Recherche:La coopération au développement au sein de la culture sakalava
Introduction
modifierCe travail de recherche socio-anthropologique vise à apporter un appuis théorique à tout projet de coopération au développement mis en œuvre au sein du peuple Sakalava de la région du Menabe (située dans la province de Toliara à Madagascar). Ce travail est entièrement basé sur une revue de la littérature.
Origine du peuple Sakalava.
modifierLe peuple Sakalava qui occupe la majeure partie de la frange côtière occidentale de l'île de Madagascar, sont au même titre que l’ensemble du peuple malgache originaire d’un immigration austronésienne (Rabe 2008) de pionnier navigateurs connus dans la tradition populaire malgache sous le nom de Ntaolo. Cette origine explique ainsi la présence du pli épicanthal (« l’œil bridé asiatique ») présent chez tous les Malgaches, mais aussi l’existence de langue malgache et ses variantes sur l’ensemble de l’îles.
Antalaotra ou population venue de l’extérieur (arabes comoriens indiens) la plupart installer au Nord-Ouest au sein du Royaume Sakalava et plus particulièrement dans la province de Majunga. Ils parlent le kiantalaotsi un dialecte swahili mélangé de malgache.
« Captifs malgaches dont Massavananavire. Le navire négrier néerlandais, le Meermin, parti de Toliara ; les esclaves malgaches s’y sont révoltés le 18 février 1766. Ils prirent le contrôle du vaisseau près du Cap en Afrique du Sud… »
Enjeux
modifier- « le Ménable est connu comme étant un cimetière de projet » (Inter-Monde 2015 p. 35)
- « Chercher à connaître et à comprendre les malgaches ! Observer et plus investir par la réflexion ce qu’on observe ! […] apprendre à articuler les normes/valeurs du projet avec les normes/valeurs des gens, au-delà de ce qu’eux-mêmes semblent en dire. » (Inter-Monde 2015 p.38)
- « quand nous parlons d’impacts sociétaux, il ne s’agit pas d’impact sur l’ensemble de la société malgache, mais d’impact sur les manières de faire société, dans les familles, dans les groupes, voire dans les communautés, villages, quartiers, services publics, à la dimension des collectifs d’acteurs et à la hauteur des activités sont menées. » (Inter-Monde 2015 p.35)
Enjeux politique
modifier- « La société malgache est confrontée à une crise de valeurs qui apparaît à certains égards assez unique au monde. »
- « coupure abyssale entre les élites et la population » (Inter-Monde 2015 p.7)
L’Etat pour les malgaches
modifierL'Etat/Fanjakana est toujours vu par les malgaches comme une institution prise en charge par la population au profit d’une minorité. Il est abandons, assujettissements, peurs, coercitions, restrictions, spoliations...
Ses interventions menées souvent en grandes pompes, sont irrégulières, imprévisibles et peu pérennes. Les situations vécues durant les dernières années n’en démordent pas. En général, l’Etat est «l’affaire des autres». A la place d’une citoyenneté à exercer, on a plutôt des clientèles entretenues... (Inter-Monde 2015 p. 8)
Le paradoxe malgache (Etude IRD/DIAL 2013)
- l’atrophie des corps intermédiaire ;
- le manque de redevabilité de l’Etat ;
- le tabou de la violence politique ;
- l’absence de coalitions stables et durables entre élites ;
- la manque de soutien populaire des élites ;
- la « coupure abyssale entre les élites et la population » (IRD/DIAL 2013, p.4) ;
- les inégalités colossales de pouvoir ;
- les facteurs externes (notamment « l’action effective et persistante des bailleurs de fonds dans le sens de l'affaiblissement de l'Etat depuis le début des années 1980 ;
- la déliquescence et la perte de légitimité des institutions.
