Recherche:Pastech/243-1 Canon à poudre

Cette page est réalisée par 6 étudiants de l'INSA de Lyon dans le cadre de leur étude. Elle a pour but de retracer la trajectoire d'une invention, ici le canon à poudre noire, dans le temps et au sein des sociétés. Nous présentons tout d'abord le fonctionnement d'un canon à poudre puis sa trajectoire et celle de la poudre noire. Enfin nous allons montrer en quoi le canon à poudre noire a-t-il influencé la création de nos sociétés modernes, sous les différents aspects politiques, économiques et culturelles qui la composent.

Fonctionnement du canon à poudre noire

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schéma d'un canon

Le canon est une technique assez simple inspirée par les caractéristiques détonantes de la poudre noire. Cette technique fonctionne grâce à la puissance relâchée par la poudre noire au moment de sa combustion. La poudre noire transmet son énergie chimique en une détonation qui est canalisée par la forme du canon vers la sortie de ce dernier, afin de propulser le projectile. Le canon convertit donc l'énergie chimique en énergie cinétique. Afin de réaliser cette conversion, le canon est composé de trois éléments. Le premier est une chambre de combustion où la poudre est stockée en attendant l’énergie d’activation qui démarre la réaction. Le second est le canon qui est en communication directe avec la chambre de combustion et qui vient accueillir le projectile, il peut être rayé. Le dernier est la mèche qui permet de transmettre l’énergie d’activation à la poudre.

Trajectoire du canon à poudre noire

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Trajectoire de la poudre

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Utilisée à des fins militaires, la poudre noire est essentiellement employée pour propulser obus, projectiles ou encore pour les découpages sur carrière (poudre comprimée). Elle pouvait également servir à casser portes et murs des châteaux forts lors de son explosion.

L’arrivée de la poudre noire a engendré des changements radicaux dans les stratégies de combat. En effet, elle a entraîné des modifications des techniques de sièges avec l’amélioration des canons vers 1460. De plus, c’est suite à son utilisation que l’on a commencé à parler de modernité de la guerre notamment, avec une plus grande facilité de transport des canons. Aussi, une restructuration des armées va s’opérer avec l’augmentation des effectifs de l’infanterie au milieu du XVème siècle. Le nombre de soldats va alors diminuer, cependant, les non-combattants (artisans, maîtres canonniers) vont faire doubler les effectifs.

De nouvelles stratégies et de nouvelles technologies apparaissent comme la méthode de la sape (déjà inventée dans l’Antiquité mais qui s’amplifie durant la première guerre mondiale) qui est une méthode de siège qui a recours à l’utilisation de la mèche lente. Tout ceci va faire évoluer l’architecture générale en termes de fortification afin de se défendre des attaques. C’est donc la physionomie même des villes qui sera alors modifiée.

La poudre noire est l’un des explosifs les plus connus pouvant se vanter de son utilité dans divers domaines. Bien que c’est de son utilisation dans la guerre qu’elle tire sa grande renommée, son usage n’était pas exclusivement militaire. En temps de paix, la poudre à canon servait dans les explorations souterraines ainsi que dans la découverte de nouveaux minerais. D’autre part, dès le XVème siècle, elle a été utilisée dans le domaine du génie civil, pour la chasse et également les feux d’artifice. Vers la fin du XVIème siècle, on avait recours à cette poudre pour des démolitions, pour déblayer des passages pour les routes. Par ailleurs, c’est seulement en 1617, que l’on date l’utilisation de la poudre pour les mines. En effet, aujourd’hui, la première attestation en Europe de l’utilisation de la poudre noire dans les mines revient aux Duc de Lorraine dans les Vosges dans les mines de Thillot. De même, toujours au XVIIe siècle, selon Hubert Zante, vice-président en charge des activités relatives à l’histoire et à la protection du patrimoine poudrier et pyrotechnique, à l’association AF3P, sous le règne de Louis XIII, seulement 20% de la poudre était utilisée pour la guerre tandis que les 80% restants étaient réparties dans les domaines de la chasse, des mines ou encore des feux d’artifice. Selon Zante, cela est dû au fait que sous le règne de Louis XIII, le coût de la poudre pour des utilisations civiles était plus important que ce que le roi n’était prêt à payer pour ses armées ce qui implique un manque d'approvisionnement de poudre pour les fusils et canons. Par conséquent, de nouvelles restrictions pour la réglementation sur la fabrication et la vente de poudre voient le jour.

Bien que la poudre noire soit surtout célèbre pour sa dangerosité, elle a cependant engendré des progrès techniques. On note par exemple, les études de chimie et d’alchimie menées par Lavoisier qui fut à l’époque nommé responsable de la régie des poudres et des salpêtres. Des progrès dans les travaux de métallurgie jusqu’à 1870 pour le renforcement des canons sont aussi observés. Il en est de même pour le domaine du calcul mathématique dans l’optique de prévoir la trajectoire des obus ainsi que pour l’instrumentation avec l’apparition d’appareils de mesure de pression et de vitesse.

Les principaux inconvénients de l’usage de la poudre noire sont dus à sa dangerosité et également au fait qu’elle se caractérise par une inflammation très rapide. Par conséquent, des accidents au cours de la fabrication ont eu lieu. D’autre part, la poudre est également un explosif qui craint l’humidité et qui présente des difficultés de transport. Tout ceci rend les conditions d’utilisation optimales difficilement satisfaisables. La poudre noire produisait de la fumée, preuve que sa combustion était incomplète et de rendement imparfait. Plus de 50% des produits de la combustion étaient solides et non pas gazeux, comme le sulfure de potassium, produit de l’union du soufre avec le potassium du salpêtre. Ces substances solides contribuaient à l’usure prématurée des canons puisqu’elles bloquaient et encaissaient les bouches à feu, ceci entraînait encore une diminution du rendement.

Face à ces inconvénients notables, un nouveau type de poudre est alors inventé en 1886 afin de la remplacer, c'est la poudre pyroxylée.

Plus d'informations dans la Chronologie détaillée de l'histoire de la poudre noire.

Trajectoire du canon à poudre

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Le canon apparaît en Chine, terre natale de la poudre noire, durant le premier millénaire. Ce sont des prototypes du canon, mono-utilisation, fixé sur des hampes. Un autre canon apparaît au milieu du XIIIe siècle, au Moyen-Orient, les Madfaas. Bien qu'ingénieux pour leurs époques, ils ne sont pas très efficaces et ne seront pas développés. L'élément déclencheur du canon, sera l'arrivée de la poudre noire en Occident en 1249. Mentionnée par Roger Bacon, la poudre noire fait une entrée explosive en Europe. Tous cherchent à utiliser cette énergie pour faire la guerre. En 1326, un manuscrit florentin fait mention du mot canone, tandis qu'en Angleterre apparaît sa première représentation. La bombarde sera le premier canon utilisé par les Occidentaux. Composée d'un fût en bois cerclé de métal, elle est le premier prototypage du canon moderne. Apparue en 1345 en France, elle sera utilisée un an plus tard par les Anglais durant la bataille de Crécy. Sa force est plutôt morale, de par sa construction et sa précision plutôt approximative. Elle permet d'effrayer les chevaux, et donc de stopper les charges de cavalerie.

Malgré tout, les Occidentaux continuent d'innover pour arriver, au début du XVe siècle au canon en bronze. Devenant plus précis et efficace, il gagne également en puissance, la poudre étant de mieux en mieux maitrisée. Le canon devient un véritable avantage tactique, mais il coûte extrêmement cher à produire. La société occidentale doit se modifier afin d'en produire de plus en plus. On passera ainsi d'une société morcelée, à un État fort et centralisé, permettant de produire davantage de canon. Les sciences également se mettent au service du canon. Bien que très expérimentale à ses débuts, la balistique inspirera de nombreux chercheurs, notamment Newton, père de la mécanique moderne.

Le canon a donc une croissance exponentielle, et permet aux Européens d'imposer leur puissance sur le monde entier. L'apogée du canon à poudre noire arrivera finalement au début du XIXème siècle. Grâce au système Gribeauval, le canon sera uniformisé, permettant ainsi une production et une utilisation de masse sans précédent. Le point culminant de ce système sera les campagnes Napoléoniennes.

Enfin, en 1884, le chimiste Paul Vieille invente la poudre Blanche. Pouvant faire une explosion sans fumée, elle signe la fin de l'utilisation de la poudre noire. Les canons à poudre noire auront un déclin rapide. Remplacé par ceux utilisant les poudres blanches, puis par les obus propulsés avec le nitrocoton un autre explosif, Ils ne seront plus utilisés durant la Première Guerre mondiale.

 
Frise représentant la trajectoire du canon à poudre noire dans le monde et les différentes époques.


Plus d'informations dans la Chronologie détaillée de l'histoire du canon.

Influence du canon à poudre noire dans la transition vers la modernité

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Introduction

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La poudre noire est le premier explosif à faire son apparition dans l'histoire. Elle est la première source d'énergie chimique synthétisée par l'homme ayant eu un tel impact dans l'Occident médiéval et dans le monde. Le canon à poudre fut le premier et principal utilisateur de cette énergie sans précédent pour l'époque. Cette technique, a bouleversé le monde de l'époque, et l'a fait évolué vers la société moderne. Durant sa conception, ses améliorations et son apogée, le canon a en effet influencé de nombreux aspects de la société, de l'art militaire à la culture, de la science à la politique, sans oublier l'économie.

Transition défensive

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Les mottes castrales, premières fortifications

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Château à motte de Saint-Sylvain d'Anjou

Afin de comprendre l’impact du canon sur l’architecture défensive, il est nécessaire de se pencher sur la situation avant son arrivée.

En Europe, entre le IXème et Xème siècle, des raids et des pillages poussent les hommes à se protéger. C’est ainsi que les mottes castrales ont fait leur apparition pour répondre à ce problème. Ce sont des buttes sur lesquelles sont posées des fortifications, le plus souvent en bois et en terre. La création de ces infrastructures en terre permet l’émergence d’une caste de guerriers qui deviendront les différents chefs locaux et régionaux. Ainsi, la motte castrale a été l'élément majeur de la structuration du régime féodal dans l’occident médiéval. Celle-ci devint l’élément central de la représentation du pouvoir pour le seigneur sur ses terres et auprès de ses voisins.

Malheureusement, le but de la motte castrale étant de se défendre des attaques légères et rapides, elle est vite dépassée. De par le nouvel ordre social, les seigneurs ont de plus en plus d'hommes pouvant se battre, et grâce aux avancées de la poliorcétique (art de prendre une place forte), de nouveaux engins de siège font leur apparition. C’est le cas du trébuchet ou du mangonneau, permettant la projection de roche pour détruire les murailles de bois. Il est donc tout naturel que cette motte castrale ait évolué au fil des siècles pour atteindre un nouveau modèle, le château fort.

Les châteaux forts, lieux de défense et de pouvoir

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Le château fort est une infrastructure fortifiée, faite de pierre, et non plus de bois ou de terre. Il apparaît en Europe, au Moyen Orient et en Asie à partir du XIIème siècle. Celui-ci représente à la fois le pouvoir du souverain et la défense qu’il apporte sur le territoire à sa charge. C’est un élément politique et fort du paysage occidental médiéval, qui montre l’importance d’un seigneur. La construction de ces édifices structure les paysages de l’époque.Les châteaux ont également un fort impact économique, demandant de nombreuses ressources pour être construits.

