Recherche:Les fonds patrimoniaux des bibliothèques publiques/Parchemin et cuir

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Le parchemin et le cuir ont la même origine commune : il s’agit de peaux d’animaux qui ont subi divers traitements afin d’être utilisées comme supports de l’écriture. Au Moyen Âge, ces techniques sont très utilisées. Toutefois, parchemin et cuir ne sont pas traités de la même manière. Le parchemin se distingue du cuir par le traitement reçu.

Le cuir modifier

Il faut d’abord savoir que la peau est constituée de trois couches :

  • L’épiderme, qui est en contact avec l’extérieur et subit les agressions,
  • Le derme, qui est la couche de cellules vivantes, organisées en un tissu très serré : c’est le lieu de naissance des poils et c’est dans cette couche que sont présentes les terminaisons nerveuses.
  • L’hypoderme, qui est une couche de cellules graisseuses : c’est un tissu lâche qui est directement en contact avec les muscles.

Les peaux utilisées modifier

On constate une prédominance des peaux provenant de bovins (principalement des bœufs), mais surtout d’ovins (moutons, chèvres,…). Les peaux de porc et cerf sont exceptionnellement utilisées à des fins textiles. Les meilleures peaux sont celles de jeunes animaux. La plus réputée est le vélin, la peau d’un veau mort-né, qui donne un parchemin de qualité supérieure. Le travail sur les peaux consistent à les rendre imputrescible (c’est-à-dire les empêcher de pourrir) et propres à être un support de l’écriture.

Les techniques modifier

Au Moyen Âge, les peaux sont prélevées directement après l’abattage des bêtes chez le boucher. Elles sont confiées aux tanneurs qui effectuent le "tannage" des peaux : c’est la technique qui permet de transformer la peau brute en cuir souple, résistant et imputrescible. Le tannage (et le traitement des peaux d’une manière plus générale) est une activité nauséabonde : les plans des villes du Moyen Âge nous montrent que les tanneurs étaient souvent cantonnés à l’extérieur des murs de la ville. La peau subit ce que l’on appelle le travail de rivière, qui se divise en plusieurs étapes : Il s’agit de tremper les peaux dans des cuves de bois, ce qui les nettoie et les assouplit, et on effectue un rinçage en eau courante. On débarrasse la peau de ses impuretés, c’est ce qu’on appelle le reverdissage. Vient ensuite l’étape du pelanage : les peaux sont trempées dans des fosses creusées dans le sol (que l’on appelle des palains) où elles baignent dans une solution de chaux qui permet de dégraisser les peaux, de faire gonfler le cuir et d’affaiblir le follicule pileux. Les peaux sont enfin épilées (épilage) et écharnées (écharnage), c’est-à-dire que l’on retire les poils, la chair et la graisse sur l’autre face avec des racloirs. Il est essentiel d’enlever tous les déchets de la peau afin que celle-ci ne pourrisse pas. Au Moyen Âge, les poils récupérés sont utilisés pour la laine de qualité médiocre ou pour rembourrer des sièges. Toutes ces étapes sont réalisées dans le but de rendre les peaux plus résistantes tout en conservant leur souplesse. Le tannage, étape essentielle du traitement du cuir, transforme la peau en cuir grâce à des tanins. Au Moyen Âge, les peaux subissent en général un tannage végétal : les peaux sont saupoudrées d’écorce de chêne (parfois de sapin), placées dans des auges rectangulaires, profondes de 70 centimètres à 1,30 mètre et recouvertes d’eau. Elles y restent plusieurs mois.

Le parchemin modifier

Le parchemin se distingue du cuir par le traitement reçu : la peau n’est pas tannée, mais dégraissée et tondue, puis tendue sur un support où elle est nettoyée et séchée. Elle peut en outre, selon la qualité désirée, être poncée ou recevoir un apprêt, par exemple une couche de craie, afin de présenter un aspect plus lisse.