Le Ray-Aman-deny ou père et mère de ses sujets, à qui on doit le respect
modifier« [le manque de corps intermédiaire entre le Président et la population et la personnalisation du pouvoir, la « présidentialisation à outrance » qui font alors que le Président est seul face à la population] est amplifié par la subsistance d’une théologie politique traditionnelle accordant un caractère providentiel au Fanjakana (l'Etat) et un statut de Ray-Aman-dreny (père et mère de ses sujets, à qui on doit le respect) à ceux qui l’incarnent » poids du religieux et des Églises qui « renforce cette théologie politique, en conférant au Président, incarnation ultime du pouvoir séculier, une dimension symbolique et quasi divine (détenteur du Hasina 5 , Ray Aman-dreny, Père de l’indépendance, Homme providentiel, etc.).
Les Malgaches (comparés aux citoyens d'autres pays africains) semblent ainsi avoir faiblement intégré l'idée que l'Etat devrait être redevable de ses actions. Les données d’enquête révèlent en effet que, plus que la nécessité de contrôle des gouvernants par les gouvernés, c'est le respect pour l'autorité ou l'attribution du statut de Ray aman-dreny qui prévaut ». + Madagascar dernier dans tableaux association et groupes & influence des leaders traditionnels au niveau local (Inter-Monde 2015 p.7)
« Ainsi les questions essentielles (politiques publiques) sont-elles éclipsées par les « dons gracieux » des ray aman-dreny exerçant au sein du Fanjakana; ces derniers seraient « soucieux » de « leurs enfants ». L’infantilisation est réelle et entretenue. Mais la plupart des OSC opératrices, se complaisent dans cette situation et apprécient le fait de se substituer à l’Etat, surtout lorsqu’elles sont financées par les projets et autres programmes extérieurs. » (Inter-Monde 2015 p.8)
« Le chef de Fokontany (responsable administratif public local, nommé par le Préfet) participe aussi dans ces CLD sans en être ni le président ni membre du bureau. Cette formule assez répandue dans les projets de développement cherche à dynamiser les enjeux de développement en créant une structure ad-hoc, structure qui est toujours peu ou prou concurrente avec le Fokontany» (Inter-Monde 2015 p.13)
« Les ray-aman-dreny possèdent la vérité et ont toujours le dernier mot, dans tous les domaines de la vie » (Rasamoelina 2012, p.6) (Inter-Monde 2015 p.39)
« Les pratiques reproduisent en fait une éducation assez dogmatique pratiquée dans des familles et des écoles : les directives sont données par les ray-aman-dreny/ainés/plus âgés/maîtres d’école. Ces derniers offrent ceci « par amour » et « par expériences ». Ceux qui « reçoivent » les prennent sans se questionner. Ce serait la « bonne façon, éprouvée de procéder » (ny ray aman-dreny tsy manolo bato mafana ny zanany litt), les ray aman-dreny ne donneront jamais une pierre chaude à leurs enfants). Interrogations et opinions critiques ne sont donc pas les bienvenues (« Ana-dray aman-dreny, raha tsy mahavoa mahafanina, raha mahavoa mahafaty » Conseils lancés par des ray aman-dreny, s’ils atteignent leurs cibles, ils t’étourdissent, sinon, ils peuvent te tuer) » (Inter-Monde 2015 p.27)
« Le havoa/tsiny est ce sentiment de culpabilité diffuse, plutot permanent, chez les malgaches, Il craint, notamment d’avoir enfreint une règle sociale, consciemment ou non, Mais ce havoa/tsiny peut aussi provenir d’un délit commis par l’un de ses proches. (d’après Fauroux 1999 , p.7-8). Le tsiny retient à escient le malgache, par peur d’être la source ou le responsable d’une quelconque maladresse, d’un mot de trop...(« sao miteniteny foana eo ! » litt., si jamais j’aurais dit notamment des secrets, aurais développé des postures non-conformes à celles des ray-aman-dreny...). La mort, les maladies, les accidents, les inondations, les invasions des criquets...proviendraient ainsi de havoa/tsiny, en rétorsion d’une quelconque infraction… » (Inter-Monde 2015 p.39)
