Recherche:Pastech/241-3 Ascenseur

Devenu l'un des transports le plus utilisé au monde durant le siècle dernier[1], l'ascenseur (du latin ascensum, ascendere : monter[2]) n'a pas fini d'habiter nos immeubles, de nous faire monter ou descendre ou bien d'influencer le paysage urbain. C'est un "appareil élévateur permettant de transporter des personnes dans une cabine se déplaçant entre des guides verticaux, ou faiblement inclinés sur la verticale"[3]. Son ancêtre, le treuil à bras, inventé par les égyptiens vers -3000 (et non par Archimède comme on le pense souvent), a traversé les âges pour donner le modèle d'ascenseur moderne que l'on se propose d'étudier ici. Cependant, même si cette traversée s'est faite sans presque aucun majeur changement ou évolution de technologie, elle n'a pas échappée aux changements constants d'usages. Passant de monte-charges pour constructions à monte-personnes pour gladiateurs, rois, reines, mineurs et à présent nous-mêmes, cette invention s'est encrée dans nos sociétés de manière permanente comme une "construction sociale" partagée et dominante.

Nous nous proposons donc d'étudier ce système en déterminant de quelle manière l’ascenseur s’est imposé comme technologie paradigmatique, sans évoluer dans sa technique fondamentale, mais dans son usage et ses représentations.

Nous rappelons que dans notre projet, cet aspect "paradigme" de l'objet étudié est crucial. On pourrait définir un paradigme comme étant un "procédé qui consiste à examiner un exemple concret dont il est possible de tirer des conséquences plus larges."[4] ou bien une vision du monde commune et dominante.

Pour conduire notre analyse, nous présenterons d'abord la trajectoire technique de l'ascenseur, en montrant que c'est une technique simple qui s'est installée de manière durable dans le temps. Ensuite, nous montrerons que, même si sa technique permet d'expliquer pourquoi une autre technique n'est pas apparue, différents acteurs interviennent aussi en gardant le monopole de l'innovation sur celle-ci. Enfin, nous comparerons cette évolution stagnante de la technique, avec les grands changements qu'a subit l'usage de l'ascenseur au cours des deux derniers siècles et les raisons de ces changements.

Sommaire et menu de navigation modifier


 SommaireTrajectoireActeursUsageConclusion

La trajectoire technique de l’ascenseur modifier

Présentation du modèle technique de l’ascenseur modifier

Présentation des modèles précurseurs, de leurs inventeurs, et des éléments qui n’ont pas évolué modifier

 
Schéma d'un treuil datant de l'Antiquité.

Depuis l'Antiquité, les Hommes cherchent un moyen mécanique leur permettant de réduire considérablement les efforts nécessaires au déplacement de charges verticalement. C’est ce qui a donné naissance au premier ancêtre de l'ascenseur: le treuil. C'est un dispositif de levage mécanique permettant de commander l'enroulement et le déroulement d'un câble capable de porter ou de tracter une charge. D'après l'architecte romain Vitruve, la découverte du treuil serait l'œuvre d'Archimède en l'an 236 avant JC. Néanmoins, d’après les recherches historiques de Michel Chalaux, un ingénieur conseil en ascenseurs, l’invention du treuil remonterait à l’époque des égyptiens vers 3000 ans avant J C. Ces derniers n’auraient pas pu construire les pyramides sans le moyen de manutention qu’on appelle le treuil à bras[5].

Des archéologues ont également trouvé au Colisée et dans les Palais des Césars, des gaines verticales correspondant, vraisemblablement, à l’installation de monte-charge à contrepoids datant de l’an 80 avant J-C (époque de Domitien). Cet autre ancêtre de l’ascenseur servait à l’époque de machine de cirque. En effet, pour assouvir leur passion des jeux, les Romains faisaient monter les gladiateurs et les animaux sauvages qu’ils devaient combattre dans l’arène grâce à des cabines hissées par un système rudimentaire de cabestan, de poulies et de cordes. Derrière les coulisses, dans les sous-sols du Colisée, huit esclaves devaient mouvoir la cabine à l’aide d’un cabestan (à câble), sur des ordres de marche donnés à l’aide d’une cloche. Ils poussaient par groupe de quatre deux roues actionnant un treuil, dont le mouvement par le biais de cordes faisait élever le monte-charge jusqu'à un plan incliné s'ouvrant directement sur le sable de l'arène. Des repères colorés sur le câble indiquent le lieu de stationnement de la cabine. La hauteur de levage pouvait atteindre 40 mètres ce qui est énorme pour l’époque. La cage, mesurant 180 cm sur 140, s'élevait sur près de 7 mètres. Les esclaves actionnant le système pouvaient soulever une charge d'environ 300 kg, s'ajoutant au poids de la cage elle-même de l'ordre de 500 kg. Ces infrastructures avaient une machinerie très complexe pour l’époque et permettait de réaliser des jeux de scènes à faire pâlir la majorité de nos théâtres modernes[5].

Nous pouvons ainsi constater que depuis l'antiquité jusqu'à aujourd'hui, l'ascenseur n'a pas connu une réelle évolution dans sa technique fondamentale, il a cependant connu de nombreuses évolutions d'usages, y compris durant cette période. Ce qui pourrait, entre autres, expliquer sa très grande utilisation dans notre société.

Présentation du modèle moderne modifier

L’ascenseur moderne peut être défini comme : un système électromécanique de levage, utilisé pour les personnes et le matériel. Ce sont des assemblages complexes d’éléments techniques mécanique, électrique voire électromécanique. Un ascenseur est un système dont l’installation doit prendre en compte de nombreux facteurs comme : la place disponible, la hauteur demandée, la stabilité et le risque de pollution des sols et des sous-sols, la fonction du bâtiment et les performances énergétiques. Ainsi, la production d'ascenseur est une production unitaire, coûteuse et complexe et les solutions techniques sont nombreuses. Les entreprises qualifiées pour l’installation d’ascenseur réalisent un travail de sur-mesure et ont un cahier des charges unique pour chaque ascenseur.

 
Ascenseur à traction par câbles (gauche) et ascenseur hydraulique (droite)[6]

Deux catégories de système de levage existent : le système de traction par câbles qui tracte la cabine et le système hydraulique qui propulse la cabine par le bas. Dans le premier cas, un moteur met en mouvement des câbles qui tractent la cabine et un contrepoids, ce dernier permet de réduire la force du poids de la cabine. Dans le deuxième cas, une pompe met sous pression de l'huile qui pousse un piston propulsant ainsi la cabine vers le haut.

Il existe de nombreux types de motorisations différentes pour répondre à plusieurs critères comme le rendement global, la performance énergétique et l’encombrement.

L’ascenseur est généralement composé d’une salle des machines où on retrouve le mécanisme de levage et une armoire de commande, que l’on pourrait qualifier de “cerveau électronique” de l'ascenseur. Cette dernière récupère les données des capteurs, contrôle l’affichage et gère les appels envoyés depuis les paliers. La salle des machines est de moins en moins essentielle car les mécanismes de levage deviennent de plus en plus compacts. La gaine est la structure dans laquelle la cabine de l'ascenseur, les câbles et le contrepoids se déplacent. Les rails et des coulisseaux se situent eux aussi dans la gaine et assurent le bon guidage de la cabine. Quand la cabine atteint une vitesse maximale ou que les câbles sont rompus, le frein parachute vient se refermer sur les guides, pièces extérieures à la cabine permettant son guidage, stoppant ainsi la chute de l’ascenseur[7].

Un système dont la technologie de base n'évolue plus mais qui continue de progresser grâce à des évolutions annexes modifier

L'ascenseur à traction par câbles : une technologie dominante modifier

L'ascenseur à traction par câble représente la grande majorité des ascenseurs du secteur tertiaire. Le même principe est exploité depuis des années : un moteur met en mouvement des câbles qui tractent une cabine et un contrepoids. Il y a 2 raisons principales qui expliquent la domination de l’ascenseur à traction par câbles sur le marché.

La première raison est la présence d’un contrepoids. L’ascenseur est entraîné naturellement par le poids du contrepoids lors de la montée et freiné naturellement lors de la descente. En effet, en utilisant l’énergie potentielle stockée avec l’altitude prise par le contrepoids, on réalise une économie d’énergie considérable. Le contrepoids réduit fortement la charge de la cabine quel que soit le système de motorisation. De plus, quand la charge de la cabine dépasse celle du contrepoids, on a un surplus d’énergie. En effet, la cabine entraîne le contrepoids et la descente est facilitée. Si l’ascenseur est muni d’un variateur de vitesse, dispositif utilisé pour contrôler la vitesse d'un moteur électrique, alors ce surplus d’énergie peut être renvoyé sur le réseau et être ainsi valorisé. 

La deuxième raison est la hauteur exploitable. En effet, pour un ascenseur à traction par câbles, elle n’est limitée que par la taille des câbles et la puissance de motorisation. En utilisant ce type d’ascenseur, la course verticale n’est pas vraiment limitée.

Il existe une seule autre technologie d’ascenseur qui se démarque sur le marché : l’ascenseur hydraulique. Ce type d’ascenseur exploite une pompe hydraulique, ils ont l'avantage de ne pas être très encombrant puisque qu’il n’y a pas besoin d'une grande salle des machines. Le système de levage se trouve juste en dessous de la cabine, c'est pourquoi ces ascenseurs sont souvent plus esthétiques car rien n'entoure la cabine. De plus, grâce à la pompe hydraulique, les déplacements sont plus fluides et précis que l’ascenseur à traction par câbles.

