Recherche:Pastech/241-3 micro-ondes

Les origines des micro-ondes

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Les micro-ondes sont des formes de rayonnement électromagnétique dont la gamme de fréquence se situe entre 300 MHz et 300 GHz. Ce sont donc des rayonnements uniquement à haute fréquence, pouvant servir dans la technologie moderne, que ce soit dans le domaine militaire avec les radars[1] permettant par exemple la détection des véhicules, ou bien dans le domaine informatique avec le réseau sans fil.

Domaine du spectre électromagnétique

C'est en 1865 que James Clerk Maxwell prédit et théorise l'existence des ondes électromagnétiques à partir de ses équations, mais il faudra attendre 1888 pour que Heinrich Rudolf Hertz construise un appareil produisant des ondes radio qui démontre leur existence[2]. L’idée de chauffer un diélectrique grâce à des champs électromagnétiques à haute fréquence remonte à 1934[3] (Bien que dans son idée c'était de la vapeur que l'on chauffait pour réchauffer un métal puis l'aliment). C’est avec l’apparition du magnétron que cela a été rendu possible, entre 1937 et 1940 par le physicien britannique Sir John Turton Randall[4]. Le magnétron fut ensuite exporté aux États-Unis en 1940[5], enchaînant sur l’appropriation de cette technologie par Raytheon. L’industrie se construit alors autour de ces micro-ondes en développant des systèmes comme la radio, puis plus tard, le four à micro-ondes.

Débuts hésitants d'une découverte par sérendipité

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Découverte du principe de cuisson et création du four à micro-ondes

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Découverte par sérendipité

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En 1945, l'ingénieur américain Percy Spencer, travaillant à Raytheon, une usine de fabrication de magnétrons pour radars, passe à proximité d'un de ces appareils en activité et ressent de la chaleur dans la poche de sa blouse. En plongeant la main dans la poche, il observe que sa barre de chocolat a fondu. Il découvre ainsi le principe de cuisson d'aliment par micro-ondes qu'il expérimentera avec d'autres aliments tels que du maïs ou un œuf.

Spencer crée ensuite une boîte en métal dans laquelle un champ électromagnétique à haute tension est alimenté par des micro-ondes en permanence provenant d’un magnétron, mettant en évidence que les aliments cuisent plus vite si ceux-ci sont confinés dans une enceinte fermée[6].

Structure du four à micro-ondes

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Schéma du chemin des ondes

Le four à micro-ondes moderne est composé :

  • d'une source d'alimentation à haute tension, généralement un simple transformateur ou un convertisseur de puissance électronique qui transmet l'énergie au magnétron,
  • d'un condensateur haute tension connecté au magnétron et au transformateur,
  • d'un magnétron à cavité, convertissant l'énergie électrique à haute tension en rayonnement micro-ondes,
  • d'un circuit de commande magnétron,
  • d'un guide d'ondes court pour coupler la puissance micro-ondes du magnétron dans la chambre de cuisson,
  • d'une chambre de cuisson en métal (ou cage de Faraday),
  • d'une plaque tournante et/ou d'un ventilateur d'agitation à guide d'ondes métalliques,
  • d'un panneau de contrôle.

La source à haute tension va alimenter le magnétron à cavité par un courant continu. Le condensateur va simplement servir à stocker l'énergie électrique lors de l'arrivée des électrons dans le magnétron et empêcher la surchauffe du magnétron. On pourrait également remplacer le condensateur par un ventilateur aspirant de l'air frais. Des ondes électromagnétiques sont créées puis émises par le magnétron à travers le guide d'ondes jusqu'au brasseur d'ondes, les dispersant dans l'intégralité de la chambre de cuisson. Cette chambre va réfléchir les ondes vers l'aliment à chauffer, puis les ondes vont pénétrer dans l'aliment pour le chauffer, de l'intérieur comme de l'extérieur[7][8].

Principe technique de cuisson

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Le chauffage diélectrique
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Avec l'ajout de cette cage de Faraday permettant le confinement des ondes dans son enceinte, le four à micro-ondes est né. Son fonctionnement repose sur le phénomène de chauffage diélectrique[3]. Une onde électromagnétique de haute fréquence (environ 2,45 GHz pour des fours à micro-ondes modernes) va agir sur les molécules dipolaires, ayant un moment dipolaire électrique, contenu dans les aliments.

Cette fréquence n'est pas choisie par hasard. La fréquence utilisée dans le cas du four à micro-ondes est choisie selon plusieurs critères : la fréquence doit être dans l'une des bandes de fréquence industrielle, scientifique et médicale[9][10] limitant des contraintes énergétiques et économiques. Ces bandes sont des parties du spectre électromagnétique dont l'utilisation est réservée aux domaines industriels, de la médecine ou scientifique plutôt que dans la communication. Elles ont la particularité de ne pas interférer avec d'autres ondes radios de même de nature. Cependant, les fours à micro-ondes peuvent fonctionner sous d'autres fréquences en fonction de leur domaine d'utilisation. Par exemple, dans le secteur industriel ou commercial, les fours à micro-ondes utilisent des fréquences de l'ordre de 915 MHz[11].

Du fait de la haute fréquence de cette onde, les molécules dipolaires vont elles-même pivoter en s'alignant à ce champ : on appelle cela la rotation moléculaire. Au fur et à mesure que ces molécules vont pivoter, celles-ci vont s'agiter et rentrer en collision entre elles puis transmettre une partie de leur énergie aux molécules voisines. La température étant la résultante de l'énergie cinétique des particules, celle-ci va augmenter du fait de l'agitation des molécules dans l'aliment. C'est donc par l'intermédiaire de l'énergie rayonnée par cette onde électromagnétique que la température va augmenter[12][13].

Pénétration dans les aliments
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Conventionnellement, l'onde se répartit dans l'aliment de façon à ce que la densité de courant soit la plus grande à la surface de l'aliment, puis diminue avec la profondeur[14], et pénètre dans les aliments jusqu'à ce que son énergie soit entièrement convertie en chaleur, qu'on désigne par le terme "perte diélectrique". Les nutriments tels que les graisses ou les sucres ne sont pas affectés par le champ électromagnétique : ceux-ci ne sont pas assez polaires, ils ne sont pas sensibles aux forces générées par le champ électromagnétique alternatif et vont plutôt avoir tendance à absorber l'énergie de cette onde[15]. Ce champ va donc agir sur le composant le plus polaire dans l'aliment : les molécules d'eau. La fréquence d'absorption optimale de l'eau étant de 10 GHz[16], donc supérieure à celle du champ émis, le phénomène du chauffage diélectrique a lieu sur la molécule d'eau très polaire. L'onde va donc pénétrer plus en profondeur dans l'aliment, ne chauffant pas seulement sa surface, mais également son centre. Si la fréquence des ondes émises par le fours était de l'ordre de la fréquence d'absorption optimale de l'eau, l'aliment absorberait tout le rayonnement de l'onde uniquement à sa surface[13] le rendant donc totalement brûlant à l'extérieur mais glacial à l'intérieur.

Le magnétron, un composant essentiel

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Un dispositif multifonction
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Structure du magnétron

Le magnétron était initialement destiné à la télécommunication, mais ne fut finalement pas utilisé du fait de son défaut de stabilité de fréquence émise, celle-ci oscillant en permanence entre 250 MHz et 3 GHz. L'idée d'utiliser le magnétron à une seule cavité anodique dans le domaine de la télécommunication à longue portée fut abandonnée pour cause de manque de puissance, celui-ci ne produisant qu'une centaine de watts.

Après avoir créé un magnétron à quatre cavités, les premières expériences concluent que celui-ci peut être utile pour produire des impulsions électromagnétiques permettant la détection de bateaux et d'icebergs[17]. Après plusieurs autres innovations (ajout de deux cavités anodiques, remplacement de la cathode en tungstène par une cathode en oxyde...), le magnétron fut confié au MIT pour le perfectionner puis le produire à une plus grande échelle et en plusieurs exemplaires. Il fut ainsi utilisé à des fins militaires dans les radars permettant la détection d'avions ou bateaux ennemis, menant ainsi à la réduction des antennes et l'intégration de radars embarqués sur les bateaux et les avions de l'époque de la Seconde Guerre Mondiale grâce à ses hautes fréquences (entre 2,45 GHz et 3 GHz). Cependant, celui-ci a peu à peu été remplacé après la poursuite des recherches sur un dispositif plus stable en fréquence[18].

C'est avec la découverte accidentelle de Percy Spencer que le magnétron fut utilisé dans un autre domaine que militaire. Avec l'apparition de plus en plus d'autres dispositifs capables de maintenir une fréquence stable et pouvant produire des impulsions électromagnétiques plus puissantes, mais aussi avec la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les sociétés de production de magnétrons et de matériaux militaires se tournèrent vers le marché de l'électroménager. D'un autre côté, les sociétés d'électroménagers commencèrent à s'intéresser au four micro-onde suite à la démonstration de Raytheon, expliquant que le magnétron est aujourd'hui plus utilisé dans des appareils électroménagers que dans des radars militaires[19].

Principe de fonctionnement
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Le magnétron est composé d'un tube anodique qui contient en son centre une cathode reliée à un générateur de tension extérieur. Celle-ci émet des électrons de charges négatives dans la cavité résonnante du tube qui sont attirés par l'anode ayant un potentiel positif. Pour éviter que ces électrons ne se fixent aux parois, ils sont déviés par une force magnétique créée par un puissant aimant situé à l'extérieur de l'enceinte. Grâce à celui-ci, les électrons sont obligés de parcourir un chemin en spirale en passant dans plusieurs cavités creusées dans l'anode : cette oscillation crée les ondes électromagnétiques. Elles arrivent ensuite dans une dernière cavité dans laquelle se trouve une boucle de couplage menant à un guide d'onde, qui est une sortie menant à un tube par lequel s'échappent les ondes électromagnétiques, dites micro-ondes. Enfin, elles sont acheminées vers le brasseur d'onde dont le rôle est de répartir le rayonnement dans la cavité du four. Il s'agit d'une sorte d'hélice munie de pales qui, en tournant doucement, réfléchit les ondes. Il permet ainsi d'homogénéiser la cuisson de l'aliment pour éviter les zones froides et peut remplacer dans certains fours à micro-ondes la présence d'un plateau tournant[20][17].[21]

Nous pouvons calculer la puissance de cette énergie rayonnée en sortie du magnétron en versant de l'eau dans un récipient que nous ferons chauffer dans le four à micro-ondes et en utilisant la formule[22] :

  où :

  • P est la puissance de l'énergie rayonnée par les ondes électromagnétiques sortantes du magnétron (en W),
  • meau est la masse de l'eau contenu dans le récipient (en g),
  • mr est la masse du récipient (en g),
  • TA est la température ambiante (en °C),
  • Ti est la température initiale de l'eau (en °C),
  • Tf est la température finale de l'eau (en °C),
  • t est le temps de chauffage, en excluant la durée de chauffage du magnétron (en s).