« Le henamaso est cette crainte inspirée par le regard de l’autre. Cet autre est souvent celui qui est plus âgé que soi, celui qui a un statut supérieur à soi, notamment dans la hiérarchie sociale, dans des liens de parenté. Le henamaso influe sur les présences, sur l’occupation géographique d’un site/d’une place, sur les prises de parole, sur le développement d’une position… » (Inter-Monde 2015 p.39)
La santé
modifier« impossibilité de réaliser des mutuelles compte tenu du contexte peu propice à un engagement solidaire » « restauration d'une certaine confiance envers les services modernes de santé, à travers la mise en place d'un hôpital » « exploitation d'une tendance naturelle de la population qui est de se rendre plutôt chez les tradipraticiens » (Inter-Monde 2015 p.10)
« Une étude a par exemple été menée sur les itinéraires thérapeutiques des usagers par l'IRD et l'IRM 8 (Cette étude montre combien les formations sanitaires classiques sont désertées par les usagers mais aussi par les agents au profit des tradipraticiens et notamment des matrones pour leur accueil et la confiance qu'on leur prête) » (Pourette D. et Alii, 2015 Etude anthropologique « Santé reproductive, itinéraires thérapeutiques et recours aux soins dans la région de Morondava-Menabe » IRD-UCM-LAPTT) (Inter-Monde 2015 p.11)
« à Madagascar, l’Etat n’a de budget que pour les soins aux malades, c’est-à-dire que la consultation et l’hospitalisation sont gratuites. En revanche, tout le matériel médical (des médicaments aux gants stériles) et les examens complémentaires sont à la charge du patient. » « des gens se tournent d’abord vers la moins onéreuse médecine traditionnelle. Ils ne consultent au CHU qu’après avoir essayé les décoctions locales, massages ou autre et si leur condition les empêche de travailler.
Par conséquent, les patients arrivent souvent dans des états pathologiques très avancés. » « Heureusement, certaines pathologiques endémiques du pays sont totalement prises en charge par l’Etat. Cela concerne par exemple le VIH et la tuberculose. Il existe également des ONG qui s’occupent systématiquement de certaines pathologies, par exemple : Médecins du Monde prend en charge les frais de tous les enfants avec une cardiopathie congénitale. Cela n’accélère pas les délais de traitement mais permet une certaine couverture des pathologies. »
« les internes n’osent pas déranger leurs supérieurs ni remettre en doute leur parole. Les médicaments prescrits par des spécialistes sont dès lors très rarement remis en question. Par exemple, un neurologue a prescrit un médicament très cher et indiqué pour des personnes âgées démentes à une enfant de 18 mois, atteinte d’une atrophie corticale. Les pédiatres n’ont pas annulé cette prescription, étant donné le statut du prescripteur »
« certains antibiotiques coûtent très chers dans le pays. Ils prescriront alors une autre classe, moins onéreuse mais aussi moins indiquée pour essayer de quand même couvrir un maximum de germes. Lorsqu’un patient est trop démuni, l’équipe se cotise pour lui offrir les examens dont il a besoin. » (Sylvie Nachtergaele, Camille Van der Rest, Sydney Spelkens 2017 p.3) valoriser les savoir faire des tradipratitiens à partir d’études en laboratoire rapportées par des publications reconnues » mais aussi les « savoir-penser , les manières d’envisager l’articulation corps-esprit de la médecine traditionnelle. […] Notamment pour les aspects psychologiques de l'accompagnement (l'accueil, la proximité, la confiance) qui peuvent être d'un grand secours dans certaines pathologies. » (Inter-Monde 2015 p.18)
L’économie
modifier- « Madagascar is the only country in the world whose real per capita income declined vastly beetween 1960 an 2010 without experiencing civil wars or violent conflicts. The average Malagasy is 42 percent poorer in 2010 than she was in 1960 » in Word Bank Group.- Madagascar. Systematic Country Diagnostic.- August 2015.- p.19 [131 p] » (Inter-Monde 2015 p.39)
- « grands problèmes qui « empêchent de dormir » : d'un côté les obligations pour les deuils et autres cultes des ancêtres et d'autre part, l'insécurité due aux rafles dans les villages. » (Inter-Monde 2015 p.23) a cela on peut ajouter la période de soudure et les cyclones.