Néanmoins, ce type d’ascenseur consomme beaucoup plus d’énergie que son concurrent, principalement à cause de l’absence de contrepoids, il faut donc fournir beaucoup d'énergie pour lever la cabine. De plus, il faut des dispositifs de radiateurs de déperdition pour prévenir l’échauffement important de l’huile et un entretien régulier pour contrôler les pertes d’huiles. Les moteurs qui alimentent la pompe ont un rendement de l’ordre de 20 % tandis que les moins bons moteurs électriques utilisés pour la traction par câbles ont un rendement de 80%[6]. Ces ascenseurs ont une course verticale d'une dizaine de mètres, cette course est très limitée puisqu’il est compliqué pour une pompe hydraulique de pousser un piston sur une longue distance. Pour finir, l’installation des ascenseurs hydrauliques nécessitent de creuser le sol pour installer la pompe hydraulique ce qui peut entraîner une pollution des sols ou des problèmes de stabilité des sols.

En comparant l’ascenseur à traction par câbles à son seul concurrent : l’ascenseur hydraulique, on comprend bien que la traction par câble est de loin le compromis technique le plus pertinent. L'ascenseur hydraulique reste tout de même une option viable si l'esthétisme est recherché, il est donc plus utilisé dans le secteur privé. Il est important de rajouter qu'il serait trop complexe et couteux de remplacer les ascenseurs après l'amélioration de la technologie, cela joue surement sur la longévité du système de traction par câbles.

Le moteur principal de l'évolution de la technologie de l'ascenseur est l'incrémentation de petites améliorations et la rénovation.

Les améliorations annexes apportées à l'ascenseur ces dernières années modifier

Il existe de nombreuses solutions techniques pour motoriser un ascenseur. Ces solutions ont évolué ces dernières années pour maximiser les rendements. Un système de motorisation est composé d'une part d’un moteur électrique avec des outils de commandes et de régulation et d’une autre part d’un système d'entraînement mécanique de la cabine.

Les systèmes d'entraînement sont des réducteurs, dispositifs de transmission mécanique qui permettent d’adapter la vitesse et le couple entre la cabine et le moteur pour optimiser le fonctionnement de l’ascenseur. Les réducteurs sont des pièces intermédiaires, ils font donc diminuer le rendement mécanique du moteur. Le premier réducteur utilisé est le réducteur à vis sans fin. Le rendement mécanique du moteur couplé à ce réducteur a d’abord été de l’ordre de 20% mais avec le perfectionnement des lubrifiants et des méthodes de fabrication, il est aujourd’hui d’environ 65 %. Le réducteur appelé réducteur planétaire à cause de sa structure qui offre un rendement mécanique de 97% est aussi utilisé mais on le retrouve plus pour la fabrication d’escaliers mécaniques. Le réducteur à vis sans fin est encore très présent dans les installations mais aujourd’hui on réalise des ascenseurs “gearless” (sans réducteur), on parle aussi de système à attaque directe. Le rendement mécanique est alors de 100% puisqu’il n’y a pas d’intermédiaire entre la cabine et le moteur. Cette innovation a été rendue possible grâce à l’ajout des variateurs de vitesses qui ont pour rôle de contrôler la vitesse du moteur électrique, ainsi la présence de réducteur devient inutile. Le réducteur planétaire et le système “gearless” amènent à un rendement énergétique global similaire pour l’ascenseur de l’ordre de 80%. Néanmoins, le système “gearless” présente de nombreux avantages comme sa compacité, son poids réduit, le faible niveau sonore et surtout l’absence de salle des machines. Il est important de noter que les interventions de maintenance pour ce genre de système sont difficiles[6].

 
Moteur et système de transmission mécanique : Vis sans fin (gauche), treuil planétaire (centre), "gearless" (droite)[6]

On retrouve 2 types de moteurs électriques : les moteurs à courant continu et les moteurs à courant alternatif asynchrone et synchrone. Ces moteurs ont besoin d’un système de commande. Les moteurs à courant continu ont d’abord été contrôlés par des groupes Ward-Léonard. Avant, on utilisait des systèmes appelés groupe Ward-Léonard qui permettait de faire varier la tension. Maintenant, ces moteurs sont contrôlés par des variateurs électroniques de vitesse directement intégrés qui agissent sur la tension de sortie pour les moteurs à courants continus et sur la fréquence et la tension pour les moteurs à courant alternatif. Les variateurs de vitesse sont les dispositifs techniques pouvant renvoyer un surplus d'énergie sur le réseau électrique.

 
Rendement de différentes combinaisons de motorisation[6]

Ce graphique nous permet de constater que la motorisation la plus ancienne : courant continu couplé avec un réducteur à vis sans fin et un système de commande Ward-Léonard est la configuration la moins efficace. Le remplacement du système de commande Ward-Léonard par un variateur de vitesse a permis d’augmenter considérablement le rendement. Mais c’est l’optimisation des systèmes de réducteur qui permet d'élever le rendement énergétique global à 80%[6].

Dans le cas d'une motorisation récente et performante, c'est l'équipement auxiliaire qui consomme le plus c'est à dire l'éclairage, les moteurs de porte ou encore la ventilation. Ces consommations annexes sont dures à contrôler car elles dépendent du trafic. Ainsi, des études sont menés selon la fonction du bâtiment pour comprendre le trafic et ainsi optimiser le fonctionnement des équipements auxiliaires.

 
Graphique de la consommation de systèmes de motorisation et de gestion d'éclairage en KWh[6]

Le graphique ci-dessus a été réalisé grâce à une étude menée sur un immeuble de logement de 48 personnes disposant d'un ascenseur réalisant en moyenne 165 courses en une journée, les habitants réalisent donc en moyenne 3,4 courses par jour minimum (s'ils prennent l'ascenseur seul). Plusieurs motorisations ont été étudié avec et sans un éclairage automatique. Grâce à cette étude, on peut confirmer que l'ascenseur hydraulique est très énergivore, et que le variateur de vitesse permet de réduire la consommation, mais surtout que l'automatisation de l'éclairage permet de réduire la consommation d'un facteur 2[6].

Dans le cadre de cette étude, la motorisation et le système d'éclairage le plus économe entrainent une consommation de 500 kWh en une année. A titre d'exemple, un réfrigérateur accompagné d'un congélateur consomment eux aussi 500 kWh en une année, la différence étant que l'ascenseur est utilisé par une vingtaine de ménage[6]. Supposons maintenant qu'une personne de l'immeuble étudié, qui montait deux fois par jour chez lui au 3è étage situé à 20 mètres d'altitude, décide d'arrêter de prendre l'ascenseur et souhaite estimer l'économie d'énergie réalisée. L'ascenseur consommerait 10,4 kWh de moins (500 kWh / 48 habitants). Cependant, cet habitant va consommer environ 2,785 kWh (2 x 365 jours x 70 kg x 9,81 x 20 mètres) pour monter deux fois par jour les escaliers pendant un an. Ce calcul est réalisé avec beaucoup d'hypothèses on peut donc douter de sa fiabilité, cependant il permet de donner un bon ordre de grandeur. On peut conclure qu'avec les nombreuses innovations qui ont été réalisé pour l'ascenseur celui ci est devenu une technologie qui consomme peu d'énergie et qu'il ne faut pas avoir de scrupules à l'utiliser.

Ainsi, nous avons montré que le principe de base de l'ascenseur n'évolue pas car il est très adapté à la fonction de levage, difficile à modifier une fois installé et représente de loin le meilleur compromis technique. Cela n'a pour autant pas stoppé l'évolution technique car de nombreux progrès on été réalisé sur la motorisation de l'ascenseur et sur l'optimisation de l'équipement auxiliaire. Néanmoins, la technique n'est pas le seul facteur permettant d'expliquer l'évolution de l'ascenseur.

Les innovations que l'on pourrait apporter à la technique sont bloquées par différents paramètres et acteurs modifier

Un marché économique verrouillé modifier

La stagnation de la technique s’explique par des arguments purement techniques, comme expliqué précédemment. Cependant, l’évolution très discrète des petites incrémentations peut s’expliquer par d’autres facteurs. En effet, des aspects économiques peuvent y participer comme notamment la structure du marché économique des ascenseurs. Celui-ci est monopolisé par seulement quatre entreprises, ce qu’on appelle l’oligopole des ascenseurs.

Présentation des différents acteurs modifier

En effet, la connaissance du mécanisme de l’ascenseur est compliquée d’accès. Les entreprises la détenant se partagent donc une grosse partie du marché soit environ 85% des parts des actions dans le monde. Ces quatre gros groupes sont : OTIS, Schindler, Kone et ThyssenKrupp.

OTIS

 
Ascenseurs de la tour Eiffel réalisés par OTIS.

Le premier mondial est l’entreprise américaine OTIS. Elle a été créée en 1853 avec l’inventeur OTIS. Ce groupe est indépendant dans la production de ses ascenseurs, il possède plusieurs lieux de production dans le monde comme par exemple en France, aux États-Unis, en Chine ou encore au Japon. Elle est l’entreprise qui réalise le plus gros chiffre d'affaires chaque année, de l’ordre du milliard d’euros[8][9]. Pour donner des exemples d'œuvres, Otis a réalisé les ascenseurs de la tour Eiffel.

Schindler

Ensuite, nous retrouvons le groupe suisse Schindler, numéro deux mondial, créé en 1874. L’atout de cette entreprise est son autonomie assurée par sa branche maintenance. Elle répare et entretient ses ascenseurs elles-mêmes, ils ne dépendent donc pas d’entreprises extérieures. Elle recherche aussi la diversification, ce qui permet à ses clients de choisir le design de leur ascenseur[10][11].