L’aspect défensif du château fort est le point essentiel. Plusieurs moyens existent pour prendre d’assaut et faire tomber ces structures. La méthode la plus utilisée est la sape. Elle consiste à creuser des galeries sous les fondations d’une muraille et à en retirer les pierres, pour former une brèche à l’intérieur de celle-ci. Cela permet ainsi l’entrée des assaillants souvent supérieurs en nombre dans l’enceinte de l’infrastructure. Un autre moyen similaire était l’utilisation d’un grand brasier dans les galeries sous les murs pour faire éclater les pierres sous l’effet de la chaleur. Ces deux méthodes sont coûteuses, en temps et en vie humaine. En effet, les incidents dans les mines sont toujours très présents. Une autre manière de prendre d’assaut une telle forteresse est l’utilisation de machines de guerre telles que le mangonneau ou le trébuchet. Ces derniers sont efficaces pour détruire des remparts mais nécessitent un temps de construction et d’installation très long ainsi qu'une main d'œuvre très qualifiée. Un dernier moyen pour prendre des fortifications est l’utilisation du siège, il consiste à affamer et assoiffer les assiégés en coupant tout moyen de communication avec l'extérieur. C’est une technique efficace mais très longue, et qui peut s’avérer très dangereuse si les assiégés reçoivent des renforts, qui prendront dans ce cas les assaillants à revers. Il est donc très difficile et onéreux d’assiéger et de prendre un château fortifié. Il résiste sans problèmes à de nombreux assauts avant d'être pris. Souvent l’infrastructure défensive reste intacte, les assiégés se rendant avant la destruction des murs.

Le château fort s’améliore pour arriver à son apogée, le château dit “philippien”. Il est composé de murailles régulières, possédant des tours rondes et ayant des barbacanes en entrée. Ce type de château se diffuse rapidement à partir de la fin du XIIème siècle dans toute l'Europe occidentale. Le château occidental, avant l'arrivée du canon, est donc l’élément structurant la société. Par sa grande capacité défensive, il permet de modeler les frontières et les territoires. Enfin, le château possède une grande fonction politique, siège du pouvoir, sa présence est essentielle au fonctionnement du régime féodal.

L'arrivée du canon et la fin des châteaux forts

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Forteresse de Salses

Le château n’a pas pu survivre à l'arrivée de la poudre à canon et son utilisation militaire pour la poliorcétique. C’est à partir du début du XVème siècle que le château entame son grand déclin en tant qu’élément défensif. A cette époque, on commence à utiliser le boulet de fer, remplaçant le boulet en pierre. Le canon devient ainsi beaucoup plus performant et destructeur. Ceux-ci permettent d'accélérer la fin de la guerre de Cent Ans en créant des brèches beaucoup plus rapidement dans les murailles, étant plus efficaces que les sapes ou les autres machines de siège.Le château fort est donc bel et bien voué à sa perte, mais son déclin ne sera pas si rapide.

De nombreuses modifications dans les châteaux se font pour contrer l'avancée de l’artillerie. Une première forteresse est mise au point à Salses, en 1497, par l'ingénieur aragonais Ramirez. Il décide d’épaissir les murailles des châteaux pour mieux résister au tir. Ainsi le rempart atteint douze mètres d’épaisseur, en terre, permettant d’absorber l'énergie cinétique des boulets. Le canon sera utilisé aussi en défense active. Ils sont disposés dans les tours ou sur les remparts pour repousser les assauts ennemis. On décide également d'élargir les fossés et de construire des moineaux, sortes de positions fortifiées, avancée en dehors des murailles permettant à un ou plusieurs soldats assiégés de défendre les murailles. Ainsi, au fur et à mesure des modifications, le château fort perd sa forme si caractéristique et adopte tous les caractéristiques propres aux forts classiques qui le remplaceront.

Ce remplacement des châteaux forts se fera également aux prix du tissu social et politique. Avec la destruction des châteaux forts, c’est le régime féodal entier qui périclite.

L'arrivée des fortifications classiques en France

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Représentation d'un bastion.

Devant le feu destructeur des canons, les châteaux sont détrônés. C’est au début de la Renaissance qu'émerge une nouvelle école pour la fortification des places fortes : le tracé à l’italienne.

Cette méthode fait naître de nouveaux moyens de défense contre le canon. Le glacis, qui se compose d’une grande zone en pente douce sans couvert pour les assaillants, permet de contrer le positionnement des canons adverses. Il y a ensuite le chemin couvert, aussi appelé corridor, qui fait la séparation entre le glacis et le fossé. Celui-ci permet à des mousquetaires de tirer sur n’importe quel ennemi s’aventurant sur le glacis tout en étant à couvert. Le corridor, bien que très efficace lors du début d’un siège, devient vite inefficace lorsque l’ennemi réussit à s'approcher des murailles grâce aux tranchées. Les remparts aussi se modifient, situés derrière les fosses, ils utilisent la terre de cette dernière pour faire un épais talus compris entre deux murs. Cette épaisse couche de terre permet d'absorber l’énergie des boulets. Un nouvel élément vient remplacer les hautes tours fragiles du Moyen Âge : le bastion. Ce dernier comporte une avancée, en forme de V, permettant la disposition de canon et donc d'une défense active. La forme en V permet notamment de réduire l’énergie cinétique du boulet, ce dernier rebondissant au lieu de transmettre toute sa force aux remparts. Cette forme permet également de couvrir les autres bastions et les murs. Enfin la demi-lune, bastion non raccordé aux remparts, situé au dehors, permet de couvrir la courtine sur le rempart et les bastions.

 
Demi-lune sur le plan-relief de Menin.

Ce sera Jean Errard de Bar-Le-Duc qui introduira ces concepts en France, en 1604, dans son traité, La fortification réduite en art et démontrée[1]. Certains génies de la Renaissance, comme Michel-Ange construiront des forts[2]. Le canon sera donc en partie celui qui fera passer l'Occident du Moyen Âge à la Renaissance.

 
Schéma des défenses d'une forteresse par Jean Errard de Bar-Le-Duc.
 
Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban. Tableau attribué à une école de peinture du XVIIIe siècle.

Le Système Vauban et bouleversement des places fortes françaises

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Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban est un ingénieur français ayant servi comme maréchal de France, le plus haut poste militaire, sous le règne de Louis XIV au XVIIème siècle. Vauban a pu durant sa vie, comprendre, améliorer et enfin sublimer les forts de son époque.

On découpe son œuvre en trois systèmes ayant conduit, progressivement, des améliorations. Le premier système correspond au début de sa carrière où il s’inspire des forts déjà existants. Les deux suivants lui permettent d’améliorer son art, tout en ajoutant des détachements de bastion nécessaires à une meilleure défense du fort. Le travail le plus impressionnant de Vauban fut la restructuration entière du système défensif français vieillissant. De par la richesse exceptionnelle de la France à cette époque, il a pu remodeler l’ensemble de la géographie défensive du territoire français et appuyer la doctrine du “pré carré”. Cette dernière consiste en une démilitarisation de toutes les forteresses situées à l'intérieur du territoire français et la création d’une véritable ceinture de fer au niveau de toutes les frontières et côtes françaises. Cela a donc permis un abandon des places fortes isolées et inutilisables au profit de nouvelles places fortes. Ces dernières se situent donc aux plus près des ennemis de la France de l’époque, c'est-à-dire l’Espagne, particulièrement les Pays-Bas espagnol, et l’Angleterre.

 
Enluminure française du XIIIe siècle représentant les trois ordres de la société médiévale : ceux qui prient, les ecclésiastiques, ceux qui combattent, les chevaliers et ceux qui travaillent, les paysans.

Au total, Vauban a créé et élargi pas moins de 180 forteresses dans la France entière. Le canon, a donc de par sa puissance de feu, contribué à modifier le système de défense de la France entière, mais également du monde entier. Ces constructions restent présentes dans notre territoire actuel. Elles sont aussi, pour douze d'entre elles, classées au patrimoine mondial de l’Unesco[3]. Le canon, influence donc encore notre manière de percevoir le monde et le territoire. Ces infrastructures étant protégées, elles deviennent immuables, reflets de la puissance du canon sur le territoire.

Transition politique

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Changement de l’ordre politique[4]

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L'arrivée des armes à feu a permis la destruction des royaumes, empires et duchés existants avant sa création. A cette époque, la société occidentale se découpe en trois ordres. Les laboratores, ceux qui travaillent, ce sont les paysans représentant 80 à 90 % de la population. Les oratores, ceux qui prient, ce sont les hommes d'Église. Enfin les bellatores, ceux qui combattent, ce sont les nobles, princes, seigneurs et chevaliers. Ces derniers sont ceux qui concentrent tous les pouvoirs. C’est une société possédant une grande hiérarchie sociale que l’on appelle l’ordre féodal. En effet, chaque seigneur possède un ou plusieurs vassaux qui eux mêmes possèdent des vassaux. Enfin, chaque seigneur possède des terres et des gens à ses ordres faisant partie des deux autres ordres.

Toute la société médiévale est donc réunie autour de cette caste chevaleresque ayant la majorité des pouvoirs. En effet, c'est le plus souvent par les armes que l’on s’impose. Les seigneurs lèvent donc des armées pour récupérer des territoires et tout changement majeur s’opère par la force des armes. Lors d’une guerre, un seigneur fait appel à ses vassaux qui eux-mêmes font appel à leurs vassaux, jusqu’au dernier chaînon. Néanmoins, ces armées, malgré une grande hiérarchie, sont désordonnées et sont surtout peu uniformes. L’infanterie à l’époque n’existe que très peu et est mal équipée. Ce qui bouleverse le déroulement d’une bataille : c’est la chevalerie lourde montée. Elle apparaît au début du Moyen Âge, en Occident, avec l'utilisation des étriers, ceux-ci permettant un maintien plus stable en selle.

 
Philippe IV le Bel(1268-1314) considéré comme le premier roi d'un État Français centralisé, d'après le Recueil des rois de France de Jean Du Tillet

Or la chevalerie est une caste qui s’équipe par un matériel personnel peu coûteux. Le canon représente donc, jusqu’à l'époque de la révolution industrielle, un gouffre financier. Ceux en bronze qui ont fait leur apparition aux XVème siècle demandent, une quantité colossale de moyens pour être produits. Pour produire des canons, il faut réunir trois moyens de grande ampleur. Tout d’abord des moyens structurels, c'est-à-dire les bâtiments permettant de construire le canon, ce sera fait dans des fonderies. Ensuite des besoins financiers très importants, que ce soit pour payer le bronze, les bâtiments ou encore les ouvriers qualifiés. Enfin une main d'œuvre efficace. C'est un point particulièrement difficile à valider, au vue de l’orientation féodale de la société. Chaque seigneurie possède sa propre forge permettant d’équiper un nombre limité de soldats, mais les moyens de chaque seigneur ne sont pas suffisants pour créer des canons.

Pour posséder des canons, il est donc nécessaire de centraliser la société. En effet, si une armée veut posséder des canons, pour pouvoir s’adapter aux armées adversaires, elle doit donc accepter de participer à la création de ces dits canons en payant une taxe à son suzerain. Ainsi les grands seigneurs et les rois peuvent en profiter pour centraliser leur royaume, s'ils gardent la main sur les canons produits et les moyens de production, les seigneurs vassaux deviennent beaucoup plus dépendants de la Couronne.