Asara Mpanjanabola et mpanjanabary
modifier« Une des prédations retrouvées dans la zone est le recours à des usuriers durant la période « asara ». Le gap de disponibilité en riz, alimentation de référence des malgaches poussent les paysans à recourir vers ces usuriers. Le mpanjanabola et le mpanjanabary 10 prêtent à un taux de 100% par mois ( !), contre généralement, des terrains en gage. » « S’il procède dans un prêt d’argent à rembourser avec intérêt, c’est un mpanjanabola (litt., celui qui fait créer des « enfants » à son propre argent), S’il prend en remboursement des récoltes de riz encore à venir, c’est un mpanjanabary (litt., celui qui fait créer des « enfants » au riz qu’il va engranger) » (Inter-Monde 2015 p.11)
Lakroa
modifier« L'expression pour dire toutes les obligations liées aux tombeaux et au culte des ancêtres depuis les funérailles jusqu'aux retournements des morts, en passant par les offrandes et embellissement… des tombeaux » « La réelle volonté de remettre en question le rapport à l’argent et aux dépenses ostentatoires des « lakroa » ou autres événements sociaux n’est pas évidente. » (Inter-Monde 2015 p.23).
« le passage dans un autre monde » des autres et le passage à un statut différent des défunts malgaches (« lasan-ko razana », litt., devenus ancêtres) o le vœu « repose en paix ! » vis-à-vis des défunts d’ailleurs et le « raha razana tsy hitahy, fohazy hiady vomanga » des malgaches ?. Les ancêtres malgaches ne se reposent donc-t-ils pas ? Ils bossent dur ! » (https://mialisoa.wordpress.com/2015/09/) » (Inter-Monde 2015 p.11)
« Un vol de zébu assorti d’un séjour en prison peuvent-ils être toujours être considérés comme des critères de virilité mâle dans les communautés de pasteurs ? » (Inter-Monde 2015 p.15)
Des tas de villages sont désertés à cause de rafles et de sévisse des fameux « Dahalo » « dahalo , voleur de zébu armés d’armes à feu ; si ce ne sont pas de armes de fabrication artisanale locale, ce sont des fusils 12 mm voire des calachnikovs. Ils n’hésitent pas à tuer , a violer des femmes, a emmener des jeunes filles en otages qu’ils libèrent encore à 30 km lorsque les poursuites ne sont pas enclenchées. » (Inter-Monde 2015 p.26).
Cas de du village Behitsaky, constitué de migrants Antandroy, Korao solidarité au-delà des origines au prix de leur vies dans un guet apens suivit du sauvetage du président du Fokontany. Fokonolona, ziva , soronanake, savatse, tapakanake, bilolahy, vily, rafy, décès le plus chère fapomba ay, famhà immolation d’un zébu tout les jours pendant 30 à 45 jours de construction du tombeau, plus asa lolo un an après érection de la croix du tombeau (lakroa) « fierté de pouvoir montrer le maximum de ce que l’on peut donner. Pour d’autres, c’est le regard des autres qui oblige à en faire plus. » « ancètre demanderaient plutôt leur part lorsque les vivants obtiennent plus que d’habitude. C’est l’objet du du Rasahariana pour les tsimihety, les betsimisaraka, c’est celui des bilo notamment celui que l’on dénomme bilon-drazana dans le Menable (festivités et rituels que l’on organise lorsque les récoltes sont bonnes ou/et que l’on ait eu une bonne année, i.e. de nombreux zébus durant l’année écoulée. (RASOAZANAJAO (C), 2005, p.62)
Ater ka alao ou dons & contre-dons
modifierla surenchère est devenue insupportable pour beaucoup… (Cf l’expérience du Groupe PACOM ayant travaillé avec SAHA à Fianarantsoa sur le diam-ponenana)
