Recherche:Les fonds patrimoniaux des bibliothèques publiques/Approche historique des collections patrimoniales

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Toute présentation de fonds patrimoniaux, ou de la bibliothèque les conservant, commence par une histoire des collections. C'est indispensable pour justifier leur hétérogénéité. Mais surtout, c’est une conséquence du lien entre patrimoine et mémoire. Or les différentes histoires de fonds et de bibliothèque patrimoniales se ressemblent beaucoup. L'objet de ce cours est de dégager le canevas et les principaux lieux communs de toute histoire de collection patrimoniale, de la Révolution aux années 1950.


La Révolution et ses conséquences modifier

Le patrimoine livresque français trouve généralement son origine dans les nationalisations opérées pendant la Révolution française (appelées aussi confiscations, selon le point de vue). Cet évènement donne à la carte française des fonds patrimoniaux sa singularité : dans d'autres pays le patrimoine livresque est surtout présent dans des bibliothèques universitaires ou d'ordres religieux.

Selon le vœu de l'abbé Grégoire, les livres et œuvres d'art confisqués sont destinés à l'instruction de la nation. Sont concernées les bibliothèques :

  • du clergé (bibliothèques de couvents, monastères, séminaires, cathédrales)
  • d'institutions supprimées par la Révolution (académies et universités)
  • de particuliers (biens des condamnés à mort et des émigrés)

Les collections confisquées sont d’abord conservées dans des dépôts littéraires, un par district. En 1803, un décret du consulat impose aux communes d'entretenir une bibliothèque publique à qui sont confiées ces collections qui restent propriété de l'État.

Ces collections rejoignent parfois celles de bibliothèques publiques existant avant la Révolution, qui dépendaient des villes (Nancy) ou des ordres religieux (couvent des Cordeliers à Troyes)

Les collections ainsi constituées subissent, de la Révolution à la Restauration, de lourdes pertes :

  • Disparitions et vols dans les dépôts littéraires
  • Vente des doublons (entendus au sens large) et des ouvrages ne correspondant pas au but d'instruction du public (liturgie, droit canon...)
  • Restitutions aux émigrés de retour en France, à l'Église pour la reconstruction des bibliothèques de séminaire
  • Constitution des bibliothèques de lycées
  • Envoi des ouvrages les plus précieux à la Bibliothèque nationale

Sommeil digestif modifier

Pendant longtemps la principale activité des bibliothèques publiques est de conserver, cataloguer et communiquer les collections issues des nationalisations. Pourtant, les enrichissements de cette période sont décisifs pour la physionomie actuelle des bibliothèques.

  • Les nombreuses donations et legs d'érudits constituent ou complètent le fonds local (documentation sur la ville, sur la province d'Ancien Régime)
  • Les donations et legs de bibliophiles et autres collectionneurs créent des embryons de collections originales
  • Les bibliothèques bénéficient de concessions ministérielles : des ouvrages publiés ou acquis par un ministère en vue d'une répartition gratuite. Les concessions ministérielles sont juridiquement des fonds d'État.
  • Suite à la séparation de l'Église et de l'État en 1905, les bibliothèques des paroisses, évêchés et séminaires sont nationalisées et confiés à des bibliothèques publiques. Cet enrichissement concerne encore les fonds d'État.
 
Le comte Libri

Cette période est également marquée par de grandes catastrophes : des bibliothèques entières sont détruites pendant les deux guerres mondiales. Ces destructions sont souvent suivies d'un effort de reconstitution des collections. De nombreuses bibliothèques ont aussi souffert des vols du bibliophile Libri.

Si les collections évoluent peu, le regard qu'on porte sur elles change, suivant l'évolution des mentalités. À l'issue de la Révolution c’était surtout leur caractère inadapté au souci d'instruction publique qui frappait. Un siècle plus tard, on a pleinement conscience de la valeur de ces collections qu'on considère désormais comme patrimoniales. Le modèle de la bibliothèque savante domine, tout en suscitant de vives critiques.


Cette histoire commune des fonds patrimoniaux de bibliothèques cesse après la Deuxième Guerre Mondiale. la deuxième moitié du XXe siècle est marquée par les phénomènes suivants :

  • L'essor de la lecture publique éloigne les érudits des bibliothèques : legs et donations se raréfient.
  • L'enrichissement du patrimoine tient désormais beaucoup à la volonté des villes.
  • La perception du patrimoine continue à évoluer : il est de plus en plus considéré sous l'angle local uniquement.