KONE

Puis, nous avons en troisième position mondiale l’entreprise finlandaise KONE, créée en 1910. Elle est implantée dans plus de 60 pays, et propose différents services comme l’installation, la maintenance mais aussi la modernisation des ascenseurs. Ce groupe se distingue des autres par ses sites de test d’ascenseurs de grande hauteur. Ainsi, ils vont miser sur l’innovation et la recherche de l’amélioration des ascenseurs[12].

ThyssenKrupp

Enfin, le quatrième mondial est le groupe allemand ThyssenKrupp (TK). Créé en 1999, il est le dernier acteur à avoir intégré le marché de l’ascenseur. L’entreprise n’est pas aussi développée au niveau mondial que ses concurrents. Pour se distinguer, elle mise donc sur l’aspect qualitatif de ses produits et son engagement dans le respect de l’environnement[13].

Difficultés du marché oligopolistique modifier

Un marché de type oligopolistique impose certaines contraintes entre les différents acteurs principaux, notamment une concurrence déloyale. En effet, les quatre grandes entreprises citées précédemment possèdent la quasi-totalité du marché. La compétition entre ces gros groupes est donc très importante pour rester le leader mondial.

Dans cette situation, il peut être avantageux pour eux de passer des accords dans lesquels ils se partagent le marché équitablement. Mais une fois que cela est entré en vigueur, les grandes entreprises peuvent créer de nouvelles ententes comme empêcher toute nouvelle entreprise d’intégrer le marché, ou bien de fixer les prix de ventes très hauts pour maximiser leurs profits.

 
Logo de la commission européenne, organisation contrôlant le marché et le droit à la concurrence.

Cependant, une législation et une surveillance importantes existent pour empêcher notamment que ces accords aient lieu. En effet, en droit communautaire, les entreprises sont obligées de respecter le droit de la concurrence[14][15]. Il interdit les ententes qui ont pour but de restreindre la concurrence. L’article 101 du traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne stipule que les compagnies peuvent être sanctionnées si par exemple leur arrangement prévoit de fixer les prix de leur produit ensemble à prix relativement élevé, si il permet de limiter la production, ou encore si il a pour but d’empêcher l’arrivée de nouvelles entreprises sur le marché. Une législation similaire existe aussi dans le code du commerce en droit français[16].

La commission européenne a déjà sanctionné les quatre grands groupes ascensoristes. En effet, en 2007, elle a mis en évidence la présence d’ententes illégales entre les leaders qui a duré entre 1995 et 2004[17]. En effet, des accords avaient été passés pour fixer notamment les prix de vente très hauts. Les constructions publiques comme par exemple les hôpitaux ont vu les prix augmenter énormément, ce qui n’était pas acceptable. L’amende s’est élevée à environ un milliard d’euros, répartis entre les différentes entreprises en fonction de leur degré d’implications dans les ententes.

Explication de la stagnation des innovations apportées à l’ascenseur modifier

Comme nous venons de l’expliquer, la concurrence sur le marché de l’ascenseur devrait pouvoir s’élargir et nous devrions voir apparaître de nouvelles entreprises. Mais en réalité, malgré toute cette surveillance, le marché des ascenseurs reste fermé. En effet, OTIS, Schindler, KONE et ThyssenKrupp font tout leur possible pour rester les quatre grands leaders et ainsi continuer d’avoir une grande part de marché et donc de gros bénéfices. Pour eux, il ne serait pas avantageux de voir l’émergence de petites PME sur le secteur. Nous allons donc expliquer comment se passe en réalité le marché[18].

Les quatre gros groupes possèdent toute la connaissance sur le sujet des ascenseurs, et ont une expérience de plus de 100 ans pour certains. De plus, ce savoir leur donne une image de marque en qui les clients peuvent avoir confiance. Les petites PME ont donc du mal à se faire un nom et une place à côté de ces géants, elles ont donc du mal à se développer.

De plus, ces quatre leaders maîtrisent les différents circuits de distribution. Pour les entreprises émergentes, il est donc compliqué de passer des accords avec des usines de production pour lancer leur produit. Pour se faire connaître, elles doivent donc faire appel à des centres moins connus et sûrement de moins bonnes qualités, ce qui leur portent préjudice.

Pour continuer, l’oligopole de ce marché fait que chaque leader a un pouvoir d’achat conséquent. Les quatre grandes entreprises sont donc capables d’acheter toutes les petites entreprises émergentes mais aussi les gros groupes. Par exemple, en 2020, Kone, troisième mondial, a même tenté de racheter le numéro quatre mondial : le groupe ThyssenKrupp pour éliminer un concurrent. Ce fut un échec, l’entreprise allemande n’aurait pas cédé sa place à son principal concurrent[19].

Tout ceci permet à OTIS, Kone, ThyssenKrupp et Schindler de réguler l'arrivée de concurrents potentiels. Par conséquent, l’émergence de nouvelles incrémentations ou de nouvelles légères améliorations par d'autres entreprises est impossible. Celles-ci doivent obligatoirement venir des quatre grands groupes. En effet, les évolutions annexes qui peuvent arriver, comme par exemple les améliorations concernant la consommation énergétique des ascenseurs, proviennent uniquement des quatre géants de l'ascenseur.

L’ascenseur, une idée révolutionnaire, adaptée au fonctionnement de notre société et liée intrinsèquement à notre urbanisme modifier

Il existe d'autres raisons pour lesquelles les petites incrémentations ont eu du mal à apparaitre. En effet, la création en masse des ascenseurs et la course à la hauteur ont utilisé la technique de base sans chercher à trouver des nouvelles incrémentations, par soucis de temps.

Une course à la hauteur, entre gratte-ciels et ascenseurs modifier

« Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! », cette citation du mythe de Babel résume la tendance qui s'inscrit depuis toujours dans l'histoire architecturale de nos sociétés, celle de construire toujours plus haut. Certains diront que les Hommes ont toujours voulu s'élever pour toucher les cieux ou l'ont seulement fait par nécessité, pour remédier à l'urbanisation qui s'accélère. En effet, dès l'Antiquité, les Hommes cherchent à s'élever, à construire en hauteur. C'est tout d'abord un aspect religieux ou spirituel qui l'explique. On le voit chez les Égyptiens dès 2500 ans avant JC. En effet, les pyramides sont des moyens de se rapprocher des dieux pour obtenir le repos éternel[20]. Les cathédrales sont également un exemple de bâtiments conçus pour atteindre une hauteur extraordinaire. Mais ces bâtiments n'ont jamais eu pour but de loger des personnes ou juste de permettre de prendre de la hauteur.

 
Home Insurance Building Premier gratte-ciel construit à Chicago en 1885. il mesurait 42 mètres de haut

En France, bien avant la démocratisation des ascenseurs, on construit des immeubles Haussmannien à Paris. Ces immeubles construits à partir de la moitié du 19ᵉ siècle ne font pas plus de six étages. On voit ici que l'on construisait déjà des immeubles de grandes tailles pour l'époque avant l'invention des ascenseurs.

Mais si l’on regarde une époque plus contemporaine, la construction de gratte-ciels ou d'immeubles de grande hauteur IGH, l’ascenseur sera indispensable. Ainsi, la création de l’immeuble et le choix des propriétés de l'ascenseur installé vont de pair. Ainsi, les premiers gratte-ciels ou skyscraper ont vu le jour aux États-Unis, principalement à New-York et à Chicago après 1884. Les villes américaines étaient déjà composées de bâtiments à quelques étages, mais la forte croissance économique après la guerre de Sécession et le manque de terrain constructibles dans les grandes villes génèrent un besoin, celui de s'élever encore plus haut. Ce sont des immeubles de bureaux qui vont en premier s'agrandir. Le premier gratte-ciel était le Home Insurance Building comptait dix étages pour une hauteur de 42 m, il a donc été construit avec un ascenseur dès sa création, car les immeubles de plus de 6 étages étaient inutilisables sans cette technologie. On voit bien le lien intrinsèque qui lie le développement des ascenseurs et celui des gratte-ciels qui deviendront de plus en plus haut.

Si l’on s'intéresse aux prouesses techniques récentes, le Burj Khalifa construit en 2010 à Dubaï est le gratte-ciel le plus haut du monde à ce jour. Cette tour au centre de Dubaï tutoie les 830 mètres et a été inaugurée en janvier 2010, compte 57 ascenseurs qui permettent d’atteindre le 160e étage. Deux des 57 ascenseurs montent à 425 mètres en moins d’une minute, soit 10 m/sec, les ascenseurs du Burj Khalifa sont les six plus rapides ascenseurs du monde. Il faut donc moins d’une minute 30 pour atteindre le sommet. Les cabines à deux niveaux sont si rapides qu’il a été nécessaire de les pressuriser pour protéger les tympans des visiteurs[21].

Pour Emmanuel Paris, le Président de ThyssenKrupp Ascenseurs, les ascenseurs sont aujourd’hui si perfectionnés sur le plan technologique que les gratte-ciels ne pourront que s’élever à l’avenir. Il confirme ainsi la relation étroite entre l'augmentation de la taille des gratte-ciels avec la capacité des ascenseurs.

La création en masse d’immeubles durant l’après-guerre et l'exode rural sont rendus possible grâce à cette technologie modifier

Dès 1945, durant ce qu'on appelle l'après-guerre, l’enjeu est la reconstruction. Deux millions de logements ont été totalement ou partiellement endommagés, soit 15% du parc immobilier de 1939 et les trois quarts des destructions concernent les habitations des villes. Ainsi, il y a un réel problème de logement dans les villes qui débordent. En 1946, le recensement évalue 1 800 000 de logements surpeuplés. En plus de la destruction des habitats pendant la guerre, on ajoute l’exode rural et les effets du baby-boom. Les familles nombreuses se trouvent confrontées au manque de logement avec un nombre suffisant de chambres pour loger leurs enfants[22]. Le faible nombre de logements construits ou rénovés durant l'entre-deux-guerres n'a pas permis d’améliorer les immeubles déjà insalubres en 1914, ni de construire assez de bâtiments neufs. C'est pourquoi, en province, un immeuble sur huit est en mauvais état contre un sur cinq à Paris.