Contraintes climatiques
modifier« attentisme face aux dégâts des cyclones » (Inter-Monde 2015 p.23) « enclavement 3-4 mois sur l'année en raison des inondations, les cyclones et l'insécurité » (Inter-Monde 2015 p.25)
Migration
modifierlasan-ko razana - aha razana tsy hitahy, fohazy hiady vomanga Maroseranana Maroseraña ou Maroseranana - littéralement « ceux ou celui qui possède de nombreux ports » doivent leur puissance à la possession d'armes à feu obtenues auprès des traitants européens, en échange d'esclaves. Tompontany (propriétaire de la zone) « Comment procéder si « les relations avec les étrangers (i.e. les non-parents/havana qui ne sont pas gouvernées par le fihavanana), demeurent parfaitement anomiques (donc il y a absence, confusion ou contradiction des normes qui règlent la conduite de l’humain et assurant l’ordre social) ? » En fait, « dominées par la défiance, (ces relations) ont toutes les chances de tourner à l’hostilité, et l’étranger que l’on ne connaît pas est - le mot n’est pas trop fort - un ennemi » (Ottino, 1998, p. 12). Cette défiance et hostilité peuvent s’exprimer soit par une indifférence malgré une présence physique, soit par le avonanavona/ comportement distant et dédaigneux marquant le désintérêt. (silence volontaire ou encore esquives/éclipses/absences non explicitées) » (Inter-Monde 2015 p.39)
Complément littératures
modifierCulture Malgache
modifierFady (tabou)
modifierSystème de don et contre don avec sur enchère (zébu chèvre a immoler) marimaritra iraisana/ consensualité, ses avantages et ses limites le « ory hava-manana » ? (se plaindre, avoir des ressentiments quand certains havana réussissent) « Mifampiera. C’est un substantif signifiant « les mots auxquels tout le monde s’accorde ». Pour ce faire, les gens se réunissent, posent le problème à discuter, débattent pour en sortir une issue consensuelle, négociée. De l’expression teny miera, les législateurs malgaches ont trouvé le mot antenimiera, nom que l’on donne à toute assemblée où tout problème est posé pour débat ouvert. L’on a ainsi des antenimieran’ny tanàna (litt., assemblées qui décident pour les villages), un antenimieram-pirenena, litt., l’assemblée qui décide pour la nation, i.e. l’assemblée nationale » (Inter-Monde 2015 p.40)
Une philosophie pour le dialogue
modifierMalgré leurs différences physiques ou linguistiques, les Malgaches ont très profondément conscience d'être une seule nation. Cette volonté de vivre ensemble est cimentée par des conceptions philosophiques ancestrales communes. La plus connue est le fihavanana, solidarité préexistante entre les humains qu'il faut sauvegarder par tous les moyens. Une dispute grave peut définitivement déchirer le tissu social, ou plutôt la natte dont les hommes constituent les brins entrecroisés. Aussi, faut-il éviter les conflits, une attitude que les Occidentaux interprètent comme de l'hypocrisie.
A l'inverse, les Malgaches trouvent que les étrangers se disputent et se réconcilient si facilement qu'on dirait qu'ils font seulement semblant, vazaha mody miady. C'est au nom du fihavanana qu'on réunit la collectivité et qu'on annonce les décès, mais aussi qu'on fait bon accueil aux étrangers. Toutefois, le fihavanana n'est pas une parenté étroite mais plutôt une alliance assez étendue. Le parent, havana, qui arrive à l'improviste peut demander si la cuisson d'un repas est faite (inona nomasaka ?).
