Recherche:Les fonds patrimoniaux des bibliothèques publiques/Désacidification de masse
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La désacidification de masse fait son apparition dans les années 1970, dans le cadre de la modernisation des techniques de conservation des collections des XIXe siècle et XXe siècle. Cette pratique, qui consiste à traiter l’acidité des livres en grand nombre sans les dérelier, est souvent considérée comme le progrès technique le plus important en matière de conservation du papier.
Rappel sur le procédé
modifierPlusieurs étapes
modifierOn utilise généralement une solution active solubilisée ou dispersée dans un solvant organique ou dans l’eau. Les documents sont alors immergés dans la solution pendant plusieurs dizaines de minutes puis séchés sous un flux d’air chaud, ou sous vide dans une étuve ventilée. Cette étape peut durer plusieurs jours afin d’assurer l’évaporation complète des solvants. L’oxyde de magnésium présent dans les fibres du papier après évaporation des solvants constitue une réserve alcaline qui assure la neutralité du papier et sa stabilité à long terme.
Les effets secondaires
modifierL’usage des solvants n’est pas sans causer des effets indésirables tels que l’assèchement des cuirs, la solubilisation de certaines encres, l’irisation sur les papiers glacés ou encore la rétractation de certaines reliures. Néanmoins ces problèmes ne concernent que 2 à 3 % des collections et peuvent souvent être évités par un tri préalable des ouvrages.
Le seul inconvénient qui semble inévitable malgré le procédé utilisé concerne les ouvrages reliés. Un dépôt de poudre blanchâtre peut se former sur les plats ainsi que les premiers et derniers feuillets. Ce dépôt peut être facilement enlevé par brossage ou aspiration.
Un traitement préventif
modifierSi la désacidification de masse est très efficace pour stabiliser les papiers acides en cours de dégradation, elle ne permet pas pour autant de récupérer les propriétés physiques d’un papier fragilisé, au contraire. Dans les cas de papiers très acides et très dégradés, ce procédé s’avère inutile. On pourra faire une exception pour un document de grande valeur mais la désacidification devra alors être accompagnée d’un renforcement. Ainsi, la désacidification de masse relève plus de la conservation préventive que curative.
Les principaux procédés utilisés dans le monde
modifierDe la rationalisation des coûts à la diminution des effets secondaires, de nombreux progrès ont été réalisés en ce qui concerne la désacidification de masse depuis la parution du rapport Caillet en 1979. Les procédés ont largement été améliorés et de nombreuses sociétés privées se chargent désormais de cette opération au même titre que les départements de certaines grandes bibliothèques patrimoniales.
Bookkeeper
modifierBookkeeper, propriété de la société américaine Preservation Technologies, L.P., est utilisé par la Bibliothèque du Congrès, les archives secrètes du Vatican ou encore la Bibliothèque Nationale du Québec.
Battelle Papersave & Papersave Swiss
modifierBattelle Papersave , de la société Becker Technologies, a quant à lui été adopté par les bibliothèques et archives allemandes. Ce procédé a d’ailleurs été repris et amélioré par la Bibliothèque Nationale (BN) et les Archives Fédérales suisses (AF) en partenariat avec Nitrochemie Wimmis AG sous le nom de Papersave Swiss .
Bückeburg
modifierFilmolux, filiale de Neschen, est en contrat avec les Archives françaises et l’Institut Géographique National pour l’exploitation du procédé Bückeburg .
Sablé
modifierEnfin, la BnF a mis en place dès 1984 son propre procédé de désacidification de masse sur le site de Sablé-sur-Sarthe.
Une étude comparative détaillée de ces procédés est disponible dans le numéro 22 de la lettre professionnelle de la BnF « Actualité de la Conservation ». Néanmoins, les résultats montrent qu’il n’y a pas de remède miracle, tous ces procédés ayant leurs avantages et leurs inconvénients au niveau chimique, physique ou mécanique.
Des limites budgétaires
modifierLes limites de ce traitement restent essentiellement financières. Les documents concernés par la désacidification, en majorité édités entre 1870 et 1950, représentent la plus grande partie des collections patrimoniales. En conséquence, aucun établissement n’a pu à ce jour mettre en œuvre les moyens humains et financiers suffisants pour faire face à la quantité de documents à traiter. Devant l’ampleur de la tâche, il est indispensable d’établir des priorités de traitement en phase avec sa politique de conservation.
Bibliographie
modifier- Buisson, Nathalie, « Les principaux procédés de désacidification de masse : situation en 2004 », Actualités de la conservation, janvier-juin 2005, no 22-23
- Buisson, Nathalie ; Lefebvre, Alain, « La désacidification au centre de Sablé », Actualités de la conservation, janvier-juin 2005, no 22-23.
- Nguyen, Thi-Phuong ; Vallas, Philippe, « La conservation des documents papier : Point sur l’évolution des techniques et des stratégies », BBF, 2006, no 04, p. 11-21 [en ligne] <http://bbf.enssib.fr> Consulté le 29 avril 2008