Recherche:Pastech/242-1 Fertilisation agricole
La fertilisation agricole rassemble l'ensemble des processus consistant à apporter à un milieu de culture les éléments minéraux nécessaires au développement des plantes, dans le but de récolter des céréales, légumes, ou autres aliments. La fertilisation est également pratiquée en jardinage et en sylviculture. Son objectif est de garantir un rendement énergétique suffisamment élevé afin de subvenir aux besoins nutritifs de l'Homme. À l'heure où la population mondiale, toujours en forte hausse, a dépassé les 7.7 milliards d'habitants courant 2020, la question de la fertilisation agricole est désormais centrale puisque ce processus s'inscrit au sein de plusieurs des 17 objectifs de développement durable, tels qu'ils furent définis par l'ONU en 2015.
[1][2]Les fertilisants ont pour but d'améliorer les sols et de fertiliser les plantes. Ils se regroupent en deux catégories : les engrais et les amendements organiques. Ces derniers cherchent à améliorer la structure du sol et ses propriétés chimiques de base, alors que les engrais visent à apporter les nutriments absents dans les sols ou épuisés par les cultures.
Les objectifs de la fertilisation
modifierLes besoins des plantes
modifier[3] Le développement d’une plante s’effectue tout au long de sa vie et met en jeu le fonctionnement de méristèmes, ensemble de cellules indifférenciées qui se divisent activement par mitoses. Ces méristèmes construisent les racines, les tiges et les feuilles, tous ces organes s’allongeant ensuite par croissance des cellules.
Les éléments nécessaires au développement de la plante
modifierL’eau, les sels minéraux, le dioxyde de carbone (CO2) et l’énergie lumineuse sont indispensables à la photosynthèse, et donc à la croissance des plantes.
L’eau et les sels minéraux sont absorbés par les racines, le CO2 et l’énergie lumineuse par leurs organes chlorophylliens (feuilles et tiges).
[4] Les sels minéraux les plus utilisés par les végétaux sont regroupés en trois familles : les nitrates (azote), les sels phosphatés et les sels potassiques. Les engrais permettent un apport constant de ces sels minéraux pour entretenir la fertilité d’un sol.
[5] L’azote joue un rôle essentiel dans la fertilisation. C’est l’élément le plus important pour la croissance de la plante.
Dans le sol, nitrate et ammonium sont les deux principales formes d’azote inorganique disponibles pour la plante. Leurs concentrations dans les sols sont très variables.
Le nitrate (ion chargé négativement), la source d’azote majoritaire dans les sols, n’est pas retenu par le complexe argilo-humique du sol (chargé aussi négativement). Aussi, il est réduit en nitrite puis en ammonium dans les cellules racinaires et ensuite stocké dans la partie feuillée.
L’ion ammonium, chargé positivement, est lui retenu par le sol. Cependant, une grande partie de l’ammonium apporté au sol est rapidement convertie en nitrate par les micro-organismes du sol (nitrification). L'ammonium est principalement assimilé dans les racines et incorporé dans les acides aminés.
L’ensemble de ces étapes de l’assimilation de l’azote est finement régulé et interagit avec d’autres voies métaboliques, notamment celle du carbone.
Les concentrations en nitrate et ammonium dans les sols varient en fonction du degré de minéralisation et de nitrification, c’est pourquoi les plantes ont développé des systèmes de transport : à haute ou basse affinité, HATS ou LATS. Les transporteurs de type HATS interviennent dans le transport d’azote présent en faible concentration dans le milieu (< 0,5 mM), et les transporteurs de type LATS pour de fortes concentrations (> 0,5 mM). Les protéines responsables de chacun de ces deux systèmes de transport sont régulées en fonction de la source d’azote disponible et du statut nutritionnel de la plante.
Le phosphore stimule le développement des racines. Il est rarement utilisé seul ou en élément majoritaire des engrais.
Le potassium sert à l’assimilation des éléments nutritifs et à la circulation de la sève.
Les plantes consomment aussi d’autres minéraux, mais en plus faibles quantités. Ils sont donc fournis par les sols, sans besoin de supplément, et ce, même si l'on vise de hauts rendements.
Après leur utilisation par les plantes, les sels minéraux sont exportés de la parcelle, diminuant alors le stock de minéraux dans le sol.
L'assimilation de ces éléments
modifierLes végétaux ne peuvent absorber que des molécules suffisamment solubles et fines pouvant passer à travers les parois des racines.
La photosynthèse permet aux plantes d’oxyder l’eau afin de réduire le CO2 en glucides, qui seront transportés via la sève dans leurs différents organes.
Grâce à leur système racinaire développé, les plantes sont en contact avec les trois acteurs principaux de leur nutrition : l’eau libre, le complexe argilo-humique (complexe absorbant) et des micro-organismes.
L’eau libre contient les sels minéraux en solution. Ainsi, lorsque la plante est suffisamment alimentée en eau, le mécanisme d’évapotranspiration commence et la nutrition minérale de la plante est déclenchée.
Le complexe argilo-humique, composé de matière organique (<2 microns) et variant selon les propriétés du sol, permet de fixer et restituer les sels minéraux du sol.
Les micro-organismes du sol décomposent la matière organique afin d’obtenir des composés chimiques simples.
Si les plantes n’absorbent pas tous les minéraux, ceux-ci peuvent être fixés par le complexe argilo-humique et venir enrichir le sol.
Le fonctionnement des sols
modifierLes sols constituent la partie superficielle de la croûte terrestre. Ils sont formés à partir de l’altération de la roche mère et par la décomposition de la litière et de la matière organique[6].Ceux-ci sont à la fois constitués d’une partie solide regroupant les matières minérales et organiques ainsi que d’une partie fluide regroupant les gaz, liquides ou solutions contenant des ions ou minéraux. La proportion de ces deux parties dépend du type de sol, de sa localisation ou encore de son hydratation.
Ce sont les ions, les sels minéraux tels que l’azote (N), le magnésium (Mg), le phosphore (P) ou encore le calcium (Ca) et l’eau présents dans les sols, que les plantes assimilent et consomment afin de permettre leur développement. Plus un sol est riche en ces différents sels minéraux, plus il sera décrit comme fertile. Un ensoleillement suffisant et une température adéquate sont aussi des éléments permettant de juger la fertilité d’un sol. En se développant, les plantes appauvrissent les sols en leur retirant leurs minéraux mais lorsque la plante meurt, celle-ci va se décomposer et par différents procédés, rendre à la terre ces différents minéraux. On comprend donc que dans le cas de culture de terres où l’objectif est de récolter les plantes sans utiliser d’engrais, le sol s’épuise petit à petit de ses ressources, le rendant donc moins fertile. On appelle ce phénomène la désertification[7].On peut par exemple noter que la culture d'une tonne de blé par hectare retire au sol 2,5 kg de S, 4 kg de K, 4,5 kg de P et 20 kg de N.
Les sols obtiennent ces précieux nutriments et sels minéraux de différentes manières.
La première est grâce à la solubilisation de la roche mère. En effet, celle-ci libère sous forme soluble des sels minéraux que contenaient les roches, qui pourront ensuite être consommés par les plantes.
[8]Pour l’azote, il existe plusieurs procédés. Le premier a lieu lors des orages. L'azote de l’air peut réagir avec l’oxygène pour former de l’oxyde d’azote qui sera amené par les pluies dans les sols. De plus, il existe des bactéries appelées Azotobacter dans le sol qui synthétisent de l’azote directement à partir de l’azote atmosphérique. Enfin, il existe des micro-organismes (Rhizobium) vivant en symbiose avec les plantes à qui ils fournissent des composés azotés en échange de matière organique.
Le reste des minéraux est amené par la décomposition de la litière.[9]Cela s’effectue en deux étapes : la transformation de la litière en humus (humification) puis la minéralisation de cet humus. Toute la matière organique déposée en surface (tiges, feuilles mortes, cadavres, déchets organiques) est décomposée par les divers organismes de la faune épigée : acariens, mille pattes, collemboles, crustacés, bactéries, champignons, actinomycètes ou des lombrics et scarabées. On estime qu’il y aurait entre dix millions et un milliard de bactéries par gramme de sol. Toute cette faune crée des galeries dans le sol, l'aérant et permettant la bonne porosité de celui-ci. Ces organismes se nourrissent du sucre, des protéines, de la cellulose présents dans la matière organique afin de les transformer en matière minérale. Cette matière forme l’humus et ce procédé peut durer jusqu'à plusieurs semaines, en fonction du type de sol et des conditions météorologiques. Puis, sous l’action d’autres micro-organismes, l’humus s’oxyde et se décompose en libérant l’eau, les gaz et les sels minéraux qu’il contient; c’est le phénomène de minéralisation. Ainsi, les matières organiques resituent aux sols les minéraux qu’elles avaient absorbé.
D'autres acteurs participent au bon fonctionnement d'un sol. On distingue la faune endogée qui se nourrit des racines mortes des plantes et nettoie le sous sol pour préparer les galeries suivantes. Cette faune comprend les mêmes groupes que la faune épigée : thysanoures, collemboles, acariens, myriapodes. Ces espèces sont par contre plus petites que celles de la faune épigée et souvent de couleur blanche. Ces êtres vivants sont plus allongés afin de suivre les réseaux des racines les plus fines. Grâce à toute cette faune, les racines mortes ne s’accumulent pas dans le sol, laissant la place à l’eau et aux nouvelles racines des plantes se développant. Elle assure une porosité de 60% au sol de profondeur, ce qui permet la respiration des racines. On remarque également la faune anécique (vers de terre ou grands lombrics). Les êtres vivants qui la composent font des allers-retours entre le sous sol et la surface du sol, ils remontent des argiles (ions chargés négativement) des strates inférieures du sol, les mélangent avec l'humus (ions négatifs) des strates supérieures du sol. Ils ont la glande de Morren riche en Calcium (ions positifs) et c’est dans leur intestin que se forme le complexe argilo-humique.
Le dernier phénomène qui conduit à la formation des sols est la migration des éléments fins. En effet, certaines fines particules ou sels minéraux peuvent être entraînés par des écoulement d’eau souterrains. Ces écoulements d’eaux proviennent de pluies qui se sont infiltrées dans le sol. Il découle de cette opération le drainage et le lessivage. Le drainage, c’est le fait que certains minéraux soient emportés vers des nappes phréatiques souterraines où ils sont alors perdus. Le lessivage permet aux particules d’argiles de remonter à la surface. Par temps pluvieux, ces opérations appauvrissent les sols.
Les systèmes de culture sur abattis-brûlis
modifierPrincipe de l'enrichissement des sols
modifierC’est au cours de la dernière partie de la Préhistoire, il y a 10 000 ans, que les sociétés humaines les plus avancées ont amorcé leur passage de la prédation à l’agriculture. Ce changement de paradigme s’est d’abord effectué dans des aires qualifiées de foyers d’origines de la révolution néolithique[8]. L’agriculture s’est ensuite répandue depuis ces foyers jusqu’à conquérir une grande partie du monde.
Les hommes furent alors confrontés à deux principaux écosystèmes: la forêt dense et la plaine herbeuse. Si l’agriculture a été pratiquée dans les plaines en association avec des élevages pastoraux, celle-ci s ‘est surtout développée dans les milieux boisés où elle fut pratiquée sous forme de culture sur abattis-brûlis.
Lorsque les systèmes de culture sur abattis-brûlis sont apparus, l’homme pratiquait déjà l’agriculture dans des jardins proches des habitations et fertilisés par les déchets domestiques ainsi que sur des zones alluvionées par les crues des rivières. Cependant, ces zones n’étaient pas assez étendues pour permettre une production suffisante. C’est pourquoi les hommes se sont tournés vers les milieux boisés riches en biomasse. En effet, la végétation d’une forêt représente un stock important de biomasse étant donné que celle-ci ne peut pas être lessivée ou drainée par l’absorption des eaux de pluie.
Les plantes ayant besoin de minéraux et de lumière, il a été nécessaire de dégager un espace au sol et un accès à la lumière pour les futurs plants de cultures nourricières. Les cultivateurs équipés de haches, de sabre d'abattis et de houes de pierre polie, ont alors entrepris d'abattre les buissons et arbustes à la portée de leurs outils. Le fait de brûler cette quantité souvent importante de biomasse juste avant les premières pluies permet d’enrichir massivement le sol en nutriments minéraux et de minéraliser la matière organique. Ces minéraux seront utiles pour les plantes cultivées qui y seront ensuite plantées.