Ce serait une grossièreté pour un étranger, vahiny, de poser la même question.Le Malgache a le sens de la hiérarchie. Son système de parenté est catégorisé par générations : les grands-parents qui incluent les grands-oncles et les grands-tantes, les parents (y compris oncles et tantes), les enfants (descendants directs et cousins). A l'intérieur de chaque génération, on différencie selon les âges relatifs : aîné (zoky), cadet (zandry), avec des termes d'adresse pour les plus vieux (toa), les benjamins (fara) et ceux intermédiaires (naivo). Il est bon, lorsqu'on parle malgache à des gens pour lesquels on a du respect, de tenir compte de ces privilèges de l'âge, même de s'y intégrer en appelant dadatoa un homme plus vieux que soi.Richard Andriamanjato a, le premier, explicité la notion de tsiny, cette sanction que les ancêtres promettent à ceux qui transgressent.
Elle fonctionne grâce au mécanisme du tody, aussi inéluctable que la retombée de la salive de celui qui crache en l'air étendu sur le dos (mandrora miantsilany). Cette sagesse s'observe notamment dans les proverbes paraboles (ohabolana) dont les Malgaches font grand usage, mais surtout dans les kabary, les discours qui se prononcent selon une tradition éprouvée. Elle implique au préalable que l'orateur prie l'assistance de l'excuser pour son audace, car il peut toujours y avoir quelqu'un de plus méritant, et à défaut,il y a les ancêtres immanents.Au-dessus des ancêtres, les chrétiens placent Dieu (Andriamanitra), mais on dit aussi un peu partout Zanahary, un terme qui a suscité bien des interrogations.
Dans leurs invocations, les Betsimisaraka mentionnent encore plusieurs Zanahary, mâles ou femelles, et des spécialistes de religion comparée pensent que ces Zanahary sont peut-être, à l'origine, desancêtres importants placés au sommet du panthéon. Cela déçoit les théologiens qui devinent dans les croyances malgaches des pierres d'attente du christianisme.Le comportement des individus ou des groupes est borné par des « tabous » dont certains,comme l'interdiction pour une femme enceinte d'enjamber un fossé, sont inspirés par le bon sens. Aux décideurs du développement qui interrogeaient sur les raisons des fady, desruraux se sont exclamés : seuls les animaux n'ont pas de fady ! Expression véridique d'unesociologie spontanée.Sur le plan de l'éthique, le Malgache est conscient au plus haut point du danger du henatra, la honte, que la réprobation sanctionne, mais pas les lois.
Le déshonneur, plus grave, seconstate par le terme afa-baraka, l'injustice par l'expression tsy rariny, l'inconvenance par tsy mety et les droits imprescriptibles, de quelque nature que ce soit, se disent zo. Le pèreRahajarizafy a exposé clairement ces concepts dans sa « Filozofia malagasy» (malheureusement non encore traduite pour les étrangers) où il a placé en exerguel'expression « Ny fanahy no olona » (l'esprit c'est l'homme) qui résume bien la spiritualité malgache. (https://fr.scribd.com/doc/13406092/Madagascar-P-Verin-Karthala) fombanay (ce qui nous appartient)
fitampoha cérémonie dynastique du souvenir des rois sakalava. Tout se passe comme si les procédures administratives pouvaient servir directement la cause des solidarités horizontales instituées dans les « familles recomposées » sakalava et se substituer aux légitimités ancestrales, aujourd’hui manifesté l’ouverture de la région et symbolisé l’unification nationale autour du souvenir des anciens rois. (http://jda.revues.org/469) Regalia reliques issues des corps des rois du Menabe porteur du hasina, force d’origine sacrée bénéfique, mais potentiellement dangereuse. L’obtention du pouvoir dépend de leur possession et de la garde des clés du doany, lieu dans lequel ils sont conservés.
En 1995, Manifestation, sous l’égide des autorités nationales, qui s’est déroulée le jour du grand rituel, signifiant la volonté de Désiré de fortifier son emprise sur le doany. Les participants au culte se sont sentis dépossédés et beaucoup de frustration demeure encore aujourd’hui parmi les Bemazava mais également les tromba associés au doany.
En 2004, nouvelle rumeur concernant les reliquaires, « [...] des bruits ont couru comme quoi on allait déplacer les reliques ».