La construction de grand ensemble devient une priorité pour le ministère de la reconstruction urbaine, MRU. À cette époque, l'ascenseur est encore vu comme un produit de luxe, mais les années 1950 à 70 vont permettre de démocratiser cette technologie. Ainsi, entre 1955 et 1970, le patrimoine du logement a augmenté de 16% et la proportion de ménage propriétaire a augmenté de 28%[23]. Et cela est possible grâce aux financements de l'État, notamment sur la construction de HLM ou habitation à loyer modéré, neuf. Ces bars sont donc des immeubles à souvent plus de 6 étages qui sont équipés d'ascenseurs dès leur construction si celle-ci est postérieure à 1965.

Effectivement, dans les années 1960, l'urbanisation se renforce et la construction de grands immeubles de bureaux et d’habitation continuent, dans lesquels un ou plusieurs ascenseurs sont non seulement indispensables, mais également obligatoires. On entre ainsi dans les années de standardisation et d’industrialisation de l’ascenseur qui permettent à celui-ci des délais de production plus courts ainsi que des coûts, moins élevés, l’ascenseur devient de plus en plus performant grâce à des petites inventions comme celle de Roux-Combaluzier en 1967, deux ingénieurs qui font entrer l’électronique dans les ascenseurs.[24]

Le rôle des acteurs publics et des architectes modifier

Depuis 2019, en France, la loi Elan rend obligatoire l’installation d’ascenseurs dans les immeubles d’au moins trois étages. Ainsi, selon l’article R. 111-5 du code de construction et de l’habitation, chaque étage doit être desservi qu’il soit situé en étage ou en sous-sol[25]. De plus, cette loi stipule également que lorsque la présence d’un ascenseur n’est pas obligatoire dans les logements neufs et que le bâtiment comporte plus de 15 logements situés en étage, la conception du bâtiment doit permettre l’installation ultérieure d’un ascenseur sans modification de la structure et des circulations existantes[26].

Bien que cette nouvelle loi crée de nouveaux ascenseurs dans les immeubles neufs, la France est toujours en retard sur son nombre d'ascenseurs par rapport à ses pays européens voisins. Elle compte près de 560.000 ascenseurs pour 66,6 millions d’habitants, soit 8 ascenseurs pour 1000 habitants. 50 % de ces ascenseurs sont installés en région parisienne, De plus, on sait que 50 % des Français vivant en logement collectif n’ont pas d’ascenseurs[27]. Ce taux d'ascenseur par habitant place la France loin derrière l’Espagne et l’Italie qui possèdent respectivement 22 ascenseurs pour 1000 habitants et 16 ascenseurs pour 1000 habitants. Selon Pierre Hardouin, président de la fédération française de l'ascenseur de 2014 à 2018, c’est un réel paradoxe, car la France est un pays très urbanisé avec une population assez vieillissante.

Ainsi, si l’on compare le taux d’urbanisation de la France, 79,7 %, et de l’Espagne, 79,8 % (chiffres de 2016[28]), on constate que cette réelle différence sur le nombre d’ascenseurs par habitant ne s’explique pas. Selon l’ancien président de la fédération des ascenseurs, l’urbanisation de la France provient de la création des immeubles haussmanniens. Ainsi, dans la plupart des logements datant de la seconde moitié du XIXe siècle, il est impossible d’y installer des ascenseurs. Or, les villes espagnoles se sont développées après. C’est pour Pierre Hardouin une des façons d’expliquer une telle différence de nombre d’ascenseurs entre deux pays qui ont une démographie avec beaucoup de points communs[29].

L'installation de nombreux ascenseurs est un enjeu important pour la France, car une des préoccupations des politiques de notre époque est le maintien à domicile des personnes âgées. Or aujourd'hui, on sait qu'un immeuble sur 3 dispose d’un ascenseur et que trois Français sur dix auront plus de 60 ans en 2035, il est donc nécessaire que cette technologie soit installée en masse[29].

Le rôle des États est également d'améliorer les conditions de sécurité des ascenseurs. En effet, de nouvelles lois pour garantir la sécurité des usages et du personnel ont été mises en place en 2003 après de nombreux accidents d’usagers et d’agents d’entretien au début des années 2000, dont 10 % graves et quelques-uns très graves ou mortels. Ainsi, la loi Urbanisme et Habitat mise en œuvre le 2 juillet 2003 a pour but d'améliorer la sécurité des ascenseurs existants, d’assurer le contrôle et l’entretien des ascenseurs du parc français. Cela passe par : l'obligation de travaux pour les appareils installés avant le 24 août 2000, l’obligation de passer un contrat d’entretien au contenu minimal fixé par décret et l’obligation de réaliser périodiquement un contrôle technique de l’appareil, pour permettre de vérifier le bon état de fonctionnement et la conformité de l’appareil[30].

On voit bien que l'ascenseur joue un rôle vital pour notre société, il est impossible aujourd’hui de se passer de cette technologie et doit encore élargir son marché pour permettre une installation encore plus importante dans les immeubles et permettre ainsi l'accès à la mobilité des personnes en situation de handicap, des personnes âgées ou encore d'autres utilisateurs dans le besoin de cet outil. On comprend alors que le modèle technique de l'ascenseur ne cherche pas à évoluer et n'en a pas la nécessité, mais le nombre d'ascenseurs devrait plutôt augmenter pour pallier le manque que certains habitants ressentent dans des immeubles avec un ascenseur vétuste ou sans ascenseur.

L’évolution de l’usage de l’ascenseur grâce à de grands évènements historiques et à certaines innovations techniques mineures modifier

L’ascenseur, une technologie historiquement créée pour l’industrie modifier

Généralités modifier

 
Un manège à chevaux dans la mine de sel de Wieliczka en Pologne.

Les tout premiers véritables ascenseurs étaient utilisés dans les mines pour faire circuler le minerai et les ouvriers entre la surface et le fond des mines. Pour les utiliser, il fallait avoir recours à une machine d’extraction, c'est-à-dire une machine qui l’actionne et le met en mouvement.

Originellement, les premiers engins servant à l’extraction des produits d’une mine étaient de simples tambours sur lesquels venaient s’enrouler une corde et ils étaient manœuvrés à la main. Avec la nécessité de descendre toujours plus profondément sous terre, l’Homme a créé des appareils de plus en plus robustes et puissants. C’est ainsi que sont apparus les premières machines à extraction: les manèges ou baritels[31]. Du XVIIIe siècle jusqu’au début du XIXe, ces appareils étaient actionnés par des chevaux et permettaient ainsi de faire monter et descendre la cage d’ascenseur toujours plus profondément sous Terre. Les baritels étaient situés à une certaine distance de la bouche du puits.

 
Descente d'un cheval dans une mine.


Dans son ouvrage La Vie souterraine. Les Mines et les mineurs (1867)[32], Louis Simonin a bien mis en évidence le rôle indispensable de ces animaux, qui comme les ouvriers, ont connu les souffrances de la mine[33]: " Les chevaux […] sont descendus dans la mine attachés au câble, soit dans des filets, soit par des courroies. Quand cette manœuvre s’opère, ils ne font pas le moindre mouvement, transis d’effroi et comme morts. Arrivés dans la galerie, ils reprennent peu à peu leurs sens. Ces intelligentes bêtes s’habituent très vite à leur nouveau métier […]. On les soigne comme d’utiles serviteurs. L’écurie est vaste, bien aérée, la litière renouvelée souvent. Le foin, l’avoine, d’excellente qualité, garnissent les râteliers à l’heure des repas. Les chevaux deviennent gras et dodus […]. Mais une fois entrés dans la mine ils n’en sortent plus jamais. Ils y travaillent des années et y achèvent leur vie". Il faut également savoir que même si on désirait les remonter à la surface, le choc de la lumière pouvait les rendre instantanément aveugles.

Avec l’invention de la machine à vapeur, les chevaux ont peu à peu étaient remplacés par les machines d’extraction tel que nous les connaissons aujourd'hui. Il faut néanmoins savoir que les premières utilisations de la machine à vapeur de Watt et de Thomas Newcomen, servaient surtout à extraire de l’eau du fond des puits, et ce n’est qu'après 1800 que les machines d’extraction actionnées par la vapeur sont entrées massivement en fonction[34]. Ainsi, c'est l'électricité qui fournira la force motrice à ces machines au vingtième siècle.

Description de la cage d’ascenseur modifier

Les ascenseurs reposant sur des machines d’extraction à vapeur étaient suspendus à des câbles et une machine à moteur enroulait et déroulait ces derniers comme une bobine de fil pour faire descendre ou monter la cage.

Pour accéder à cet ascenseur, les mineurs se rendaient au "moulinage"[35], c'est-à-dire le lieu à la surface où on décharge les wagonnets pleins et où on encage les wagonnets vides. Pour prendre place dans la cage et accéder aux différents niveaux de la cage, qui étaient au nombre de 2 ou 3 selon les modèles, les ouvriers empruntaient des escaliers menant à des paliers.