Cependant, au cours de l’exploitation du sol, la quantité de matière nutritive disponible pour la culture diminue très rapidement avec le temps que ce soit par lessivage ou par utilisation par ces mêmes cultures. De ce fait, le sol devient moins fertile et les rendements agricoles diminuent. C’est pourquoi ces parcelles défrichées ne sont cultivées qu’un an ou deux (la seconde culture est généralement une légumineuse, moins gourmande en nutriments). Au bout de 3 à 5 ans, les sols sont épuisés et il convient alors de défricher une autre parcelle de forêt et de laisser la précédente en friche de longue durée. Il s’y reconstitue alors un écosystème forestier qui peut de nouveau stocker de la biomasse.
Les rendements de ces systèmes agraires dépendent non seulement de la qualité initiale du boisement (densité de la forêt), des précipitations mais aussi et surtout de la période de rotation de la friche de longue durée, c’est-à-dire la durée pendant laquelle une parcelle est laissé en friche entre deux cultures. Plus celle-ci est élevée, plus le boisement peut se reconstituer et fournir ensuite un fertilisant performant. Le rendement réel (c’est-à-dire le volume de production par unité de surface effectivement ensemencée) de ces systèmes est très élevé. Cependant, il faut ajouter à la surface ensemencée la surface occupée par les arbres trop gros pour être abattus, on considère alors le rendement apparent. Il ne faut pas oublier non plus que pour une période de rotation de n années il faut avoir une surface en friche d’environ n fois la surface cultivée, ce qui nous mène au rendement territorial.
Période de rotation | 50 ans | 25 ans | 10 ans |
---|---|---|---|
Rendement réel | 20 quintaux/hectare | 14 quintaux/hectare | 8 quintaux/hectare |
Pourcentage de la biomasse arbustive abattue | Coupe à 50% de la biomasse arbustive | Coupe à 70% de la biomasse arbustive | Coupe à blanc qui détruit presque entièrement la biomasse arbustive (la pérennité du système n’est plus assurée) |
Rendement apparent | 10 quintaux/hectare | 9,8 quintaux/hectare | 7 quintaux/hectare |
Rendement territorial | 0,2 quintal/hectare | 0,4 quintal/hectare | 0,7 quintal/hectare |
Densité de population supportée | 10 habitants /km2 | 20 habitants /km2 | 35 habitants /km2 |
Variation de la biomasse en fonction de la durée de rotation |
On voit ainsi que l’augmentation de la population sur un territoire donné est soutenue par une augmentation de la fréquence de culture. Cependant, il existe un seuil pour cette fréquence et donc de densité population, matérialisé par la régénération forestière pouvant durer de 10 à 50 ans. S’il est dépassé, cela entraîne le déboisement et l’impossibilité de poursuivre l’agriculture sur abattis-brûlis. La baisse de rendements à l’hectare et la productivité du travail agricole dépend donc de la densité de population qui en augmentant tend à diminuer la durée de la friche.
À cette époque, les populations des villages de cultivateurs sur abattis-brûlis doublaient approximativement toutes les générations (25 ans). Pour faire face à cette croissance, les villages se séparaient et un groupe partait s’installer et cultiver ailleurs, formant ainsi un front pionnier. Ces séparations de villages sont devenues impossible lorsque le front pionnier était devenu trop éloigné ou bien que celui-ci avait atteint une limite géographique telle qu’une mer. Dans ces conditions la population croissante a nécessité soit des cycles de rotation de plus en plus courts, et donc de plus en plus destructeurs ou alors une augmentation des surfaces de cultures au détriment de la conservation de zones boisées. Ainsi de manière progressive dans le temps et l’espace, se sont amorcées des transitions vers de nouveaux modes de culture plus appropriés aux différents milieux et climats où ils sont apparus.
Approche sociologique
modifierTout au long des siècles, les systèmes de production ont eu un impact sur l’organisation économique, sociale et politique ainsi que sur les représentations culturelles au sein des sociétés dans lesquelles ces systèmes sont mis en place. C’est le « matérialisme historique » dans la vision marxiste.[10] Les évolutions des forces productives matérielles rythment l'Histoire et définissent les rapports de production. Au cours de la Préhistoire, le travail se fait en commun et les moyens et fruits de production sont également communs. Les classes sociales sont peu voir non existantes.
Avec la culture sur abattis-brûlis, un aspect social apparaît : c’est la notion de densité de population supportée par unité de surface. Elle donne le rapport entre la superficie d’un village et la population maximale qu’elle peut atteindre avant de tomber dans la désertification (...) car les durées de renouvellement de la biomasse ne sont plus suffisantes à un renouvellement viable. Ces systèmes de culture sur abattis-brûlis permettent une différenciation et une meilleure organisation sociale entre ceux qui nourrissent, ceux qui travaillent les ressources (artisans), les commerçants (...), tout en participant tous aux travaux agricoles.
[11]Au sein des villages, le droit d'usage des terres en abattis-brûlis peut être accordé à une famille (contrairement à d'autres modes de cultures comme les vergers) et changera avec le changement de cultures. L'usage de la terre se fait en échange de compensation, comme pour un fermage ou une vente.
Afin que le système d'abattis-brûlis reste viable, ses travailleurs ne doivent pas avoir à nourrir plus de 3 ou 4 personnes. Pour que l'efficacité de ces systèmes soit accrue, les ménages se regroupent. Des règles concernant des échanges entre populations (mariages, adoptions) sont adoptées et des mécanismes d'entraide lors de périodes de gros travaux agricoles sont mis en place.
Les systèmes agraires à jachère et culture attelée
modifierPrincipe de l’enrichissement des sols
modifierLe principe de fonctionnement de la jachère
modifierSur les pourtours méditerranéens puis au travers de l’Europe, les systèmes agraires à jachère et culture attelée légère se sont substitués aux cultures sur abattis-brûlis. Ces systèmes reposent sur l’association de la céréaliculture et de l’élevage. Les céréales occupent les terres fertiles où elles alternent avec la jachère. Le bétail tire sa subsistance des herbages périphériques et joue un rôle capital dans les travaux des champs et le renouvellement de la fertilité des terres céréalières[8]. Les espaces les plus fertiles (par exemple situés dans des cuvettes recevant davantage d’alluvions par écoulement des eaux) sont découpés en deux parties aux fonctions distinctes : l’Ager où on cultive les céréales et la jachère où on aide la terre à reconstituer ses réserves en nutriments. Ces parcelles s'intervertissent de manière régulière. Afin de reconstituer les réserves de la jachère on effectue un transfert de biomasse depuis des terrains impropres à la culture mais adaptés au pâturage; ces terrains constituent le Saltus. Selon les milieux il peut s’agir de garrigues, de sous-bois ou de terrains trop pentus ou rocailleux pour être cultivés. Ce transfert de biomasse s’effectue en nourrissant les différents animaux grâce à la biomasse contenue dans le Saltus et en transférant au mieux leurs excréments dans les jachères (soit par parcage des bêtes la nuit sur les jachères, soit par transport de fumier si les technologies requises sont disponibles). La terre des jachères est donc ré-enrichie en nutriments.
La culture attelée légère
modifierLa culture attelée légère s’est développée en reposant sur le développement d’outils permettant de défricher les tapis herbeux des plaines ou des anciennes forêts. Il s’agit d’outils manuels tels que la bêche et la houe ou bien d’outils tractés tels que l'araire. Le modèle de la culture attelée légère a été limité par plusieurs facteurs:
- Un retournement partiel des sols et donc un mauvais enfouissement de la biomasse transférée par le bétail. En effet l’araire est un outil qui scarifie, griffe le sol. Le retournement efficace du sol n’était possible qu’à l’aide d’outils manuels (bêche , houe) qui ne permettait donc pas de retourner de grandes surfaces.
- La taille des troupeaux de bétails œuvrant aux champs et au renouvellement de la fertilité des jachères a été limitée du fait du manque d’outils de transport et de stockage de biomasse destinée à nourrir ces troupeaux durant la saison froide. De plus, le transfert de biomasse par parcage du bétail qui la nuit dépose ses déjections sur les jachères, ne permet qu’un transfert d’environ moitié de la biomasse consommée dans le Saltus vers la jachère.
Ainsi les difficultés à effectuer un labour correct des jachères et la quantité limitée de biomasse disponible pour ré-enrichir le sol ont limité la capacité des cultivateurs à régénérer la fertilité des jachères entre deux cultures. Les rendements s’en sont donc trouvés eux aussi limités.
Les rendements de ces systèmes de culture ont été surestimés par plusieurs auteurs qui avançaient des rendements allant de 7 à 13 quintaux de céréales par hectare. Des études portant sur des systèmes agraires à jachères et culture attelée légère ayant persisté plus tard dans le temps (XXè siècle) ont mis en évidence des rendements proches de 5 quintaux par hectare, c’est-à-dire 3 quintaux consommables par hectare cultivé en prenant en compte les semences et les pertes. Il ne faut pas oublier que ces rendements ont pu varier fortement en fonction de paramètres géographiques, climatiques et météorologiques. En considérant l’efficacité limitée des outils à disposition des cultivateurs, ces systèmes permettent d’exploiter de 6 à 7 hectares d’Ager par famille de cultivateurs (5 personnes) c’est-à-dire 3 à 3,5 hectares de cultures. Avec un rendement de 3 quintaux consommables par hectare et des besoin nutritifs de 2 quintaux par personne par an, une famille de cultivateur produit à peine de quoi se nourrir. Les systèmes à culture attelée légère permettent de soutenir une densité de population de l’ordre de 0,75 habitant par hectare c’est-à-dire 75 habitants par km2 d’Ager. Avec un parcage nocturne il faut une tête de gros bétail ou cinq têtes de petit bétail par hectare de jachère pour effectuer un transfert de biomasse suffisant à un rendement de trois quintaux consommables par hectare d’Ager. Une tête de gros bétail ou bien cinq têtes de petit bétail nécessite pour se nourrir en moyenne trois hectares de Saltus. Il faut donc pour chaque hectare de jachère (soit pour deux hectares d’Ager ) trois hectares de Saltus. On a alors une densité de population de 30 habitants/km2. Enfin en prenant en compte la Silva et des besoins en bois de 0,2 hectare par habitant, on arrive à une densité d’environ 28 habitants par km2[8].
Ces densités de populations sont légèrement supérieures à celles des systèmes sur abattis-brûlis durables. Elles requièrent cependant un travail plus important et ont été mises en places en parallèle du développement de cités et d'États dans lesquels les professions se sont beaucoup diversifiées. Il a donc fallu trouver une main d’oeuvre supplémentaire, n'ayant pas de famille à nourrir et pouvant donc subvenir aux besoins d’un population ne produisant pas de nourriture. Ce fut le développement massif de l’esclavagisme.
La culture attelée lourde
modifierLa culture attelée lourde est apparue en remplaçant progressivement la culture attelée légère. Elle en est un sorte d’amélioration. Son développement a reposé sur deux piliers majeurs: un meilleur enrichissement des jachères ainsi qu’un labour efficace.
Plusieurs progrès technologiques sont à l’origine de l’amélioration des performances dans ces deux domaines.
Comme nous l’avons vu dans le cas de la culture attelée légère. La taille des troupeaux chargés de ré-enrichir la jachère en biomasse était limitée par le manque de nourriture disponible à la saison froide. Des outils tels que la faux, le râteau et la charrette ont permis de récupérer les excédents d’herbe sous forme de foin et de les stocker pour nourrir les troupeaux durant la saison froide. Durant celle-ci les troupeaux étaient gardés dans des étables. Ce qui permettait d’autant plus de récupérer encore mieux leurs déjections, lesquelles étaient récupérées à l’aide de paille puis déposées sur la jachère. La taille des troupeaux a alors pu augmenter de façon importante en parallèle d’une amélioration du transfert de biomasse.
L’invention de la charrue a quant à elle permis d’effectuer un véritable labour efficace sur des surfaces bien plus étendues que le labour à bras effectué précédemment dans les systèmes à culture attelée légère. Le labour à la charrue permet d’enfouir au mieux le fumier (paille et déjections) ainsi que les divers végétaux poussant sur la jachère. En parallèle de la charrue on a pu voir apparaître d’autres techniques qui ont contribué à augmenter les rendements. Il s’agit notamment du ferrage des sabots des animaux de trait ou encore de jougs plus performants afin de tirer le plus grand profit de la force animale à disposition.