C’est donc ainsi que la société du Moyen Âge féodale s'est transformée au fil des siècles et des règnes pour arriver à une société centralisée où le roi et quelques ducs possèdent l’ensemble des pouvoirs. Cela conduira plus tard à l'avènement d’un État fort, centralisé, possédant un pouvoir absolu, trouvant encore répercussion dans nos sociétés contemporaines[5].

Géopolitique, les Européens à la conquête du monde

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Arrivée de Christophe Colomb en Amérique, avec arme à feu au premier plan. Theodoor de Bry

Suite à la chute de l'empire Romain d’Orient, en 1453, avec la prise de la ville de Constantinople par l’empire Ottoman, la route de la soie devient, à la même époque, de moins en moins intéressante pour les Occidentaux. En effet, de nombreux intermédiaires sont présents le long de la route, ce qui contribue à un prix très élevé des épices en Europe. Les difficiles relations avec l’empire Ottoman sont également une cause de l'abandon de cette voie. Grâces aux progrès de la navigation, notamment l'invention de la caravelle en 1430, par les Portugais, les occidentaux se lancent à la découverte du monde. Ainsi que Christophe Colomb, en 1492, atteint un nouveau continent surnommé, plus tard, Amérique et habité déjà par des empires puissants. C’est le cas notamment de l’empire Aztèque se situant sur le territoire du Mexique actuel, mais aussi l’empire Inca se situant dans les territoires Sud Américain de la cordillère des Andes. Ces deux empires étaient à leur apogée juste avant l’arrivée des explorateurs espagnols, comme Hernán Cortés ou Francisco Pizarro.

Les Européens, bien qu'inférieurs en nombre, ont pu s’imposer et prendre le contrôle de ces immenses territoires grâce à leur technologie militaire beaucoup plus développée, étant principalement composée d’une artillerie puissante, aussi bien mentalement que physiquement. En effet, l’impact de l’artillerie espagnole sur les habitants originels de l’époque est notamment psychologique. Ces derniers les considèrent comme des envoyés des dieux, avec leur pouvoir si extraordinaire conféré par leur technologie. C’est donc en partie grâce aux canons que les Européens ont pu s’imposer en Amérique, mais également dans le monde entier, notamment en Afrique et Asie.

Transition technique et scientifique

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Le canon à poudre, en tant qu’objet technique ayant marqué l’histoire a évidemment impacté le milieu de l’ingénierie. De part la nécessité d’améliorer perpétuellement l'efficacité des canons, les scientifiques du Moyen Âge et des Temps Modernes se sont penchés sur divers axes de travail pour rendre le canon toujours performant. Ils menèrent alors des études sur la poudre en elle-même, la résistance du canon et les manières de le rendre mobile et maniable. Les projectiles furent également étudiés en parallèle pour améliorer la trajectoire et les dégâts occasionnés. Toutes ces études ont donc impacté des milieux techniques et scientifiques tels que la métallurgie, la chimie, la balistique et même des sciences fondamentales comme la mécanique avec l’étude de la trajectoire.

Évolution de la qualité de la poudre noire

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La qualité de la poudre noire est un élément essentiel pour l'efficacité du canon puisque c'est cette poudre qui va communiquer, par déflagration, l'énergie au boulet. L'objectif est donc d'améliorer sans cesse les propriétés physico-chimiques de la poudre pour la rendre toujours plus performante. Pour ce faire, on chercha à développer les processus de fabrication de la poudre et de purification de ses constituants.

Amélioration des processus de fabrication de la poudre
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Tout au long de l’ère des canons à poudre noire, la composition de la poudre est restée sensiblement la même (salpêtre, charbon de bois et soufre). Néanmoins, les proportions de ses constituants ont quant à elles évoluées. Cependant, ces proportions ont finalement été fixées dans tous les pays à environ 75% de salpêtre, 15% de charbon et 10% de soufre, dès la fin du XVIème siècle. Ainsi le travail le plus important qui a été fait sur la poudre noire réside plutôt dans l’amélioration des processus de sa fabrication.

La fabrication de la poudre était au départ à la charge de l’artilleur directement sur le champ de bataille et ce jusqu’au XVème siècle. En effet, il pilonnait simplement les trois éléments ensemble en proportions approximatives et arrosait le tout d’eau de vie ou de vinaigre. Cette poudre était sous forme de poussière et peu énergique. Par la suite, la fabrication de la poudre est réalisée en amont par des artisans, rendant la poudre plus sûre car fabriquée de manière contrôlée et surtout plus efficace. Au fil des siècles, des étapes se sont rajoutées au processus de fabrication.

 
Moulin à meules

On a tout d’abord la pulvérisation, qui consiste à mélanger le charbon et le soufre dans un moulin à billes. Il s'agit de gros cylindres en fer aussi appelés tonnes dans lesquels on introduit ces éléments avec des billes en bronze d’une dizaine de millimètres de diamètre venant réduire en poussière le mélange. Ces tonnes tournaient sur leur axe à environ 20 tours par minute durant 4 à 6 heures. On ne mélangeait pas les trois éléments directement ensemble car cela représentait un risque élevé. Une fois pulvérisés, on vient rouler, mélanger les éléments ensemble, afin de réduire les surfaces d’air et donc mettre les particules directement en contact. Cette étape est réalisée à l'aide de moulins à meules de plusieurs tonnes. Au cours de ce processus, on introduit un peu d’eau pour lier et densifier cette poudre mais aussi pour éviter les risques d’explosions pendant la production. Pendant ces deux étapes, ce sont la durée et le poids de la machinerie qui font la qualité de la poudre.

Au XVIIIème siècle, est ajoutée une étape de compression afin d’augmenter la densité et donc la puissance de la poudre. Ceci a également permis d’obtenir une poudre plus stable lors du transport, elle était moins susceptible de se désagréger. La poudre était comprimée sous forme de galettes grâce à un laminoir.

Par la suite, vient alors le grainage de la poudre. Cette étape est une grande innovation car elle permet de contrôler la vitesse de combustion. En effet, l'air qui sépare les grains les enflamme plus vite et la chaleur provenant de la combustion de chaque grain se transmet plus rapidement d'un point à l'autre de la masse. Ainsi, de manière générale on augmente la vitesse de combustion, mais on peut réguler cette vitesse avec la taille des grains (de grains plus gros donnent une vitesse de combustion plus lente). Bien que découvert en 1452, ce n’est qu’au milieu du XVIème siècle que le grainage est largement utilisé voire même un peu plus tard pour les plus gros canons. Ceci provient du fait qu'un autre de ses avantages est la puissance qu’il libère, jusqu’à trois fois supérieure à celle de la poudre en poussière. Or les canons de l’époque ne sont pas assez résistants pour l’utiliser, seules les couleuvrines en faisaient l’usage. Cette étape se faisait à l’aide d’un tamis appelé guillaume. Ces grains sont ensuite lissés afin de les arrondir et de rendre le transport plus sûr car cela diminue les risques de dégradation physique de la poudre.

La poudre est finalement séchée afin d’enlever l’eau ajoutée pour qu'elle ait un taux d’humidité de 0,5%. Elle peut alors être empaquetée dans des barils pour ensuite être transportée.

La majorité de ces étapes se sont mises en place suite à des expériences qui se sont avérées fructueuses. Ces expériences n’étaient au départ que l’utilisation même de la poudre sur les champs de bataille, d’où on tirait des conclusions sur l’efficacité d’une poudre par rapport à une autre, du fait des résultats obtenus. La fabrication de la poudre noire était donc au départ complètement empirique. Par la suite, des systèmes tels que le pendule balistique de Benjamin Robins inventée au milieu du XVIIIème siècle, que nous évoquerons plus tard, ont été imaginés pour tester différentes poudres en amont et quantifier concrètement leur efficacité. On relève une certaine boucle de rétroaction entre le canon et la poudre. Tout d'abord, c'est la découverte de cette poudre qui mène à l'idée de création des canons. Ces canons créés, on souhaite les rendre plus destructeurs et cela passe par l'amélioration des propriétés de la poudre. Néanmoins, cette poudre rendue plus puissance porte atteinte au canon qui doit gagner en résistance. Le schéma se répète alors en boucle ce qui contraint le canon et la poudre à évoluer.

Amélioration des processus de fabrication et de purification de ses constituants
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L'autre élément primordial déterminant la qualité de la poudre réside dans la pureté de ses constituants. De ce fait, les méthodes de production et surtout de purification du salpêtre, du charbon et du soufre ont évolué avec le temps afin d'obtenir une poudre toujours plus performante.

Le salpêtre
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Pour le salpêtre, il faut savoir que l’on préfère le nitrate de potassium comparé au magnésium ou au calcium car c’est celui qui absorbe le moins d’eau. En effet, l’humidité était un réel problème car elle rendait la poudre inutilisable. Or, jusqu’au XVIème siècle il est très difficile de séparer le nitrate de potassium des autres nitrates. En effet, c’est notamment avec l’ouvrage Pirotechnia de Biringuccio publié en 1540 que se répand une méthode de purification du salpêtre faisant appel à un mélange d’oxyde de calcium et de cendres de bois permettant d’isoler le nitrate de potassium. Plus tard, en 1775, Lavoisier est nommé régisseur des poudres et salpêtres, il rationalise les recettes empiriques des salpêtriers par l'introduction de procédés chimiques[6] et présente un salpêtre de grande qualité. Les impuretés présentes jusque-là dans le salpêtre retardaient la combustion et les chlorures notamment formaient un résidu solide qui, mélangé à l’humidité, produit de l’acide dégradant les armes.

Le charbon
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Appareil de M. Violette pour la carbonisation par la vapeur d'eau

La nature physique du charbon est très importante pour la qualité de la poudre. Une teneur fixe en carbone de 70% est optimum. Ce charbon s’obtient grâce à la carbonisation du bois et ce sont ces méthodes de carbonisation qui ont évolué afin d’améliorer le rendement et la qualité du charbon. En effet, en France notamment, on a longtemps préparé ce charbon de bois dans des meules bâties au milieu des forêts avec les branches des arbres. Cependant avec cette méthode, on obtenait seulement 16 grammes de charbon pour 100 grammes de bois.

Ainsi, à la fin du XVIIIème, on a substitué ce système par un autre plus savant, calculé de manière à éviter les pertes :  c’est la carbonisation en vases clos, elle s'exécute dans des cylindres de fonte au moyen d’une chaleur appliquée à l'extérieur de ces cylindres. Avec cette méthode, on obtient 40 grammes de charbon pour 100 grammes de bois. En 1848, avec le développement des machines à vapeur, M. Violette, commissaire des poudres et salpêtres, fit adopter un appareil dans lequel la carbonisation du bois est produite par la vapeur d'eau surchauffée. Ainsi, obtenu avec de la vapeur à 442°, le charbon est très noir, et propre à la fabrication de la poudre à canon.

Le soufre
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Schéma du procédé Frasch

Jusqu’en 1830, la presque totalité du soufre consommé en Europe était fournie par le royaume des Deux-Siciles. Le premier mode d’extraction que l’on suivait, consistait à réunir de petits monticules de terres soufrées auxquelles on mettait le feu par la partie supérieure, les couches inférieures laissaient couler une partie de leur soufre. Ce soufre constituait le soufre brut, il contient beaucoup d’impuretés et nécessite une purification. Une des techniques recensées pour cette purification repose sur la volatilité du soufre que l’on distillait pour obtenir des fleurs de soufre. Ces dernières demeuraient encore impures pour l’utilisation dans les canons car elles contenaient de l’acide sulfureux que l’on ne peut séparer que par des lavages prolongés à l’eau froide. À partir de 1830, on décida d’extraire le soufre des pyrites par un traitement chimique. Il s’agit du procédé Frasch qui a été conçu pour extraire le sulfure sous une forme essentiellement pure en utilisant de l’eau surchauffée sous pression pour laver le matériau du dépôt volcanique enfoui et le faire remonter à la surface.