C'est cette puissance restituée qui nous est indiquée sur les micro-ondes modernes, et qui est aujourd'hui, pour la plupart de ces fours, réglable.

Ce principe de fonctionnement n'a pas beaucoup évolué à travers le temps. Les premières entreprises comme celles d'aujourd'hui ont utilisé et utilisent encore ce fonctionnement pour lancer leurs prototypes.

Premières entreprises

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Raytheon et le premier four à micro-ondes

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Modèle Radarange à bord du navire civil de transport NS Savannah[23]

Le 8 octobre 1945[24], le premier prototype de micro-ondes de Raytheon est placé dans un restaurant à Boston, et le même jour un premier brevet est déposé. A ce moment là, bien que des procédés industriels de chauffage par des champs électriques existent (notamment basés sur les ondes radio de 10 à 20MHz), il n’existe aucune régulation juridique sur la puissance utilisée dans le cadre du chauffage. En effet avant 1946[25], aux États-Unis, les seules législations existantes sur les procédés utilisant des ondes radios, provenaient du Communication Act ou de l'International Telecommunication Convention qui fixaient des normes quant au transfert de données et qui ne s'appliquaient donc pas dans le domaine du four à micro-ondes. Ces nouvelles régulations de 1946 permettant donc d'apporter un cadre juridique aux équipements industriels de chauffage par de l’énergie issue de radiofréquence arrive à point nommé puisqu'elle permettent notamment aux fours à micro-ondes de ne pas avoir besoin d'une certification d'émission d'ondes radio (nécessaires aux équipements de télécommunications).

Bien que cette nouvelle législation ne s'adresse pas particulièrement aux fours à micro-ondes qui n’étaient alors qu'à leurs balbutiements, il est certain que l'allègement des procédures et des autorisations a été un plus pour le développement de cette technologie.

En 1947[26], le tout premier four à micro-ondes est commercialisé, nommé Radarange, mesurant 1,80 m de hauteur et pesant environ 340 kg pour plus de 30000 dollars américains actuels. Il peut délivrer une puissance de 3 kW et est composé d'un système de refroidissement à eau. C’est toujours la société Raytheon qui le met en vente. Cette entreprise d’origine militaire se doit, pour survivre dans le monde d’après-guerre, de trouver des produits à commercialiser au public et non plus aux armées.

Il est important de noter que ce four était plus puissant que les fours à micro-ondes actuels (3 kW au lieu de 1,2 kW actuellement). Avec ces dimensions et cette grande puissance, le marché ciblé était les restaurants, navires de croisières, chemins de fer ou grandes entreprises, ayant potentiellement besoin de réchauffer des aliments en grande quantité. Mais surtout les fast-food, tout simplement parce que l'argument principal du micro-onde est la rapidité, ce que cherche impérativement ce genre de restaurant. C’est donc un marché très réduit et c’est loin d’être un succès commercial. Apparemment, seulement 1000 exemplaires auraient alors été vendus. Néanmoins, ce sont dans ces cafétérias américaines que la population entre en premier en contact avec le four à micro-ondes.

Au niveau des brevets concernant le micro-ondes, le premier est donc déposé par l’ingénieur de Raytheon Percy Spencer le 8 octobre 1945[27], année où il se rend compte que sa barre chocolatée a fondu au contact d’un magnétron en fonctionnement. Il concerne seulement le procédé de réchauffage par micro-ondes des aliments et non pas des plans ou des éléments clés de fabrication de l’appareil en lui-même. Dans son brevet, il estime à hauteur de 3GHz la fréquence nécessaire pour rendre l'appareil rentable autant économiquement que "culinairement". Son procédé montre également l'importance de faire bouger la nourriture pour qu'elle concentre le plus d'onde possible. Sa solution consiste en un va et vient en translation (bien différent de notre plateau tournant de nos jours). Le brevet de Spencer ne protège alors pas le Radarange dans son intégralité. Bien que cette licence fut rachetée dans les années suivantes, les entreprises suivantes ont souvent déposé un nouveau brevet, mettant en avant des fonctionnalités différentes, comme par exemple Litton et son micro-ondes résistant à la condition à vide (à savoir sans aliments pour absorber les ondes). Quant aux entreprises du reste du monde comme Sharp, ils ont non seulement breveté de nouvelles fonctionnalités, comme le plateau tournant ou la reconception du magnétron, mais aussi, puisque Raytheon n’a pas étendu ses droits à l’international car ils n’ont déposé qu’un brevet américain, ils peuvent également développer cette technologie indépendamment de Raytheon. Enfin, à partir donc de 1966, la découverte de Percy Spencer tombe dans le domaine public (au bout de 20 ans) et les entreprises peuvent alors utiliser l’idée originale pour la développer.

Un deuxième échec commercial

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En Janvier 1947[3], le premier micro-ondes à usage public à été installé au Grand Central Terminal à New York, ressemblant plus à un distributeur de hot-dogs vendus après cuisson qu'à un réel four à micro-ondes. Quant au premier appareil domestique, il est commercialisé en 1955 par l’entreprise américaine Tappan Stove, après l'achat de la licence à la fameuse entreprise Raytheon en 1952. Son nom, le RL-1. Il est mis sur le marché pour un prix (11000 dollars actuels) et des dimensions déjà plus raisonnables (68,58 cm x 60,96 cm x 68,58 cm)[28] que le Radarange. Pour la première fois, le marché ciblé était clairement les cuisines individuelles américaines. Cependant, pour la première année de production, l’entreprise produit seulement 34 unités. La production s’arrête en 1964, et l’entreprise n’aurait vendu que 1396 RL-1 en neuf ans.  

C’est un échec commercial, le prix n’est pas encore assez compétitif et les dimensions de l’appareil sont encore trop élevées. De plus, du fait des fonctions originelles du magnétron, la technologie utilisée devait échapper au grand public à l'époque, qui pouvait nourrir un sentiment de méfiance auprès de ce nouveau produit débarquant directement d'entreprises spécialisées dans le matériel militaire. Pourtant, cet appareil était présenté comme la cuisson électrique du futur, car plus rapide et sans forcément de gaz. A noter qu’il était aussi prévu pour une fixation murale, facilitant son potentiel accès dans de plus petites cuisines que celles d’un restaurant. Bien qu'il soit un nouvel échec, la diminution des dimensions du four à micro-ondes joua un rôle essentiel dans le succès de celui-ci, comme on le verra plus tard. Afin de parvenir à ce résultat, Tappan Stove eut l'idée d'un système de refroidissement plus performant et demandant moins d'espace que celui utilisé dans le Radarange[29].

Une difficile insertion dans le quotidien

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Il semblerait aussi que cet appareil ait eu du mal à faire son entrée dans les cuisines des années 1950 et 60, vu qu’il s’agit en fait d’un appareil supplémentaire dans la cuisine car il ne permet pas de réaliser les choses que les autres pensionnaires de la cuisine (four à cuisson ou gazinière) sont capables de faire. En effet, le micro-ondes réchauffe alors que le duo four gazinière peut cuire, cuisiner, et réchauffer n’importe quoi (viande, légumes, desserts, liquide…) et cela pour un prix bien inférieur à celui d'un micro-ondes. Par exemple, on pouvait trouver à l’époque un four pour quatre fois moins cher que le RL-1. Les gens auraient alors du mal à distinguer les applications du four à micro-ondes et n’en voient alors pas l’utilité lorsqu’ils possèdent un four ou une simple gazinière. Le point faible du micro-ondes de l’époque est donc son manque de polyvalence, pénalisant, surtout lorsqu’il est vendu à un tel prix.

Un intérêt porté à l'international

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Le début du succès

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De l’autre côte du Pacifique, en 1961, la société japonaise Toshiba installe 2500 fours à micro-ondes dans les trains pour réchauffer le riz. Les trains étant le moyen de transport favori des japonais. L’Asie est la deuxième région du monde à s’intéresser aux micro-ondes et à leurs capacités à réchauffer les aliments. On verra plus tard que les asiatiques ont eu un rôle prépondérant dans la diffusion mondiale du four à micro-ondes.

 
Premier modèle de four à micro-ondes par la société Amana

Les années 1960 voient également l’émergence de concurrence pour Raytheon et Tappan Stove. En effet, d’autres entreprises essaient d’intégrer le marché de ses nouveaux fours. Pour rester dans le mouvement, Raytheon achète en 1965 la société Amana spécialisée dans la fabrication d’appareils ménagers et créent ensemble le premier modèle de micro-ondes connaissant un vrai succès auprès du grand public, il était au prix beaucoup plus raisonnable de 495 dollars américains actuels[24].

La société Litton Industries crée ensuite une version plus petite et contenant un magnétron spécial qui est similaire à ceux qu’on connaît aujourd’hui. Cette version a, par exemple, permis de limiter grandement les "fuites" d'ondes avec son nouveau design. C’est aussi à la base une entreprise de la défense américaine, mais comme Raytheon, elle se diversifie dans de nombreux domaines et notamment dans les fours à micro-ondes. On rappelle que nous sommes après-guerre et que les entreprises d’armement doivent démultiplier leurs activités pour survivre. Litton a donné la forme actuelle des micro-ondes et a aussi permis que le four puisse résister à des conditions à vide, c’est-à-dire, sans que rien "n'absorbe" les ondes. Au final, c’est surtout auprès des restaurants que Litton va faire son chiffre d’affaires.

Il y a également Sharp Corporation, l'entreprise japonaise, toujours existante aujourd’hui, qui commercialise le premier four à micro-ondes avec plaque tournante, qui marque un tournant, sans mauvais jeu de mot, dans l'histoire du micro-ondes. C'est en effet encore une technologie utilisée aujourd'hui qui permet une homogénéité dans la cuisson ou dans le réchauffage des aliments et qui permet aux aliments de concentrer le plus d'ondes possibles afin d'optimiser le temps de cuisson.

En clair, les technologies s'affinent et s'exportent, c'est bien le début du succès.