La réunion de ces conditions a permis d’accroître fortement les rendements des cultures. Le meilleur renouvellement de la fertilité ainsi que le labour des sols ont permis d’obtenir des rendements de l’ordre de 8 quintaux par hectare cultivé soit 6 quintaux consommables par hectare cultivé. L’efficacité des outils à disposition permet à une famille de cultivateurs (5 personnes) d’exploiter jusqu’à 6 hectares d'Ager c’est-à-dire 3 hectares ensemencés. la production annuelle s’élève donc à 18 hectares par an par famille. En prenant une consommation de 2 quintaux par an par habitant la culture attelée lourde permet de dégager un surplus de production pouvant être vendu et nourrissant d’autres personnes. Pour obtenir de tels rendements il faut disposer de 15 tonnes annuelles de fumier par hectare de jachère. La superficie nécessaire à nourrir les bêtes les produisant est de l’ordre de 2,25 hectares de Saltus. Les besoins en bois de la population augmentent avec la fabrication des nouveaux outils ou encore des étables. Ils sont d’en moyenne 0,7 hectare de forêt par habitant. Ainsi pour 3 hectares ensemencés produisant un total de 18 quintaux annuels il faut au total: 6 hectares d’Ager (3 ensemencés et 3 en jachère), 3*2,25=6,75 hectares de Saltus et 18/2=9 habitants pouvant être nourris et nécessitant chacun 0,7 hectare de Silva c’est-à-dire 6,3 hectares. Cela correspond à une densité de population de quasiment 50 habitants par km2, soit près du double de la densité soutenue par la culture attelée légère[8].
Dépasser les systèmes à jachère
modifierLes systèmes de culture à jachères pratiqués en Europe et plus spécifiquement en France ont permis de soutenir des rythmes de croissance de populations qui ont parfois dépassé les capacités de production de ces modèles, conduisant ainsi à des crises alimentaires et sanitaires. Les populations sous-nourries ont été plus exposées à des épidémies telles que la peste. Si on souhaite augmenter la production d’un système à jachère deux solutions apparaissent. La superficie labourable d’une exploitation étant limitée, on peut augmenter la superficie cultivée au détriment de la superficie en jachère. Cependant cette démarche n’est pas pérenne puisque le renouveau de la fertilité des sols cultivés n’est plus assuré. Une autre solution consiste à chercher à améliorer les rendements des sols tout en conservant la même superficie cultivée. C’est ce qui a été développé dans les systèmes agraires sans jachères.
Approche sociologique
modifier[12]En plus des fonctions qu'elle remplit sur un plan agronomique, la jachère se justifie par le fonctionnement des unités et zones de production. Elle était le plus souvent le seul moyen de faire face à des situations difficiles au niveau agronomique, de l'organisation du travail ou de l'alimentation des troupeaux.
[13]Au cours de l'Antiquité, les famines et disettes liées aux faibles rendements de la culture attelée légère, l'utilisation de l'araire et l'emploi de mauvais fumiers sont fréquentes. Les peuples migrent alors pour chercher de nouvelles terres à cultiver, n'hésitant pas à rentrer en guerre afin de piller les greniers voisins. La culture attelée légère dégage des rendements modestes ne permettant pas de soutenir une forte population non agricole.
Les cultures en jachère reposaient aussi sur l'esclavage dont le bas coût est préféré à celui plus élevé du matériel et son emploi favorisé par les crises alimentaires.
[14]La création des soles obligatoires au Moyen Âge suppose une contrainte seigneuriale. Ce sont les communautés villageoises qui en sont par la suite les défendeurs jusqu'au XVIIIè siècle. Il a fallu instaurer des lois pour respecter le principe de jachère comme l'assolement réglé ou le droit de vaine pâture. Ce dernier permettait à chacun de laisser ses troupeaux pâturer sur les terres en jachères du villages, interdisant ainsi leur mise en culture. Cela assurait à chacun de pouvoir nourrir son bétail et de renouveler à court et long terme la fertilité de ses champs.
Dans le cadre des agricultures basées sur la culture attelée, l'augmentation des vitesses de travail ne peut se faire que par l'augmentation des effectifs.
Le développement de la culture attelée lourde a contribué à améliorer les techniques de jachère et donc d'augmenter les terres cultivées et leurs rendements. À partir de l'an 1000 le développement des matériels agricoles se fait simultanément avec le recul de l'esclavage. Les guerres esclavagistes se font plus coûteuses et les investissements dans ces matériels plus rentables. Les famines se font plus rares et la population, mieux nourrie, a plus que triplé. De nouvelles catégories sociales se consacrant à des activités non agricoles émergent, entraînant un essor urbain, artisanal, culturel et architectural. L'expansion des terres cultivées rencontre des limites géographiques. L'impossibilité de s'étendre engendre un déséquilibre entre les terres cultivées et celles destinées au renouvellement de la fertilité.
Ce développement agricole et démographique atteint des limites au XIVè siècle. La population continuant d'augmenter, les disettes et famines sont de nouveau plus fréquentes et la population plus en proie aux maladies comme la peste noire au milieu du XIVè siècle. La population et l'agriculture se reconstituent lentement dans les siècles suivant.
[10] Les progrès techniques permettent une division (plus ou moins prononcée) du travail et permettent une accumulation des richesses auprès de certaines personnes entraînant l’apparition de classes sociales de propriétaires (notamment des hommes, principale force de production). Au Moyen Âge, les travailleurs sont plus autonomes, tout en maintenant une classe dominante (c'est le régime féodal).
Impact environnemental
modifier[15]Le labour (profond) est responsable de la fragilité des sols ainsi que des risques d'érosion. Cette pratique influe aussi les organismes en impactant la présence d'invertébrés et de mycorhizes ou en exposant des espèces aux prédateurs. Les habitats naturels sont aussi modifiés : porosité, teneur en eau, modification des ressources organiques et minérales. De plus, les parcelles en jachères sont des éléments du paysage favorables à la préservation de la biodiversité dans les agro-systèmes, pour des espèces banales, rares ou encore neutres pour l'agriculture.
[12]La jachère travaillée favorise la minéralisation de l'azote organique ainsi que sa quantité qui sera fixée dans le sol à portée des racines. La jachère enherbée et pâturée influe sur le stockage de l'azote en réduisant son lessivage. Ces différents facteurs accroissent très fortement (environ 10 fois) l'érosion des sols.
[16]L'augmentation de l'agriculture (et de la demande) s'est traduite par des modifications et revalorisations paysagères. En Europe Carolingienne, fortement peuplée et faisant face à une demande élevée en céréales, seulement quelques parties d'Allemagne et des Flandres créaient de nouveaux champs dans des zones plus difficilement cultivables. Des vagues de paysans allemands ont quitté des zones densément peuplées pour étendre de nouvelles terres agricoles dans des régions boisées ou des prairies d’Europe centrale (Pologne, Roumanie, Russie), jusqu’alors considérées comme indésirables par les cultivateurs locaux.
[17]Les terres arables cessent d'être des ressources renouvelables à partir du moment où elles sont exploitées au-delà de leur capacité à se régénérer.
Les systèmes agraires sans jachère : Première révolution agricole des temps modernes
modifier[18]La première révolution agricole commence au XVIIè - XVIIIè siècle et désigne l'ensemble des transformation affectant l'agriculture en Europe depuis l'époque moderne. Elle se manifeste par l'apparition de nouvelles plantes, la disparition des jachères, le progrès de l'élevage, l'aménagement du cycle des cultures ainsi que l'essor d'un nouveau régime de propriété. Elle a pour but d'augmenter la productivité des terres. “En effet la première révolution agricole ne consiste pas à rechercher l’augmentation immédiate de la production alimentaire en remplaçant directement la jachère par une culture de grains destinés à la consommation humaine [..]. Elle consiste et c’est tout à fait différent à rechercher indirectement l’augmentation des rendements en remplaçant les jachères par des cultures fourragère permettant de développer l’élevage et la production de fumier.”[8] (p.419). Il est alors nécessaire de cultiver plus de terres que ce soit pour l'alimentation humaine ou animale. La "sole" jusqu'alors représentative de la rotation des cultures et des systèmes à jachère va alors être utilisée et remplacée.
Principe de l’enrichissement des sols
modifierLes systèmes agraires sans jachères reposent sur le remplacement de la jachère par une culture produisant une grande quantité de biomasse qui permettra de soutenir un bétail plus nombreux et donc de réaliser un meilleur fumage (dépôt de fumier) des terres labourables. Ces systèmes plus productifs ont nécessité peu voire pas de nouveaux développements technologiques. Pour réaliser la transition des systèmes à jachères vers les systèmes sans jachères, il a fallu surmonter des obstacles dans de multiples domaines: juridiques, sociaux, économiques (...).
Si les gains de productivité diffèrent fortement en fonction des caractéristiques géographiques ou bien des différentes rotations mises en place, il est possible de généraliser de la manière suivante. Dans une exploitation, le remplacement des terres en jachère par des cultures de plantes fourragère telles que le pois, la vesce, le trèfle ou encore le maïs permet de soutenir un troupeau deux fois plus important. Une exploitation dispose donc du double de fumier soit 30 tonnes annuelles. Cette augmentation permet d’obtenir des rendements de 10 à 12 quintaux par hectare[8]. Cette augmentation des rendements n’est pas réductible à l’augmentation du fumage. En effet, le remplacement de la jachère par des cultures fourragères permet d’augmenter l’occupation du sol et donc de limiter les pertes en biomasse par lessivage. En effet, la biomasse est fixée dans des plantes vivantes et passe moins de temps morte enfouie. De plus au long terme, ces systèmes permettent de créer un sol riche en humus, très favorable à la culture. Enfin, la culture de légumineuse permet de fixer l’azote au niveau des racines de ces plantes. Les rendements des cultures suivants des légumineuses sont sensiblement améliorés.
Ainsi une exploitation familiale (5 personnes) exploitant 5 hectares de terres cultivables, dont 3 cultivés simultanément, produit en moyenne 33 quintaux annuels de céréales. On attribue à cette exploitation des besoins de 5 hectares en Silva et en Saltus (qui ont diminué puisque les bêtes sont nourries principalement à l’aide de plantes fourragères cultivées). On arrive alors à des densités de populations de 165 habitants par km2. Par ailleurs une exploitation dégage un surplus agricole important tout en se nourrissant mieux. Ce surplus permet de nourrir une forte population non-agricole. La consommation de ce surplus agricole important sera un enjeu majeur au cours de la révolution industrielle.
Approche sociologique
modifier[18]En plus d'affecter le cadre technique de l'agriculture, la révolution agricole en affecte les cadres sociaux et économiques. Pour permettre l'apparition de cultures sans jachères, certaines conditions, caractéristiques sociales, politiques et économiques doivent être prises en compte.
La révolution agricole s'insère dans un contexte socio-économique complexe. Le travail agricole est indissociable des sociétés industrielles en leur fournissant matières premières et denrées alimentaires. La révolution se heurte à la résistance des anciennes pratiques agricoles et certains paysans sont méfiants à l’égard de ces évolutions et restent indifférents aux progrès de l’élevage et des cultures. Le nouveau système s'appuie sur les progrès de la connaissance agronomique et contribue au démarrage des économies occidentales en soutenant l'accroissement des rendements, la suppression des jachères et l'investissement massif de capitaux dans l'agriculture. Le marquis de Mirabeau (1715 - 1789) affirme : « L'Argent est le plus indispensable fumier qu'on puisse répandre sur la terre. ».
Il a fallu réaliser des changements juridiques afin de permettre un plus grand exercice de la propriété privée. Des juridictions comme le droit de vaine pâture, indispensable dans un système à jachère, ont été abolies. Chacun pouvant désormais disposer comme il l'entend de ses terres, il a été possible de mettre les jachères en culture. Ce critère juridique s'accompagne ainsi par une volonté de libertés individuelles telles que la liberté d'entreprendre ou d'user de sa propriété privée. De cette façon, la première révolution agricole pose les fondements du capitalisme.
Les mentalités paysannes évoluent vers l’esprit de rendement et de compétitivité au détriment de la cohésion du milieu rural. On passe d’un marché concret où acteurs et consommateurs sont en contact permanent, à un marché abstrait, partie prenante de l’économie contemporaine.[19] Les tensions entre "l'économie morale", traditionnelle de la population, et les principes de la "nouvelle économie politique du libre marché", mises en évidence en Angleterre au XVIIIè siècle, se manifestant sous la forme d'émeutes frumentaires, soutiennent que cette révolution agricole caractérise l'émergence du capitalisme industriel. Des Bourses mondiales, New-York, Londres, Hambourg (...), commencent également à insérer l'économie agricole dans les grands circuits financiers.