Ainsi, à partir du XVIIIème, lorsque des scientifiques de renom tels que Lavoisier ou Robins commencent à s’intéresser à la fabrication de la poudre et la purification de ses constituants, on parvient à perfectionner cette poudre à canon en remplaçant les méthodes empiriques d'autrefois par des procédés scientifiques. On a, à cette époque, une volonté de faire coïncider la recherche appliquée à la recherche fondamentale. Les travaux de ces scientifiques permirent des avancées notables en physique comme en chimie avec par exemple le développement des procédés de nitrification.

Évolution dans la conception du canon

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Tout au long de l’ère du canon à poudre noire, le canon subit des modifications à tous points de vue. En effet, que ce soit au niveau de la taille du canon, de ses dimensions, du matériau utilisé ou encore du projectile tiré, chacun de ces éléments a évolué afin d’obtenir un canon toujours plus performant. On souhaite tendre vers un canon relativement léger pour être plus mobile, précis, puissant et donc nécessairement résistant. On cherche également un canon assez maniable afin d’ajuster le tir simplement et tirer de lourds projectiles à une grande portée. Ainsi, nous allons étudier les évolutions qu’ont subi les canons pour passer des bombardes du XIVème siècle qui effrayaient l’ennemi plus qu'ils ne lui faisaient de réels dommages, à des canons pouvant tirer des boulets explosifs aux dégâts colossaux à des centaines de mètres avec une précision époustouflante.

Standardisation et uniformisation des canons par Charles Quint 
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Afin de relever ces défis dans le domaine de la conception du canon, de nombreuses expériences ont été menées. On relève notamment celles orchestrées en Belgique de 1521 à 1530 par l’empereur Français Charles Quint. Ces expériences avaient pour but de fixer la composition des alliages du canon. En effet, à cette époque, les connaissances en chimie sont très limitées et il était impossible d’identifier la nature, mais surtout les proportions des métaux composant un alliage. Un autre objectif de ces expériences était de fixer les dimensions des différentes parties du canon, notamment la longueur de la volée ou le calibre du canon. La détermination de ces dimensions constitue une avancée considérable car jusqu’à cette époque, il existait des canons de toutes tailles avec des proportions variées. Ainsi, lorsqu’une pièce devenait défectueuse, il était impossible de la changer car en quelque sorte chacune est unique. Quant aux projectiles, ayant un diamètre de volée tous différent, chaque canon ne peut utiliser des boulets que d’une certaine taille. De ce fait, lorsque l’on avait plus de boulets, soit on récupérait ceux d’autres canons, pas forcément adaptés et donc moins efficaces, soit le canon devenait hors-service. Voilà une illustration des problèmes que pouvait poser l'empirisme, omniprésent à cette époque. Pour la longueur de la volée, on se doutait à l’époque qu’il existait une longueur à adopter en fonction du calibre pour atteindre une portée maximale, mais personne n’y a réellement apporté de lois mathématiques. Néanmoins, ces expériences menées en Belgique ont permis de déterminer cette longueur pour plusieurs calibres.

Ainsi, à partir de ces expériences, Charles Quint établit les premières tables mathématiques, déterminant les proportions et dimensions à adopter en fonction du calibre pour la construction des canons. De ce fait, il est le premier à réellement mettre en place une uniformisation et une standardisation dans la construction des canons en fixant les calibres des pièces qui seraient fondues dans ses États, au nombre de 6. Il ouvre le pas à de célèbres figures de l’artillerie française tels que le lieutenant-général De Vallière ou encore l’ingénieur militaire Gribeauval, qui, de la même manière, ont cherché à réformer l’artillerie en se basant sur des tables mathématiques de plus en plus rigoureuses.

Évolution de la composition du canon
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Dans le but d’améliorer la résistance du canon pour tirer des projectiles toujours plus lourds et de réduire son poids, le matériau composant le canon a évolué au fil du temps. Les premiers canons furent fabriqués dans divers matériaux : fer forgé, bois et un peu plus tard en bronze. En effet, il semblerait qu’une partie des premiers canons étaient fabriqués en bois, c’est ce qu'écrit Pétrarque, un poète italien dans un dialogue rédigé en 1342 intitulé De remediis utriusque fortunæ : "Je m’étonne que vous n’ayez pas aussi de ces glands d’airain qui sont lancés par un jet de flamme, avec un horrible bruit de tonnerre. "..." Ces foudres que Virgile regardait comme inimitables, l’homme, dans sa rage de destruction, est parvenu à les imiter. Il les lance d’un infernal instrument de bois comme elles sont lancées des nuages". Néanmoins, ce matériau a été très vite abandonné car bien que peu cher et facile à usiner, le bois est un matériau trop peu résistant. C’est pourquoi la majorité des canons du XIVème siècle étaient réalisés en fer forgé. Pour ce faire, un four à soufflet était utilisé pour chauffer des barres de fer à rouge qui étaient ensuite placées autour d’un mandrin en bois. Ces tiges sont alors fixées par plusieurs cerceaux de fer chauffés à blanc qui rétrécissaient au refroidissement. Pour finir, le forgeron martelait le canon afin de fusionner le fer ensemble et retirait aisément le mandrin en bois suffisamment carbonisé, par l’alésage. Ce processus plutôt rudimentaire rendait impossible l’élimination des failles internes et les pièces moulées cachaient souvent des bulles d’air internes dans la paroi du tube. La maîtrise de cette technique a permis dans la seconde moitié du XIVème siècle de construire des canons de grande taille : les bombardes. Néanmoins, l’état de la métallurgie de l’époque ne permettait pas d’assurer une aussi grande résistance à ces énormes canons par rapport aux plus petits car proportionnellement, leurs parois étaient de plus faible épaisseur. Ces gros canons étaient utilisés surtout pour l’attaque et la défense des villes, la destruction des toits de maison ou des machines d’approche des assiégeants. Par la suite, le bronze est utilisé à partir du début du XVème siècle pour la confection des canons. En effet, de la même manière qu’étaient coulées les cloches de l’époque, on se mit à couler les canons en bronze, matériau plus résistant, dont la composition fut améliorée avec le temps grâce, à de multiples expériences. Cependant il faut attendre la fin du XVème siècle pour que cette technique soit employée pour la fabrication de plus gros canons.

Par nécessité de toujours augmenter la puissance de feu et du fait de l’amélioration des fortifications, notamment, navales avec l’arrivée des cuirassées, dans les années 1850, il fallait encore trouver un nouveau matériau plus résistant. Les Américains l’ont d’abord remplacé par de la fonte mais le métal qui tend à remplacer tous les autres de part sa grande résistance, c’est l’acier.

Ainsi, nous pouvons comprendre que, cherchant désespérément à améliorer la résistance de leurs canons, toutes les puissances militaires ont mis l’accent sur le développement de domaines techniques comme la métallurgie.

Modifications apportées aux projectiles
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La matière à partir de laquelle les projectiles sont faits a bien sûr évolué avec le temps. Grâce à l’amélioration de la résistance du canon, les projectiles sont passés de la pierre à la fonte augmentant considérablement les dégâts occasionnés. Cependant, nous nous intéresserons ici surtout au travail effectué sur leurs formes et leur explosivité.

Leurs formes
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Les boulets sont pendant longtemps restés sphériques et c’est par ailleurs cette sphéricité qui a été travaillée en premier lorsque l’on a commencé à s'intéresser à la forme du boulet. En effet, c’est assez tardivement, dans la première moitié du 18ème siècle,  que grâce au pendule balistique de Robins, on s’est vraiment rendu compte de l’importance de la sphéricité des boulets. En effet, il est assez simple de comprendre que le boulet formant une sphère précise, épouse mieux les formes de l’alésage du canon et donc produit une détonation plus importante. Ainsi, des lunettes circulaires furent envoyées dans les ateliers afin de contrôler le diamètre des boulets.

Les expériences menées toujours par ce même pendule balistique, ont poussé à changer la forme du boulet pour adopter une forme cylindro-conique et plus tard, cylindro-ogivale. En effet ces expériences montraient que ces formes étaient préférables à la sphère car subissaient une résistance de l’air moindre et donc permettaient d’obtenir une plus grande portée.

Leur explosivité
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Le tir de la bombe à deux feux

Aujourd'hui on ne parle plus de boulets mais d'obus qui sont des projectiles explosifs. Effectivement, des boulets utilisés depuis le 14ème siècle dont les dégâts ne provenaient que de l’énergie cinétique transportée nous sommes passés aux obus qui ajoutent aux dégâts dus à la chute du boulet, une explosion. Cependant, pour cela il faut revenir un peu en arrière car les premiers projectiles explosifs étaient appelés des bombes, qui étaient donc des boulets explosifs et venaient remplacer les boulets des mortiers. On cherchait un moyen sûr pour communiquer le feu à la bombe et assez lent pour qu’elle n’explose pas avant d’arriver. Cette bombe fut développée par l’Allemagne à la fin du 16ème siècle mais ce sont les Pays-Bas qui l’ont rendue sûre. Ces mortiers fonctionnaient au tir à 2 feux inventés par l’artilleur allemand Senfftemberg. Un des inconvénients de ce système était de produire un jet de flamme quand on allume la fusée et donc de dévoiler la position des artilleurs. Il fallut attendre la mise en place du tir à un seul feu pour remplacer les boulets par les obus dans les canons.

Les études menées sur la forme du projectile ainsi que des manières de l’enflammer permettent la transition des boulets sphériques aux obus cylindro-ogivales et cylindro-coniques, qui sont les ancêtres directs de ceux que nous connaissons aujourd'hui. Ainsi, les recherches menées par les scientifiques de l’époque sont à l’origine des projectiles que l’on utilise aujourd’hui.

Évolution des armes à feu portative à poudre

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En parallèle du développement du canon, à partir du 15ème siècle, apparaissent les premières armes à feu portatives. Ces armes à feu portatives sont, dans un premier temps, des tentatives de miniaturisation de la technique du canon. Tout d'abord assez primitives, comme le baston de feu, aussi appelé canon à main, ces armes portables vont ensuite connaître de nombreuses évolutions. Une des principales innovations concerne le mode d’activation de la poudre noire contenu dans une chambre. Ce nouveau dispositif appelé la platine, a pour but d’entamer la combustion de la poudre noire.

Les Platines[7]
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animation de la platine a rouet

De nombreux modèles de platines ont été développés au cours du temps, en voici quelques-uns :

  • la platine à mèche : un levier met une mèche à combustion lente en contact avec la poudre noire,
  • la platine à rouet : petite roue métallique crantée tournante entre en contact avec un silex,
  • la platine à chenapan : apparition du bassinée qui contient un combustible de pré activation, généralement de la poudre noire très fine,
  • la platine à miquelet : création d'une pièce, le couvre bassinée qui assure l'étanchéité de ce dernier,
  • la platine à Silex : un silex vient frotter une plaque en acier rugueuse qui produit des étincelles,
  • la platine à percussion : ce système est présent sur le premier fusil léger français, la carabine Delvigne Pontcharra de 1837[8].
Le Revolver[9]
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illustration d'un Colt Paterson

En 1830, l’homme connu pour avoir armé l'Amérique, Samuel Colt crée son premier modèle de revolver : le Colt Paterson. Il s'agit d’un pistolet léger, comprenant 5 chambres de combustion réparties en cylindres, le barillet. Chaque chambre est composée de deux parties, la chambre et la cheminée, dans la cheminée vient se loger une amorce. Les chambre devaient être remplies de poudre une fois l'amorce en place. Le projectile vient ensuite s'y loger en dernier. Ce revolver est à simple action, ce qui signifie que le chien doit être armé à chaque tire. Lorsque le chien est armé deux actions sont effectuées : la première étant l'alignement du barillet avec le canon, la seconde est que la queue de détente devient visible et accessible.