Japon et États-Unis : deux pays à la pointe de la technologie

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Les deux pays précurseurs sont donc les États-Unis et le Japon. Pour les États-Unis, on peut expliquer cela par l’opulence d’entreprises travaillant dans le secteur militaire, à savoir le premier secteur où les micro-ondes ont été utilisées. De plus, c’est également la course à la découverte technologique dans ces années-là entre les deux blocs de la guerre froide, donc de nombreuses découvertes se font aux États-Unis à ce moment-là.

Quant au Japon, c’est également un pays où les nouvelles technologies ont une grande importance (on le voit par exemple aujourd’hui avec la robotique, la 5G…). De plus, leurs méthodes de travail (notamment symbolisées par le Toyotisme que l’on peut dater au début des années 1960 et théorisées à travers le Kaizen encore utilisé aujourd’hui) permettent souvent de simplifier les productions donc de réduire leurs coûts, ce qui rend le Japon très compétitif dans le secteur des nouvelles technologies. De plus, les États-Unis et le Japon sont sûrement les deux pays développés qui ont pu faire le plus de recherches dans les nouvelles technologies (principalement militaires) durant la guerre car ces deux pays n’étaient pas occupés et n’étaient pas directement ou de manière frontalière touchés par le conflit (en opposition à la France, à l’Italie, ou au Royaume-Uni). L’autre pays qui s’est également bien développé technologiquement durant la guerre est évidemment l’Allemagne, mais son démantèlement d’après-guerre et sa séparation en deux pays bien distincts a été fatale à son développement d'après conflit.

Aux États-Unis, la forte progression de ces découvertes et des recherches qui y sont associées peut aussi être expliquée par la volonté du pays de se construire en tant que leader dans la recherche scientifique, notamment grâce à la création du National Institute of Standards and Technologies[30], dont le but premier était de définir des normes communes aux États-Unis afin de faciliter la recherche. Dès 1901, date de la création de cet institut, les salaires du directeur et des scientifiques, inscrits dans la loi, nous permettent de voir à quel point les États-Unis investissaient dans la recherche scientifique puisque le salaire annuel du directeur était de 5000$ soit, grâce à un calculateur basé sur l'inflation[31], près de 152 000$ en termes de dollars actuels. De plus, dès 1950[32], la tendance à investir dans la recherche s'accélère puisque le Congrès définit une liste de secteurs de recherches prioritaires dans laquelle on retrouve une allusion aux fréquences radio. Plusieurs points leurs sont accordés, ce qui a, sans aucun doute, été un accélérateur pour le développement du four à micro-ondes.

Autre raison à l’absence des européens, est le fait que nous nous situons historiquement après-guerre, l’Europe est en ruine donc en reconstruction, ce qui laisse probablement moins de place à des investissements dans les nouvelles technologies comme le micro-ondes. Par exemple en France, le secteur des télécommunications n’apparaît qu'à partir du 4ème plan de reconstruction[33].

Miniaturisation ou début d'une croissance exponentielle

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Éléments de miniaturisation

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Tableau de miniaturisation du four à micro-ondes avant 1980

Lors du développement et de l’augmentation des ventes de micro-ondes dans les années 1980, les entreprises ont commencé la miniaturisation de leurs produits. En effet, étant plus petits, moins chers et tout aussi performants, la demande a augmenté. La miniaturisation a alors commencé par l’enlèvement de vis, boulon… du micro-ondes afin d’être plus léger et facile à transporter.

Le micro-ondes a alors pris une place importante dans la cuisine des ménages. En étant plus compact, plus esthétique, les ventes ont grandement augmenté, comme nous le verrons par la suite.

Il est nécessaire d’ajouter que la miniaturisation ne possède pas que des points positifs. En enlevant certains composants, la structure devient plus fragile et une obsolescence due à leur miniaturisation rentre en jeu sans que cette dernière soit recherchée en tant que stratégie commerciale par le concepteur. C'est ce qui rend difficile toute objectivation d'une telle stratégie, et donc l'éventuelle condamnation pénale de l'industriel[34].

Années 1970, la décennie de l'explosion aux États-Unis et au Japon

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Début d'un véritable marché

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Avec le rachat en 1965  de la société Amana Refrigeration, qui s’affaire autour de la réfrigération et du conditionnement de l’air, la même société Raytheon travaille à rendre cet appareil commercialisable et accessible pour tous. Il s’agit alors d’investir massivement dans la miniaturisation et notamment au niveau de la méthode de refroidissement, d’où le rachat cité précédemment de la société Amana. C’est donc en 1967 que Raytheon commercialise le premier four à taille raisonnable. Ce modèle est le premier qui fera véritablement son entrée dans les foyers, majoritairement américain à l’époque, il s’appelle le RR-6 Radarange 6.

En 1972, Litton sort deux nouveaux fours pour moins de 400 dollars de l’époque (environ 2400$ actuellement) pour essayer de conquérir ce marché qu’on estime alors à 750 millions de dollars (environ 4,6 Milliards de dollars actuels).

La femme ménagère, cible des industriels

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Le marché ciblé est évidemment le grand public, l’usage domestique, mais une cible est visée en particulier : la femme ménagère. En effet, sur les premières publicités retrouvées[35], c’est toujours à la femme que le four va rendre service. A l’époque, la femme est plus souvent au foyer qu’elle ne l’est aujourd’hui, c’est très souvent elle qui prépare le repas à la maison, d’où le fait qu’elle soit ciblée par les entreprises. L'idée est que si la femme passe moins de temps en cuisine, car aidée par des appareils performants, elle peut faire d'avantage d'activités : le micro-ondes est donc présenté comme un "appareil libérateur" pour la femme. Les principaux arguments de vente sont la rapidité de l’appareil et l’innovation qu’il représente. La plupart des publicités listent les plats possibles au micro-ondes et leur temps de cuisson si on utilise l’appareil (comme les pommes de terre au four).

La hausse des ventes entraînent de nouvelles législations

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C’est dans ces années 1970 que le four à micro-ondes va devenir moins cher qu’un four ou qu’une cuisinière. Cette dernière est toujours plus polyvalente mais elle va de plus en plus se voir accompagnée par le micro-ondes. Dans les foyers familiaux, le micro-ondes devient un appareil en complément plutôt qu’un appareil de substitution[36]. En effet, bien qu'il existe quelques cas où le four à micro-ondes a remplacé le four traditionnel, le micro-ondes est plutôt le deuxième four de la maison, pour décongeler ou réchauffer.

On s'aperçoit alors que cette période correspond aussi à une période "d'explosion" législatives. En effet, en 1968[37], naît la première loi permettant de réguler l'utilisation des fours micro-ondes dans le domaine public. Cette loi a entraîné de nombreuses controverses[38] puisque avant elle, aucune vérification du danger des micro-ondes n'était nécessaire pour la mise sur le marché. De plus, aucune étude n'avait encore démontrée l'existence de lien entre la cataracte et l'exposition aux micro-ondes, et c'est la première fois dans un débat législatif qu'une personne se demande si un four à micro-ondes peut cuire un homme comme il cuit un morceau de viande. Cependant, une législation concernant les appareils utilisant des micro-ondes dans le domaine militaire limitait leur émission (porte fermée) à 10 mW/cm². Dans un but purement publicitaire les industriels s'étaient fixés la même limite (sans pour autant qu'aucune valeur législative ne soit prescrite). Il s'est cependant avéré lors d'un test au Walter Reed Army Medical Center, utilisant des fours à micro-ondes, que sur 30 appareils, 24 ne respectaient pas cette limite et étaient même à plus de 20mW/cm² (porte fermée). Un test effectué au Fort Georges G Meade a même montré qu'un appareil avait des fuites de 200mW/cm² ! En cause, un défaut de design selon les autorités. De plus, à cette époque les publicitaires s'appuyaient sur le fait que leurs produits étaient approuvés par la Federal Communications Commission et la National Sanitation Fundation pour affirmer que leurs produits étaient sûrs. Cependant, ces mêmes laboratoires affirment qu'ils ne pratiquaient aucun test de santé publique et qu'il ne pouvaient donc pas garantir la sécurité des consommateurs.

Bien que cette nouvelle législation s'applique à l'ensemble des appareils électroniques émettant des ondes, elle est tout de même clairement accès vers le micro-ondes comme nous l'avons vu dans les débats parlementaires. Cependant, cette loi donne le pouvoir à la Federal Food and Drug Administration (FDA) de contrôler, surveiller et tester l'utilisation de ces fours micro-ondes mais aussi de rendre impossible la vente de micro-ondes sur le territoire américain à toute entreprise dont le produit n'a pas été approuvé par la FDA. Toutefois, le fonctionnement de la FDA est relativement étrange, et critiquable, puisque c'est aux entreprises d'envoyer des documents sur les tests réalisés sur leurs produits à la FDA, et cette dernière doit donner une réponse sous 180 jours. De plus, bien que la FDA ait autorité quant à la mise sur le marché, elle n'a cependant pas autorité à retirer un produit déjà existant. C'est ainsi que, bien que la FDA ait autorité sur la mise sur le marché depuis 1968 comme dit précédemment, il faudra attendre 1977[39] pour avoir un véritable dossier de procédure de tests pour les fours micro-ondes.

Avant cette date, les seules informations disponibles, autant pour les industriels que pour les consommateurs, sont une liste d'incidents[40] à cause de mauvaises utilisations. Cette liste a pour objectif de définir au mieux la notice d'utilisation des appareils. Des recommandations de la FDA ont été faites mais aucune obligation légale n'a été décrétée. Parallèlement, au Japon, la première occurrence du four à micro-ondes dans la législation japonaise date d'entre 1962[41] et 1974[42] (cet écart s'explique malheureusement par le fait que le système d'archive législatif japonais quant aux ordonnances n'existe qu'en version japonaise en deçà des années 2000).

En 1962 paraît le Household Goods Quality Labelling Act[43] qui fixe un ensemble de critères, notices et informations à fournir aux consommateurs avant l'achat de certains objets ménagers ou de la vie courante. En 1964, cette liste est complétée par l'ajout d'appareils électriques dont potentiellement celui du four micro-ondes (la date d'ajout du four micro-onde n'est pas fournie mais la date d'ajout de la catégorie d'appareil est de 1964). En 1974 paraît une ordonnance japonaise visant à restreindre l'usage des polychlorobiphényle dans les appareils tels que les fours à micro-ondes dans lequel ce composé controversé était utilisé comme isolant électrique presque ininflammable[44]. Là encore le fait que l’appareil soit cité dans des textes législatifs nous apprend que celui-ci disposait déjà d'une place dans le marché japonais. En effet on ne fait pas une loi de santé publique pour des appareils domestiques utilisés par seulement quelques personnes.