Le développement des cultures sans jachères a globalement permis de doubler la production agricole, nécessitant alors l'écoulement d'un surplus de production. Il a fallu qu'émerge une nouvelle population, capable d'acheter ces surplus à des prix suffisamment élevés. De cette façon, les révolutions agricoles et industrielles se sont épaulées et soutenues mutuellement. La révolution agricole a permis de nourrir les populations industrielles, ces dernières absorbant les surplus agricoles dus aux remplacements des jachères. Ce nouveau mode de culture, plus gourmand en matériel agricole (souvent composés de fer), crée ainsi une demande envers l'industrie métallurgique. Ainsi, si la première révolution agricole a pu s’initier avec les outils des systèmes agraires à jachères et culture attelée lourde, son association avec une industrie en croissance a permis d’améliorer le matériel agricole en le mécanisant.
[10]Les progrès techniques portés par les révolutions nécessitent une liberté et culture plus importante chez les travailleurs. Suite à ces révolutions, la propriété sur les hommes est abandonnée au profit de celle sur les moyens de production (machines). Le lien de subordination économique des travailleurs demeure (c'est le régime capitaliste). L'emploi croissant de machines sépare l'industrie manufacturière de l'industrie agricole.
Deuxième révolution agricole des temps modernes : la fertilisation minérale
modifierDifférents types d'engrais
modifierLes engrais peuvent être de plusieurs types : organiques, minéraux ou organo-minéraux. Dans ces différents cas, le but reste bien évidemment le même : stimuler la croissance de la plante et donc obtenir de meilleurs résultats à la récolte.
[20]Les engrais minéraux sont formés de substances d’origine minérale. Une partie est produite par l’exploitation de gisements de roches riches en phosphate et en potasse, tels que les gisements de pierres volcaniques, la serpentine ou le basalte. Ces roches sont ensuite broyées afin de servir d’engrais. Pourtant, la majorité des engrais minéraux sont produits totalement artificiellement par l’industrie chimique. Celle-ci intervient surtout dans la production d’engrais azotés. Pour cela, il y a production d’ammoniac à partir de l’azote de l’air. C’est à partir de cet ammoniaque que l’on obtient de l’urée et du nitrate. L’appellation des engrais minéraux est normalisée, celle-ci faisant référence aux composants des engrais. Ils peuvent être N (azotés), P (phosphatés) ou K (potassiques). Ces lettres sont ensuite accompagnées de chiffres permettant d'en indiquer les différentes proportions. Les engrais sont définis comme simples s’ils ne contiennent qu’un seul de ces éléments, binaires s’ils en possèdent deux et tertiaires s’ils possèdent les trois. Les engrais minéraux se concentrent surtout sur l’apport de macro-éléments primaires et négligent assez l’apport en éléments nutritifs secondaires ainsi qu'en oligoéléments.
[21]Les engrais organiques sont eux d’origine animale ou végétale. Ils peuvent également être synthétisés comme l’urée. Une première partie de ces engrais provient de déchets industriels car ceux-ci peuvent contenir les nutriments primaires des plantes. On peut par exemple penser aux plumes ou à l’urée qui sont très riches en azote, les ossements qui sont riches en phosphores ou les cendres qui sont très riches en potassium. Les sous-produits de l’élevage tels que les fumiers ou la litière végétale peuvent être utilisés comme engrais organiques. La seconde partie de ces engrais provient de déchets végétaux, comme le compost. Il existe aussi une catégorie d’engrais organiques appelée engrais verts. Ce sont des plantes telles que les orties ou les algues qui sont cultivées dans l’unique but d’être enfouies, permettant d’apporter des minéraux en se décomposant aux autres plantes[22]. On appelle cela de la culture intermédiaire. Par exemple, le trèfle ou la luzerne, qui sont des légumineuses, permettent, une fois enfouis, d’enrichir les sols en azote car ils fonctionnent en symbiose avec les bactéries présentes dans le sol. Ces légumineuses captent environ 100 à 300 kg d’azote par hectare. Les plantes à systèmes racinaires importants permettent d’aérer les sols, permettant aux nutriments enfouis de remonter à la surface. Contrairement aux engrais minéraux, les engrais organiques ont comme objectif de développer les micro-organismes du sol qui à leur tour vont apporter des minéraux aux plantes.
Les engrais organo-minéraux sont un mélange d’engrais organiques et minéraux. Ils doivent contenir au minimum 25% de matière organique d’origine animale ou végétale. Ces engrais ont l’avantage d’être un mélange des deux types d’engrais présentés précédemment et d’agir de manière soutenue et douce sur les plantes.
État de la fertilisation
modifierÀ l’issue de la première révolution agricole, l’industrie est en plein développement et les combinaisons de la moto-mécanisation (motorisation des engins agricoles), de l'utilisation d'engrais chimiques et de la sélection d’espèces tolérant de fortes croissances, ont permis de démultiplier les rendements. L’apport d’engrais chimiques principalement NPK (azote, phosphate, potassium) permet de supprimer les jachères dans les cultures céréalières. Avec l’augmentation des échanges due à la mondialisation et l’amélioration des rendements, le prix des produits agricoles baisse. Il devient capital pour les agriculteurs de s’assurer des marges suffisantes à leur survie. On assiste alors à une spécialisation des exploitations. Celles-ci se concentrent sur un type de culture ou d’élevage particulièrement rentable du fait des conditions météorologiques ou bien de la renommée particulière de produits du terroir (comme par exemple certains fromages ou vins) et dont le prix de vente est élevé.
Ainsi, de manière générale et dans les exploitations les plus modernes, un agriculteur achète ses semences, ses engrais puis vend sa production. Son bénéfice lui permet de se nourrir en achetant sa nourriture. Ce système est fondamentalement différent des précédents ou un agriculteur produisait de quoi se nourrir et nourrir les siens puis commerçait son surplus de production afin notamment de renouveler son matériel.
Les besoins en intrants deviennent donc très spécialisés. Par exemple, un naisseur de bovins qui ne récolte que du foin et achète en complément des granulés de betteraves pour nourrir ses bêtes ne consommera qu'une faible quantité d'intrants chimiques puisque le fumier issu de son troupeau suffira à assurer une production suffisante de foin. Au contraire, un grand producteur céréalier n'ayant aucun troupeau et devant acheter l'intégralité des engrais nécessaires à renouveler la fertilité de ses champs sous formes d'engrais chimiques, en consommera une quantité énorme.
Ces nouveaux systèmes agraires spécialisés et mondialisés ne permettent plus de définir des notions locales de densité de peuplement puisque la quasi totalité des productions est transformée et exportée (ou bien exportée puis transformée). Il convient cependant de remarquer que les rendements sont tels qu'on arrive à soutenir de très grande populations non-agricoles.
Principaux acteurs de la fertilisation agricole
modifierLe secteur de la fertilisation en France compte trois acteurs économiques privés[23] principaux:
- Les industriels : Il s'agit des producteurs d’engrais, de l'industrie lourde (liée à la pétrochimie) et de transformation. En Europe, ils sont notamment regroupés dans le syndicat UNIFA.
Aujourd’hui, il y a une tendance générale de perte de vitesse pour les industriels des engrais minéraux mais ceux des engrais organiques sont en croissance. Les engrais organiques étant plus chers, on peut dire que la valeur de l'activité globale des engrais augmente.
3 entreprises dominent le marché français :
Yara : entreprise norvégienne, leader de la filière en France (5 sites industriels en France) et spécialisée dans la fabrication et la mise sur le marché d'engrais azotés. Yara a gagné en février 2020 le prix Pinocchio 2020, donné par Les Amis de la Terre et la Confédération paysanne pour son greenwashing. Il s'agit, pour l'entreprise, de se donner une image écologique malgré l'impact environnemental réel de ses activités. Yara a dépensé plus de 11 millions d’euros depuis 2010 pour des activités de lobbying à l’échelle européenne. En janvier 2019, l'entreprise conclut un accord avec Veolia pour le recyclage de nutriments issus de déchets urbains, agricoles et industriels afin de les convertir en fertilisants organo-minéraux.
[24] GPN : anciennement Grande Paroisse, c'est une entreprise chimique, filiale du groupe Borealis (ancienne filiale de Total). C'est le premier fabricant français d'engrais azotés, depuis l'abandon du marché des engrais composés.
Groupe Roullier : notamment à travers sa filiale Timac Agro (10 unités de production en France), spécialisée dans l’amendement des sols, la nutrition végétale et animale.
- Les distributeurs : Il s'agit surtout d'entreprises coopératives pratiquant la distribution et le mélange d'engrais[25], même si certains fabriquent leurs engrais composés. Ils sont notamment regroupés dans le syndicat AFCOME.
- Les traders : Il s'agit de sociétés de services pour l'importation d’engrais, de revendeurs. Ils permettent de monter des partenariats. AMEROPA ou CMF sont par exemple des traders.
De nouveaux acteurs issus des métiers de l’environnement et du traitement des eaux occupent aussi une place de plus en plus importante. Véolia, Suez mais aussi des syndicats de collectivité proposent des produits finis sous la forme de granulés issus des boues de stations d’épuration. Ces entreprises ont une réelle stratégie de diversification et cherchent des débouchés dans le secteur des engrais organiques. Suez a ainsi 60 usines de compostages et est entrée au capital de Terrial (à hauteur de 32%), filiale du groupe Avril et spécialiste de la valorisation de produits organiques issus des exploitations agricoles.
Les acteurs politiques possèdent un pouvoir important de réglementation dans le secteur des engrais. Il s'agit principalement de l'État Français et de l'Union Européenne.
Les syndicats agricoles regroupent des exploitants agricoles. La Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) est majoritaire[26](classée à droite, peu impliquée écologiquement). La Confédération agricole est classée à gauche, elle prône davantage le respect de l'environnement. La Coordination rurale semble parfois proche d'extrême-droite, les Jeunes Agriculteurs sont âgés de moins de 35 ans et proches de la FNSEA.
Les principaux clients du marché de la fertilisation sont l’agriculture, l’industrie manufacturière (qui peut aller de la chimie aux explosifs en passant par la métallurgie) et le grand public pour le jardinage personnel par exemple. On s’intéresse ici à l’agriculture, dans le cadre de la fertilisation des sols, qui est largement le plus grand client de ce marché.
De la fin du XIXè siècle à la fin des guerres mondiales
modifierÀ la fin du XIXè siècle, l’industrie prend de plus en plus de place dans la vie quotidienne du monde entier entraînant ce que l'on appelle la 2è révolution agricole.
En France, grâce au succès des expositions universelles de Paris en 1889 et 1890, l’agriculture connaît un décollage et prend de plus en plus d’importance dans l’économie et la politique. Des congrès internationaux sont organisés durant cette période de fin du XIXè siècle pour partager les sciences concernant l’agriculture.
La mise en place de stations agronomiques, la première à Nantes en 1852, et des unités d’enseignements permettent de montrer que les politiques changeaient au vue de la place que prenait l’agriculture dans la société.
À partir de 1875, les relations entre des pays extérieurs commencent à se créer. La France importe beaucoup de produits fertilisants à des pays d’Amérique du Sud comme le guano ou le salpêtre du Chili. Ces deux ressources, rapportées par les grands cap-horniers de l'époque furent épuisées en quelques décennies.
Pendant la Première Guerre Mondiale, des centres de recherches voient le jour et le procédé Haber-Bosch permet de synthétiser des nitrates à partir de l'azote de l'air. Ce procédé permit à la fois à l'Allemagne de maintenir sa production d'obus durant le conflit (les nitrates servant tant pour les explosifs que pour les engrais) et à la société de promouvoir l’agriculture intensive en capturant de l’azote atmosphérique pour l’utiliser ensuite pour la croissance des plantes[17].
Des centres de coopérative sont mis en place vers 1925. Le journalisme agricole est de plus en plus important et des Centres d’Études Techniques Agricoles voient le jour.
Sur l'affiche ci-contre, le visage heureux d'une agricultrice est mis en valeur par le jaune éclatant du blé en arrière plan. Elle semble très satisfaite de la quantité de ses récoltes. Cette affiche de propagande pour le nitrate de chaux doit être située dans un contexte d'essor de l'agriculture intensive en engrais, depuis les deux grandes guerres.
L'agriculture intensive depuis les deux guerres mondiales
modifierAprès les guerres mondiales, la consommation d'engrais a explosé. Ceci est dû à l'évolution de l'agriculture cherchant toujours de plus hauts rendements. C'est une période de forte croissance démographique.
La France est aujourd'hui le 7è consommateur d’engrais mondial. Le pays consomme 3,5 millions de tonnes d'éléments fertilisants, soit environ 2% du marché mondial. Ces engrais sont pour 64% minéraux et pour 36% organiques[27]
La quasi-totalité des matières premières sont importées, ce qui rend le pays vulnérable face aux variations de prix à l'échelle mondiale.