La cartouche[7]
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Les premières cartouches ont été faites en papier en 1812 avec une amorce en laiton qui sera par la suite remplacée par du cuivre. Cette amorce contient du fulminate de mercure, un composé qui sert d’amorce à la réaction de la poudre noire. Une cartouche se compose principalement de quatre parties : le projectile, la poudre, l'amorce et la douille.

 
Schéma d'une cartouche en papier de Pauly

La cartouche métallique quant à elle, est apparue en 1832, avec la cartouche à percussion à broche. Apparait alors la cartouche à percussion annulaire qui possède l'amorce dans le relief au culot de la balle Ce type de munition a été créé par Louis Nicolas Flobert en 1845 et est encore utilisé aujourd'hui dans les calibres 22mm. Pour finir, la cartouche à percussion centrale sont les munitions les plus répandues aujourd'hui. Elle consiste à avoir l'amorce encastrée dans la douille et furent inventées par un français, Clément Pottet.

Le chargement par la culasse
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Le chargement par la culasse fit son apparition en 1812 avec le fusil de Pauly, un inventeur Suisse qui déposa un brevet en France pour son fusil à chargement par la culasse. Ce fusil utilise des douilles en papier, et son amorce est percutée par une aiguille guidée par un ressort. C'est la percussion à aiguille inventé par Johann Nikolaus Dreyse, qui travaillait alors avec Pauly. Ce fusil fut proposé à l’armée napoléonienne mais refusé car trop coûteux.

 
Illustration du Remington 1858
Remington 1858[9]
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Le Remington 1858 fut la dernière arme manufacturée utilisant des balles à poudre noire. I s'agit d’un revolvers 6 coup se chargeant par le dessous du canon. Il est l’une des dernières armes à tirer à la poudre noire avant son remplacement dans la balistique.

Étude de la puissance

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Pendule balistique

De nombreux instruments pour évaluer la force des différentes poudres sont inventés et utilisées à partir du début du 17ème siècle. Un des premiers mécanismes est inventé, en 1627, par Furttenbach, un ingénieur allemand. Il est constitué d’une chambre avec une ouverture pointée vers le haut au-dessus de laquelle on place un capuchon muni d’une tige verticale crantée qui va servir à mesurer la puissance. Il a été beaucoup utilisé en Espagne et au Brésil. Néanmoins, le résultat varie en fonction de comment la poudre a été mise dans la chambre, de la propreté et du graissage du mécanisme.

Ainsi, le mécanisme qui a révolutionné l’étude de la puissance des poudres à canon est celui de Robins, le pendule balistique inventé en 1742. On l’utilisa jusqu’au milieu du 20ème siècle, il fut remplacé par des systèmes utilisant la chronophotographie. Le pendule balistique, quant à lui, est un dispositif mesurant de la vitesse d'un projectile à partir de l'effet de son impact sur un pendule pesant.  En effet, en mesurant le mouvement de la cible lors de l’impact, on pouvait, à partir de la loi de la conservation de la quantité de mouvement, déduire la vitesse et donc l’énergie cinétique du projectile. L’avantage de cette méthode est qu’il était possible de tester la poudre directement avec l’arme dans laquelle elle allait être utilisée. Le développement de ce mécanisme fut un évènement important qui fit progresser le domaine de la balistique car il permit de tirer de nombreuses conclusions sur la quantité de poudre à utiliser, la manière de la fabriquer ou encore la taille des grains permettant d’obtenir une efficacité optimale.

Étude de la trajectoire

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Évolution des modèles de trajectoires et des systèmes de pointage
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À partir du XVIème, de célèbres physiciens et mathématiciens se sont intéressés à la question de la trajectoire en balistique. En effet, l’amélioration de la précision des tirs était primordiale pour le développement de l’artillerie de tout pays. C’est en se basant sur les études de ces scientifiques qu’ont émergés des systèmes de pointage et des tables de tirs de plus en plus exacts.

Le premier scientifique à s’y intéresser ou du moins à y apporter des réponses conséquentes est le mathématicien italien Tartaglia , dans la première moitié du XVIème siècle. Il admet alors que la trajectoire est une ligne courbe, puisque le boulet est soumis à deux forces : l’une verticale, il s’agit de son poids et l’autre en ligne droite, l’effet de la poudre. C’est en se basant sur ces hypothèses que l’artilleur allemand Senfftenberg invente la ligne de mire qui prescrit pour une charge de poudre pesant le neuvième du boulet, la hauteur à laquelle il faut viser en fonction de la distance pour atteindre la cible. Tartaglia vient s’appuyer à son tour sur les travaux de Senfftenberg pour les rendre d’une exactitude mathématique en créant une équerre de pointage et des tables de tir.

Au XVIIème viennent ensuite les travaux de Galilée et de son élève Torricelli, qui eux optent plutôt pour une trajectoire parabolique. Torricelli continuant les travaux de Galilée, prouve qu’à partir d’une seule expérience bien exécutée, on peut calculer toutes les conditions du tir (vitesse du projectile, inclinaison de la tangente à la trajectoire etc…). Néanmoins, la réalité n’est pas si simple car à cette époque n’est pas prise en compte la résistance de l’air, atténuant grandement la vitesse du projectile.

 
Hausse de pointage de Robins

Ainsi, il faut encore attendre le XVIIIème siècle pour que des scientifiques tels que Huygens, Newton ou encore Robins intègrent le problème de la résistance de l’air dans l’équation. En effet, Huygens est le premier à pointer du doigt la résistance de l’air comme source des anomalies visibles lors des expériences menées pour vérifier la loi de la chute des corps. Il démontre alors qu’avec une résistance de l’air proportionnelle à la vitesse, on obtient une courbe logarithmique. Newton est en adéquation avec les théories de Huygens puisque suite à une expérience menée en 1710, il déclare que la résistance de l’air est proportionnelle au carré de la vitesse du projectile. Enfin, l’artilleur et mathématicien Britannique Robins, vient contester la loi de Newton qui d’après ses calculs ne s’appliquait pas pour les vitesses très grandes.

On établit alors selon ces différents modèles des tables de tirs et il s’avère que les plus exactes furent celles publiées en 1798 par Lombard basées sur le modèle de Robins. Les données de ses tables sont surtout issues du pendule balistique de Robins. Sur ces études viennent aussi se baser de nouveaux mécanismes de pointage. En effet, après l’équerre de Tartaglia vient la hausse de Robins que fit d’ailleurs mettre Gribeauval sur tous les canons de Campagne. Ainsi, la hausse constituait une table de tir portant inscrite les distances correspondantes de la rencontre entre la trajectoire et la ligne de mire. Pour l’utiliser, on dispose la hausse à la hauteur voulue, on établit la ligne de mire en la faisant passer par le but. Le canon reçoit alors l’inclinaison nécessaire pour que la trajectoire atteigne le point visé.

Les diverses études menées par tous ces scientifiques apportèrent des connaissances considérables dans la balistique, et dans la mécanique telle qu’on la connaît aujourd’hui. En effet, si on reprend le cas de Newton, c’est à partir de l’étude du mouvement des corps et en particulier des boulets de canons, qu’il publiât Philosophiae_naturalis_principia_mathematica, considéré comme l’un des livres scientifiques les plus importants jamais édité. Dans ce livre, il établit notamment les trois lois universelles du mouvement, briques de base de la mécanique classique aussi connue sous le nom de la mécanique newtonienne. C'est grâce à ces trois lois du mouvement qui portent son nom et qui sont encore enseignées aujourd’hui telles qu’elles ont été énoncées qu’Isaac Newton est déclaré “père de la mécanique moderne”. Le lien entre les études menées sur la trajectoire des tirs de canon et les apports considérables de l'époque dans le domaine de la mécanique paraît donc irréfutable.

Les canons rayés de Robins
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Rayures d'un canon français du 19ème

Les armes rayées constituent la plus grosse invention de Robins et son origine provient de l’étude des trajectoires. En effet, il remarque que le boulet dévie toujours à droite ou à gauche, surtout à la fin de la trajectoire. Ceci est dû au mouvement de rotation du projectile pendant la translation dans l’intérieur de la pièce. Le projectile garde cette rotation à la sortie et subit une résistance inégale de l’air sous ses différents points. Le boulet peut tourner sur trois axes principaux : vertical, horizontal et perpendiculaire au plan du tir. Mais si la rotation s’effectue suivant n’importe quel autre diamètre que ceux-là, le boulet sort du plan de tir.

Robins y remédie en forçant le projectile à choisir pour axe de rotation le diamètre horizontal, et il le fait en créant des rayures dans l’âme des canons. La rayure des canons est une série de sillons creusés longitudinalement dans l’âme de la pièce et décrivant des hélices parallèles. Ces rayures existent depuis longtemps dans toute l’Europe mais en petit nombre et souvent mal construites car on ne comprend pas réellement l’utilité et l’impact que cela a. Dès que les principes d’une science rigoureuse présidèrent à leur fabrication, ce système subit un tout nouvel essor.

Cependant, Euler, mathématicien respecté de l’époque, réfuta à tort les études de Robins, si bien que pendant un siècle personne ne songea à suivre la voie que Robins venait d’ouvrir. C’est seulement au milieu du XIXème siècle qu’on mis en œuvre ces armes rayées et vit les prodiges accomplis. La présence de ces rayures en hélice va améliorer considérablement la stabilité du projectile ainsi que sa portée et sa précision.

Transition militaire

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La distance dans les combats

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Bataille de Crécy, Manuscrit de Jean Froissard.

L’apparition de la distance dans la stratégie militaire a entraîné une révolution militaire sans précédent qui bouleversa l’Occident du Moyen Âge. Bien que la distance soit aujourd’hui généralement adoptée, elle suscita un grand nombre de jugements et de remarques. En effet, cent ans après son apparition, en 1139, le deuxième concile de Latran qualifie l’arbalète d'arme déloyale propre aux voleurs, aux hors-la-loi et aux rebelles. On voit donc que la distance dans les combats est mal perçu par la société de l'époque. D’autres faits marquants montrent également l’importance grandissante de la distance dans les batailles médiévales. C’est le cas de la bataille de Crécy qui s’est déroulée le 26 août 1346 dans le nord de la France et qui a opposé Anglais et Français. Dans cette bataille, l'armée anglaise s'est imposée grâce à des troupes uniformisées et très efficaces à distance. En effet, elles maniaient un arc puissant, le Longbow anglais.

Cette bataille est toute particulièrement marquante car c’est durant cette guerre que l’on voit disparaître une très grande partie de la noblesse d’épée française sous les traits ennemis. Cet évènement est d’autant plus mémorable puisqu’il marque le début d’une guerre restée célèbre, la Guerre de Cent Ans. Un autre fait marquant de cette bataille de Crécy est l'utilisation de bombardes, ancêtres des canons, par les anglais. Bien que n’ayant fait que peu de victimes, elles ont permis de creuser l’écart et d’appuyer davantage les progrès militaires.