De plus, après la seconde guerre mondiale, le Japon étant un état capitulant, il a été mis sous occupation américaine. Le droit japonais devant alors se moderniser, il s’inspire fortement du droit américain. Mais aussi, avec le début de la guerre de Corée, les États-Unis devaient se faire des alliés dans le secteur, et le Japon était le meilleur candidat, reconnaissant pour la gestion d'après Guerre, il est donc normal que leurs histoires soient communes !

Cette recrudescence des sociétés travaillant et développant des nouveaux procédés et fonctionnements pour le four à micro-ondes font qu’en l’espace de 5 ans (de 1970 à 1975), les ventes de micro-ondes passent de 40 000 unités à environ 1 million. En 1975, les ventes de fours à micro-ondes dépassent celles des fours à gaz aux États-Unis. A la fin des années 1970, approximativement 20% des ménages possèdent un four à micro-ondes alors qu’on était à peu près à 1% en 1971. Au début des années 1980, 20 millions de micro-ondes sont utilisés dans les foyers du monde entier, seulement chez les particuliers, donc en ne comptant pas ceux utilisés dans les lieux de travail ou de communauté.

Cette augmentation fulgurante du nombre de micro-ondes dans les foyers américains a entraîné une hausse du nombre de lois et de régulations qui lui sont associées. C'est ainsi que le début des années 1980 marque l'essor des procédures de tests, des normes et de toutes les régulations associées aux fours micro-ondes et dont la plupart sont encore valables aujourd'hui. Par exemple, en 1980[45] une lettre adressée par la FDA à l'ensemble des industriels produisant des fours micro-ondes explique qu'il y'a eu trois incidents concernant des micro-ondes qui fonctionnaient alors même que la porte du four était ouverte, entraînant une forte exposition aux ondes aux utilisateurs. La lettre prend cependant le parti des industriels puisque dès la seconde phrase il est écrit que ces incidents ont entraîné des pertes économiques à cause de l'important programme de rappel de produit et de campagnes massives de tests. De plus il est indiqué que de nombreux travailleurs auraient été aussi exposés à ces ondes. Enfin, la lettre explique que le problème vient d'une mauvaise écriture du programme du circuit intégré du four micro-ondes, ce qui automatiquement incrimine les industriels. Néanmoins, nous n'avons trouvé aucune occurrence de décision de justice concernant ces incidents. Là encore, la FDA n'ayant pas l'autorité pour retirer des produits du marché, a seulement pu conseiller les industriels quant aux nouvelles réglementations à mettre en place. Un an et demi plus tard, la réglementation fédérale[46] concernant les fours micro-ondes a évolué et encore quelques mois plus tard la FDA donne, enfin, une procédure de test des micro-ondes par les laboratoires[47]. Cela permet de standardiser les dossiers de tests de nouveaux produits présentés et ainsi d'avoir une meilleure vision sur les critères qui sont essentiels pour commercialiser un four micro-ondes tout en garantissant la santé publique.

Années 1980 et 90, confirmation du phénomène

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Dans les années 1980, l’arrivée sur le marché des fours à micro-ondes japonais fait baisser le prix des américains, rendant l’appareil de plus en plus accessible à tous. Les japonais sont en fait arrivés à reconcevoir le magnétron pour que son coût de production soit sensiblement diminué. Ainsi, ils arrivent à mettre en vente des micro-ondes low-cost qui garantit l’explosion rapide des ventes. C’est d’ailleurs ces mêmes japonais qui dans cette période-là ont le plus fort taux d’équipement dans le monde, avec 26% en 1978.

 

Aux États-Unis,  le marché des produits "dérivés" connaît quant à lui une explosion. Par exemple, une entreprise lance sa gamme de pop-corn réalisable au micro-ondes aux États-Unis au début des années 1980. 15 ans plus tard donc en 1995, 65% du pop-corn mangé par les américains (ce qui représente des dizaines de millions de kg par an) sont « cuits » au micro-ondes.

Les années 1980 marquent une grande évolution dans le système de logement aux États-Unis puisqu'en 1974[48] la création de la Section 8 du Housing Act de 1937[49] permet aux Américains de ne pas dépenser plus de 30% de leur revenu pour payer leur loyer, le reste étant à la charge de l'État. Au fur et à mesure, afin d'augmenter le niveau de vie et de confort de la population, de nombreux biens commencent à devenir nécessaires pour que le logement soit autorisé à bénéficier de cette aide d'État. Dans cette liste nous retrouvons entre autres en 1995[50] l'ajout du four à micro-ondes comme un équipement indispensable. Cet ajout montre que le four à micro-ondes occupe une grande place dans la société américaine.

En 1989 selon une étude du Campbell Microwave Institute[51], 25% des dîners américains se préparent avec un four à micro-ondes. Dans ces années-là les principaux utilisateurs sont les travailleurs et paradoxalement les anciens. Ces derniers utiliseraient alors à l’époque 52% plus de fois la cuisson au micro-ondes que les autres générations. C’est d’ailleurs paradoxal pour un appareil qui est censé faire gagner du temps. En effet, les retraités ont plus de temps pour manger à midi que les actifs… C'est paradoxal aussi vu qu'aujourd’hui en France, les personnes plus âgées sont toujours plus réfractaires que le reste de la population aux fours micro-ondes.

En 1993, 80% des ménages américains possèdent un four à micro-ondes et plus de 75% des lieux de travail en sont aussi dotés. En clair, avec un graphique du New York Times, on remarque une croissance exponentielle de 1975 à 1990, puis une douce augmentation de cette date à nos jours, qui représente l’époque de la 3ème partie.

Mondialisation de l’appareil

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L’Europe commence à s’y mettre également au cours de ces années-là, notamment la Grande-Bretagne et l’Allemagne de l’Ouest, chez qui les ventes sont en fortes croissances, respectivement 150 000 et 80 000 unités vendues. Ce qu’on observe est que ce sont très majoritairement les pays développés de l’époque qui utilisent le micro-ondes : Amérique du Nord, Asie de l’Est (principalement Japon) et Europe Occidentale.

Il est également important de noter que la Russie Communiste a interdit l’usage des micro-ondes de 1976 à 1990 à cause de leurs prétendus effets néfastes sur les aliments et leurs vitamines. Il est aussi compréhensible qu'en pleine guerre froide l'URSS refuse l'entrée d'une technologie américaine sur son territoire. Cela peut expliquer aussi le fait que ce soit principalement les pays occidentaux (influencés par les États-Unis et non pas par la Russie) qui utilisent le plus ces fours à l'empreinte américaine.

Concernant les régions en développement, l’adoption se fait beaucoup plus doucement. En effet, les ménages de ces régions-là disposent rarement d’un revenu suffisant, et lorsqu’ils l’ont, vont préférer un appareil plus utile pour eux, comme un réfrigérateur ou un four polyvalent. On a donc un fort décalage du taux d’équipement dans le temps selon les régions du monde. Par exemple, la Russie et l’Afrique du Sud (un des pays les plus développés d’Afrique) atteint un taux de 40% seulement en 2004, l’Inde serait à moins de 5% en 2008, ou encore le Vietnam qui culminerait à 16% en 2008.

Le retard français

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Du côté français, c’est très timide dans ces années d'explosion, on peine à obtenir les 18 000 appareils achetés. Une archive du Monde[52] explique ce retard par la difficulté des français à modifier leurs habitudes culinaires. Il est vrai que la France est tout de même le pays de la bonne gastronomie, traditionnelle, c’est alors compréhensible que l’on soit réfractaires à cet appareil qui envoie des micro-ondes dans les aliments et qui réchauffe ou cuit ces derniers en un temps record, sans les laisser mijoter avec des petits oignons.

De plus, les français sont encore assez méfiants de ce nouvel appareil. En effet, on nous montre sur une vidéo du salon des arts ménagers de 1981[53] ce que serait la cuisine du futur, avec un micro-ondes. Ce dernier est associé tout le long de la vidéo à des bruits ressemblant à ceux de robots extra-terrestres, comme s’il s’agissait d’une technologie vraiment étrange, ou tout au moins qui n’inspire pas vraiment la confiance des potentiels utilisateurs.

 
Logo de la marque française d'électroménager Moulinex

C’est seulement en 1979 que la marque française Moulinex lance son premier four à micro-ondes. Cela explique sans doute aussi le « retard » de la France dans le développement de ce four. On peut également relever les prix, tout de même hauts comparés à ceux que l’on peut observer aujourd’hui. En effet, en 1981, le prix moyen d’un micro-ondes dans les magasins français est entre 3000 et 3500 F, soit autour de 500€. Au final, c’est surtout cher pour un appareil supplémentaire et non pas de substitution. En effet, on voit dans la même vidéo que la cuisine du futur est composée d’un four conventionnel et d’un four à micro-ondes.

Moulinex, la marque française, arrive tout de même à sortir un appareil à 2000F (300€). Cette dernière fait d'ailleurs partie des principaux fabricants avec Bosch, Brandt, De Dietrich, Kenwood, Neff, Philips, Scholtès, Thermor, Toshiba. On retrouve la majorité de ces enseignes encore aujourd’hui. Ce sont rarement des marques spécialistes, plutôt des fabricants d’électroménager général. Comme aujourd’hui, les prix sont encore très variables, on a dit 2000F pour Moulinex et jusqu’à 7000F (plus de 1000€) pour Neff.

De plus, le marché des produits surgelés ou au moins préparés n’est pas du tout le même qu’aujourd’hui. Dans les années 1960, la France produisait seulement 30 000 tonnes de produits surgelés, ce qui correspond à moins de 1kg par habitant par an. Cependant, la part des plats préparés dans les achats alimentaires des ménages ne dépassait pas les 1% (elle est 5 fois supérieure aujourd’hui). Par conséquent, les produits principalement utilisés au micro-ondes n’étaient pas du tout présents dans les foyers français. Néanmoins, depuis 1960, la consommation de plats préparés augmente en moyenne de 4.4% par an, ce qui représente tout de même une forte augmentation (en partie responsable de la croissance des ventes de micro-ondes dans les années 1980 et 90). Une archive du Monde indiquait déjà en 1981 que le développement de ce type de four serait lié avec le développement des produits dérivés, à savoir les produits surgelés et les appareils de congélation.