Des portes métalliques en métal perforé protégeaient les mineurs d'une chute lors des mouvements de descente ou de remontée des cages. La descente s'effectuait dans le puits de retour d'air qui est équipé d'un clapet d'obturation. On pouvait également apercevoir une importante pièce métallique située sur le dessus de la cage et correspondant à l'attelage qui assurait la liaison entre la cage et le câble .

La descente durait environ une minute, ce qui était proportionnel à la profondeur des puits, et la vitesse maximale était de 8m/s[35]. Ces ascenseurs n’étaient pas sécurisés et provoquaient de nombreux accidents car ils présentaient un inconvénient majeur en cas de rupture du câble de suspension, chose qui n’était pas rare. En effet, les premiers câbles d'extraction étaient en fibres végétales (chanvre ou aloès). Ronds ou plats, ils étaient goudronnés pour résister à l'humidité. Leur principale qualité étant leur souplesse et leurs principaux défauts étant leur faible charge utile par rapport à leur poids et leur faible durée de vie. Ils seront peu à peu remplacés par des câbles en acier. Ces câbles étaient soumis à des normes d'utilisation et de contrôle strictes mais cela ne parvenait pas à limiter les dangers de rupture à cause des nombreux chocs lors de la prise en charge.

Les mineurs n’avaient néanmoins pas le choix et devaient monter chaque jour dans ces ascenseurs pour travailler et ce malgré les risques qu’ils encouraient à chaque fois.

A titre d'exemple, voici quelques données d'accidents dus à une rupture de câble ou à une chute de cage dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais[36].

Tableau présentant les accidents dus à une rupture de câble ou une chute de cage dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais
Date de l'accident Cause de l'accident Lieu de l'accident Nombre de mineurs tués
28 juillet 1869 Décrochage de cage Fosse Notre-Dame 11
3 février 1872 Chute de cage Fosse 1 à Bauvin 8
1876 Rupture de guides et collision de deux cages dans le puits. Fosse Soyez à Roost Warendin 13
19 janvier 1920 Chute d'une cage Fosse de Rœulx à Escaudain 17
11 février 1958 Rupture d'un arbre de treuil qui a entraîné la chute de la cage. Bure 510 de la Fosse no 4 - 5 des mines

de Drocourt à Méricourt

11
17 juin 1964 Rupture d'une barrière de sécurité dans une cage Puits no 5 ter de la fosse no 5 - 5 bis

- 5 ter des mines de Marles du Groupe d'Auchel-Bruay

5
24 mars 1969 Chute d'une cage Fosse no 10 des mines de l'Escarpelle du Groupe de Douai à Leforest 5

Néanmoins, en raison de tous ces accidents, Pierre-Joseph Fontaine[37], un technicien de la Compagnie des mines d'Anzina, inventa en 1845 un système de frein se déclenchant dès que les câbles ne sont plus tendus afin d’éviter les terribles accidents dans les puits de mines. Un ressort est maintenu par la tension des câbles et en cas de rupture, il libère quatre bras avec une pointe à chaque extrémité qui viennent se planter dans le boisage du puits de descente, bloquant ainsi la cabine et l'empêchant de s'écraser au fond avec les mineurs. Quatorze fosses de la compagnie des mines d’Anzina au nord de la France ont été équipées de l'invention de Pierre-Joseph Fontaine. De 1851 à 1859, dix-neuf ruptures de câble s'y sont produites, sans coût humain et ce grâce au bon fonctionnement du système de sécurité. Le système est ensuite introduit dans des mines à travers toute l’Europe.

L'usage de l'ascenseur a ensuite quitté les profondeurs des mines et les basses couches de la société pour s'élever vers les hauteurs des immeubles et de l'échelle sociale[38].

Les grandes avancées d’Otis : l’ascenseur parachute modifier

Cette trouvaille a aussi été réalisée en 1853 par Elisha Otis qui la transpose aux ascenseurs des édifices américains après une spectaculaire démonstration en public.

 
Illustration de la démonstration d'Otis au Crystal Palace en 1854.

Au début de l'année 1852, E.G Otis est engagé en tant que chef machiniste pour la firme Maize & Burns, un fabricant de lits installé à Yonkers, dans la banlieue de New York. Le patron de cette entreprise a vu son affaire se développer rapidement mais faute de place en longueur pour agrandir ses installations, il a dû ajouter des étages à son usine. Cette élévation du bâtiment rendait très difficile le transport d'un étage à l'autre des matériaux et des équipements nécessaires à la fabrication des lits. Bien que l'usine disposait de plusieurs monte-charges à poulie et corde, ces derniers n’étaient pas adaptés aux besoins de l’entreprise. En conséquence, de nombreuses surcharges avaient lieu régulièrement et provoquaient de nombreux accidents. C’est pour ces raisons que le responsable de l'entreprise, Josiah Maize, demande à Otis de mettre au point un système permettant de hisser les marchandises en toute sécurité d'un étage à l'autre. Le machiniste avait déjà réussi à bricoler un élévateur disposant d'un système de blocage en cas de rupture de la corde dans son ancien travail. C'est ce système qu'Otis perfectionne en 1852 pour Maize & Burns. Ceci marque la naissance du tout premier ascenseur moderne et à cette époque, il s'agissait d'un appareil à usage industriel.

Otis décida ensuite de rendre son invention publique et en fit la démonstration le 23 mars 1854 pendant l'Exposition universelle au Crystal Palace à New York qui fut accueilli par le public avec stupéfaction. Il installa son monte-charge à parachute au centre du hall d’exposition et, après avoir chargé la plate-forme de caisses, il y prit place lui-même et donna l’ordre de couper la corde avec une hache. La plateforme chuta de quelques centimètres puis s’arrêta. La tension étant libérée sur le mécanisme de parachute à ressort, ce dernier s’engagea dans les barres à cliquets, immobilisant la plateforme. Il montra ainsi à tous les spectateurs que l'ascenseur n'est plus dangereux et rompt avec la vision que les gens avaient associé aux ascenseurs des mines.

 
Dessin de Brevet d'un modèle d'ascenseur par Otis déposé en 1861.

“C'est parfaitement sûr, parfaitement sûr, parfaitement sûr », hurle alors, à trois reprises le démonstrateur. Grâce à cette performance, le grand public a ainsi commencé à assimiler l'ascenseur à la notion de “sécurité”. Néanmoins, beaucoup se méfient encore de cette invention et l’entreprise d'Otis ne prend réellement son essor qu’en 1857. A ce moment, Elisha Otis n'a vendu en tout et pour tout, depuis le milieu de l'année 1854, que 27 élévateurs, tous pour des usages industriels. De plus, comme chaque commande ne lui rapportait que 300 dollars, on ne peut pas vraiment dire que l'inventeur gagnait bien sa vie grâce aux ascenseurs. On peut donc constater que l'ascenseur n'a pas eu des débuts faciles, et ne s'est pas immédiatement imposé comme une innovation indispensable à la société car beaucoup l'assimilaient encore à la précarité des mines et avaient peur qu'une montée en hauteur ne se termine en descente aux enfers.

Cependant, Otis va petit à petit prendre une initiative qui va changer beaucoup de chose : démarcher les grands magasins et les hôtels afin de leur proposer des ascenseurs pour le transport des personnes. A force de démarches et de démonstrations dans son usine de Yonkers, il a fini par décrocher, en mars 1857, l'installation de l'un de ses appareils dans un grand magasin new-yorkais. Cette opportunité permet à la jeune fabrique de promouvoir les performances de leur annonce qui pouvait atteindre 1,20 mètre par minute. Cet ascenseur permettait de faire des allers-retours incessants à travers l'établissement sans avoir à emprunter les escaliers. A cette même période, de grands hôtels puis des bureaux ont commencé à s'intéresser à ce procédé. L'ascenseur devient alors un symbole de luxe et de grandeur qui le fait entrer dans une nouvelle ère[39].

La démocratisation de l’ascenseur civil modifier

 
Photographie du Haughwout Building, bâtiment où le premier ascenseur civil a été installé en 1857.

Les premiers exemplaires installés par Otis à New York et la propagation de la technologie aux États-Unis modifier

Le premier ascenseur civil a été installé en 1857, par Otis, dans un magasin du Haughwout building à New York. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'ascenseur ne fut pas bien accueilli par les clients de ce magasin et il fut fermé au bout de 3 ans seulement. En effet, les utilisateurs n’étaient pas rassurés à l'idée d'emprunter cet ascenseur et sa vitesse inférieure à un kilomètre par heure ne jouait pas en sa faveur. A cette époque, l'ascenseur était plus vu comme une attraction plutôt qu'un réel moyen de transport. Néanmoins, grâce aux avancées technologiques qui rassurèrent la population, tel que le système de freinage présenté par Elisha Otis en 1854 (cf "Les grandes avancées d'Otis : l'ascenseur parachute"), l'ascenseur s'imposa comme un symbole de luxe et fut petit à petit accepté par de nombreux clients. L'ascenseur trouva donc sa place dans de grands hôtels, des magasins ou encore dans des habitations luxueuses. La compagnie Otis avait déjà installé aux États-Unis 500 appareils en 1860 et 2000 à la fin des années 1870 (Otis lui-même mourut prématurément en 1861)[40].