Cette apparition du combat a distance est donc intéressante à remarquer. Avant tout c'est grâce à elle que le canon, et les armes a feu portative, ont pu s'imposer aussi facilement dans les combat. En effet, étant de plus en plus intéressant, le combat a distance demandait beaucoup d'entrainement pour apprendre à manier l'arc et l'arbalète. L'arrivé des armes a feu portative a permis de palier le manque d'entrainement des troupes, tout en ayant une puissance supérieur. Le canon remplace les autres engin de sièges. Plus performant que ces derniers pour détruire des châteaux fort, il deviendra une arme de défense et de siège.

Fin des castes guerrières, début d’une armée de métier

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Chariot-Forteresse Hussite, Josef Mathauser

Trouver un intérêt tactique au canon a pris autant de temps que de les rendre fiables. Lourds, difficiles à transporter, à manœuvrer, peu précis, et très statiques sur le champ de bataille, il furent tout d’abord relégués au plan défensif. Le plus souvent, ils sont accompagnés d’autres engins de siège. En effet leur statisme et leur puissance, et surtout la peur qu’ils engrangent, leur permet de stopper nette des offensives et des mouvements ennemis. Un exemple marquant de cette volonté défensive du canon se retrouvent dans les guerres Hussites en Bohême qui ont eu lieu durant le XVème siècle. Ici les paysans purent défendre leur terre grâce à un concept de chariot forteresse[10], tout en ayant des canons disposés à intervalles réguliers. Ils repoussent ainsi les chevaliers venus les assaillir. Il faut aussi noter que les paysans hussites purent récupérer ces canons grâce à l’appui financier et technique des villes de la région qui concentraient artisans et bourgeois qui consacrèrent une grande quantité d’effort afin d'armer la campagne[4].

D’une caste guerrière, la guerre devient l’affaire de tous. Il fallait créer un nouveau rôle pour les personnes qui se battent, c’est ainsi que la guerre devint un métier. C’est à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance, époque de l’utilisation de plus en plus fréquente des canons, qu'apparaît le soldat. L’étymologie même de ce mot est très intéressante, elle nous vient du XIV e siècle. Emprunté à l'italien soldato , dérivé du verbe soldare « payer une solde », lui-même dérivé de soldo (même origine que le mot français sou). Le soldat est donc la personne qui a fait de la guerre son métier, ce n’est plus une caste à part entière. La répartition en trois ordre se fragilise et entame son lent déclin qui finira par la révolution française.

Le Moyen Âge et sa conception militaire sociale et politique sont donc bel et bien détruits à coups de canon.

Les Condottieres, l'accomplissement d’une armée de métier

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Les condottières, sont des chefs d'armées de mercenaires apparus en Italie durant la fin du Moyen Age et le début de la Renaissance. En effet, de part la modification de la vie sociale qui s'opère à la fin du Moyen Âge et la fin de la féodalité, un nouveau métier fait son apparition, le métier de la guerre. Nombreux sont les soldats d’armées régulières n’ayant pas de travail par manque de conflit dans leur région. Ils décident donc de se regrouper en groupes de mercenaires, vendant leurs services dans les différentes villes d’Italie du nord. Ces dernières n’ont pas les moyens humains d’entretenir de telles armées.

Les condottières, motivés par l’appel du gain , deviennent des stratèges hors pair, s’appuyant sur des manuels tactiques, des cartes et des plans. Ils apportent une toute nouvelle manière de mener des combats et deviennent les premiers grands stratèges, notamment en imposant la poliorcétique, comme un art majeur. L’artillerie étant un point essentiel de cet art, le canon commence à prendre ces lettres de noblesse. C’est aussi à cette époque et dans cette région du monde qu'apparaissent les premières forteresses classiques, remodelant entièrement la manière de se battre, l’urbanisme et les territoires.

La 1ère bataille de Breitenfeld (1631), la création d’une artillerie légère[11]

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Durant la guerre de Trente Ans qui se déroula de 1618 et 1648 en Europe, et qui opposa bon nombre de puissances européennes une bataille changea l’importance du canon sur le champ de batailles. Cette bataille oppose deux camps, L’Espagne et la Suède. A cette époque, la Suède est une très grande puissance européenne qui veut profiter du conflit ambiant pour contrer les espagnols et récupérer quelques territoires. La bataille prend donc place dans une plaine en Saxe. Les espagnols menés par Tilly, ayant une ligne d’artillerie devant la ligne d'infanterie. En face, les suédois déploient eux aussi une ligne d’infanterie, mais possèdent une nouveauté. En effet un nouveau modèle de canon, plus petit, léger et maniable fait son apparition, permettant d’appuyer l’infanterie, en plus des gros canons habituels. Ces derniers sont regroupés en points particuliers, contrairement aux espagnols, permettant ainsi une force de feu puissante sur des points spécifiques. Ces tirs obligent donc les espagnols à briser les rangs et à essayer un contournement latéral de l'armée suédoise. Malheureusement, les espagnols étant trop lents et les canons suédois rapidement redéployés grâce à leur grande mobilité, les espagnols seront contraints à la défaite.

Cette stratégie nouvelle aura permis une écrasante défaite, faisant 28 000 morts espagnols contre 6000 morts suédois, et permettra à la Suède de rallier et de se poser en tant que chef de la coalition protestante. Le point tactique est quant à lui bien reconnu : Une artillerie légère va de plus en plus appuyer les efforts de l’infanterie. Des batteries d’artillerie lourde vont frapper des point clés de la ligne adverse pour la désorganiser. Les canons deviennent normaux sur le champ de bataille, il ne sont plus seulement là pour prendre des places fortes, mais ils ont aussi un fort impact sur les batailles ouvertes.

 
Bataille de Breitenfeld (1631) Oluf Hanson

Domination de la France grâce au système Gribeauval

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Jean-Baptiste Vaquette Fréchencourt de Gribeauval. (1835) Georges Rouget

Sous Louis XV, a la fin du XIVème siècle, Jean-Baptiste Vaquette Fréchencourt de Gribeauval est le régénérateur de l’artillerie française. Son œuvre est demeurée en vigueur sous Louis XV, Louis XVI, pendant la Révolution, sous le 1er Empire, la Restauration et Louis Philippe. C’est-à-dire jusqu’à la réforme de l’artillerie par le canon rayé. Après les guerres de l’Empire, tous les peuples le copièrent. Son système devient la règle universelle de l’artillerie européenne. C’est en partant étudier l’artillerie légère Prussienne qu’il revient réformer l’artillerie Française. Son œuvre consiste en une remise en place des services spéciaux : Siège, Campagne, Place et Côte. Chaque service correspond donc à un type d’artillerie bien spécifique. Le siège est donc réservé aux attaques de places fortes, la campagne aux batailles rangé durant la campagne, la place est l’artillerie réservé à la défense actives des places fortes et enfin la côtes est l’artillerie permettant la défense des cotes française contre les attaques navales

Par exemple, pour le matériel de Siège, il conserva presque toutes les dimensions établies par De Vallière pour les grosses pièces, mais les parties les plus petites et moins importantes de l’affût furent déterminées dans leur forme et leur grandeur.

Pour l’artillerie de Campagne, il employa 3 petits calibres, permettant ainsi d’avoir des canons allégés et bien plus maniables en combat et hors combat. Mais il y avait un plus grand risque de destruction de l’affût, il prit la décision de diminuer alors la quantité de poudre à un tiers de la masse du boulet. Pour améliorer la mobilité, il utilise des essieux en fer qui sont plus solides. Pour améliorer la vitesse dans les manœuvres, il décident d’utiliser un attelages à timon permettant d’attacher les chevaux par pairs. Enfin la création de la prolonge, une corde assez longue qui permet au canon d’être désolidarisé de l’attelage et de tirer sans avoir à dételer les chevaux, qui fut un énorme gain de temps. Pour la place et les côtes il utilisent des grand calibres de 16 et 24 utilisé normalement pour les sièges. Mais il crée également des affûts, bâtis en bois ou métalliques qui supporte le plus souvent un canon, spécifique. L’affût de côte possède un affût à rouage, monté sur un châssis afin de diminuer le mouvement de recul, il possède une mobilité latérale parfaite afin de tirer sur une cible mobile. Enfin l’ affût de place, est pareil à l'affût de côté mais il est beaucoup plus haut afin de dominer les parapets du rempart et possède châssis sans roulette car il était utile qu’il soit moins mobile afin de conserver la nuit, la direction du pointage choisie de jour.

Il met en place d’autres inventions, les canons de bronze furent coulés pleins puis forés et tournés, cela augmentant la solidité et efficacité qu’il possédait. Il améliore aussi les mortiers de De Vallière en les rendant plus résistants.

Afin de conserver l’uniformité du système qu’il venait d’établir, il a envoyé dans tous les ateliers des lunettes circulaires, servant entre autres à contrôler le diamètre des boulets. Il introduit aussi l’usage de l’étoile mobile instrument destiné à mesurer les dimensions et les formes des âmes des bouches à feu. La construction des différentes parties du matériel de l’artillerie acquit ainsi une précision jusqu’alors inconnue.

Gribeauval, par son système d’uniformisation et de classification des canons a permis d’améliorer grandement les différentes utilisations des dits canons, d’abord en France, puis dans le monde entier. Ce fut notamment dans l’artillerie de Campagne que son œuvre est la plus reconnue. Il a réussi à produire une artillerie mobile et puissante. Cette artillerie sera ensuite la plus à même de prouver son plein potentiel dans les années qui vont suivre sa mort en devenant les meilleures armées du monde a cette époque, et ce notamment sous le commandement d’un Général bien connu, Napoléon Bonaparte.

Napoléon Bonaparte, paroxysme de l’utilisation du canon à poudre

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Napoléon de par son éducation militaire est avant tout un officier d’artillerie. Surnommé “capitaine canon” à Toulon, après la prise de la ville en 1793, il commença à se faire un nom. Il utilise encore des canons pour mater la révolte royaliste contre le Directoire. Arrivé au pouvoir en 1799 en tant que consul, il est le plus à même pour réformer encore intelligemment cette arme qu’il connaît parfaitement. En effet il a durant sa carrière militaire occupé tous les postes, du canonnier durant son éducation en école militaire au général. Arrivé en tant que Premier Consul , en 1803, il a le champ libre pour réformer encore le système Gribeauval mais également pour augmenter le nombre de pièces d’artillerie dans son armée. Napoléon passera de 1,5 canons pour 1000 hommes durant ses campagnes d’Italie en 1797 à 2 en 1807 puis 3 en 1812 pour mille hommes. Le canon devient donc l'arme par excellence du champs de bataille. Plus aucun belligérant ne peux sans passer. À partir de 1810 le budget de l'état pour l'armé explose. Il s'élève a 503 million de franc en 1810 puis 506 millions de Franc en 1811. Cela correspond à 60% du Budget de l’État.[12]

La fin de la poudre noire: une nouvelle étape de la technologie militaire

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À la suite de la montée de l’ingénierie en tant que profession au XVIIIème siècle, les gouvernements et les chefs militaires ont tenté d’exploiter les méthodes de la science et de l’ingénierie à  des fins plus spécifiques, souvent militaires. C’est par ce lien qu'avec la fin de l’ère de la poudre noire par l’introduction de nouvelles poudres beaucoup plus puissantes, il y a l'émergence d’une nouvelle étape postmoderne de la technologie militaire. Le développement rapide de la technologie militaire a eu un impact dramatique sur les armées et les marines du monde industrialisé entre la fin du XVIIIème siècle et le début de la Première Guerre mondiale. La guerre terrestre, la cavalerie a perdu son importance tandis que l’infanterie a été transformée par l’utilisation de fusils précis à chargement rapide et l’utilisation de poudre sans fumée.