Si on s’intéresse à la courbe du taux d’équipement, on peut remarquer que la pente forte de croissance s’est faite au début des années 1990. En effet, le taux d’équipement a doublé entre 1990 et 1994. En fait, l’explosion est à peu près la même que celle des États-Unis au niveau de la croissance, mais avec 15 ans de retard. Du point de vue législatif, c'est également le même constat. Face à cette hausse, la France a pris des mesures de régulations pour réglementer le marché. C'est ainsi qu'en 1992[54] l'état met en place des normes obligatoires même si celles-ci n'ont pas été directement conçues pour les fours micro-ondes. Il faudra attendre 1993[55] pour que l'Association Française de Normalisation (AFNOR) émette un avis relatif aux incendies de fours micro-ondes à cause de mauvaises utilisations par les consommateurs et publie un rapport de multiples incidents. Mais ce n'est qu'en 1997[56] pour que la première norme française spécifique aux micro-ondes soit rédigée, puis s'ensuit ensuite une multitude de révisions et d'homologation de nouvelles réglementations.

Le four à micro-ondes a donc fini tout de même par gagner les populations françaises et comme de nombreux autres appareils électroménagers, il se répand très vite en commençant par les ménages aisés puis finit par devenir un équipement standard. De nouvelles habitudes alimentaires voient alors le jour. Le mode de vie urbain et l’exigence croissante de rapidité de la société moderne ont restreint le temps accordé par les Français à l’achat et à la préparation des repas. Ils aspirent à utiliser davantage leur temps pour les loisirs et recherchent donc praticité et gain de temps concernant leurs prises alimentaires, qu’ils trouvent notamment dans la consommation d’aliments services (plats préparés, sandwichs, restauration et livraison à domicile…). On peut en effet noter que le micro-ondes dans un ménage s’accompagne également d’un congélateur, puisqu'un des principes fondamentaux du micro-ondes est la décongélation d’aliments et de plats tout prêts[57].

Le net affaiblissement de la transmission intergénérationnelle du savoir-faire culinaire a également contribué à renforcer cette tendance des plats tout prêts à réchauffer au micro onde et il peut être une source d'explication de ce retard pris par les français. Comme on le cite plus haut, les français sont très attachés à leur gastronomie qui fait partie de notre culture. Les anciens avaient plaisir à transmettre ce savoir qui se perd peu à peu dans les familles. Ceci peut donc également expliquer pourquoi les personnes âgées sont plus réticentes face à l'utilisation de ce four.

L'évolution des pratiques culinaires et l'utilisation croissante du four à micro-ondes dans les ménages s'expliquent également par l'évolution de la place de la femme dans nos sociétés durant la fin du 20ème siècle.

Le micro-ondes et la place de la femme

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Le rapport entre le développement du four à micro-ondes et l’évolution de la femme au sein de nos sociétés entre les années 1960 et 90, peut être rapproché du paradoxe de l’œuf et de la poule. En effet, est-ce le désir d’émancipation des femmes qui a contribué au succès et au développement du micro-ondes, ou est-ce l’arrivée du micro-ondes dans les ménages qui a permis entre autres à la femme de s’émanciper ? Difficile à dire. Pour être exact, il semblerait qu’aucun de ces deux phénomènes n’ait été la conséquence de l’autre, mais plutôt que leurs trajectoires se soient mutuellement impactées l’une l’autre.

 
Modèle RL-1 Tappan Stove[58]

La 2ème moitié du XXème siècle voit la place de la femme totalement changer (tout du moins en France). L’obtention du droit de vote en 1944 sonne le début d’une série de transformations qui finiront par rendre la femme des années 2000 bien différente de la « ménagère » des années 1950. Avec le réfrigérateur et la machine à laver déjà présents dans bon nombre de ménages, le micro-ondes s’inscrit alors dans la catégorie des objets électroménagers ayant accompagné l’émancipation de la femme à partir des années 1960. En effet à partir de cette date, le nombre de femmes ayant un emploi se met à croître considérablement, avec un désir d’indépendance et un souci d’égalité de plus en plus présents. En un sens, le micro-ondes rend plus compatible le travail salarié et les tâches domestiques grâce à un allègement du temps de préparation des repas.[59] Le micro-ondes arrive ainsi juste à temps pour remplir le besoin croissant de gain de temps dans la cuisine, ce qui explique en partie son succès et sa position progressive en tant que paradigme.

En plus d’être un gain de temps pour la « ménagère », le micro-ondes contribue à la déqualification du travail ménager : facile d’utilisation, n’importe qui peut s’en servir et la femme n’est plus la seule à pouvoir préparer à manger. Il permettra comme nous le verrons plus loin l’autonomie de chacun face à la préparation des repas, et la déstructuration progressive de ceux-ci. Grâce au micro-ondes, la femme est alors libérée de certaines obligations traditionnelles à l’égard des enfants, notamment celle d’être au foyer à leur retour de l’école puisque le micro-ondes (ainsi que le réfrigérateur) permet une plus grande autonomie des enfants[60].

Pendant cette période, ce n’est pas seulement la condition féminine qui évolue, mais aussi et surtout la vision que la société a de la femme. Quand en 1950 l’archétype de la femme est celui d’une mère et d’une épouse maniant les arts domestiques à merveille, ce modèle est peu à peu remplacé par celui de la femme indépendante sachant concilier vie familiale et professionnelle. Ainsi petit à petit, les femmes ont non seulement moins de temps pour préparer les repas, mais ont surtout moins besoin de la valorisation sociale liée à ce rôle. De ce fait, même si le micro-ondes peut être considéré comme « dévalorisant l’art de la cuisine » cet aspect n’est en rien un frein à son utilisation croissante au sein des ménages.

Les premiers débats

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Dans la période des Trente Glorieuses, les cuisines évoluent et l’électroménager s’impose doucement. Dans les années 1960, la cocotte-minute ou la poêle antiadhésive font leur apparition. La décennie suivante sera marquée par l’arrivée du lave-vaisselle, de la cafetière électrique… C’est dans ce contexte historique que le four à micro-ondes s’impose en France, quelques années plus tard.

L’arrivée des fours à micro-ondes dans la vie quotidienne a évidemment apporté son lot de débats et de craintes. Un tel appareil est inconnu du grand public. Habitué à la cuisine au four traditionnel ou à la gazinière, ce nouveau four ne semble pas correspondre aux cuisines de l’époque. Ce changement perturbe les habitudes : le public appréhende l’inconnu, notamment l’utilisation des ondes. Cela peut expliquer, entre autres, son arrivée timide dans les foyers.

Les premières normes

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Le sujet qui suscite le plus de controverses à propos des fours à micro-ondes est, comme on l’entend dans son nom, la crainte des ondes. Il est vrai que nous sommes constamment traversés par des ondes électromagnétiques. Les téléphones portables, les bornes wifi, les antennes réseau : tous envoient et reçoivent des radiofréquences. Les micro-ondes de ces fours effraient par rapport au risque d’exposition directe sur le corps humain, mais également pour les conséquences sur la nourriture.

Lors du fonctionnement du four, les micro-ondes sont émises dans toutes les directions. Afin d’éviter leur propagation hors de l’enceinte du four, un boîtier et une grille métallique sur la porte du four sont présents. Un four à micro-ondes fonctionne sur le principe d’une cage de Faraday : il renvoie les ondes qu’il reçoit. Le risque de fuite est cependant présent. Une vitre fissurée, mal entretenue, des joints qui se décollent : autant de raisons pour que les micro-ondes s’échappent du four en fonctionnement. C'est pourquoi, pour rassurer les ménages, la première des règles qui a été admise très rapidement autant par les utilisateurs que les industriels est que le four ne doit pas pouvoir fonctionner si la porte du four n'est pas fermée. En effet, on ne doit pas pouvoir faire fonctionner le four si la porte est ouverte afin de limiter l'exposition du corps humains aux ondes. Cependant, en 2000[61] le Conseil D'État a quand même dû légiférer et interdire la publication d'un livre expliquant que l'on pouvait soulager ses douleurs d’arthrite (entre autre) en mettant la partie douloureuse de son corps dans son micro-onde (à cette époque certains modèles disposaient d'une sécurité mécanique désactivable relativement facilement). Mais dès 1968[38] les sénateurs américains remontaient des problèmes liés aux fuites des micro-ondes avec des cas où les fuites représentaient plus de 200 fois la norme (mais qui était réservé aux appareils radio militaire donc n'entrant pas dans le champs d'application des fours micro-ondes). C'est donc très vite que les fuites ont été réglementées pour être limitées à une valeur de 10mW/cm² aux États-Unis en 1968. En France, les micro-ondes sont très vite soumis aux exigences de tout appareils émettant des ondes quant à la limite d'exposition. Celle-ci à été ensuite fixée à 5mW/cm² par l'OMS[62] qui est une limite qui a été reprise par la plupart des pays dont la France.

La première exposition médiatique

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Si chacun a son avis, les détracteurs de cet outil ménager sont assez nombreux et estiment que le four à micro-ondes est un réel danger pour l’homme. Les débats sur les risques liés à ce four émergent à cette époque, et perdurent encore aujourd’hui…

Le four à micro-ondes connaît sa première grosse exposition médiatique en 1992. Un chercheur indépendant et un professeur de l’EPFL mènent une étude scientifique sur les potentiels dangers de l’appareil. Cette dernière est publiée dans le journal Franz Weber[63], No 19, jan/fev/mars 1992. Franz Weber est un humaniste, écologiste, et journaliste suisse. Son journal éponyme, très engagé, présente les actions de la fondation Franz Weber, protectrice des animaux et de l’environnement. Cette étude est catégorique : les fours à micro-ondes sont nocifs.

Cette étude a été menée sur huit volontaires, soumis pendant deux mois à un régime alimentaire strict. Les repas étaient préparés selon différentes cuissons (cuisson à l’eau, plaque chauffante, aliments crus, four à micro-ondes…) puis analysés. Des analyses sanguines étaient également effectuées sur les volontaires. Selon cette étude, les résultats sont sans équivoques : la cuisson au four à micro-ondes influent sur les constantes sanguines et amène à un état précancéreux. La cuisson par micro-ondes modifie les substances nutritives des aliments, qui amènent à des modifications des systèmes humains. L’article conclut sur la nécessité de proscrire ces appareils et de mettre à la casse tous ceux en fonction, « il y va de la santé publique » disent-ils.