La propagation de l’ascenseur en France, sous l'impulsion de Léon Edoux modifier

 
Photographie de l'ascenseur hydraulique de la tour Eiffel, lors de l'exposition universelle de Paris en 1889

En parallèle d'Elisha Otis, un autre homme français, nommé Léon Edoux, est à l’origine de l’ascenseur que l’on connaît aujourd’hui. Si son nom n’est pas rentré dans la postérité au même titre que Otis, son travail fut tout de même très important. C’est notamment grâce à lui que l’ascenseur s’est démocratisé en France et en Europe et c’est lui qui baptisa son invention "ascenseur". Léon Edoux est né en 1827 et est venu travailler à Paris dans les travaux publics. C'est en observant les grands chantiers haussmanniens qu’il eut l’idée de créer des monte-charges hydrauliques, pour pouvoir monter les matériaux de construction dans les immeubles. Léon Edoux déposa un brevet le 4 juin 1864. Lors de l’exposition universelle de Paris en 1867, Léon Edoux étendit son idée à l’ascenseur civil et mit en place les deux premiers ascenseurs hydrauliques civils. Un peu plus de 10 ans après les premiers ascenseurs d’Otis, le succès fut au rendez-vous : les deux ascenseurs transportèrent plus de 500 000 visiteurs tout au long de l’exposition. Mais le véritable tremplin pour l’ascenseur civil français fut l’exposition universelle de 1889. Léon Edoux collabora avec les fils d’Elisha Otis pour créer l’ascenseur de la tour Eiffel, qui resta en fonctionnement sous cette forme, jusqu’en 1982. Par la suite, Léon Edoux deviendra un des premiers à installer des ascenseurs électriques en France, sur la base des modèles américains de Otis et Allemand de Siemens AG. Finalement, Léon Edoux mourut en 1910, sa société fusionna par la suite avec celle d'Otis, et le nom de Edoux disparut peu à peu[41].

Les différentes trajectoires du 20ème siècle à aujourd'hui modifier

Trajectoire à l'échelle française modifier

Après les inventions conjointes d'Otis et Edoux en France, c’est l’ascenseur électrique civil qui s’imposa, notamment dans le milieu du luxe et dans les grands palaces parisiens. Mais il va falloir attendre l’après-guerre pour que l’ascenseur civil commence à s’imposer à la grande majorité des Français. L’industrie de l’ascenseur et le marché français atteignent leur apogée dans les années 1970 (environ 150 000 ascenseurs installés entre 1967 et 1978) et on explique cela par plusieurs faits. En effet, l’ascenseur évolue à cette époque, le système est bien sûr toujours le même mais les ascenseurs commencent à être moins gourmands en énergie, plus confortables et donc plus accessibles. (cf : les facteurs qui ont permis un si grand changement dans l’usage de l’ascenseur).De plus, le contexte économique, politique et démographique de cette époque participe grandement à la hausse majeure de vente d’ascenseurs neufs en France (cf : La création en masse d’immeubles durant l’après-guerre et l'exode rural sont rendus possible grâce à cette technologie). Depuis cette époque, un ascenseur est quasiment systématiquement installé dans les nouveaux immeubles, à tel point qu'en 2017, selon un sondage Ipsos, 85% des Français estiment qu’un ascenseur est indispensable dans un immeuble. Cependant, le marché français d’ascenseurs neufs semble actuellement arrivé à un palier. Le marché subit en effet une baisse de ventes d’ascenseurs neufs d’en moyenne 6% d’une année sur l’autre. Cette baisse s’explique par un ralentissement de l’activité dans le secteur de la construction, mais les ascensoristes ne sont pas pour autant en manque de travail. En effet, le chiffre d’affaires de la profession en France s’élève à 2,43 milliards d’euros en 2020[42], un chiffre stable par rapport aux autres années, et cela s’explique par le fait que le parc français, un des plus vieillissants du continent européen, doit être entretenu. L’entretien et la maintenance représenteraient environ 70% de l’activité des ascensoristes français, un chiffre qui tend à augmenter d’une année sur l’autre, contrairement à la vente d’appareils neufs.

 
NB : Il ne faut pas prendre en compte les petits points d'inflexions visibles sur la courbe, mais plutôt regarder son aspect général. Il n'existe que peu de chiffres sur l'ascenseur ce qui explique le fait que certaines variations de la courbe peuvent être surprenant.[43][44][45]

La trajectoire française de l’ascenseur a donc connu des grosses évolutions dans les années 1960-70 avec l’ascenseur civil qui s’est démocratisé dans la majorité des immeubles français. Le marché a donc continué d’être stable jusqu’à nos jours, grâce aux ventes d’ascenseurs neufs et de plus en plus grâce à la maintenance des ascenseurs précédemment construits. Cependant, la vente d’ascenseurs pourrait repartir à la hausse si des nouvelles lois ou normes sont édictées, le marché de l’ascenseur étant intrinsèquement lié aux volontés politiques pour favoriser la construction de bâtiment neuf ou non. De plus, il n’existe pas de technologie de substitution qui pourrait à l’heure actuelle faire de l’ombre au marché de l’ascenseur. Pour finir, l'ascenseur semble plus que jamais indispensable pour la société française : on décompte pas moins de 100 millions de trajets par jour en ascenseurs en France, ce qui représente tout de même 2 milliards de kilomètres, soit l'équivalent de 7000 voyages Terre - Lune!

Comparaison entre pays et trajectoire à l'échelle mondiale modifier
 

A l’échelle mondiale, pour les pays Occidentaux, l’ascenseur suit une courbe similaire à celle de sa trajectoire en France. Néanmoins, on observe que la France possède moins d’ascenseurs que certains de ses voisins européens. On décompte 8 ascenseurs pour un millier d’habitants en France, contre 16 en Italie et pas moins de 24 en Espagne. Dans les pays Occidentaux (Europe de l’Ouest, Amérique de Nord…) la dynamique reste donc sensiblement la même qu’en France, mais la dynamique est tout autre sur le marché asiatique. Avec la Chine, en tant que grande puissance économique mondiale, et les autres pays en développement asiatiques, le marché du bâtiment, et donc de l’ascenseur civil neuf, est en plein essor. La différence est telle, que la Chine représente à elle seule 66% du marché de l’ascenseur neuf en 2020, contre seulement 17% pour la zone Europe-Afrique-Moyen Orient. Au contraire, cette même zone Europe-Afrique-Moyen Orient possède 36% des installations mondiales d’appareils neufs, la Chine et les pays asiatiques cherchent donc en fait à combler leur retard dans l’équipement en ascenseurs de leurs bâtiments. Plusieurs autres facteurs peuvent aussi expliquer le fait que la Chine achète tant d’ascenseurs :  sa population est vieillissante et de nombreux bâtiments sont rénovés et équipés d’ascenseurs neufs. De plus la Chine ainsi que les pays asiatiques construisent de plus en plus de gratte-ciels et d’immeubles en général comme le prouve le graphique ci-joint. On voit que 5 des villes ayant construit le plus de gratte-ciels sont des villes chinoises et 9 d’entre elles sont asiatiques. Ceci est donc peut-être aussi un des facteurs expliquant la grande demande du marché asiatique en ascenseurs civils neufs[46].

Le marché mondial de l’ascenseur suit donc une trajectoire globale différente du marché français, de par l’influence des pays asiatiques et émergents. La demande en ascenseur civil neuf est très importante et augmente chaque année. Ainsi certaines prévisions de marchés estiment que le chiffre d’affaires mondial du secteur sera de 183 milliards d’euros en 2027 contre 130 milliards d’euros en 2021[47].

D’un point de vue global, l’ascenseur est de nos jours le moyen de transport le plus utilisé au monde et son marché devrait donc avoir une place toujours plus importante à court et moyen termes.

Les facteurs qui ont permis un si grand changement dans l’usage de l’ascenseur modifier

Nombreux sont les autres facteurs qui ont permis l'essor de l'ascenseur en tant que mode de transport public ou privé et non plus de transport d'ouvrier. Dans cette section, nous proposons de déterminer quels sont ces facteurs.

Un meilleur accès à l'énergie et de petites incrémentations favorisent les grands changements modifier

Nous avons vu que les innovations apportées à l’ascenseur moderne depuis sa création ont donc permis de forts changements dans son usage. D’autres innovations sont ensuite apparues pour confirmer et accompagner ces changements. Une des incrémentations majeures que l’on peut retenir aujourd’hui est l’arrivé de systèmes automatisés et complètement électriques pour l’ascenseur. Grâce à l’accès à cette nouvelle source d’énergie, les usages domestiques ont pu se démocratiser de mieux en mieux. On note également une certaine course, non plus seulement à la hauteur, mais à la vitesse et l’efficacité, qui apparait vers la fin du XIXème où les inventeurs augmentent le nombre d’installations et innovent de plus en plus sur le même modèle.

 
Animation du fonctionnement d'un Paternoster.

En 1867, année où le nom d’ascenseur apparaît pour la première fois, Léon Édoux dévoile les premiers ascenseurs hydrauliques « valables »[48](ils avaient d’abord été imaginés en 1846 par Sir William Armstrong[49][50]). C’est durant l’Exposition Universelle de Paris que M. Édoux présente cette invention[51]. Cependant, on sait plus tard que ce modèle sera considéré comme étant très énergivore et qu’il ne sera pas choisi pour constituer la majorité du parc d’ascenseur. Il présente, en revanche, un avantage dans une installation et un entretient domestique[52]! Ainsi, on peut conclure que cette innovation permettra plus tard aux plus riches individus de choisir ce type d’ascenseur chez eux. En sachant qu’il faut déjà payer une somme conséquente pour en implémenter un chez soi, on peut facilement s’imaginer que les particuliers préfèrent un ascenseur qui consomme plus mais dont l’entretien et l’installation sont plus faciles.