Le financement militaire de la science a eu une puissante conséquence de transformation sur la pratique et les produits de la recherche scientifique. Depuis la fin du XIXème siècle, les technologies avancées fondées sur la science sont considérées comme des éléments essentiels d’une armée réussie. La Première Guerre mondiale est pour cette raison souvent appelée “la guerre des chimistes”, à la fois en raison de l’utilisation intensive de gaz toxiques et de l’importance des nitrates et des explosifs puissants qui ont remplacé la poudre noire.

L'Histoire du canon dans la Marine

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Il faut attendre 1381 avant que le canon ne soit utilisé à bord d’un bateau par les Vénitiens. A cette époque, c’est-à-dire jusqu’à Louis XIII, l’artillerie marine n’est pas encore très développée et les troupes des rois de France ne comptent que très peu de bateaux. Le service est composé de deux commissaires d’Artillerie de la Marine qui s’occupent de la construction, de la réparation et du matériel. Ces deux commissaires peuvent compter sur l’aide d’officiers canonniers, de fondeurs et de déchargeurs qui tiennent la comptabilité.

Vers le XVème siècle, les canons étaient fabriqués avec du fer forgé. Des plaques de fer étaient disposées de façon similaire à celle des tonneaux et des anneaux extérieurs permettaient de maintenir ces plaques.

A cette époque là, la qualité des tirs est assez réduite compte tenu du manque d’étanchéité des tubes et de la présence d’importants jeux entre le boulet et la paroi du canon. De plus, les tubes ayant une forte propension à éclater, des risques ne sont pas à exclure pour les utilisateurs.

Ce n’est qu’en 1626 avec Richelieu, que naît la véritable Marine Militaire. Les ports sont agrandis et leur nombre ne fait qu’augmenter, des bateaux de guerre pouvant abriter jusqu’à 72 canons sont construits.

En 1661, grâce à Colbert, la Marine est en pleine expansion. De nouvelles fonderies sont créées. En 1678, les canons en fonte de fer sont privilégiés surtout pour leur coût et le corps d’officiers d’artillerie est réformé en 1680.

Les canons Paixhans ont également joué un rôle important dans l’évolution de l’Artillerie Marine. En effet, ils étaient très efficaces contre les navires de guerre en bois de l’époque. Ce type de canon a donc été adopté par la plupart des puissances ce qui a poussé toutes les marines à construire des navires cuirassés pouvant y résister. S’ensuit alors une “guerre”perpétuelle entre canon et blindage, le blindage tentant de résister au nouveaux canons toujours plus puissant. Ainsi, pour qu’un projectile puisse rivaliser avec le blindage, il faut que sa vitesse et son poids soient les plus élevés. Cependant, vers 1850, le métal utilisé pour les canons n'était pas très adapté pour atteindre de très grandes vitesses, par conséquent, un poids toujours plus élevé pour les projectiles était recherché ainsi qu’un plus gros calibre.

Mais ce sont surtout aux États-Unis que les canons furent les plus impressionnants pendant la guerre de Sécession avec le canon destiné au cuirassé Le Puritan. C’était un canon en fonte de 41 tonnes capable de propulser des boulets de 500 kg.

Par la suite, dès 1890 jusqu’à 1914, afin de préserver leur suprématie, les grandes puissances européennes occidentales entreprirent de développer sa puissance navale. Ce n’est alors que le début d’une course à l’armement naval. Cette course dominée par la Grande-Bretagne et l’Allemagne, fut caractérisée par l’amélioration des navires non plus en bois et armés de canons, mais en métal. Cependant, cette course fut stoppée dès 1914 par la première guerre mondiale qui eut lieu principalement sur le milieu terrestre.

Enfin, durant la seconde guerre, le Japon se fit remarquer dans le domaine de l’artillerie par la particularité de son armement maritime. En effet, face au nombre important de navires de guerre déployés par les Américains, les Japonais construisirent de gros cuirassés dont le Yamato. C’est un cuirassé d’environ 623000 tonnes et mesurant 263 mètres de longueur, 37 mètres de large qui possédait un blindage facial de 65 cm. Ce fut le plus grand cuirassé jamais lancé sur les mers. Ces grands navires de guerre étaient munis de trois tourelles comportant trois canons de calibre de 457 mm pesant 280 tonnes. De plus, six canons de 155 tonnes, douze de 127 tonnes et 130 de 25 mm et sept avions vinrent compléter l’armement. Cependant, il n’eut pas un rôle décisif dans la guerre puisqu’il coula et s’échoua devant Okinawa dans une veine tentative de protéger l’île des Américains.

Transition économique et commerciale

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Le canon à poudre paraît être une technique simple, rustique et primitive, il a pourtant fait basculer notre société à de nombreux niveaux. Plus qu’une arme de guerre imposante qui révolutionne les champs de bataille, le canon à poudre a également modifié la structure de notre société. L’économie est un secteur qui a grandement évolué suite à l'avènement de cette technique. Les changements amorcés alors, sont aujourd’hui profondément ancrés dans notre société. De leur invention à leur utilisation, le canon et la poudre qui l’alimente ont amené les états à repenser leur fonctionnement économique. En effet, les impacts du canon sur l’économie ne peuvent être séparés de ceux de la poudre. En effet, sans la poudre, le canon n’est pas.

Le commerce de la poudre

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La première recette de [poudre noire], l’énergie du canon, est originaire d’Asie, et traditionnellement attribuée aux alchimistes chinois, bien qu’un doute en faveur de l’Inde subsiste. La concentration des matières premières dans ces régions serait la raison de cette possible découverte parallèle. La date et le lieu précis de son invention reste cependant difficile à déterminer avec certitude. D’abord de faible puissance, les recettes se sont améliorées au fil des années pour devenir le cocktail détonnant que nous connaissons.

La poudre à canon est un des premiers produits artificiels échangés internationalement. En raison de son succès dans le domaine militaire, elle deviendra la première substance à être échangée en si grande quantité. La nature même de ce produit bouleverse les codes du commerce et les politiques des gouvernements le concernant.

Matières premières et origine de la poudre
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Les 3 produits nécessaires à la fabrication de la poudre sont : le salpêtre, le soufre et le charbon. Le salpêtre, ou nitrate de potassium, initialement utilisé provenait principalement d’Inde. Ce produit peut être trouvé sous diverses formes. En Inde il s’agit de salpêtre sous forme de veines cristallines, dans le sol, plus spécifiquement dans la vallée du Gange. Néanmoins, il existe d’autres sources, en Europe ou en Amérique, qui seront également utilisées. Le soufre peut être trouvé dans la zone méditerranéenne par exemple. Le charbon, découvert pendant l’antiquité, est fabriqué par de nombreux peuples. Ainsi, les ingrédients sont initialement rassemblés par les routes commerciales en Asie avant d’être reportés en Europe en passant par le Moyen-Orient. Ainsi, les origines de la poudre sont lointaines, dans le temps et dans l’espace. Ce détail est ce qui va bouleverser les dynamiques du commerce mondial[13].

Routes commerciales et essor de la poudre
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Carte de la route de la soie

Dans un premier temps, ce serait la technique de fabrication de la poudre qui, par l’intermédiaire des échanges entre alchimistes, aurait été transmise aux Arabes et aux Perses entre le VIIIème et le IXème siècle. En effet, les liens entre le Moyen-Orient et l’Asie étaient déjà développés à l’époque. C’est la volonté de connaissance scientifique qui a été le point de départ des échanges autour de la poudre.

Par la suite, ce sont sur les “routes de la soie” qu’a transité la poudre parmi de nombreuses autres marchandises et biens à travers les territoires séparant l’Asie de l’Est à l’Europe de l'Ouest. Ces routes commerciales ont eu un rôle majeur dans le commerce mondial. Ce réseau de routes fut ouvert sous la dynastie des Han, il y a 2000 ans. C’est après une période de développement, sous la dynastie Tang de 618 à 907 apr. J.-C. et sous la Pax Mongolica, que la poudre circule sur ces voies. Ces routes ont donc permis de faire connaître la poudre en Europe,

Entre guerres turco-byzantines, la chute de Constantinople, la chute de l’empire Byzantin puis la naissance de l’empire Ottoman, l'instabilité au Moyen-Orient poussera les Occidentaux à chercher des alternatives à cette route commerciale. Les Européens, habitués aux marchandises de l'Est, vont alors explorer d’autres possibilités. Le transport maritime devient alors plus performant, c’est le début de la période des “Grandes découvertes”. Au XVème siècle, les puissances européennes vont alors entreprendre de significatives explorations maritimes. Les riches monarchies, principalement, vont alors découvrir de nouveaux territoires qui deviendront leurs colonies. De nouvelles dynamiques commerciales vont alors se mettre en place entre l’Europe et le reste du monde.

Comptoirs et compagnies
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L’usage de la poudre demande de très grandes capacités d’organisation industrielle et financière. Seuls quelques pays autour du XIVème siècle commencent à en organiser la production. Parmi eux se trouvent l’Angleterre, la Suède et la République de Venise. Au XVème siècle,  la ville de Bruges devient une plaque tournante du commerce de poudre, étant à la jointure des routes commerciales européennes. Le commerce de la poudre s’organise lentement pareillement au commerce d’autres biens. C’est avec la révolution militaire que la poudre acquiert un statut particulier. Face à la démonstration du pouvoir de la poudre à travers les armes à feu dont le canon, les puissances européennes cherchent à en maîtriser les clefs. La poudre ayant un rôle important dans la puissance des armées nationales, les états cherchent à en avoir un approvisionnement indépendant de tout autre pays.

Au XVIème siècle, sous le roi Charles 1er, l’Espagne est à l’apogée de sa puissance, sa flotte transocéanique lui offre alors d'immenses possibilités pour le commerce de la poudre. Ses importantes colonies vont aussi lui permettre d’organiser sa fabrication dans ses colonies telles que la Nouvelle-Espagne ou le Pérou. Le Portugal adopte le même mode de fonctionnement avec l’implantation de fabriques de poudre au Brésil. Progressivement, des routes maritimes se créent ainsi que des compagnies commerciales entre les grandes puissances et des comptoirs. Ce sont par ces compagnies des Indes, comme elles sont souvent appelées, que transitent la poudre à canon ou bien les matières premières comme le salpêtre. En ce qui concerne la France, plusieurs compagnies des Indes sont créées, en 1604 et en 1664. Cette appellation se rapportant à toutes compagnies faisant le lien avec des colonies, celles-ci sont nombreuses.