En juillet 2006, lors du grand fanompoa, Désiré a célébré ses trente-cinq ans de règne et préparé sa succession les princes et partisans bemazava ont assisté au grand rituel. La situation semble être apaisée. Comme le fait remarquer Me Ducaud, les décisions de justice sont passées comme du vent. Aujourd’hui, nous en sommes à la solution du fait accompli42. Mais jusqu’à quand ?
Au final, bien peu de décisions de justice ont été appliquées. Cela montre comment, fondamentalement, ces pratiques sont toujours parties intégrantes du système social car, malgré tout, les Sakalava assistent aux rituels, viennent au doany, et ces cérémonies ont encore un sens. « Avec l’État moderne, pas plus qu’avec la chefferie ou la royauté, on ne sort du cercle enchanté de la sorcellerie » (Adler 2006 : 235).(http://etudesafricaines.revues.org/15442)
Pour les princes, avoir les reliques, c’est avoir le prestige et la reconnaissance. Ils font donc appel à l’État pour cela, mais ils ne s’inclinent pas devant la loi (refus absolu de rendre les reliques de part et d’autre). Pour l’État prendre part, est un moyen de gagner du pouvoir, mais il ne s’engage pas pour autant une fois qu’il l’a obtenu. (http://jda.revues.org/509)
L'unité politique de référence était le clan patrilinéaire, à l'intérieur duquel le mariage était autorisé au-delà de cinq générations ascendantes communes. Le culte des ancêtres lignagers8 fondait le sentiment d'appartenance à cette communauté, à l'exclusion de toute autre.
le culte rendu aux ancêtres royaux consacre le nouvel espace territorial qui fait du souverain et de toute sa lignée le descendant direct de Dieu Créateur (Divinité suprême qui ne possède pas de personnalité propre révélée mais assure l'équilibre de toutes les composantes du monde surnaturel.)
Personne ne contredit la parole du roi, mis à part ses propres ancêtres qui s'expriment à travers les possédés royales (sazoka) sont toujours des femmes (sorte de collège disposant d’un grand pouvoir) Elles sont la vérité incarnée par la vision de la présence de l'ancêtre-roi. Les enjeux et les conflits stratégiques sont alors traités par les possédées par le jeu d'une négociation complexe et subtile puisque toute personne « habitée » est censée être totalement innocente de son discours La parole la plus forte appartient au fondateur de la dynastie, et ainsi de suite.
Ce sont le plus souvent les esclaves de la maison royale qui vont se hisser jusqu'à cette fonction, manifestant alors leur intelligence et leurs talents de stratège. fombanay, autrement dit le changement « affectivement et moralement acceptable », et assurait la transition vers d'autres manières de faire et de penser.sorte de « dépression » appelée bilo mal au os un rituel pour redonner le goût de vivre à une femme meurtrie.
Les hommes sont la force du lignage, les femmes en sont les sentiments. les hommes expriment la parole du sacré, du sacré-vérité qui consacre la hiérarchie et le pouvoir, les femmes sont la preuve de la présence des ancêtres parmi les vivants ; elles sont l'image du sacré, la vérité du sacré à travers leur corps, démonstration de la nécessité du « être-ensemble », de la fusion de chacun dans un tout, garant des règles du jeu social constamment en résolution. Le tombeau royal, ou « maison de la destinée », représente le modèle à partir duquel vont se décliner toutes les autres formes de l'architecture funéraire.
Son tombeau cumule tous les symboles du sacré, la position éminente dans l'espace, au centre et en hauteur, la position par rapport aux astres, l'inversion des orientations cardinales, une architecture enrichie à tous les niveaux d'éléments épointés, symboliques de la sagaie effilée qui relie le souverain à Dieu Créateur, divinité suprême. Dans son principe, le tombeau est la forme la plus élaborée du talisman. Par l'association de différents objets, tous porteurs de nombreuses significations, il pose avec précision un problème ou un autre (maladie, conflit, stratégie d'enrichissement, préparation d'un voyage, audience au tribunal, passage d'un examen) et, dans le même temps, en représente la solution.