Les résultats très alarmistes sont cependant à prendre avec du recul. Effectivement, le journal écologiste Franz Weber n’est probablement pas l’organisation la plus neutre. Réputé très engagé contre les nouvelles technologies, et militant dans les domaines de l’écologie, de tels résultats doivent être comparés à d’autres études. D'autant plus que celle-ci ne porte que sur huit volontaires, ceci n'étant pas très représentatif de la société actuelle.

Au-delà des constats très pessimistes, c’est « grâce » à l’enquête judiciaire qui l’a suivie que cette étude a été connue du grand public. En effet, les fournisseurs et fabricants d’appareils électro-domestiques, furieux de cette enquête qu’ils jugeaient non fiable, ont poursuivi en justice le chercheur indépendant pour concurrence déloyale. La Suisse condamna le chercheur pour violation de la loi sur la concurrence déloyale, et il fut interdit de diffusion de ses thèses.

Quelques années plus tard, en 1998, l’affaire atteint la Cour Européenne des Droits de l’Homme[64]. La Suisse est condamnée, à Strasbourg, pour atteinte à la liberté d’expression. L’étude du chercheur, même si sa thèse prônait un avis minoritaire, doit pouvoir être publiée.

C’est la première grande exposition médiatique du four à micro-ondes. Dès sa miniaturisation et son entrée dans les ménages, il commence à créer des débats.

Un appareil omniprésent symptomatique de la société d'aujourd'hui

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Symbole de la société actuelle

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Aujourd’hui le micro-ondes reflète bien la société à travers deux de ses désirs toujours plus présents : la liberté et la rapidité.

Comme on l’a vu précédemment, le micro-ondes a laissé entrevoir aux ménages un gain de temps : plus de temps pour se consacrer aux loisirs, car moins de temps consacré à la préparation des repas. De plus, on remarque que le micro-ondes n’est pas un bien en déclin : de nouvelles fonctionnalités apparaissent pour compléter son utilisation. Le micro-ondes attire encore et il fait partie des acteurs de cette société de consommation. Société de consommation qui est aussi caractérisée de fainéante ou paresseuse. Les tâches considérées doivent toujours être exécutées plus rapidement, et les appareils doivent toujours remplir le plus de fonctionnalités, utiles ou non. Par exemple le four à micro-onde peut aujourd’hui décongeler, réchauffer mais aussi cuire tel un véritable four. Ainsi l’utilisateur peut observer un gain de temps, gain d’argent… Et c’est le but d’un très grand nombre de personnes, certains plus que d’autres par exemple les étudiants ou les familles nombreuses…

A l’ère où le moindre chargement devient trop long et où chaque temps d’attente est considéré comme un temps perdu, le micro-ondes s’impose alors en tant qu’objet essentiel. Permettant de préparer des repas en un temps record, il correspond parfaitement à la volonté actuelle de gagner toujours plus de temps.

De surcroît, le micro-ondes permet à chacun au sein d’un ménage de manger ce qu’il veut à l’heure qu’il souhaite, sans respect de l’heure des repas, ou de l’unicité de ceux-ci (chacun est libre de se préparer ce qu’il souhaite)[65].  En offrant à tous cette liberté vis à vis des repas, le micro-ondes exprime ainsi l’individuation au sein de la famille. En effet, les repas principaux, ont été décrits depuis les fondateurs de la sociologie en France comme une véritable institution familiale, et un cadre essentiel de la socialisation. Chombart de Lauwe donne même en 1956 la définition des ménages comme suit : « Le ménage [...] est le groupe dont les membres partagent la nourriture à la même table, et cette table peut mieux définir le groupe que le logement. ». Depuis le début des années 1980, les sociologues se questionnent alors sur l’impact de la « déstructuration des repas traditionnels » sur la socialisation au sein du ménage. Si du côté des États-Unis ce mode de vie semble avoir été plus facilement admis, il continue de faire débat en France où une importance particulière reste accordée aux repas.[66]

En s’inscrivant totalement dans l’évolution logique des consommations alimentaires et des modes de vie d’aujourd’hui, le micro-ondes affirme alors sa position de véritable paradigme.

Des impacts environnementaux

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Cette logique moderne de consommation alimentaire n'est cependant pas du tout neutre d'un point de vue environnemental. Le gain en temps et en liberté permis par ces nouveaux appareils s'accompagnent d'une augmentation de la consommation d'énergie, de ressources, de la production de CO2, des impacts environnementaux de nos cuisines. On peut penser que le four à micro-ondes est un appareil très efficace d'un point de vue énergétique, que pour des besoins équivalents, il consomme moins d'énergie que des appareils plus traditionnels. En réalité, cette efficacité énergétique du four à micro-ondes dépend de l'usage qu'on en fait, c'est à dire du type d’aliment ainsi que de la quantité que l’on veut réchauffer.

Il existe peu d’études qui comparent de son efficacité en fonction des aliments. On trouve cependant plusieurs études, ainsi que des essais réalisés par des particuliers[67], comparant son efficacité à d’autres appareils pour faire chauffer ou bouillir de l’eau.

Par exemple, dans une étude analysant l’efficacité énergétique dans la pratique quotidienne de la cuisine[68], les chercheurs ont comparé l’énergie consommée pour réchauffer différentes quantités d’eau avec plusieurs appareils : deux bouilloires électriques différentes, un four à micro-ondes et deux casseroles sur plaques électriques avec couvercles.

L’efficacité du four à micro-ondes reste globalement constante en fonction la quantité à chauffer. Au contraire, pour les deux casseroles, l’efficacité augmente fortement avec l’augmentation de la quantité d'eau. On observe le même phénomène, bien que moins marqué, pour les bouilloires électriques.

En comparant les résultats des 3 appareils, les chercheurs ont constaté que la bouilloire électrique est toujours la plus efficace. L'appareil consomme 1,5 fois moins d’énergie que le four à micro-ondes pour des quantités proches de celles d’une tasse (250 ml), et plus de 2 fois moins d’énergie pour 1L d'eau.

En comparaison avec la casserole, le four à micro-ondes est plus efficace pour les quantités inférieures à 500ml et moins efficaces pour des quantités plus importantes.

Dans certains contextes, pour réchauffer de petites quantités d’aliments, le four à micro-ondes semble donc posséder un intérêt énergétique, bien que peu important. Le seul moment où il serait réellement intéressant, d'un point de vue de la consommation d'énergie, d'utiliser un micro-onde, serait dans le cas de plats préparés, qui ne peuvent pas être réchauffés à la casserole. En effet, l'utilisation d'un four électrique traditionnel entraînerait une augmentation de la consommation.

Le four à micro-ondes rend donc la consommation de plats préparés, plus simple, plus rapide. Cependant, cette consommation a également des effets sur l'usage d'autres appareils : les réfrigérateurs, les congélateurs...

 
cas du four à micro-ondes

Mesurer l’efficacité énergétique du four à micro-ondes est donc intéressant, mais ne permet pas de déterminer son impact réel sur la consommation globale d'énergie. En effet, lorsque l’on améliore l’efficacité énergétique d’un appareil, on observe parfois une augmentation de son utilisation, ou une augmentation de l’utilisation d’autres appareils. Pour comprendre l’impact réel d'un appareil, il est nécessaire de quantifier ce phénomène, appelé effet rebond.

C'est l'objet d'une étude[69] réalisée en 2013 sur le cas particulier de Pékin.

Les chercheurs ont d’abord analysé l’effet rebond direct, c’est-à-dire la sur-utilisation du micro-ondes en cas d’amélioration de son efficacité. L’effet calculé est proche de 100%, ainsi les bienfaits d’une amélioration technique augmentant le rendement de l’appareil seraient totalement compensés par son utilisation incessante.

Si on prend en compte les effets indirects : l'utilisation excessive d’autres appareils, l’étude montre un effet rebond entre 500 et 700%. Cela signifie qu’une augmentation de l’efficacité énergétique du micro-onde, provoque une augmentation de la quantité totale d’énergie consommée 5 à 7 fois plus importante que ce qui est sauvegardé par l’amélioration technique.

On observe une corrélation avec la sur-utilisation du réfrigérateur, mais aussi de la télévision, des ordinateurs et de la voiture. Selon les auteurs de l’étude, cet effet est probablement dû au fait que plus le rendement d’un micro-onde augmente, plus il est rapide d’utilisation, ce qui libère du temps pour les loisirs et les déplacements. L'étude tend à montrer que le micro-onde s'inscrit bien dans cette logique moderne de rapidité de consommation.

 
l'ADEME utilise deux indicateurs dans son rapport : SuperBom qui correspond à la quantité de matière présente dans le produit fini, et MIPS qui correspond à la quantité totale de matière première nécessaire à sa fabrication.

Enfin, la consommation d’énergie n’est pas le seul indicateur qui permet de déterminer les impacts d’un appareil sur l’environnement. Pour cela, on effectue une analyse en cycle de vie. L'idée est de quantifier, depuis l'extraction des matières premières jusqu'à la fin de vie de l'appareil, les différents impacts environnementaux qu'engendre la création de l'appareil. C'est ce qu'a fait l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) sur un grand nombre d'équipements dans un rapport de 2017[70].

Il montre entre autre la contribution au changement climatique des différentes étapes de la vie du four à micro-ondes. On remarque que la phase d'utilisation de l'appareil ne correspond qu'à 20% de ses impacts. Une part plus importante (36%) provient des matières premières utilisées, ce qui montre l'importance de prendre en compte chaque étape de la vie de l'objet.

Un indicateur permettant de prendre conscience de ce phénomène est le "sac à dos écologique". Il correspond à toutes les matières premières utilisées, depuis l'extraction jusqu'à la fin de vie de l’appareil. Cette quantité de matière est souvent 15 à 100 fois supérieure à la quantité de matière effectivement présente dans un produit fini.

Dans le cas du four à micro-ondes, l'appareil pèse environ 13kg. Cependant, 2108 kg de matières premières ont été nécessaires pour le construire soit 162 fois plus. On retrouve ce type de résultat pour d'autres appareils de cuisine : pour un mini four électrique 86 fois la masse du produit en matières première ont été nécessaires pour le fabriquer et 73 fois la masse finale pour un four encastrable.

