6]
La lecture et la relecture répétée des Anciens sont nécessaires ; c’est par ce travail que nous pouvons parvenir à une représentation durable qui ne soit pas le fait d'une humeur instantanée ou de l'inexpérience de l'âge ; ainsi la relecture est-elle le moyen de revenir sans cesse sur l'expérience que nous pouvons faire du passé, de nous l'assimiler et de le redécouvrir sans cesse.
Il aborde ensuite la question du rapport de l'époque actuelle avec les Grecs : en Allemagne, avec Winckelmann, Lessing et Voss, s'est développé un sentiment de proximité, qui a fortement influencé Goethe et Schiller. Ceci a permis un renouvellement des études philologiques, d'une manière plus profonde, selon lui, que cela n'a été le cas depuis la Renaissance. Cependant, les études philologiques souffrent maintenant de plusieurs difficultés : tout d’abord, le développement de l'archéologie et de l'ethnographie a progressivement mis la Grèce à l'écart ; ensuite, la spécialisation s'est à ce point accrue, que les branches les plus spécialisées de l'histoire demanderaient aujourd’hui plusieurs vies de chercheurs pour être maîtrisées. Dans le domaine même des études universitaires, les connaissances finissent par être oubliées, c'est-à-dire que l’on ne pense plus à les assimiler, ou on ne le veut plus. Le résultat est que les vrais philologues se font extrêmement rares[7].
Que résultera-t-il de ces recherches ? Que nous ne pourrons plus trouver dans la vie une grecque une transfiguration optimiste :
- « Les Grecs étaient plus malheureux que la plupart ne le croient. »[8] ;
que nous saisirons comment les Grecs furent un peuple libre et génial, avec toutes ses erreurs et ses souffrances ; que leur savoir universel a éclairé leur propre existence et celles des anciens peuples, et les a léguées à la postérité. Parce que nous sommes des êtres conscients, notre culture doit se donner pour finalité de compléter en nous le plus parfaitement possible l'image de l'évolution du monde. C'est pourquoi :
- « nous resterons toujours les admirateurs des Grecs pour ce qui est de leurs actions et de leurs capacités, et leurs débiteurs pour ce qui est de leur connaissance du monde[9]. »
Tome I
modifierLes deux premiers tomes traitent des deux facteurs stabilisateurs des sociétés humaines : l'État et la religion ; le troisième traite de l'élément instable qui désagrège les deux premiers : la culture.
→ I. Les Grecs et leurs mythes
- I. La cité
- II. La cité dans son développement historique
- III. Examen objectif des régimes politiques
- IV. L'unité de la nation grecque
Tome II
modifierCette troisième section est divisée en trois chapitres : le premier traite des métamorphoses ; le deuxième des Grecs dans leurs rapports aux dieux ; enfin, le troisième analyse le culte]] grec des héros.
→ V. Bilan d'ensemble de la vie grecque
Tome III
modifierCette sixième section est divisée en trois chapitres : le premier traite de l'éveil de l'art ; le deuxième aborde la sculpture, la peinture et l'architecture ; le dernier aborde le problème des relations des philosophes et des hommes politiques à l'art.
Cette partie est divisée en quatre chapitres : le premier traite des origines de la poésie et de la musique ; le deuxième de la poésie hexamétrique (épopée, Homère, poésie narrative alexandrine, poésie bucolique, poésie didactique) ; le troisième de la musique ; le quatrième de la poésie non hexamétrique (élégie, épigramme, iambe, poésie lyrique, tragédie, comédie).
→ VIII. La philosophie, la science et l'éloquence
Cette partie est divisée en six chapitres : le premier examine les stimulants et les entraves de ces disciplines ; le deuxième le question de la rupture avec le mythe ; le troisième l'éloquence ; la quatrième l'individualisme ; le cinquième la recherche scientifique ; le sixième l'histoire et l'ethnologie.
Tome IV
modifierL'homme hellénistique
modifierL'homme héroïque
modifierL'homme héroïque est un homme qui sauve des vies comme les médecins...
L'homme colonial
modifierNotes et références
modifier- ↑ Histoire de la civilisation grecque, Introduction, p. 25.
- ↑ Cet article utilise l'édition de l'Aire, Vevey (Suisse), traduction Frédéric Mugler, 2002, ISBN 2-88108-597 (tome 3), ISBN 2-88108-598 (tome 4).
- ↑ Voir la section consacrée aux Considérations sur l'histoire universelle, dans l’article sur Jacob Burckhardt, pour un développement plus détaillé de ces thèses.
- ↑ Histoire de la civilisation grecque, tome I, p. 10.
- ↑ Ibid., p. 11
- ↑ Ibid., p. 21.
- ↑ Voir, sur ce point, l'Introduction à la philologie et Homère et la philologie classique de Nietzsche.
- ↑ Ibid., p. 24, Burckhardt cite ici Böckh.
- ↑ Ibid., p. 25.
Bibliographie
modifier- Werke, Kritische Gesamtausgabe : Griechische Culturgeschichte, tomes 19 à 22, éditeur : Walter De Gruyter Inc, novembre 2002
- Editions de l'Aire, Vevey (Suisse), traduction Frédéric Mugler, 2002, ISBN 2-88108-597 (tome 3), ISBN 2-88108-598 (tome 4)</ref>