Les engrais azotés sont les plus communs en France, on peut donc les prendre en référence pour décrire l'évolution de l'activité, tout en gardant à l'esprit qu'il ne s’agit que d’une tendance. Il faudrait considérer aussi les engrais composés, organiques et minéraux phosphatés et potassiques.
On remarque un pic du chiffre d’affaire des produits azotés en 2008. On peut lier ce maxima à un pic du prix des engrais, l'activité a pris de la valeur. En 2008, la Chine applique des taxes prohibitives à l’exportation, favorisant la satisfaction de la demande interne et privant le marché mondial de quantités considérables avec pour conséquence une augmentation des prix.
Puis, dans les années ultérieures, la crise économique a touché les fabricants d’engrais (comme les autres industries), l’activité a donc chuté puis s’est stabilisée.
Depuis les années 1990's: Une prise de conscience de l'impact environnemental des engrais
modifierEffets environnementaux
modifierLes effets environnementaux sont dus à l’impact des composants chimiques des matières fertilisantes sur l’écosphère. L’utilisation massive d’engrais créée un déséquilibre et les nutriments se retrouvent en excès dans les milieux.
Milieux aquatiques :[28] Lorsque les engrais sont épandus en trop grandes quantités comparé aux besoins des plantes et de rétentions de sols, les éléments minéraux sont évacués dans les nappes phréatiques, polluant ainsi l'eau potable[29]. De plus, le phosphore et l'azote (présents dans les engrais) constituent deux éléments nutritifs contrôlant la production végétale aquatique. Quand cette production devient trop importante, il se produit un déséquilibre biologique favorisant la prolifération d’algues (aux dépens d’autres espèces). L’eutrophisation des eaux, due à la présence de phosphore et de nitrate en trop grande quantité, favorise la présence d’algues vertes qui libèrent de l’hydrogène sulfuré (risque sanitaire). Ces marées vertes représentent un risque sanitaire par l’émanation d’hydrogène sulfuré (H2S) par putréfaction des algues.
Air :[30] Émissions de gaz à effet de serre (NH3, N3O, CO2) dues à la production (37% des émissions de la filière) et l’utilisation d’engrais. L'épandage d'engrais peut entraîner une volatilisation d'ammoniac gazeux et de protoxyde d’azote pouvant entraîner des pluies acides et contribuer à l’eutrophisation des eaux douces[21]. De plus, les engrais inutilisés peuvent se dégrader et émettre des gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Sols : Les pratiques agricoles diminuent la fertilité des sols et par la suite les rendement agricoles, avec la baisse de la valeur nutritive des aliments (effondrement des teneurs en vitamines et en oligoéléments dans nos aliments). Suite aux apports trop importants en nutriments, des déséquilibres nutritifs apparaissent rendant les végétaux plus sensibles aux maladies. L'emploi d'engrais peut entraîner l'acidification des sols, la perte des bases comme le calcium, le magnésium, le fer (tous des ions positifs). Les argiles (colloïdes négatifs) partent alors en suspension dans l’eau de ruissellement; l'eau est plus dense et sa force érosive augmente donc elle emporte les limons, sables, cailloux. En favorisant l'érosion des sols, l'emplois d'engrais favorise la libération de phosphore présent dans les sols. On peut citer l'exemple historique du Dust Bowl, véritable catastrophe écologique dans les années 1930 aux États-Unis. En effet, durant la Grande Dépression, les agriculteurs locaux augmentent leur production en exploitant plus de terres. Mais, ces sols sont légers et exposés à de forts vents. Cette surexploitation s'ensuit d'une période de sécheresse qui s'accompagne de tempêtes de poussière, entraînant la perte de ces terres arables. Cette catastrophe est également conséquence du sur-labourage[17].
Biodiversité :[15] L'accroissement des apports de fertilisants impacte la biodiversité des organismes du sol (liés à leur évolution physico-chimique comme la variation du pH) et celle des organismes liés au statut nutritionnel des plantes. La fertilisation minérale réduit la biomasse microbienne des sols et leur activité ainsi que la diversité bactérienne en modifiant les conditions des milieux (acidité et composition des sols) et en limitant leurs interactions (symbioses...). La fertilisation azotée a favorisé le pouvoir compétitif entre variétés cultivées ainsi que le développement de plantes adventices. Les espèces communes augmentent aux dépens des rares. De cette façon, la fertilisation est l'un des principaux responsables de la baisse de la biodiversité des parcelles proches des cultures.
Les apports accrus en fertilisants entraînent la chute de la vie chez la faune épigée et chez les lombrics. Chez les vertébrés, les oiseaux sont touchés via les pluies acides causant leur déclin; l'anoxie due à l'eutrophisation des milieux aquatiques a des conséquences catastrophiques sur les populations de poissons.
Les engrais représentent par ailleurs un risque sanitaire. Les nitrates des engrais sous la forme de nitrites sont dangereux pour la santé (perturbateurs endocrinien, cancérigènes).
De plus, l'intensification de l'agriculture, permise par l'utilisation d'engrais, a des effets sur les paysages.
[15] En Europe, le développement de l’agriculture, le changement d’utilisation des terres, l’augmentation des parcelles, l’intensification et la modification des pratiques agricoles, surtout depuis les années 1950, se sont traduits par d’importantes modifications de la structuration des paysages. Ces transformations se manifestent par une baisse de l’hétérogénéité des paysages entraînant une baisse de la biodiversité. Cette hétérogénéité regroupe généralement la présence d’éléments semi-naturels comme les zones boisées, les bords de champs, les haies ; et le niveau de fragmentation entre habitats particuliers. Elle a un effet positif sur la biodiversité et la présence de zones paysagères non agricoles permet l’augmentation de la biodiversité en servant de refuges aux espèces. La présence d’éléments non productifs dans les parcelles agricoles joue un rôle clé dans la préservation de la diversité animale et végétale.
En France, la proportion d’éléments semi-naturels varie significativement selon les territoires en représentant moins de 10% des zones agricoles pour certaines et plus de la moitié pour d’autres. La fragmentation des habitats semi-naturels entraîne une diminution de la richesse des populations animales et le déclin des populations végétales. Le morcellement du paysage (réduction de la taille des parcelles, présence de haie) semble indispensable au maintien d’une forte diversité biologique.
Réponses politiques
modifierPour remédier aux problèmes du développement durable et d’une agriculture, d’une fertilisation plus tournées vers l’environnement, des mesures au niveau politique ont été, petit à petit mises en place, avec des normes plus strictes pour le respect des terres et d’une production plus écoresponsable.
Au cours de l’histoire, des événements comme le protocole de Kyoto de 1997 ont permis aux pays développés de répondre au prochain problème que doit subir l’agriculture qui est de produire de manière à plus respecter l’environnement. Le but de ce protocole était clair : limiter les émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, les pays participants devaient diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2 % par rapport au niveau de 1990 pendant la première période d’engagement, soit de 2008 à 2012. Mais même avant le protocole de Kyoto, il y a eu de nombreux changements politiques. Le 12 décembre 1991, la directive «nitrates», la directive 91 / 676 / CEE, se met en place pour préserver les eaux contre la pollution par les nitrates utilisés par l’agriculture. Il s’agit de l’un des premiers instruments législatifs de l’Union Européenne pour la protection de l’environnement, de l’air et de l’eau. Cette directive explique que le nitrate utilisé dans les fertilisants pollue énormément les eaux, et l’agriculture (avec ces nitrates) est responsable de 50% du rejet d’azote dans l’eau, nocif à fortes concentrations. Appliquée en France en 1994, elle permet de délimiter des zones vulnérables. Avec cela, la consommation d’engrais azotés a diminué et la production végétale a continué d’augmenter. Donc, les politiques essayent de s’adapter aux problèmes de l'environnement.
À l'image de la COP 21 à Paris, les 20 dernières années ont connu un développement progressif des préoccupations en matière de régulation environnementale, surtout au niveau européen. Ces politiques visent en général à obtenir une réduction des consommations d'engrais des agriculteurs. Celles-ci sont menées actuellement en grande majorité dans les pays développés ayant les moyens de se préoccuper des questions environnementales. D'autres politiques peuvent être menées pour des raisons de santé publique. C'est le cas pour l'instauration de seuils minimums de cadmium dans les produits phosphatés.
Un nouveau règlement européen pour les fertilisants et les supports de culture a été publié le 8 mai 2019[31]. Il s'agit d'un règlement qui concerne les règles relatives à la disposition de la mise sur le marché des fertilisants dans l'Union Européenne. Une partie de celui-ci est consacrée au métaux lourds et les pathogènes. Par exemple, les seuils de métaux lourds dans les engrais organiques vont être divisés par deux par rapport aux limites précédentes. Le cadmium sera limité à 1,5 mg/kg et le mercure à 1 mg/kg[32].
Concernant l’Europe, l’espace Schengen étant un espace de libre-circulation comporte évidemment quelques règles réunies dans des règlements. L’objectif principal est de préserver au mieux la santé humaine, animale, des sols et environnementale. Aujourd’hui, c’est le règlement (CE) n°889/2008 sur la fertilisation qui définit les principales modalités concernant le règlement européen sur les productions biologiques. Il a été adopté le 5 septembre 2008 et se base sur un règlement précédant (CE) n°834/2007.
Ainsi, en France et dans l’Union Européenne, la fertilisation se base sur deux articles et une liste de ce règlement. Cette liste comprend les différents produits qui sont autorisés à l'utilisation[33].
Article 3 du règlement (CE) n° 889/2008[34] : Gestion et fertilisation des sols
1. Lorsque les mesures prévues à l’article 12, paragraphe 1, points a), b) et c) du règlement (CE) n°834/2007 (voir ci-dessous) ne permettent pas de couvrir les besoins nutritionnels des végétaux, seuls les engrais et amendements du sol énumérés à l’annexe 1 du présent règlement peuvent être utilisés dans la production biologique, et uniquement suivant les besoins. Les opérateurs conservent des documents justificatifs attestant la nécessité de recourir à ces produits.
Article 12, paragraphe 1, points a), b) et c) du règlement (CE) n° 834/2007[35]:
a) La production végétale biologique a recours à des pratiques de travail du sol et des pratiques culturales qui préservent ou accroissent la matière organique du sol, améliorent la stabilité du sol et sa biodiversité, et empêchent son tassement et son érosion ;
b) La fertilité et l’activité biologique du sol sont préservées et augmentées par la rotation pluriannuelle des cultures, comprenant les légumineuses et d’autres cultures d’engrais verts et par l’épandage d’effluents d’élevage ou de matières organiques, de préférence compostés, provenant de production biologique ;
c) L’utilisation de préparations biodynamiques est autorisée.
L'objectif principal est aujourd'hui encore plus ambitieux qu'il ne l'était en 2008. La nouvelle présidente de la Commission, Ursula Van der Leyen a présenté en décembre 2019, un plan très prometteur et audacieux pour la transition écologique pour l'Europe. Mais avec la crise du Coronavirus il pourrait être remis à plus tard et s'adapter. De plus, nous pouvons également que ce plan ne fait pas l'unanimité dans tous les pays de l'Union Européenne, notamment pour le groupe de Visegrád, c'est-à-dire 4 pays d'Europe du Centre, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie.
Concernant la mise sur le marché des fertilisants en France, l’article (CE) n°2003/2003 gère la plupart des engrais et des amendements organiques. Suivant les pays, les dispositions de mise en marché et leur utilisation sont différentes.
L’étiquetage est un point très important pour la commercialisation des fertilisants et leur mise sur le marché. La norme NF U 44-051[33], obligatoire, impose certaines indications à afficher sur l’étiquette du produit mis sur le marché. Cette norme de marquage permet notamment de vérifier rapidement si le produit est dangereux pour le sol ou l’environnement. Ainsi, on peut dire qu’il y a une véritable normalisation des produits imposée afin d’instaurer une standardisation. Cela permet de protéger les acteurs industriels locaux.
Répercussions concrètes des politiques menées et opinion publique
modifierLes mesures prises pour lutter contre les effets négatifs des engrais semblent avoir des répercussions concrètes sur la consommation d'engrais.
À partir des années 1990, on remarque une baisse importante de la consommation d'engrais en France : de 6000 à 3000 milliers de tonnes par an.