Ainsi, malgré son faible poids, le four à micro-ondes nécessite pour être produit à peu près la même quantité de matière que des appareils bien plus massifs tels qu'un lave vaisselle ou un lave linge. Bien qu'il soit composé à plus de 50% d'acier, son sac à dos écologique contient 80% de cuivre. On y retrouve également une quantité non négligeable de charbon, utilisé principalement pour la production de l'acier.

Etat des lieux actuel

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L'appareil est donc bien un symbole de notre société, que ce soit au niveau comportemental, environnemental, ou de la consommation. Mais qu'en est-il de sa consommation à ce jour ? On l'a dit précédemment, l'appareil ne connaît pas de révolution dans son fonctionnement, et la frénésie de la fin du siècle passée est terminée... Ne connaît-il alors pas un déclin ?

Le cas français

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Aujourd’hui, plus de 89% des foyers sont équipés en France[71] contre 20% en 1990. En France, on observe un nombre de ventes en hausse de 3.3%, hausse au-dessus des autres appareils électroménagers liés à la cuisson. Le marché est encore croissant alors que la très grande majorité des ménages est équipée. Évidemment, l’accessibilité financière de ces appareils favorise grandement l’achat de ces derniers. En effet, on trouve aujourd’hui maintenant des appareils à 40€, accessibles à tous. L'autre raison de la forte hausse du début des années 2000 peut cependant s'expliquer par de nombreuses lois promouvant le micro-ondes en France, par exemple en 2005[72] le four à micro-ondes est reconnu comme l'appareil de remise à température des plats à utiliser pour les établissements accueillant du public. Mais ce sont les années 2010 qui représentent l'apogée en terme législatif de la promotion du micro-ondes. En 2010[73] c'est l'entrée du micro-onde dans la classification des résidences de tourisme, en effet l'appareil devient obligatoire pour que la résidence de tourisme puisse accéder à la deuxième étoile. En 2013[74] une norme spécifique au micro-onde apparaît permettant de différencier les appareils électro-domestiques tels que les fours classiques des fours micro-ondes. Enfin, c'est en 2015[75] que la plus importante législation sur le micro-onde a été prise, puisque c'est dans ce décret que l'État fixe le micro-onde comme un bien nécessaire dans une location meublée (il reste tout de même substituable par un four classique). Au final, de nos jours le micro-ondes est un bien très présent dans notre société puisqu'en 2019[76] le précédent arrêté fixant le classement des résidences de tourisme a été amendé de sorte à ce que les fours à micro-ondes deviennent nécessaires dès la première étoile.

Le cas des États-Unis

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Par ailleurs, aux États-Unis, c’est plus de 90% des ménages qui sont équipés[77]. On peut alors imaginer que la hausse française va se poursuivre jusqu’à ce que le taux d’équipement atteigne un niveau maximal, symbolisé par celui des américains. C’est ce qu'il s’est passé aux États-Unis. Un sondage d’un institut américain montre en 2006 que seuls les voitures, les machines à laver, les séchoirs et les climatisations étaient plus essentiels pour les américains en termes de produits de consommation que le four à micro-ondes. 2006 est l’année du pic du chiffre d’affaires du four à micro-ondes aux États-Unis avec 3.7 milliards de dollars. Depuis cette année 2006, on observe une baisse des ventes entre 2006 et 2010 suivie d’un plateau depuis. En 2014, les ventes avaient chuté de 40% comparées à 2004.

Le plateau observé peut s’expliquer par les remplacements d’appareils. En effet, comme beaucoup d’appareils d’aujourd’hui, les appareils ne sont pas réparables par l’utilisateur qui va alors préférer remplacer, et par la même occasion acquérir un modèle plus innovant. Car oui, le micro-ondes propose aujourd’hui des nouvelles fonctionnalités qui peuvent séduire la clientèle : grill, fonction de nettoyage intégrée, ou encore adaptation de la puissance en fonction du plat et du poids de l’aliment (sans que l’utilisateur programme).

Quant à la baisse entre 2006 et 2014, des sociologues américains l’expliquent qu’avec l’explosion des snackings et de la livraison à domicile[78] (peu coûteuse aux États-Unis où le salaire moyen d’un livreur est de 7 dollars de l’heure et représentant un tiers des repas pris par les américains), le nombre de repas pris à la maison a chuté, d’où la baisse d’utilisation du micro-ondes. Le gain de temps offert par le micro-ondes est surpassé par celui proposé par la livraison à domicile ou par le snacking : pas besoin de surveiller ou même de prendre une petite dizaine de minutes pour déballer un plat préparé ou surgelé et le mettre dans le micro-ondes. De plus, et pour reprendre l’exemple des popcorns, ces derniers comme beaucoup d’autres produits sont désormais disponibles à la vente déjà tout préparés. On a donc des usages du micro-ondes qui disparaissent, remplacés par des consommables déjà tout fait.

L’article explique que ce phénomène n’apparaît pas en France (les ventes sont stables voire légèrement croissantes depuis 2013[79]) du fait d’une part que la livraison à domicile ne soit pas aussi économique qu’aux États-Unis et d'autre que le snacking n’est pas encore prépondérant face à la tradition culinaire française même s’il connait une recrudescence ces dernières années. Même chose au Canada où les ventes sont stables depuis une vingtaine d’années.

 

Autre raison de la baisse des ventes aux États-Unis est le fait que lentement, les américains s’intéressent de plus en plus à ce qu’il mange et à la mouvance de la cuisine « fraîche ». En effet, on observe dans le même temps que la chute de ventes de micro-ondes une évolution similaire au niveau de la vente des plats préparés congelés. Cela a atteint effectivement un pic en 2008 et depuis, les ventes stagnent voire baissent. A noter quand même que la chute n’est pas impressionnante mais qu’elle est tout de même un des vecteurs de la chute des ventes de micro-ondes, servant justement à décongeler ou réchauffer ces plats. On voit alors une nouvelle fois que les trajectoires des plats préparés et surgelés et des fours à micro-ondes sont étroitement liées. A l’inverse, les français passent environ 25% de moins de temps à faire à manger en 2010 (53 minutes) qu’en 1986 (71 minutes), et les ventes plats surgelés/préparés sont encore en hausse (+4% entre 2013 et 2018)  et la part des produits préparés dans les achats alimentaires des français est encore et toujours en augmentation[80].

Raisons de la stagnation

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Enfin, on aperçoit aussi une prolifération de nouveaux appareils de cuisine : robots cuisiniers, cuiseur de riz, mini-four, friteuse, qui prennent de la place dans le plan de travail de la cuisine et qui renvoient parfois le micro-ondes dans un coin ou le remplacent complètement, surtout avec la mouvance du DIY (Do It Yourself) expliquée précédemment.

En clair, on remarque que l’appareil en lui-même est toujours aussi présent. En effet, le taux d’équipement est stable dans les pays développés, voire encore grandissant dans les autres régions. Cependant, il a passé le stade de la découverte pour devenir une évidence à laquelle tout le monde a globalement accès d’où l’essoufflement ou tout au moins l’adoucissement de la pente croissante des ventes (commençant par les États-Unis).  

A l’échelle mondiale, le marché des micro-ondes représentait 11,4 milliards de dollars en 2018, avec une prévision de 16,2 milliards en 2026. Nous ne sommes donc pas sur un marché en recul. Alors que, comme on l’a dit précédemment, c’est assez paradoxal avec la durée de vie des appareils. En effet, le magnétron, opérant la fonction principale de réchauffage des aliments, est un composant à longue durée de vie (autour de 10 ans).  On peut penser que l’on doit cette prévision au fait que bon nombre de pays n’ont pas encore atteint le taux d’équipement dans États-Unis où plus largement des pays occidentaux. On l’a vu dans la grande partie précédente avec le taux de l’Inde, de l’Afrique du Sud ou encore de la Russie. De plus, selon un sondage, certes commandé par le fabricant de micro-ondes Panasonic mais qui a tout de même son intérêt, c’est que 41% des ménages utilisent leur four à micro-ondes chaque jour.

Au final, le phénomène de ralentissement progressif des ventes du fours à micro-ondes est alors sans doute seulement aux États-Unis pour le moment, pays où tout a commencé.

Des débats toujours nombreux

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50 ans après son installation dans les ménages, le four à micro-ondes fait toujours l’objet de craintes concernant ses effets sur la santé des utilisateurs. Même si pour la majorité de la population, cet appareil est entré dans les cuisines et dans les habitudes, certains le voient encore nocif. Les débats modernes sont, étonnamment, assez semblables à ceux du début de l’ère des fours à micro-ondes. La question du danger des ondes, la destruction des nutriments dans les aliments, les effets sur la santé de ses utilisateurs… : autant de sujets déjà abordés en 1992, dans le journal de Franz Weber. Et pourtant, une trentaine d’années après, les mêmes questions perdurent[81].

Il faut premièrement noter un gros manque d’études scientifiques sur le sujet. La présidente de CRIIREM (Centre de Recherche et d’Information Indépendant sur les Rayonnements Electro-Magnétiques) elle-même reproche à la communauté scientifique un manque de recherches, notamment sur l’alimentation. Aussi étonnant que cela puisse paraître, pour un objet que l’on pourrait considérer « du quotidien », la science n’a pas tranché.

Les risques liés à un mauvais usage

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Fichier:Etiquetage-energetique.jpg
Étiquette énergétique

La plupart des peurs qui ont ensuite émergé sont liées à des mauvaises utilisations du four micro-ondes, des explosions d'aliments après avoir été cuits, des brûlures importantes, de la fumée qui sortait de l'appareil après y avoir mis une casserole...C'est pourquoi la plupart des règles que les fours micro-ondes doivent respecter, outre le fait qu'ils ne doivent pas pouvoir s'activer quand la porte est ouverte et la limitation des fuites, sont sur leur notice d'utilisation. En effet, la plupart des accidents domestiques et des dangers sont issus non pas du four lui-même mais de l'utilisation qui en est faite.