On note aussi la création du Paternoster. Si ce nom ne vous est pas familier, c’est normal. En effet, très peu connu en France et très vite abandonné également quelques-uns de ces modèles existent encore ci et là en Europe centrale. Son concept est imaginé et implémenté en 1868 par l’architecte Peter Ellis dans le bâtiment Oriel Chambers situé à Liverpool. Son fonctionnement reste relativement simple : des cabines montent et descendent en continu grâce à deux chaînes maintenant les cabines et enroulées autour de deux poulies ayant une vitesse constante. Contrairement aux ascenseurs que l’on connait aujourd’hui, le Paternoster ne s’arrête pas, n’a pas de portes ni de bouton pour choisir son étage[53]. Alors pourquoi était-il très prisé à l’époque ? tout simplement car il transportait plus de personnes plus rapidement qu’un ascenseur classique. Cette invention a donc contribué, notamment en Europe centrale à démocratiser l’usage de l’ascenseur en tant que transport d’un étage à l’autre d’individus lambdas, même si elle a été abandonnée assez vite en raison des nombreux accidents étant survenu durant son utilisation.

Édoux fera installer dans une tour du Palais du Trocadéro, à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1878, un autre ascenseur hydraulique pouvant accepter plus de 80 passagers[51]. C’est une nette amélioration par rapport au modèle qu’il avait montré dix ans plus tôt.

C’est en 1880, à l’Exposition Universelle de Mannheim, que Werner von Siemens et Halske font la démonstration du premier ascenseur électrique[54]. Ils réussissent à présenter une technologie permettant à la machine de parcourir 22 mètres en seulement 11 secondes c’est dix fois plus rapide que l’ascenseur de 1857 d’Otis ! On comprend donc mieux l’attrait vers ce type d’ascenseur et sa banalisation par la suite. Ce type d’ascenseur consistait en un moteur électrique situé sous la cabine. Celui-ci était ensuite mis en route grâce à un système de démultiplication et deux pignons placés des deux côtés de la cabine. En tournant sur des crémaillères situées sur les guides, ils permettent à la cabine de monter et descendre[48]. Cependant, il faudra attendre une vingtaine d’année avant que cette technologie se propage dans tous les ascenseurs. En effet, sans un grand accès à l’électricité, impossible pour ces ascenseurs de vraiment rentrer sur le marché et de se répandre à travers le monde. On sait que l’électricité dans les villes arrive à la fin du XIXème siècle en Angleterre[55] et début du XXème pour la France. C’est donc à ce moment là que l’on va pouvoir installer massivement ces ascenseurs électriques qui permettront à plus de monde de se déplacer plus rapidement.

 
Affiche de l'Exposition universelle de 1898.

L’exposition universelle de Paris de 1889 est elle aussi marquante en termes d’innovation. Tout d’abord, c’est là qu’est présentée la tour Eiffel équipée de ces cinq ascenseurs hydrauliques fournies par 3 acteurs. Otis installera deux cabines, Roux-Combaluzier et Lepape, deux également et enfin Édoux, la dernière[56].

Les années 1900 à 1950 ont été marquées par l’introduction du courant triphasé à 50 Hertz (1922, par Edison). La généralisation de ce courant permet l’utilisation de moteurs alternatifs, notamment ceux à deux vitesses. Ces moteurs permettent donc avec une grande vitesse d’atteindre les étages voulus, puis, avec une vitesse réduite (1/4 de la plus grande), de s’arrêter avec précision et douceur les étages. Cependant, on note que le moteur à courant continu (qui délivre une vitesse proportionnelle à la tension à ses bornes) refait son apparition grâce au système Ward-Léonard. Ce système permettait de délivrer une tension variable (on pouvait donc choisir la vitesse) avec un courant triphasé[57].

On peut donc affirmer que le XIXème et le XXème siècles ont été décisifs dans la continuelle incrémentation d’innovation sur la technique de l’ascenseur. Appuyés par les différentes Expositions Universelles, les inventeurs ont pu améliorer grandement l’efficacité de l’ascenseur et le transformer en ascenseur de ville, pour répondre à un réel besoin de construire plus haut et non plus un ascenseur pour aller chercher du charbon au fin fond d’une mine.

On peut noter encore les nombreuses innovations mineures ayant vu le jour depuis Otis :

Tableau présentant différentes innovations notables depuis l'ascenseur d'Otis en 1857[58]
Année Innovation
1868 Otis > dispositifs plus sécurisés à étages prennent de la valeur
1874 J.W.Meeker > portes en acier
1877 F.Koepe > 1er moteur à traction
1878 1er limiteur de vitesse
1892 War-Leonard > 1er moteur courant continu
1902-1904 Otis > 1ers ascenseurs « Gearless »
1904 Richmond/Carey > 1ers boutons
1924 Automatisation complète > liftiers deviennent obsolètes
1928 1er système de commande collective

Après la seconde guerre mondiale, de nombreux progrès ont été enregistrés en matière d’automatisation, de moteurs et de systèmes électriques pour aboutir à l’ascenseur d’aujourd’hui, sans changer la technique de base.  

Encore une fois, ces nombreuses innovations auront permis la démocratisation d’un ascenseur servant à toute la population, de partout et non plus seulement que pour une poignée d’individus aimant prendre des risques ou pouvant se payer le luxe d’un ascenseur. Bien sûr, ces innovations ont été réalisables grâce à un meilleur accès aux matières premières, plus d'échanges entre les pays, et une démocratisation de l'accès à l'énergie. On a donc pu mettre plus de cabines dans un même ascenseur, accroitre le nombre d’ascenseurs dans les bâtiments, minimiser la place prise, augmenter le confort et la vitesse, se passer de métiers comme les liftiers (donc mettre des ascenseurs là où il n’y avait pas ce type de personnel) etc. Ainsi, de petites, mais nombreuses, incrémentations, ont permis petits à petits de transformer complètement l’usage de l’ascenseur.

L’explosion démographique, l'exode rural et la reconstruction dans l’après-guerre ont poussés à ce changement d'usage modifier

Les innovations et leur contexte peuvent expliquer l’aisance des changements d’usage. Cependant, on peut aussi trouver d’autre raisons pour ceux-ci. Parfois, ce sont ces mêmes raisons qui sont aussi intervenues dans la pérennité de la technique et sa grande propagation. Comme nous l’avons expliqué plus en détail ici, l’exode rural et le contexte d’après-guerre ont été des éléments majeurs dans la massification du parc d’ascenseur dans le monde. Ainsi, on peut aussi relier ces évènements avec le « changement d’usage » que subit l’ascenseur. Comme c’est un moyen permettant de construire plus haut et donc d’héberger plus de monde, on l’utilise de plus en plus en ce sens. On note également une explosion démographique sans précédent d'accompagnant de cet exode si bien que l'on estime que dans les 25 prochaines années, plus de 5 milliard de personnes habiteront les villes[59].

La dualité de l’ascenseur civil modifier

Les contrastes dans la maintenance des ascenseurs modifier

Tant l’usage de l'ascenseur s'est diversifié, l’utilisation de l’ascenseur est rentrée dans le quotidien de tous. Peu importe la condition sociale, l’ascenseur est un moyen de transport banalisé. Les normes de construction comme l’obligation de construire un ascenseur dans un bâtiment de trois étages ou plus ont permis de faciliter l’accès à un confort qui n’est pas négligeable. Pourtant, la relation à l'ascenseur demeure inégale sur le territoire bien qu’il soit présent partout de l'hôtel luxueux aux logements sociaux. La qualité du service offert varie énormément. L'ascenseur nécessite des entretiens réguliers et le remplacement de pièces lorsqu’il tombe en panne. Ces pièces sont souvent difficiles  à trouver ou sont seulement disponibles sur commande. Le délai de commande et de livraison peut parfois être très long, jusqu'à plusieurs mois. L’accès au dépannage et à l'entretien n’est pas également réparti. Le marché de la maintenance s'est beaucoup développé et est devenu un secteur d’activité très dynamique et rapportant parfois beaucoup. La maintenance des ascenseurs rapporte gros et la logique du profit maximum semble avoir été adoptée depuis 10 ans par les entreprises du secteur. Les maintenances sont réalisées de la manière suivante. Le technicien dispose d’une application mobile où sont recensées les ascenseurs qu’ils doivent examiner ou réparer dans la journée. Pour chaque ascenseur, le temps total de maintenance prévu est affiché. Ensuite, le technicien doit effectuer des tests ou remplacer certaines pièces. Sur l’application, un temps est attribué à chaque action : vérification des voyants paliers 30 secondes, changer une lumière au plafond quelques minutes. Chaque tâche a été chronométrée à l’avance. A la fin de chaque vérification, le temps mis par le technicien est enregistré par l’application.

De plus, on estime en France qu' il y a un technicien pour 140 à 150 ascenseurs. Les entreprises de maintenance peuvent donc accorder la priorité à des maintenances qui rapportent plus sur des ascenseurs plus sophistiqués ou luxueux en délaissant quelque peu le reste.  Les habitants de copropriété comme les HLM peuvent en subir les conséquences. L’image des ascenseurs de logement sociaux est alors souvent dégradée. Ce contraste avec l'ascenseur de palace crée une dualité dans l’imaginaire collectif.

En France, ce sont les bailleurs sociaux qui sont en charge de 5 millions de logements et de la maintenance de 50 000 ascenseurs. Les bailleurs sociaux sont par exemple : les offices publics de l'habitat (OPH), les sociétés anonymes d'habitations à loyer modéré ou HLM (SA d'HLM), les sociétés coopératives d'HLM, les sociétés d'économie mixte (SEM), les organismes agréés pour leur activité de maîtrise d'ouvrage. Les moyens disponibles à allouer à la maintenance et au dépannage des ascenseurs varient donc avec le niveau de revenus des habitants de la copropriété ou des revenus de l'établissement. On assiste alors à une inégale répartition des maintenances d'ascenseurs. Dans les milieux les plus défavorisés, les ascenseurs sont moins prioritaires et plus souvent délaissés. Au contraire, dans des établissements luxueux ou dans des immeubles où les revenus des habitants sont très élevés, la panne n’est pas tolérée, inimaginable et doit être très rapidement résolue[60].