Il existe une aide financière pour les agriculteurs de la part de l’État. Le but étant de promouvoir le secteur de l’agriculture[36].En 1962, voyant que l’agriculture était un point important dans l’économie, la Communauté Économique Européenne, maintenant Union Européenne décide de mettre en place une Politique Agricole Commune (PAC). Chaque État-membre doit verser une certaine quantité d’argent dans une cagnotte commune suivant ses besoins qui est ensuite redistribuée à chaque État qui le redistribue aux agriculteurs à 75% (premier pilier) et est réservé au développement durable à 25%. Ce plus petit pourcentage est appelé le deuxième pilier, mis en place en 1992. Cela permet aux agriculteurs de plus se tourner vers une exploitation écoresponsable et permet d’aider financièrement les petites communes de campagnes. Le problème est dans la distribution aux agriculteurs. En effet, les céréaliers profitent plus de cette aide que les éleveurs ou les arboriculteurs. Cette distribution inégale n'est pas vu de manière juste par les agriculteurs. De plus, de nombreuses contestations de ces derniers montrent qu'ils trouvent que l’État ne les aident pas assez et qu’ils travaillent dans des conditions difficiles. Le taux de suicide des agriculteurs augmente et est très élevé, ce qui n’attire pas les jeunes à se lancer. La fertilisation, avec l’achat d’engrais, est devenue essentielle pour les agriculteurs s’ils veulent être compétiteurs. Ainsi, cette concurrence a favorisé les grosses entreprises. Les petits agriculteurs ont du mal à rester sur le marché face aux agriculteurs ayant les moyens d’investir dans ces produits. C’est donc difficile de commencer et continuer de vivre de son activité dans ces conditions[37].
L’opinion publique n’a pas une bonne image des produits fertilisants, surtout à cause des problèmes santé qu’ils entraînent à forte dose. Les avantages des fertilisants semblent peu reconnus et les recherches effectuées pour pouvoir produire plus tout en respectant l’environnement ne sont souvent ni partagées ni vulgarisées pour toute la population. Pour les Français, les agriculteurs ne font pas assez d’efforts dans la réduction de l’utilisation d’intrants comme les engrais ou les pesticides[38].Deux tiers des Français ne remarquent pas de progrès dans le respect de l’environnement de la part des agriculteurs avec une sur-utilisation des fertilisants pour privilégier la compétitivité. Malgré cette méfiance, la qualité des produits semble convenir à un Français sur deux. Mais ce ratio est bien loin de satisfaire les agriculteurs.
Ainsi, la plupart des consommateurs pensent que la production n’est pas assez tournée vers l’environnement du fait de l’utilisation de fertilisants.
Vers de nouvelles manières de fertiliser les sols
modifierLa permaculture
modifierLa permaculture, de l'anglais "Permanent Agriculture", est née à la fin des années 1970 de l’idée de deux Australiens.
L’objectif de la permaculture est de concevoir une nouvelle méthode d’agriculture qui s'inspire du fonctionnement des écosystèmes naturels, plus économe et durable, dans le but consolider la reconstitution énergétique et écologique.
Elle tire profit des interactions bénéfiques dues à des associations entre certaines espèces bien déterminées.
La permaculture repose également sur les principes essentiels de la préservation de la Terre, de l’Homme, du non-gaspillage et de l’équité entre chaque individu. Elle respecte le rythme des écosystèmes naturels, s’inspire des savoir-faire de l’agriculture traditionnelle, et se pratique sans intervention chimique ou mécanique. Ce nouveau mouvement est en opposition avec le modèle agricole nord-américain qui constitue une catastrophe écologique et sociale.
Cette définition évolua vers une forme de design voulant imiter la nature qui produit le nécessaire pour pouvoir combler ses besoins : nourriture, matériaux, énergie. L’espace s'organise de façon hiérarchique, les zones les plus proches des logements étant celles qui nécessitent le plus de travail et d’énergie mais aussi celles qui sont constituées de produits les plus nécessaires aux Hommes.
La permaculture s'appuie aussi sur l'agro-foresterie. Cette technique permet l’apport en biomasse dans le sol qui va largement couvrir le maintien de fertilité (voire l’améliorer),l’apport de produits variés tant pour les soins, l’artisanat, les animaux d’élevage, l’alimentation ou le chauffage.
En fonction des pays, la permaculture peut-être perçue différemment. Dans les pays en développement, par exemple, la permaculture apparaît comme une forme d’émancipation des agricultures familiales. Elle est particulièrement en vogue dans les pays développés, comme en Australie. La permaculture est utilisée comme du low-tech.
Agro-écologie
modifierLe terme désigne à la fois les théories, les réalités scientifiques et l'ensemble de pratiques agricoles qui appliquent ces principes. Bien que le terme soit utilisé pour la première fois au début du XXè siècle, l'agro-écologie éclot réellement durant les années 1980. Elle est fortement influencée par différents mouvements écologistes mais se fonde sur un ensemble de connaissances en agriculture, écologie et en agronomie. L'agro-écologie s'est développée sur les terres par les agriculteurs en collaboration avec les chercheurs en agronomie.
Elle vise à limiter au maximum l'utilisation des intrants chimiques pour fertiliser les sols, en les remplaçant par des processus écologiques. L'un de ses objectifs est de viser de meilleurs apports nutritifs dus à une meilleure qualité, par rapport aux exploitations utilisant massivement des intrants.
La dimension idéologique de l'agro-écologie est marquée par une volonté de changer de regard vis à vis de la performance des exploitations agricoles. Ainsi, les rendements énergétiques seront privilégiés aux rendements en masse de céréales produites par exemple. La teneur des denrées en différents nutriments est également une caractéristique importante. Cette agriculture se veut régénérative, c'est à dire qu'elle vise à augmenter la fertilité des sols, mais aussi la santé de ceux-ci en ménageant la faune qui y est présente, ce qui garantit une certaine qualité du sol[39].
L'agro-écologie regroupe donc un ensemble de pratiques variées. Dans les faits, l'agro-écologie tente de réduire, par exemple, l'utilisation d'herbicides, d'insecticides et de fongicides, produits qui tuent une partie de la biomasse locale et ainsi perturbent le cycle naturel de la vie.
La méthanisation agricole est un processus biologique qui permet de transformer des matières organiques, pour la plupart des déchets organiques, en énergie. Ces déchets sont souvent des déjections animales, ou des substrats de végétaux. Les bactéries présentes dans ces matières organiques permettent leur digestion anaérobie, transformant ces matières organiques en compost ou en biogaz composé de méthane ainsi que de gaz carbonique. Ce biogaz peut être utilisé afin de produire de la chaleur, de l'eau chaude ou de l'électricité.[40]
Les associations de céréales avec des légumineuses comme par exemple le couple blé-lupin, permettent de tirer profit de l'avantage des deux espèces grâce en partie à leur complémentarité de résistance aux maladies. Cela permet pour les meilleures associations d'obtenir un très bon compromis entre productivité et teneurs alimentaires des récoltes. Les couples les plus efficaces présentent une récolte riche en protéagineux et une maturité conjointe des deux espèces lors de la récolte[41].
Le bio-contrôle est une autre pratique agro-écologique et repose sur la gestion des équilibres des populations d’agresseurs plutôt que sur leur éradication. Les produits de bio-contrôle utilisent des mécanismes naturels dans le cadre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures. Ils comprennent en particulier les macro-organismes et les produits phytopharmaceutiques. Les macro-organismes utiles aux végétaux sont essentiellement des invertébrés, notamment des acariens, insectes et nématodes, utilisés pour protéger les plantes des bio-agresseurs via la lutte biologique. Les produits phytopharmaceutiques sont composés de micro-organismes, de médiateurs chimiques et sont autorisés à l'issue d'une évaluation complète des risques pour la santé humaine, animale et sur l'environnement en étant conforme aux exigences européennes. Ils constituent des outils de prédilection pour la protection intégrée des cultures.[42]
L'agro-foresterie est aussi une des composantes de l'agro-écologie. Son but est de diversifier les espèces présentes sur les sols exploités en y implantant des arbres. En effet, les arbres jouent un rôle majeur car les feuillus apportent du Bois raméal fragmenté (BRF), source de matière organique pour le sol après sa décomposition. Les arbres protègent également les cultures face à l'érosion éolienne, mais ils préservent aussi les nappes phréatiques, faisant office de filtre pour l'eau qui traverse le sol. L'exemple des haies brise-vent est aujourd'hui très répandu. Si de telles haies sont implantées sur tout le périmètre d'une parcelle, on parle de bocage.
D'autres pratiques agro-écologiques tendent à diversifier les assolements : pratiquer une agriculture de conservation des espèces, utiliser les cycles superposés, les cycles à relais, allonger les rotations des cultures ou encore produire des protéines pour alimenter les animaux d'élevage[39].
Agriculture écologiquement intensive et raisonnée
modifierL’AEI (Agriculture Écologiquement Intensive) est née lors du Grenelle de l’environnement en 2007. Elle vise à “combiner productivité élevée et vertu environnementale” grâce à une gestion agricole “non plus intensive en produits chimiques, mais qui utilise au mieux le fonctionnement des écosystèmes”[43]. Le but n’est pas de renoncer à la productivité. Elle n’exclut pas l’usage des OGM contrairement à l’agriculture biologique. Le but est de trouver un équilibre entre productivité, rentabilité économique et respect de l’environnement (selon des normes moins strictes que le bio).
Agriculture urbaine
modifierL'agriculture urbaine regroupe l'ensemble des formes de culture faites en ville, dont les produits sont destinés à la consommation des urbains. Cela va de potagers classiques en pleine terre aux fermes high-tech en conteneurs ou utilisant des techniques comme l’hydroponie.
Cette technique renoue avec la tradition des ceintures nourricières du Moyen Âge qui entouraient les villes. Dans les années 1990, un groupe de “guérilleros du jardinage” aménageait des des potagers dans les zones urbaines négligées, sans autorisation. Quand la mairie de Paris a décidé de verdir la ville, ce type d’initiative a été institutionnalisé. Aujourd’hui, l’association La main verte est responsable des ressources des jardins communautaires de la capitale. D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FA0), “les jardins potagers peuvent être jusqu’à 15 fois plus productifs que les exploitations dans les zones rurales, une superficie d’un mètre carré peut fournir 20 kg de nourriture par an”. Cependant, selon Roland Vidal, enseignant-chercheur à l’école nationale supérieure de paysage de Versailles, il faudrait “ 660 000 hectares pour nourrir les parisiens et 3 millions d’hectares pour les Franciliens”, soit 6 fois plus que la région Île-de-France en comporte.
Une transition agricole passe par un changement des formations
modifierOn remarque l'émergence de nouvelles manières de fertiliser les sols. Pour qu'une réelle transition agricole s'opère, l'enseignement de l'agriculture doit s'adapter.
Les centres de formation en agriculture regroupent principalement les lycées agricoles, les maisons familiales en alternance et les chambres d'agriculture. Dans un lycée agricole, la formation peut-être scolaire avec une ferme au sein du lycée ou en apprentissage.
L’adaptation de la formation agricole aux nouvelles attentes sociales et au changement climatique n'est pas évidente[44]. Aucun module traitant de transition de l’agriculture n’est obligatoire à l'échelle nationale dans une formation agricole. L’enseignement dépend du ministère de l'agriculture et des structures politiques de chaque région, l'influence politique locale est donc très importante. L’ouverture vers de nouveaux types d’agriculture dépend souvent du professeur ou du maître de stage. Cette liberté peut être vue comme un frein au changement. Mais, cela permet aussi à des établissements de créer des formations alternatives. Par exemple, à Saint-Afrique, le centre de formation "La Cazotte" propose une formation en permaculture à part entière[45].
Il existe cependant une personne référente dans chaque établissement pour le plan “enseigner à produire autrement", lancé par le gouvernement en janvier 2020. Il s'agit d'une 2è édition, le premier plan ayant eu lieu entre 2014 et 2018. Les deux premiers axes de ce plans sont : "Encourager la parole et l’initiative des apprenants sur les questions des transitions et de l’agro-écologie" et "Mobiliser la communauté éducative pour enseigner l’agro-écologie et poursuivre les transition"[46].
Les formations ou stages en permaculture sont de plus en plus nombreux, ce qui reflète la tendance pour ce mode d'agriculture. Il existe par exemple les formations d'Avenir Permaculture ou à la ferme du bec Hellouin.
En agronomie, les centres de formation sont les écoles d’ingénieurs et laboratoires de recherche. En France, la formation s'appuie notamment sur les cinq Écoles Nationales Supérieures Agronomiques avec Montpellier (SupAgro), Nancy (ENSAIA-INPL), Paris (AgroParisTech), Rennes (AgroCampus Ouest) et Toulouse (ENSAT).
Claude Bourgignon, ingénieur agronome fervent défenseur d'une agriculture sans engrais, a dénoncé l'absence de chaire de microbiologie des sols en France (même si il existe des unités de recherche). Lui et sa femme Lydie ont d'ailleurs quitté l'INRA et fondé leur propre laboratoire d'analyse des sols en 1989.