Historique modifier

Au IIe siècle avant J.-C., la bibliothèque de Pergame rivalisait avec celle d’Alexandrie. D’après Pline, le parchemin aurait été inventé à Pergame pour remplacer le papyrus lorsque Ptolémée Epiphane en eut interdit l’exportation vers cette ville d’Asie Mineure. Le mot « parchemin » viendrait de « Pergame ». En réalité, le parchemin semble avoir été connu en Asie plusieurs siècles auparavant. Le parchemin est utilisé couramment en Gaule à partir du VIIe siècle : il apparaît en 667 dans la chancellerie franque. Il y supplante définitivement le papyrus au IXe siècle. Il devient alors le seul support souple d’écriture utilisé jusqu’à l’apparition du papier au XIIIe siècle, mais restera d’un usage courant jusqu’au XVIe siècle.

Les techniques modifier

Le parchemin est vraisemblablement le résultat de la lente amélioration d’une technique qui abandonne peu à peu le tannage. Son mode de fabrication se divise en plusieurs étapes :

  • le pelanage : la peau est tout d’abord trempée dans un bain de chaux pendant plusieurs jours ce qui permet d’extirper les poils. On élimine l’épiderme, seul le derme doit être conservé.
  • L’effleurage : la peau est raclée soigneusement à l’aide d’instruments métalliques, des « couteaux ronds » ou racloirs, afin d’ôter le reste de chair et de graisse et d’araser le grain.
  • Le rinçage: la peau est ensuite rincée à grandes eaux.
  • Le séchage : la peau est fermement tendue et étirée sur des chevalets inclinés pour sécher lentement : la tension modifie la structure du derme, rendant le côté chair aussi lisse que le côté poil (également appelé « côté fleur »). La peau est très soigneusement écharnée, afin qu’elle ne pourrisse pas.
  • Le ponçage du « côté poil » : une fois séchée, la peau est polie à la pierre ponce. La préparation terminée, le parchemin présente une différence de couleur et de texture entre le « côté poil », d’aspect mat et pelucheux, et le « côté chair », d’aspect plus ou moins glacé. Le parchemin ainsi préparé est donc utilisé en rouleaux (il a une tendance naturelle à s’enrouler sur lui-même, sur le côté poil qui a été travaillé). On ne peut écrire que d’un seul côté. Les feuilles sont cousues les unes aux autres. Il en existe plusieurs sortes :

Le volumen (« chose enroulée » en latin), sur lequel le texte est copié parallèlement au grand côté de la bande de parchemin. Le rotulus (« rouleau »), sur lequel le texte est copié perpendiculairement au grand côté de la bande de parchemin.

  • Le ponçage du « côté chair » : les parcheminiers ont parfois poursuivi le travail de préparation jusqu’à ce que les deux côtés aient la même apparence. Un ponçage minutieux ou un ajout de craie sur la surface permettait de blanchir ce côté, naturellement plus jaunâtre, permettant l’écriture au recto et au verso. On dit alors que le parchemin présente un aspect « chamoiné ». Ce procédé a pour conséquence de toujours mettre en vis-à-vis des côtés de même nature. Reliées entre elles, elles forment des cahiers : on parle de codex.

Toutes ces opérations demandent 6 à 12 semaines de travail. Par conséquent, le parchemin est extrêmement onéreux.

Les avantages et les inconvénients modifier

  • Les avantages : On trouve la matière première partout et c’est un matériau solide. Le codex a considérablement amélioré l’utilisation du parchemin : comme on peut écrire au recto et au verso, un codex contient le texte de plusieurs rouleaux.
  • Les inconvénients : le coût de fabrication d’un livre est élevé. La matière première est chère : on tire d’une peau de veau ou de mouton un maximum de seize feuillets de petit format. Un livre de dimensions moyennes réclame une quinzaine de peaux. Le travail du parcheminier est long, celui du copiste l’est encore plus (il faut plusieurs mois pour copier un ouvrage, parfois même plus d’une année). Il n’est pas rare de gratter, poncer ou laver un manuscrit, de manière à écrire un nouveau texte par-dessus : c’est ce qu’on appelle un palimpseste (du grec palimpsêsto, « gratté de nouveau »).