Au Japon, de nombreuses règles d'étiquetage ont été fixées[82] comprenant la consommation électrique, les dimensions de la cavité, la liste des ustensiles qui peuvent (ou ne peuvent pas) passer au micro-ondes... En France, c'est l'apposition d'étiquette sur le micro-ondes et de compléments dans la notice d'utilisation qui a été choisie. En effet, tout les micro-ondes ont une étiquette indiquant les surfaces pouvant chauffer (généralement le haut du four) ainsi qu'un avertissement quant à l'enlèvement du couvercle du micro-onde pouvant entraîner des fuites. Ces règles d'étiquetages font écho à de nombreux accidents dus à des mauvaises utilisations de micro-ondes entraînant leurs dysfonctionnements, l'explosion de certains aliments dans le four ou encore des incendies. On peut retrouver des affaires de brûlure graves à cause de bouillotte chauffée au micro-ondes[83], des dysfonctionnements à cause d'un nettoyage à la vapeur de la cavité du micro-onde, ou encore des incendies de maison dus à des surtensions du micro-onde (cependant aucun cas d'explosion dû à un micro-onde tel qu'on pourrait le voir dans les films n'a été signalé). Finalement dans la partie notice d'utilisation (ou mise en garde du consommateur) une longue liste d'instruction doit être indiquée. Voici une liste des instructions qui doivent être présentes :

  • MISE EN GARDE: Si la porte ou les joints de porte sont endommagés, le four ne doit pas être mis en fonctionnement avant d’avoir été réparé par une personne compétente.
  • MISE EN GARDE: Il est dangereux pour quiconque autre qu’une personne compétente d’effectuer des réparations ou des opérations de maintenance entraînant le retrait d’un couvercle protégeant contre l’exposition à l’énergie micro-ondes.
  • MISE EN GARDE: Les liquides ou autres aliments ne doivent pas être chauffés dans des contenants fermés hermétiquement puisqu’ils sont susceptibles d’exploser.
  • MISE EN GARDE: Le chauffage de boissons au micro-ondes peut provoquer des jaillissements retardés de liquide en ébullition; par conséquent, des précautions doivent être prises lors de la manipulation du récipient.
  • MISE EN GARDE: Le contenu des biberons et petits pots pour bébé doivent être remués ou agités et la température vérifiée avant consommation, afin d’éviter des brûlures.
  • La hauteur minimale de l’espace libre nécessaire au-dessus de la surface supérieure du four.
  • N’utiliser que des ustensiles appropriés à l’usage dans les fours à micro-ondes.
  • Lorsque des aliments sont chauffés dans des récipients jetables en matière plastique ou papier, garder un œil sur le four en raison des risques d’inflammation.
  • Si de la fumée apparaît, déconnecter ou débrancher l’appareil et maintenir la porte fermée de façon à étouffer les flammes.
  • Il est recommandé que les œufs dans leur coquille et les œufs durs entiers ne soient pas chauffés dans un four à micro-ondes car ils risquent d’exploser même après la fin de la cuisson.
  • Les détails pour nettoyer les joints de porte, les cavités et parties adjacentes.
  • Il est recommandé que le four soit nettoyé régulièrement et tout dépôt d’aliments retiré.
  • Si le four n’est pas maintenu dans un bon état de propreté, sa surface pourrait se dégrader, affecter de façon inexorable la durée de vie de l’appareil et conduire à une situation dangereuse.
  • N’utiliser que la sonde thermique prévue pour ce four (pour les appareils prévus avec une sonde thermique).
  • Il est recommandé de ne pas nettoyer l’appareil avec un jet d’eau (pour les appareils prévus pour être posés sur le sol et qui ne sont pas au moins IPX5).

Enfin pour qu'un micro-onde puisse être mis sur le marché Européen il nécessite l’apposition du marquage CE et donc de la réglementation européenne en vigueur (notamment les directives 2014/35/UE relative aux appareils basse tension, 2014/30/UE relative à la compatibilité électromagnétique et enfin 2011/65/UE relative aux produits électriques et électroniques consacrée à la limitation des substances dangereuses dans ces appareils). La Direction Générales de la Concurrence de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) impose également l’étiquetage énergétique[84], cependant celui-ci ne concerne que la France.

En cas de mauvais entretien de l’appareil, ou de fissure de la vitre, l’appareil ne doit plus être utilisé. Dans le cas contraire, les micro-ondes sont susceptibles de sortir hors de l’enceinte du four. L’énergie des micro-ondes peut alors être absorbée par le corps humain, et les tissus exposés s’échauffent. Le risque est donc présent, mais comme le rappelle l’OMS[85], les fours à micro-ondes sont sûrs, à condition qu’ils soient utilisés conformément aux recommandations.    

Le mythe de la nourriture irradiée                                        

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Autre débat que le four à micro-ondes a apporté : la nourriture serait irradiée, transformée, et certains nutriments détruits. Même si ces débats n’ont jamais trouvé de réponses, il faut cependant prendre du recul sur la notion d’irradiation des aliments.

En regardant le spectre des ondes électromagnétiques, il est possible d’apporter un certain recul sur les risques possibles de l’exposition aux micro-ondes. En effet, si l’on décompose ce spectre en deux parties, séparées par le rayonnement visible, deux types d’ondes ressortent. À gauche du visible, les ondes de hautes fréquences et basses longueurs d’ondes, et à droite, les ondes de plus faibles fréquences. Il faut s’intéresser à l’énergie transportée par chacune de ces ondes.

 
Spectre des ondes électromagnétiques

L’énergie des ondes situées à droite des rayonnements visibles dépend de l’amplitude de l’onde. Au contraire, l’énergie des ondes situées à gauche dépend de leur fréquence. L’énergie d’un rayon X est donc nettement supérieure à celle d’une micro-onde ou d’une onde radio.

Ainsi, le spectre des ondes électromagnétiques distingue les rayonnements ionisants des non ionisants. L’énergie transportée par une micro-onde n’est pas suffisante pour provoquer l’ionisation, c’est-à-dire la modification des molécules de la matière vivante. C’est une énergie de vibration : les atomes vibrent mais la matière n’est pas transformée. L’irradiation est donc un terme qui ne fait référence qu’à certaines ondes électromagnétiques du spectre. Certaines, comme les rayons X ou les UV sont des ondes d’énergie très intenses, ionisantes[86].

Cette étude du spectre électromagnétique permet de replacer les ondes utilisées dans un four à micro-ondes dans une zone d’ondes non ionisantes. Elles se situent entre l’infrarouge et les ondes TV, ondes auxquelles nous sommes en permanence exposés. Ainsi, une fois le four éteint, les micro-ondes ne sont plus, ni dans l’enceinte du four, ni « stockées » dans la nourriture. Si l’aliment subit des modifications au niveau microscopique, la chaleur peut en être la source. En effet, l’échauffement provoque la vibration des atomes, mais ceci quelle que soit la méthode de cuisson utilisée. Il faut d’ailleurs noter que la température dans l’enceinte du four à micro-ondes ne dépasse rarement les 70°C, température assez faible par rapport à d’autres moyens de cuisson.

La question générale du danger de l’exposition aux ondes restera probablement encore des années dans l’actualité, mais il faut savoir les différencier et utiliser les termes qui leur correspondent. Certains décident simplement de ne pas rajouter un tel appareil dans leur foyer, afin d’éviter une surexposition inutile aux ondes.

Une nourriture transformée, des nutriments affectés

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A propos des aliments, les avis divergent. Si certains affirment qu’ils peuvent différencier au goût une eau réchauffée au four à micro-ondes d’une eau de bouilloire, d’autres font du micro-ondes leur marque de fabrique. C’est le cas du chef cuisinier Pierre Marchesseau[87]. Ce dernier propose des cours particuliers de cuisine au micro-ondes, il a écrit un livre « Mes meilleures recettes au micro-ondes » … Sans réelles études scientifiques sur ce sujet, c’est au choix de chacun d’utiliser, ou non, cet appareil.

Le point de vue des fabricants

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Les fabricants d’électroménager réfutent évidemment ces accusations. Ils focalisent la communication commerciale sur la praticité, la facilité d’utilisation, les gains en énergie dus au four à micro-ondes… C’est le cas de GIFAM par exemple, Groupement Interprofessionnel des Fabricants d’Appareils d’équipements Ménagers, qui regroupe une cinquantaine d’entreprises, de grands groupes internationaux ou de PME spécialisés dans l’électroménager. Ces derniers mettent en avant tout type d’appareils pour la maison. Le four à micro-ondes possède une fiche produit sur leur site[88], qui présente tous les avantages d’un tel appareil. L’ergonomie, l’innovation technologique, les différents fours du marché, le recyclage : tout y est. Tout, sauf peut être une réponse aux accusations sur la nocivité de l’appareil. Sur une fiche produit de dix pages, seule une ligne réfère à la nécessité de bien respecter les instructions figurant dans les notices d’utilisation. Les fabricants d’électroménagers concentrent ainsi leur communication sur les avantages d’utiliser un four à micro-ondes, et les avancées technologiques de ce dernier. La communication est essentielle pour les industriels, qui doivent, au maximum, réduire l’image dangereuse que leur produit est susceptible de renvoyer. Ainsi, de chaque côté du débat, nous pouvons noter un éventuel manque de neutralité, et une focalisation sur les sujets en leur faveur. La science ne semble visiblement pas avoir tranché définitivement sur le lot de débats qu’apporte le four à micro-ondes. Sans vérité scientifique, tous les avis sont importants à prendre en compte. Comme pour beaucoup de technologies, la controverse sur les fours à micro-ondes est en soit une explication. Elle explique la trajectoire nuancée de cet appareil : une arrivée timide, un objet technique toujours remis en question…

Conclusion : Micro-ondes et temps

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Au final, ce que l’on peut remarquer, c’est que le four à micro-ondes est intimement lié à la notion de temps. Un temps court même quand on y réfléchit.

En effet son histoire, sur l'échelle de l'humanité, est courte : 80 ans. Son explosion rapide : 15 ans. De plus, il est également souvent utilisé sur un court laps de temps (quelques minutes voire quelques secondes), dans le but de gagner du temps.

Mais gagner du temps pour faire quoi ? Surtout lorsque ce temps est aussi infime que celui que nous fait gagner le micro-ondes, à savoir quelques minutes, ou même quelques secondes. C’est aussi dans cela que réside une partie de la problématique environnementale. Ce perpétuel désir d’immédiateté nous pousse à faire toujours plus de choses, toutes plus énergivores les unes que les autres. Il est sans doute temps de prendre le temps, à voir si nous le ferons à temps...

Sources et références

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Note sur les auteurs

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Cette page wiki a été réalisée par huit élèves : Léo Maravitti, Corentin Duthy, Vincent Tritto, Florent Curvalle, Anna Tomasini, Marion Roselier, Elisabeth Creusot et Jordan Franzetti, de l'INSA Lyon dans le cadre du projet PASTECH.

Tous les membres de l'équipe remercient les professeurs et toutes les personnes qui les ont entourés durant l'écriture de ce wiki et espèrent que vous l'avez apprécié.