La préservation de la biodiversité
modifier[15]Grâce aux connaissances scientifiques sur les impacts de l’agriculture, des pistes sont envisagées afin de préserver voir restaurer la biodiversité selon les territoires. Le maintien d’éléments semi-naturels dans les paysages variés du bocage breton tout comme la mise en place de nouveaux éléments semi-naturels dans des régions céréalières (la Beauce, la Champagne…) couplés à ceux déjà existants doivent s’accompagner de la réduction des pratiques intensives comme la fertilisation et le labour.
Le passage d’un mode de production conventionnel à un mode de production biologique a souvent un effet globalement positif pour la biodiversité et les paysages. La richesse des plantes, des micro-organismes du sol, des vertébrés et des arthropodes augmente, de même que l’abondance des invertébrés prédateurs, alors que les réponses de la faune du sol sont soit positives, soit nulles.
Un accompagnement des pratiques non chimiques par une structuration et un maintient d'une hétérogénéité des paysages (création de haies, de zones réservoir) apparaît indispensable à une restauration d’espèces à valeur patrimoniale.
La fertilisation et l'agriculture dans les Arts
modifierReprésentation dans les arts classiques au cours de l'histoire
modifierLes représentations de leur leur quotidien que les différents peuples ont laissé depuis l'Antiquité ont aidé les historiens et ethnologues à comprendre leurs modes de vies. Les peintures sur des objets du quotidien, fresques, et autres représentations sont autant d'indices qui permettent de comprendre quel était l'état de l'agriculture dans une civilisation et comment elle était perçue.
Peinture et iconographie
modifierLes premières informations qui nous sont parvenues avant que les premiers systèmes d'écriture cunéiforme et hiéroglyphiques n'apparaissent en Mésopotamie étaient des dessins et peintures (on peut penser facilement aux peintures rupestres que les hommes préhistoriques dessinaient dans les cavernes qui les abritaient, représentant des scènes de chasse ou des animaux par exemple).
Des civilisations Égyptienne, Grecque et Romaine (les 3 plus grands empires occidentaux), on a retrouvé beaucoup de peintures, et fresques, mettant en image des scènes de la vie quotidienne, dont les agriculteurs au travail, et des scènes de culture et de récoltes. Cela allait des fresques dans les temples, jusqu'aux poteries en terre cuite qui étaient peintes.
Au Moyen Âge, les calendriers agricoles étaient monnaie courante, et illustraient les différentes activités agricoles au cours de l'année. Ces calendriers ont été très utiles aux historiens pour connaître précisément quelles techniques et outils étaient en place à l'époque.
Les peintures moyenâgeuses sont reconnaissables assez facilement par leur couleur et la perspective faible qu'on y rencontre.
Dans les siècles suivant, le principale foyer d'information sur l'état des techniques d'agriculture réside dans l'Encyclopédie des philosophes des Lumières menés par Diderot et d'Alembert, qui recensent et décrivent les outils, méthodes employées par les paysans, que les nombreuses planches illustrées nous aident à tout connaître sur les moyens de l'époque.
Il faut attendre le XIXè siècle pour le mouvement naturaliste pour que les peintres représentent vraiment les scènes du quotidien du peuple, dont les activités agricoles. Comme le mouvement littéraire, cet élan se veut représenter la société telle qu'elle est réellement, sans ne représenter que ses richesse et cacher la misère. L'un des tableaux les plus célèbres et des plus représentatifs que l'on puisse citer est Des Glaneuses de Jean-François Millet. Il met en scène trois femmes venues glaner, c'est à dire ramasser les grains tombés au sol, après que la moisson ait été effectuée. De telles représentations auraient été impensables ne serait-ce qu'un siècle plutôt.
Sculpture et Architecture
modifierLes principales œuvres sculpturales et architecturales en lien avec l'agriculture sont les statues et les temples bâtis par les peuples croyants polythéistes en l'honneur des dieux qu'ils vénéraient pour qu'ils bénissent les récoltes et épargnent les peuples des familles.
Les Grecs et les Romains particulièrement ont bâti de nombreux temples en l'honneur des déesses agricoles de la fertilité Déméter et Cérès (respectivement), dont de nombreux vestiges subsistent encore. Ces temples où des prêtresses (les vestales) vénéraient les dieux étaient également l'endroit où se déroulaient les grandes fêtes rassemblant les citoyens, et parfois même, dans le cas des fêtes agricoles, les esclaves qui étaient conviés pour l'occasion.
Les colonnes notamment sont typiques de leur architecture. Des bas reliefs étaient minutieusement sculptés, représentants des scènes entières.
Les statues en marbre blanc sont également caractéristiques. Les Romains et les Grecs avaient l'habitude de les ériger en l'honneur de leurs dieux. Elles étaient sculptées avec une très grande précision qui transcrivant le mouvement dans les draperies, les cheveux, etc...
D'autres édifices remarquables sont les pyramides à degré bâties par les civilisations méso-américaines, qui étaient des sanctuaires dédiés au culte d'un de leurs dieux. Les pyramides des Égyptiens, en revanche servaient de tombeaux aux pharaons, et n'étaient pas dédiées au culte de la fertilité des récoltes.
Littérature
modifierSuivant le point de vue des différentes société sur l'agriculture, celle-ci pouvait constituer un sujet littéraire ou pas. Les Égyptiens, qui considéraient qui les paysans se situaient en bas de l'échelle sociale lui accordaient par exemple beaucoup moins de crédit que les Grecs, qui furent émerveillés en voyant les techniques de culture, d'irrigation, et de gestion de l'eau que les agriculteurs égyptiens avaient mis en place sur les bords du Nil, comme ils l'ont rapporté dans leur écrits. L'agriculture avaient d'ailleurs une place plus importante dans la mythologie grecque, et la culture de la vigne, qui permettait de produire le vin, y sont sans doutes pour beaucoup.
Jusqu'au XVIè siècle, et depuis le milieu du Moyen Âge, où l'agriculture représentait le quotidien d'une grande partie de la population, il existait une véritable littérature agricole[47], qui comprenait non seulement des traités et livres d'enseignement agricoles, mais aussi des dissertations, des poèmes et essais. L’Église catholique, qui détenait un pouvoir culturel important, a également joué un rôle puisqu'elle a investi pour le développement agricole dans les campagne et le défrichement de forêts, et elle était un vecteur important de diffusion.
Passé le Moyen Âge, la donne a quelque peu changé, et l'intérêt porté par la littérature à l'agriculture était relativement faible tandis que le théâtre et la poésie on connu un véritable essor au cœur du XVIIè. Il faut attendre la fin du XIXè siècle, et l'arrivée des mouvements réaliste puis naturaliste, pour que les auteurs se penchent à nouveau sur la vie de la population, et d'autant plus rurale, pour dépeindre la société telle qu'elle est. On peut citer notamment Emile Zola, qui dans le roman La Terre, quinzième ouvrage de la série des Rougon-Macquart, qui nous livre un véritable témoignage précis des techniques d’amendement agraire et de l’intérêt porté à l’innovation dans ce domaine, en cette fin de XIXè siècle[48]. Il y décrit par exemple les hommes en action en train d’étendre à la fourche les tas « déposés là l’autre semaine ». Zola note également une certaine méfiance des agriculteurs beaucerons vis-à-vis des engrais chimiques dont l’emploi tend à se développer à la fin du XIXè siècle. Pour le paysan beauceron, « il n’y a encore rien qui vaille le fumier de ferme. Seulement, on n’en a jamais assez. Et puis on l’abîme, on ne sait ni le préparer, ni l’employer ». Cette phase de préparation du fumier, essentielle, semble être une pratique perdue à la fin du XIXè siècle, bien que les infrastructures existent encore, notamment ces fosses de préparation du fumier attestées depuis le Moyen Âge. Zola décrit donc en détail la chaîne opératoire de mise en œuvre de l’amendement agraire depuis la ferme jusqu’au champ, et apporte un témoignage précieux sur le caractère déterminant de la qualité des amendements, comme un caractère obsessionnel du paysan beauceron.
L'art face à la société
modifierA travers le prisme de leur création, les artistes ne font jamais que le beau, mais dépeignent tout le temps une idée, un message à transmettre. Les œuvres sont toujours porteuse d'un point de vue, ou d'un objectif. La critique n'est pas forcément négative ; les statues en marbre des dieux gréco-romains par exemple servaient à montrer leur grandeur. À partir du XIXe siècle et du mouvement naturaliste, les représentations de l'agriculture par les artistes apportent un regard plus critique, non pas sur le milieu agricole en tant que tel, mais plus globalement, sa place dans la société, la difficulté de ses conditions, etc. Dans Des Glaneuses cité précédemment, on voit apparaître la pauvreté dans le milieu rural, ces trois femmes s'arc-boutant toute la journée sous le soleil afin de ramasser les grains tombés pour subsister à leurs besoins.
Au XXe siècle avec la mondialisation, l'augmentation des échanges et des transferts d'informations, la parole des artistes, excepté dans certains pays où les droits de l'homme ne sont pas forcément au goût des dirigeants, s'est d'autant plus libérée et peut avoir un impact plus retentissant, à plus grande échelle.
Le développement du cinéma offre une nouvelle arme pour porter un regard sur la société, et peut poser une critique très forte sur les injustices du monde. Dans Au nom de la Terre, Edouard Bergeron traite de la dégradation des conditions de vie des agriculteurs, dont le nombre de suicides ne fait qu'augmenter, un réalité tragique dans la société actuelle. Dans Dark Waters sorti en 2020, c'est le pouvoir des compagnies et des lobbys au dessus des lois qui est pointé du doigt, en retraçant l'histoire vrai de l'avocat Robert Bilott qui s'est battu pour faire payer les empoisonnements réalisés par la pollution de l'entreprise de chimie DuPont. De plus en plus, les artistes se lèvent pour mettre en garde dans la domaine de l'agriculture contre la dangerosité de certains pesticides et herbicides, dont l'utilisation fait débat (notamment la législation sur le glyphosate qui est contestée en Europe), ainsi que face à la déforestation, et le changement climatique.
La question du futur, également les interpelle. Comment envisager l'avenir, et la question primordiale de l'agriculture, qui doit nourrir toujours croissant d'individu avec une surface cultivable qui connaîtra un jour ses limites ? De nombreux romans et films de science fiction traitent du sujet. Dans Interstellar, réalisé par Christopher Nolan, l'humanité est condamnée à chercher un autre endroit pour vivre car la Terre ne permet plus de cultiver convenablement, et les maladies s'attaquent au céréales dont les rendements faiblissent, le gouvernement réquisitionnant les ingénieurs comme agriculteurs pour nourrir tant bien que mal l'humanité en attendant de trouver une nouvelle maison.
La fertilisation et l'agriculture dans la mythologie
modifierDans de nombreuses civilisations croyantes polythéistes, l'abondance des récoltes était due à la bonté des dieux, auxquels un culte important était voué à travers la construction de temples et sanctuaires, et les récoltes faibles, maladies et famines étaient souvent considérées comme marque de leur colère.
Osiris et la mythologie Égyptienne
modifierDans l’Égypte Antique, où l’agriculture était en grande partie dépendante des crues du Nil et de l’irrigation, son art est attribué au dieu Osiris, qui l’a transmis aux hommes durant son règne bienfaisant sur l’Égypte.
Osiris est le fils de Nout, la déesse du Ciel, et de son frère Geb, dieu de la Terre. Il naquit le premier des 5 jours gagnés par Thot suivant les 360 jours créés par Rê, précédant les jours suivants ses frères et sœurs Horus l’Ancien, Seth, Isis et Nepthys, Rê refusant que Nout n’accouche durant les jours l’année. Il régna de façon bienfaisante sur l’Égypte avec sa sœur et épouse Isis, leur apprenant l’agriculture et la religion tandis qu’Isis leur appris le tissage et la médecine. Son règne pris fin brusquement avec son assassinat lors d’un complot organisé par son frère Seth, qui l’enferma dans un coffre et le fit jeter dans le Nil. Furieux d’apprendre que le corps d’Osiris fut repêché, il le découpa en 14 morceaux qu’il éparpilla à travers l’Égypte. Isis, avec l’aide de sa sœur Nepthys, ainsi que, de Thot et Anubis, les retrouva tous, à l’exception de son sexe, mangé par un poisson. Elle l’embauma et, grâce à ses pouvoirs magiques, lui rendit la vie. Osiris règne alors sur le royaume des morts, et acquiert un statut de juge des âmes des défunts.
