Recherche:Modèle anthropologique simplifié

Modèle anthropologique simplifié

Toute réaction ou commentaire par rapport à ce travail de recherche sont les bienvenus sur cette page de discussion.

Cette page fait partie de l’espace recherche de Wikiversité et dépend de la faculté socio-anthropologie. Pour plus d'informations, consultez le portail de l'espace recherche ou rendez-vous sur l'index des travaux de recherche par faculté.
Ce travail de recherche est rattaché au département Anthropologie physique.
Recherche de niveau 17.


Le modèle suivant a été établi par Jean-Pol Martin, professeur de FLE à l'Université Catholique d'Eichstätt (Allemagne) dans le cadre de sa thèse de doctorat d'État (Habilitation). Ce modèle intègre plusieurs modules et fournit la base anthropologique de la méthode d'enseignement Lernen durch Lehren, équivalent de l'école mutuelle, implanté dans le système scolaire et universitaire allemand depuis 1987.

La pyramide des besoins fondamentaux (Maslow, 1954)

modifier

Ce modèle bien connu catégorise et hiérarchise les besoins fondamentaux. Les groupes suivants sont à distinguer (les besoins physiologiques constituent la base de la pyramide):

  • besoins physiologiques (manger, respirer, se reproduire, ...)
  • besoins de sécurité (santé, emploi, propriété, ...)
  • besoins d'appartenance (amis, groupe, amour, ...)
  • besoins de réalisation des potentialités (créativité, résolution de problèmes, ...)
  • besoins de transcendance (spiritualité, ...)

Dans une version stricte: pour pouvoir penser aux besoins situés à un niveau donné de la pyramide il est nécessaire que les besoins du niveau immédiatement inférieur soient satisfaits. En réalité ce modèle permet de décrire une dynamique entre les différents niveaux. Par exemple, pour réaliser ses potentialités, on peut mettre de côtés ses besoins de sécurité.

Le mobile du « contrôle » ou de la « maîtrise », mobile prépondérant du comportement humain (Martin, 1994)

modifier

On peut partir du principe que toute action accomplie par un être vivant a pour fonction de lui assurer le contrôle de son espace de vie. Le contrôle peut être défini comme une capacité multidimensionnelle à maîtriser sa vie. La vie humaine doit, dans son développement, constamment faire face à des changements de situation, des manques et donc à une perte de contrôle physique ou cognitif. Le contrôle, dans ses multiples aspects, permet la survie de l'espèce. La plupart des actions de la vie peuvent être justifiée par le besoin de contrôle. À titre d'exemple, les besoins fondamentaux décrits par Maslow peuvent être vus comme une manifestation de la tentative de maintenir ou d'accéder au « contrôle ».

  • besoins physiologiques: maîtrise du maintien de sa propre vie (manger, boire) ou de l'espèce (reproduction)
  • besoins de sécurité: maîtrise des conditions de logement, maîtrise des revenus, maîtrise de la sécurité physique
  • besoins d'appartenance sociale: l'appartenance à un groupe renforce la capacité à maîtriser sa propre existence
  • besoins de reconnaissance sociale: la reconnaissance par le groupe donné de l'énergie à l'individu, ce qui lui permet de mieux maîtriser son existence
  • besoins de réalisation des potentialités: extension des domaines de contrôle
  • besoins de transcendance: contrôle du sens de la vie en donnant à l'homme une finalité et contrôle de la peur devant la mort

Le traitement d’informations est un besoin fondamental et l’instrument de base pour la réalisation du « contrôle » (Martin, 1994)

modifier

Le traitement d'informations par un organisme (un homme) permet la synchronisation constante de son comportement avec son environnement. Si aucune information n'est traitée, alors l'organisme se découple de son environnement, ce qui aboutit à une perte du contrôle, et donc à sa capacité à survivre. Comme l'alimentation ou la reproduction, le traitement d'informations est source de plaisir, incitant l'individu à réaliser ses fonctions sans lesquelles il ne serait viable. Si l'information traitée correspond en quantité (ni trop d'informations, ni trop peu d'informations) et en complexité (ni trop simple, ni trop complexe) à mes attentes, alors elle sera appréhendée par mon cerveau de façon très positive et sera une source de satisfaction. Le traitement d'informations peut être considéré comme un besoin fondamental.

Antinomies comme instrument de « contrôle » (Martin, 1994)

modifier

L’individu est soumis à un champs antinomique de besoins, tels que le besoin de s’intégrer dans un groupe, mais aussi de préserver son individualité, de se plier à certaines contraintes mais aussi de préserver sa liberté, de satisfaire ses émotions mais aussi de faire travailler son intelligence, etc. Dès qu’un besoin, par exemple celui de liberté, est satisfait, aussitôt le besoin antinomique, c’est-à-dire celui d’une certaine contrainte, se fait sentir. Cette structure antinomique implique que la satisfaction d’un besoin donné contient potentiellement la non-satisfaction du besoin opposé. La connaissance des besoins fondamentaux de l’homme et de la structure antinomique des besoins facilite la compréhension de son comportement. Cette connaissance peut ainsi contribuer à améliorer sa capacité personnelle à maîtriser son rapport aux autres et aussi à soi-même.

Liste de couples antinomiques: les premiers termes correspondent à une perte de contrôle et les seconds à une acquisition de contrôle: Impuissance/Contrôle; Chaos/Ordre; Flou/Clarté; Complexité/Simplicité; Différenciation/Intégration; Individu/Société; Liberté/Contrainte; Concret/Abstrait; Émotion/Cognition

Élargissement du champ de « contrôle » par une attitude exploratrice (Dörner, 1983)

modifier

L’attitude exploratrice peut être décrite schématiquement comme un cycle: attitude exploratrice → carte cognitive enrichie → confiance en soi → attitude exploratrice → etc.

L’attitude exploratrice est caractérisée par une tendance à rechercher des situations inconnues, nouvelles. Les expériences réalisées sont transformées en schémas abstraits enrichissant la carte cognitive de l’individu. Plus les expériences sont nombreuses, plus le nombre de schémas sera grand et plus la carte cognitive sera riche. Une carte cognitive plus riche permet de contrôler un nombre plus important de domaines et de traiter de nouvelles impressions avec une meilleure stabilité émotionnelle. Le sentiment de contrôle se consolide, la confiance en soi et l’assurance grandissent et ainsi la disposition à s’engager dans des domaines non encore connus est renforcée.

Une attitude exploratrice est récompensée par l'état de « flow » (Csikszentmihalyi, 1999): le sentiment de « flow » peut se décrire comme l’impression d’être transporté entièrement dans une action, de faire corps avec elle. On peut éprouver cette sensation en faisant de la voile, de l’équitation ou en tenant une conférence suivie très attentivement par les auditeurs. C'est un état de concentration ou d'absorption complète dans une activité, un état émotionnel bénéfique qui combine les défis et les compétences.

Conditions qui doivent être réalisées pour déclencher ce sentiment :

  • l'impression de s'aventurer en terrain inconnu, découvrir de nouvelles choses
  • une situation dont l'issue est incertaine, et dont on est responsable
  • une situation dans laquelle il faut résoudre des problèmes et surmonter des difficultés
  • une situation qui exige de mobiliser toutes ses ressources
  • l'impression de dépassement de soi
  • la maîtrise d'une situation précaire et à risque