L’art et l’ascenseur modifier

 
AquaDom, Radisson Blu Berlin[61].

L’ascenseur peut devenir un objet de positionnement. Il permet ainsi de renvoyer une image de réussite ou de luxe. La cabine de l’ascenseur devient un lieu d’admiration et un objet d’art. De grands magasins ou de grands hôtels investissent dans la décoration de leur cabine d’ascenseur pour refléter l’image luxueuse et sophistiquée de la marque. Nous pouvons retrouver de l’art dans un espace inattendu ce qui crée une surprise. L’individu envisage alors ce lieu comme objet d’art. Ce n’est pas seulement des œuvres d’art qui ornent la cabine, c’est l’ascenseur dans toute sa globalité qui devient un objet d’art. Des artistes comme le danois Olafur Eliasson sont invités par des marques comme Louis-Vuitton à repenser ce moyen de transport vertical pour le transformer en une expérience unique. Le voyageur se retrouve dans un espace totalement noir, privé de tous ses sens pendant vingt secondes. Ce voyage est à l'opposé de ce qu'on attend d’un ascenseur où les échanges de regards sont réguliers et tous nos sens sont sollicités. Parfois, l’ascenseur en perd même sa fonction première qui est de transporter d’étage en étage des passagers. L’ascenseur Aquadome du hall de l'hôtel Radisson de Berlin est un aquarium géant de 25 mètres de haut accueillant 2500 poissons. Cet ascenseur ne permet que de passer du rez-de-chaussée au 7eme étage. Plus qu’un moyen de transport, cet ascenseur est une expérience pour les résidents et  permet de faire parler de cet hôtel dans le monde entier. Sa fonction d’usage est dépassée par la fonction artistique.

Un objet de luxe modifier

La part de marché de l’ascenseur civil (ou ascenseur privatif) est en constante augmentation. Certes, une majeure partie de celui-ci est destinée aux personnes âgées ou à mobilité réduite qui ont besoin au quotidien de ce dispositif pour pouvoir vivre en autonomie. Pour ces personnes, l’ascenseur privatif installé dans leur domicile représente un réel besoin en termes de mobilité. Il existe pour les personnes à mobilité réduite et les personnes handicapé des aides de l’Etat ou de différents organismes pour financer l’installation d’un élévateur dans son domicile. On peut citer l’Aide Personnalisé à l’Autonomie (APA) ou l’Agence Nationale d’Aménagement de l’Habitat (ANAH) qui peut participer au financement des travaux pour l'aménagement du domicile. Ainsi, l'ascenseur ou l'élévateur privatif est un réel besoin qui est le plus souvent financé en partie par les aides de différents organismes. Il ne s’agit donc pas d’un bien de positionnement.

En revanche, on observe sur ce marché de l’ascenseur de maison de nouveau profil d'acquéreur plus jeune et sans problème de mobilité ou d’autonomie.  Ils souhaitent un confort innovant supplémentaire dans leur foyer. L’ascenseur de maison, coûteux, peut alors devenir un bien de positionnement. L’utilité peut être remise en cause pour cette catégorie de personnes. Au même titre qu'un 4X4 pour se déplacer en ville, l'ascenseur privatif apporte un confort supplémentaire non négligeable mais son prix ne le justifie pas toujours. L’ascenseur peut être une nouvelle matérialisation d’une réussite financière, comme l’est une montre ou une belle voiture pour certains. C’est pourquoi de nombreuses entreprises se spécialisent dans ce nouveau type d'ascenseur en proposant des gammes très design, sur mesure qui s'intègrent dans l’architecture de la maison. Il s’agit d’ascenseur panoramique en verre se hissant au milieu d’un escalier ou encore d’un ascenseur une place, en verre et métal noir qui rappelle étrangement l’allure d’un poil à bois. Une fois de plus, l’art s’invite dans ce domaine.

L’usage de l’ascenseur s'est énormément diversifié. Sa technologie évoluant peu, du moins par rapport aux usages que l’on en fait, on observe aujourd’hui un panel très large dans l'utilisation de ce moyen de transport. Nous avons vu que l'ascenseur peut aller jusqu'à perdre sa fonction usuelle première ou devenir un objet de positionnement pour celui qui le possède. Dans ces cas, l’usage s’est tellement diversifié qu'il a dépassé la fonctionnalité première qui est de transporter verticalement des personnes.  

Les relations humaines dans un ascenseur qui varient en fonction des types modifier

L'ascenseur joue un rôle social dans nos rencontres et est un lieu d’interaction entre humains.

On passe en moyenne 45 secondes par trajet dans un ascenseur, un temps très court ou paradoxalement il se passe beaucoup de choses. Ipsos à réalisé une enquête “L’ascenseur et les Français” en 2020 sur le sujet pour la fédération des ascenseurs. Dans ce sondage, nous apprenons que 60% des Français ont déjà discuté avec un inconnu dans un ascenseur et que 12% avouent même avoir flirté, 4% ont eu des relations sexuelles.[62]On peut expliquer cela de plusieurs manières. La cabine, souvent petite, permet le rapprochement et crée un sentiment de proximité avec la personne qui partage votre trajet. A cela s’ajoute la courte durée du trajet et la probabilité importante de ne jamais recroiser la personne. Pourquoi pas ne pas engager la conversation et peut-être trouver son âme sœur ou un(e) nouvel(le) ami(e).

Ce romantisme de l'ascenseur, qui pousse à des rencontres éphémères, est largement alimenté par le monde du cinéma.

Conclusion modifier

Au début de notre article, nous nous sommes posés la question suivante : De quelle manière l’ascenseur s’est-il imposé comme technologie paradigmatique dans notre société, sans évoluer dans sa technique, mais dans son usage et dans l’imaginaire collectif. Au cours de notre réflexion, nous avons donc analysé et décrit la trajectoire de l'ascenseur, d'un point de vue technique mais aussi social.

Tout d'abord, nous avons pu constater que l'ascenseur est un objet qui possède une technique quasiment parfaite. En effet, celle-ci n'évolue pas depuis au moins deux siècles : elle est composée d'un treuil qui élève une cabine par le biais de câbles. C'est une technique sobre mais très efficace ! Au cours des derniers siècles, les seuls changements sont dus à la volonté de baisser le coût énergétique de l'utilisation des ascenseurs. Cela correspond aux critères demandés par les clients pour respecter la planète.

Malgré la technique quasiment parfaite du modèle de l'ascenseur, nous pourrions voir des incrémentations apparaître (en dehors des changements évoqués précédemment) , ce qui n'est pas le cas. Ceci est bloqué par différents facteurs qui ne sont pas techniques. Le marché économique est verrouillé et empêche donc de nouvelles entreprises d'apporter du renouveau. Mais aussi l'Etat et les réglementations jouent un rôle dans le blocage des incrémentations. En effet, la sécurité des ascenseurs est très importante car ce moyen de transport est le plus utilisé, il doit donc être sécurisé. Un grand nombre de législations existe autour de cela pour en prévenir. Cela peut bloquer l'apparition de nouvelles incrémentations, car elles ne correspondent pas forcément aux normes.

La stagnation de la technique peut être mise en parallèle avec l'évolution exponentielle de l'usage des ascenseurs. En effet, au début de son invention, l'ascenseur n'était pas très démocratisé. Il était utilisé dans les mines par les ouvriers dans des conditions très rudimentaires, de nombreux accidents ont eu lieu à cette époque. OTIS, pour stopper le nombre d'accidents, inventa le système de parachute. L'utilisation de ce moyen de transport est donc devenue très sûre. Pour exposer cette prouesse, OTIS réalisa une démonstration. Ainsi, l'ascenseur est devenu un moyen de transport pour les classes supérieures. Il a commencé à être très utilisé et s'est donc démocratisé dans le monde. On a vu augmenter le nombre d'étages par immeubles ainsi que le nombre d'ascenseurs. Cependant, cette évolution a été accélérée par l'exode rurale et l'explosion démographique du monde. Nous devons loger de plus en plus de monde sur le même territoire, ce qui impose l'agrandissement vertical. Néanmoins, cette évolution n'a pas suivi la même courbe dans le monde entier, certaines régions, les plus défavorisées, ont une courbe plus lente que celles très développées. L'ascenseur permet la conquête des hauteurs, comme nous le montre l'œuvre qu'est le Burj Khalifa. De plus, ce moyen de transport devient un objet d'art, de romantisme et de luxe. Nous pouvons retrouver des constructions qui ne réunissent plus la fonction première de l'ascenseur pour seulement satisfaire l'esthétisme.

En conclusion, nous pouvons voir que l'ascenseur fait partie intégrante du monde moderne et de ses buildings. Nous ne pouvons pas imaginer le monde dans lequel nous vivons sans ascenseur. Comment gravir les 163 étages du Burj Khalifa ? Comment loger la population grandissante sur la surface à notre disposition ? Comment permettre aux personnes à mobilités réduites d'accéder aux étages ? Les réponses à toutes ces questions nous ramènent à notre sujet : l'ascenseur.

Résumé imagé de notre recherche

 

Sources modifier

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Auteurs modifier

DELLAC Arthur

KHALID Kenza

DAVERIO Mahé

JUGE Timothé

MEURRENS Arthur

CHARREL Pierre

TANOUBI Khalil

CHABAL Chloé

P2I4 - L'Energie sous toutes ses formes