Le mépris des pays occidentaux pour le monde exotique réside avant tout dans leur incapacité à repérer d'autres niveaux d'organisation sociale et politique que les leurs et qui, pourtant, offrent à ces peuples l'essentiel : la conviction et le sentiment partagés d'appartenir à une même communauté. La création du concept d'« ethnie » devait permettre aux puissances coloniales d'exploiter les contradictions internes aux sociétés dominées en leur opposant soit des éléments de leur propre genèse historique soit la nature plus ou moins inégalitaire des rapports sociaux qui les structuraient. De les exploiter en niant encore une fois la dynamique historique de ces peuples, et donc leur capacité à se transformer, comme l'ont fait les peuples d'Europe. Le concept d'ethnie, encore largement utilisé, est bien l'outil idéologique et scientifique de la volonté de neutralisation politique des peuples dominés par les puissances coloniales.
Après avoir procédé à un repérage des institutions de l'ancien royaume, l'administration française, va s'emparer de la cérémonie du bain pour en faire un instrument de manipulation des populations sakalava sous la forme d'une mise en scène folklorique d'un passé « archaïque ». chacun accepte d'y tenir un rôle au prix d'avantages plus ou moins substantiels En 1897, Itoera, dernier roi du Menabe, disparaît dans une bataille qui marque l'un des épisodes les plus sanglants de la conquête coloniale de Madagascar
Lorsque le président de l'Afrique du Sud a reçu des mains du président français le corps de la Vénus hottentote conservé au Muséum d'histoire naturelle, les Sakalava30 se sont demandé si la tête de leur roi, Itoera, disparue à Ambiky à la suite de l'assaut du village royal [Césaire 1955 ; Goedefroit et Lombard 2007], ne ne se trouvait pas sur une étagère du Muséum.
Privés de la tête de leur souverain, les Sakalava n'ont jamais pu fabriquer sa relique en prélevant certains os du crâne. La chaîne des reliques royales qui lient le dernier souverain à Dieu Créateur est donc tragiquement interrompue et cette recherche qui pourrait être suivie d'une demande de restitution sonne comme un rassemblement autour d'un nouveau rituel dont le « chef » du roi deviendrait l'emblème. http://etudesrurales.revues.org/8330 « une sorte de véhicule qui inscrit le défunt, d’une manière définitive, dans le mouvement du cosmos en lui conférant ainsi une manière d’éternité » (http://gradhiva.revues.org/1135)
Bibliographie
modifier- Suzanne Chazan-Gillig, La société sakalave : le Menabe dans la construction nationale malgache : (1947-1972), ORSTOM, Karthala, Paris, 1991, 393 p. (ISBN 2-86537-276-6)
- Sophie Goedefroit, À l'ouest de Madagascar : les Sakalava du Menabe, Karthala, ORSTOM, Paris, 1998, 529 p. (ISBN 2-86537-825-X) (texte remanié d'une thèse d'Ethnologie)
- Sophie Goedefroit et Jacques Lombard, Andolo : l'art funéraire sakalava à Madagascar, IRD, Biro, Paris, 2007, 239 p.
- Marie-Pierre Ballarin, Les reliques royales sakalava : source de légitimation et enjeu de pouvoir : (Madagascar, XVIIIe-XXes.), Université Paris 7, 1998, 526 p. (thèse d'Ethnologie)
- Robert Jaovelo-Dzao, Mythes, rites et transes à Madagascar : Angano, Joro et Tromba, Sakalava, Ed. Ambozontany, Antanarivo ; Karthala, Paris, 1996, 391 p. (ISBN 2-86537-666-4) (texte remanié d'une thèse d'Ethnologie)
- Jean-Christophe Tamisier, Larousse, (ISBN 2-03-720240-7).
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Sitographie
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- Tonga soa amin' ny ZOMARE - Sakalava
- Notes sur la représentation de la sexualité dans la société sakalava du Menabe
- Sakalava — Wikipédia