Noyé dans le Nil avant de renaître, Osiris est associé au fleuve, dont le cycle des crues représente la renaissance du dieu après sa mort, et qui apporte le limon nécessaire à la fertilisation des terres cultivées lors de la crue annuelle. Le blé, fertilisé par le Nil avant d’être fauché et de repousser l’année suivante, est une allégorie de la vie d’Osiris.
Les reliques du corps d’Osiris ont été conservées dans des temples à Abydos, principal lieu du culte d’Osiris. C’est également de là que viennent les festivités du mois de Khoïak, pendant lesquelles les prêtre confectionnaient une momie de terre dans laquelle ils plaçaient des grains de blé qui se mettaient à germer, symbole de la renaissance d’Osiris et des moissons.
Mythologie Grecque - Le mythe de Déméter
modifierDans la mythologie grecque, Déméter, dont le nom signifie “la Mère de la Terre”, est la déesse de l’agriculture est des moissons. Elle est la sœur de Zeus, Héra, Poséidon, Hadès et Hestia, les enfants des titans Cronos et Rhéa.
Les Romains l’assimilent à la déesse Cérès.
La légende raconte[49] que sa fille, Perséphone (Proserpine chez les Romains), qu’elle avait eu avec Zeus, fut enlevée par Hadès, qui l’emmena avec lui dans le royaume des morts pour en faire son épouse. La déesse se mit alors en quête de sa fille, sous la forme d’une vieille femme nommée Doso, délaissant les récoltes et l’agriculture durant 9 jours et 9 nuit. Zeus, devant la menace d’une famine, et sachant que Perséphone avait été enlevée son frère, envoya son messager Hermès demander à Hadès de rendre Perséphone à sa mère. Mais celle-ci avait mangé 6 pépins d’une grenade qu’Hadès lui avait offerte afin de l’empêcher de le quitter, car quand quelqu’un mange dans le royaume des morts, il ne peut plus en partir. Afin de ménager Hadès et Déméter, Zeus décida que Perséphone passerait 6 mois avec Hadès, et remonterait retrouver sa mère les 6 autres mois de l’année. C’est ainsi que le cycle des saisons débuta, Déméter garantissant la fertilité et les récoltes à la belle saison, et sa tristesse en l’absence de sa fille durant l’hiver laissant le froid s’installer.
Durant son errance sous la forme de la vieille Doso pendant la quête de sa fille, Déméter fut accueillie par Céléos, roi d’Eulésis. Pour le remercier, elle enseigna à son fils Triptolème l’art de l’agriculture, qu’il devait transmettre au reste des hommes, et lui donna des grains de blé afin qu’il les répande sur la Terre.
Déméter est l’une des déesses les plus favorables aux les hommes, d’une grande clémence, et leur permet de prospérer sur la Terre. Elle aurait notamment récompensé Hériax, un homme du pays des Mariandynes (en actuelle Turquie) de lui avoir érigé de nombreux temples par de grandes récoltes. Beaucoup de temples et de sanctuaire en l’honneur de Déméter étaient également présents dans la région de l’Hellade et d’Olbia. Des sacrifices, la plupart du temps non sanglants, lui étaient voués, et les hommes déposaient devant les statues à l’effigie de la déesse des fruits, des grains de raisin, du miel et de la laine de mouton[50].
Le culte de Déméter était l’un des plus importants, et de nombreuses fêtes en son honneur étaient organisées à travers la Grèce Antique, dont les plus anciennes sont les Eleusinies, qui prenaient place à Eulésis, où Céléos avait accueilli Doso. Le prix était des grains de blé venant de la plaine où Triptolème avait semé ceux que Déméter lui avait donné, ainsi le gagnant remportait une nourriture sacrée.
Déméter est le plus souvent représentée une gerbe de blé à la main, et d’autres produits de la Terre, pour symboliser la fertilité. Souvent on la voit accompagnée de ses animaux sacrés, la couleuvre et la truie.
Cérès chez les Romains
modifierDans la mythologie Romaine, Cérès est la déesse de l'agriculture, des moissons et de la fertilité.
On l'assimile à la déesse Grecque Déméter ; c'est la fille des Titans Rhéa et Saturne, sœur de Jupiter, roi des dieux et père de la fille Proserpine, assimilée à Perséphone, enlevée par Pluton, roi des Enfers. Tout comme Déméter, elle est la déesse des moissons, de la fertilité et de l'agriculture ; c'est elle qui appris aux hommes à cultiver la terre, et en récolter les denrées. Elle apparaît souvent coiffée d'une couronne de blé, et vêtue de draps jaune or.
Tout comme les Grecs, les Romains célébraient Cérès pour qu'elle bénisse les récoltes et écarte les famines. Des fêtes lui étaient dédiées, les plus importantes étant les Cerealia, qui prenaient date annuellement du 12 au 19 avril, marquant le retour de Proserpine sur Terre auprès de sa mère, et ainsi le début de la belle saison. On retrouvait également lors de ces fêtes des sacrifices non sanglants (comme lors des rites en l'honneur de Déméter), des jeux, courses de chevaux... L'une des particularité de ces fêtes est qu'elles rassemblaient également la plèbe qui n'était d'ordinaire pas conviée aux cérémonies des familles patriciennes[51].
Religions polythéistes mésoaméricaines
modifierBien qu'un grand nombre de cultures cohabitaient dans la Mésoamérique précolombienne sans qu'on ne puisse parlait d'une réelle unité religieuse, de nombreux points communs, dans leur conception du monde (où la terre est plate et carrée, chacun de ses coins représentant un point cardinal), leurs pensée dualiste, leurs rites, leur architecture et bien d'autres aspects sont notables. Ces civilisations étaient basées sur la culture du maïs, et consacraient de nombreux pour assurer la pérennité de ses récoltes. Aujourd'hui, certaines civilisations sont assez bien référencées grâce aux codex qui nous sont parvenus et qui ont été déchiffrés.
Mayas
modifierLa civilisation Maya est l'une des mieux connues même si tous ses mystères n'ont pas été percés. Les Mayas constituaient à l'époque précolombienne l'un des principaux groupes culturel mésoaméricain, établi du sud du Mexique jusqu'aux territoires de Belize, du Honduras et du Guatemala principalement. Toutefois, ils rassemblaient différents peuples séparés sans organisation hiérarchique globale comparables aux empires Aztèque ou Inca. Néanmoins, tous ces groupes partageaient un système d'écriture logosyllabique, qui a permis aux archéologues de déchiffrer leurs écrits.
Ils sont principalement connus dans le monde pour les pyramides qu'ils ont érigé, dont de nombreuses sont encore aujourd'hui en excellent état, comme la Pyramide de Kukulcán, de la cité de Chichén Itza, l'un des principaux foyers des vestiges archéologiques de l'époque Maya, situé dans la péninsule du Yucatán. Ces pyramides à degrés (en forme d'escaliers géants) étaient voués aux cultes des principales divinités de la religion Maya. Lors des rituels, de nombreux sacrifices sanglants étaient effectués. Des prisonniers de guerre principalement et des esclaves étaient sacrifiés parfois par centaines, dans des circonstances particulières suivant pour quel dieu ils étaient destinés.
Le mot maya signifie "maïs" ; cela illustre à quel point son agriculture était importante pour la civilisation maya, ainsi que pour tous les peuples mésoaméricain pour qui il représentaient la principale denrée cultivable. Ah Mun est le dieu maya de l'agriculture (souvent confondu à tort avec Yum Kaax, qui est le dieu de la végétation et des animaux sauvages). Il est souvent représenté coiffé d'un épi de maïs, dont il est responsable de la bonne maturité des récoltes.
Aztèques
modifierAvec les Mayas, les Aztèques étaient l'une des plus grandes et des plus plus connues aujourd'hui des civilisation précolombiennes mésoaméricaines. Leur territoire s'étendait sur une large partie du plateau mexicain autour de la capitale Mexico-Tenochtiltan, construite sur une île du lac Texcoco. Avec leur triple alliance organisée avec les Acolhuas et les Tépanèques, ils régnaient sur le plus vaste empire mésoaméricain au XVe siècle, souvent appelé Empire Aztèque ou Empire Mexica (les Mexicas étant un autre nom des Aztèques). Son règne prit fin après l'invasion des conquistadors d'Hernan Cortès débarqués en 1519, qui s'allièrent avec les ennemis des Aztèques et assiégèrent en 1521 la capitale Tenochtitlan, qui céda au bout de 75 jours, ce qui marqua la fin de l'Empire et la conquête du Mexique par les colons.
Comme les Mayas et tous les autres peuples précolombiens du Mexique, les Aztèques vénéraient un très grand nombre de dieu, qui revêtaient souvent plusieurs formes différentes, ce qui contribue à élargir davantage encore leur panthéon. Au cœur de celui-ci, comme pour beaucoup de religions mésoaméricaines, le dieu Serpent à plumes, Quetzacoatl (Kukulcan chez les Mayas). Il aurait participé à la création des hommes, et ce serait notamment lui qui aurait ramené aux hommes les premiers grains de maïs du mont Tonacatepetl. Commes chez les mayas, le maïs représente la base de l'alimentation aztèque.
Plusieurs autres divinités interviennent dans l'agriculture : parmi elles, on peut citer notamment Centeotl, divinité du maïs, Xipe Totec, dieu du renouveau de la nature et de l'agriculture, ou encore Tlaloc, dieu de la pluie nécessaire aux cultures. Lors des cultes de ces divinités, là encore de nombreux sacrifices humains étaient effectués.
Incas
modifierLa civilisation Inca n'était pas mésoaméricaine à proprement parler mais andine, puisqu'elle a régné sur un des plus grands empires sud-américain, de la Colombie jusqu'au Chili en passant par la Bolivie, l’Équateur et le Pérou, du XIVe siècle jusqu'à sa conquête par les conquistadors de Pizarro à partir de 1532. Si la plupart des éléments témoignant de la culture inca ont été détruits par les envahisseurs qui voulaient imposer leur religion, les vestiges archéologiques, l'iconographie et les témoignages et légendes des autochtones ont permi de reconstruire des informations sur leurs croyances et leur mode de vie.
Une particularité culturelle au sein de leur empire est que les Incas n'ont pas imposé, à part le culte du Soleil, iconique de leur communauté (les empereurs Incas se considéraient comme les fils du Soleil), de religion au peuples qu'ils conquéraient, pacifiquement ou par la force, et qui pouvaient ainsi conserver leurs traditions, ce qui fait que des peuples de l'empire vénéraient parfois ds dieux différents, et parfois certains étaient similaires. On a ainsi observé un royaume multiculturel varié., Mama Sara, déesse du maïs qui était très cultivé dans ces régions,
De nombreuses divinités recensées étaient donc affiliées à l'agriculture, parmi lesquelles nous pouvons citer notamment Mama Pacha, déesse de la fertilité et des récoltes, Axomama, déesse de la pomme de terre (que les Incas cultivaient dans les hauteurs andines et réussissaient à conserver grâce à un processus d'écrasage, déshydratation et exposition au gel[16]), et bien sûr Viracocha, dieu universel qui créa du Soleil, des étoiles et des hommes, pouvant être assimilé sur certain points à Quetzalcoatl chez les Aztèques.
L'agriculture dans la mythologie chinoise
modifierDans la mythologie chinoise, dont les principaux écrits sont datés de l'époque de la dynastie Han, c'est Shennong, un des trois Augustes (dieux civilisateurs mythiques qui régnaient sur la Chine avant la première dynastie)[1] qui aurait initié les hommes à l'agriculture, en leur apprenant à cultiver le riz, et en inventant les outils du travail des champs tels que la houe et l'araire. On lui attribue également la découverte de nombreuses plantes médicinales et du thé et, qui tiennent un rôle prépondérant dans la culture chinoise à l'époque, bien plus que dans les civilisations européennes, ainsi que l'invention de la monnaie et des marchés nécessaires au commerce des denrées.
Il est considéré comme les patron des agriculteurs, ainsi que des herboristes et pharmaciens, et un véritable culte lui était voué, grandissant sous la dynastie des Song et atteignant sous paroxysme sous les Qing qui ordonnèrent la construction du temples officiels pour y célébrer une fête en son honneur chaque année.[52]
Auteurs
modifierCe bilan des recherches pour le projet PAradigme Sociétés TECHnologies sur le thème de la fertilisation agricole dans le cadre du P2i-4 "L'énergie sous toutes ses formes" de l'INSA de Lyon, année 2019-2020 a été rédigé et mis en forme par Beldent Lucile, Chidoub Rita, Crabé Thibaud, Lalune-Rochas Antoine, Lenoël Mathilde, Rochard Ewan, Soufflet Caroline, Turban Matthieu, Vacherot Lucas.
Sources
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