 
Carte des comptoirs européens en Inde

Un des territoires les plus importants concernant l’histoire du canon à poudre reste l’Inde qui correspond au pays que l’on connaît aujourd’hui. Au début des années 1600, le territoire est dirigé par les indigènes. Des avant-postes anglais y sont installés avant que la Compagnie anglaise des Indes orientales n’y ouvre des comptoirs. C’est la première compagnie européenne fondée pour dominer le commerce en Inde. Une période d’anarchie sur le territoire pousse la compagnie à fortifier leurs comptoirs, échappant alors au contrôle des autorités indiennes. Sur le territoire, les Hollandais sont également présents, ainsi que les Français. Sur l’exemple des Néerlandais à Batavia en Indonésie, l’ambition territoriale des Anglais en Inde  commence à grandir. Une rivalité grandit entre la France et le Royaume-Uni pour le contrôle du commerce mondial et de territoires, entre autres l’Inde. En 1756 éclate alors la guerre de 7 ans au terme de laquelle les atouts du commerce mondial sont redistribués. La France perd ses colonies en Inde, sources de matières premières, et le contrôle de routes commerciales importantes. Les Anglais acquièrent le monopôle du commerce mondial et en Inde particulièrement. Les Britanniques ont alors un contrôle des matières premières qui mèneront à la révolution industrielle. A cette période, les bases du commerce international se posent[14].

Implication des États
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Un des premiers drapeaux de la British East India Company (1700)

Le commerce par voie maritime dans lequel s'engagent les grandes puissances par le biais des compagnies demande d’immenses ressources financières. Début XVIIème, le commerce peut alors menacer l’intégrité de l'État puisqu’il nécessite le transport de grandes quantités d’or ou de biens précieux. L’Angleterre, par exemple, n’en détenant pas assez, doit alors passer par des centres financiers tel que Amsterdam pour perpétuer cette activité. L’importance pour les états du commerce, celui entre autres du salpêtre pour la poudre, les pousse à agir en faveur des compagnies. La Compagnie Anglaise des Indes a, par exemple, été créée par une charte royale de la reine Elisabeth 1ere qui lui donne le monopôle du commerce dans l’océan indien pendant 20 ans. La question de l’implication des états dans le commerce se pose alors. Les biens transitant par ces compagnies étant d’une importance capitale pour la défense des états, ceux-ci mettent en place des lois visant à soutenir le commerce dans leur intérêt.

En 1651, le Parlement d’Angleterre vote une série de lois dites protectionnistes. Ces lois vont dans le sens du courant de pensée du mercantilisme visant à priorisé l’économie nationale. Le but de ces lois est de conserver le monopôle du commerce entre les colonies et la métropole. Elles apportent des aides à la marine nationale tout en empêchant les colonies de commercer avec d’autres pays. Les navires étrangers sont également exclus des ports de la métropole. Des lois interdisent même l’import de produits issus de colonies de puissances étrangères. Le début de l’histoire de ce nouveau commerce à échelle mondial est donc marqué par le protectionnisme des États vis-à-vis de leur marché et de leurs colonies. Une symbiose se crée entre les Etats et les compagnies : l’état exerce un contrôle sur la poudre et les fabricants car ils dépendent de l’état pour l’approvisionnement de salpêtre. En France, l'État est encore plus impliqué dans la compagnie, l’accent est mis sur le développement des ports du pays plus que sur celui de l’entreprise à l’étranger. Progressivement, cela mène à la perte du rôle commercial de la compagnie française.

De plus, en 1750, le monopôle du commerce britannique de salpêtre provenant d’Inde émerge. La guerre de 7 ans à cette période affirme encore plus cette domination. A la fin du 18ème, un changement s’amorce dans le climat économique mondial, il se tourne plus franchement vers le capitalisme. Les lois protectionnistes en Angleterre seront bientôt abandonnées au profit de lois favorisant le libre échange. L’implication démesurée de l’Etat français dans la compagnie entraînera alors sa chute, le poids financier et commercial étant insoutenable pour le pays. L’Angleterre contrôle alors une grande partie du territoire indien, la principale réserve de salpêtre. Face au monopôle anglais, en réaction pour la non dépendance vis à vis des autres états, la France et la Suède développent la fabrication de salpêtre artificiel à partir de fumier, dans un traité par Lavoisier. En effet, la France a souffert d’un manque de poudre pendant la guerre de 7 ans, et a perdu son accès à ce produit. En 1775, une entreprise d'état est même créée pour établir la fabrication de salpêtre artificielle.

Dans ce climat de bouleversement économique, certains questionnent la situation en place. L’économiste Adam Smith, en 1776, critique le monopole de la compagnie mais il reconnaît l’importance de la poudre et des armes à feu pour les nations qui peuvent se permettre une défense pareille. Il décrit alors la poudre comme étant “favorable pour le maintien et l’expansion d’une civilisation”. D’après Smith, les états ont intérêt à ne pas dépendre des autres pour ce commerce et il n’est pas insensé de taxer le reste de l’industrie pour le soutenir[15].

Le commerce du canon

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L’invention du canon, ou d’une technique s’en rapprochant, et son développement a, chronologiquement, suivi l’arrivée de la poudre dans les territoires par les routes commerciales terrestres puis maritimes. Néanmoins, c’est en Occident que la poudre rencontre la technologie et l’ambition adéquate à l'avènement d’une nouvelle ère pour l’armement. Ainsi, le développement du canon est le fruit du commerce. De plus, en raison de son usage militaire et de sa généralisation, le canon, à travers le commerce de la poudre principalement, va bousculer les pratiques économiques et commerciales mondiales.

Changement de l'économie au Moyen Âge
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Le canon ne se contente pas de bousculer l’art militaire de l’époque mais aussi ses infrastructures et son économie. Par la production des canons, objet de technologies extrêmes, la guerre devient de plus en plus onéreuse. Il faut de plus en plus de main d'œuvre pour utiliser et déplacer des canons. Comme la guerre est devenue un métier, lever des armées devient cher, les Etats s'endette auprès de riches banquiers. Par exemple, durant la guerre de Trente Ans qui déchira L’Europe, entre 1618 et 1648, verra la plupart des états allemands de l’époque saignés à blanc, de nombreuses pénuries alimentaires seront présentent et causeront d’immenses famines. L’Espagne, autre belligérant majeur de cette guerre finit très affaiblie financièrement parlant, alors qu'elle était une des nations les plus riches du monde de part ses nombreuses colonies. Ce nouveau complexe de la guerre et de l’armement prend le visage d’un Moloch engloutissant toutes ressources. Les sociétés sacrifient des richesses énormes et le meilleur d’elles-mêmes. A l’opposé bien que Le Moyen Âge possédait une culture tournée vers la guerre et le combat, due aux gestes épiques et leurs mœurs guerrières, elles se retrouvent finalement bien moins destructrices que les sociétés modernes qui leur succèdent. Karl Georg Zinn, fera cette comparaison :

"Si l’on considère les progrès de l’armement à partir du XIVème siècle, le Moyen Âge […] disposait d’une puissance militaire relativement faible. La guerre et les armes pesaient beaucoup moins sur la société médiévale qu’à l’époque moderne. La part des surplus agricoles utilisée à fins de destruction demeura relativement minime pendant tout le Moyen Âge, faute de quoi les moyens auraient manqué pour assurer les nécessaires progrès de l’agriculture et bâtir tant de cathédrales, forteresses et villes nouvelles. Par-dessus tout, lorsqu’on met en parallèle Moyen Âge et temps modernes, la nature radicalement différente du progrès technique saute aux yeux : innovation au service de l’agriculture au Moyen Âge".

Intensification de l’utilisation de la monnaie
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Avec la révolution militaire, l’honneur chevaleresque disparaît pour faire place au profit. Les hommes ne se battent plus pour une raison qui les touche. Les chevaliers disparaissent et les soldats rémunérés sur les caisses de l'État font leur apparition. Dans le domaine de l’armée, le travail abstrait ainsi que l'interchangeabilité étaient déjà bien connus. Le canon trouve alors bien sa place en tant qu’arme techniquement adaptée à la guerre ayant pour but l’amassement abstrait de capital. Ainsi, on n'évalua plus la force d’une armée sur le nombre d’hommes la composant mais en termes de canons et d’efficacité de destruction. Le canon n’a pas répondu à un besoin d’accumulation déjà présent. La bourgeoisie s’en servit pour mettre en place le travail abstrait. Ce sont les grands marchands tels que Fugger, qui en obtenant une influence importante par le financement des guerres pour le contrôle des armes à feu, poussèrent l'intérêt sur l’accumulation de grandes sommes d'argent. Ainsi, le canon est à l’origine d’une forme de travail abstrait, c'est-à-dire un travail effectué pour de l’argent. C’est le début de l’indifférence dans le travail, et de la volonté d’accumuler des biens à tout prix.

Cependant, les sommes astronomiques nécessaires à faire fonctionner la machine militaire poussent la société à évoluer dans une direction. D’une taxe en nature, on passe à une taxe monétaire, la norme militaire s’appliquant au quotidien. Les gens contraints à se plier à ces nouvelles exigences rencontrent une profonde détresse, comme décrit dans Les Confessions de Rousseau, dans lesquelles il décrit la souffrance et l’épuisement des paysans. En effet, en plus d’une transformation, les impôts subirent de fortes hausses, mais ils restaient toujours insuffisants pour financer la machine militaire. Cette phase de “monétisation” de la société entraîne même l’apparition d’entreprises employant des forçats toujours dans cette quête de travailleurs rapportant des biens.

Le canon a donc servi d’outil transformant la société matérialiste de l’époque pour la mettre sur les rails de la société monétaire puis capitaliste que nous connaissons aujourd’hui.

Impacts sur l'éducation

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École d'application de l'artillerie et du génie

L’émergence de nouvelles armes telles que le canon fit naître de nouveaux besoins sur les champs de bataille et surtout en dehors, ce qui entraîna une modification du système éducatif de l’époque.

On passe d'un système basé sur la naissance nobiliaire à un nouveau système mettant en avant les personnes possédant de réelles capacités intellectuelles. En effet les nouveaux besoins de précision sur les canons ont créés la nécessité de former de nouveaux esprits aux sciences et à l'artillerie. C’est dans cet esprit qu’est créée la première école d'artillerie en 1679 par Louis XIV à Douai, suivie par d'autres qui prendront place peu de temps après à Metz et Strasbourg.

Par la suite l'école royale d’artillerie de Metz deviendra une école du groupe Polytechnique par fusion avec l’école royale du génie de Metz, et deviendra L’école d'application de l’artillerie et du génie. En effet, Louis XIV prit conscience que l’artillerie était une arme scientifique plus qu’empirique et en fit signer un décret royal. Aujourd'hui la formation d’artillerie fait encore partie de la formation militaire dispensée à l’ÉMD (École Militaire de Draguignan, fondée en 1977), mais cette formation a été détachée de la formation initiale au métier d'ingénieur.

L’École nationale supérieur des poudres est créée en 1775 par Antoine Lavoisier. Ce dernier était alors à la tête de la Régie des Poudre. Cette école est la première école de chime de France. Elle devient ensuite l'École d'application des poudres et salpêtres en 1878, puis École Nationale Supérieure des Poudres en 1900.

En 1970, cette école fusionnera avec trois autres : l'École nationale supérieure du génie maritime, fondée en 1741, l'École des ingénieurs hydrographes de la marine fondée en 1814, et enfin l'École nationale supérieure de l'armement, fondée en 1936.

Cette fusion donnera naissance à L'École nationale supérieure de techniques avancées qui deviendra l'ENSTA Paris.

Le canon et la poudre sont donc des moteurs de l'enseignement en France et dans le monde. Au XVIIème et XVIIIème de nombreuses écoles technique et scientifique voient le jour, afin de structurer et uniformiser l'enseignement Français. Ces écoles, deviendront par la suite les grandes écoles d'ingénieurs, comme Polytechnique ou encore l'ENSTA, inspirant les autres grandes école d'ingénieurs Française.

Impacts sur la culture

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En plus d'être un acteur majeur dans les guerres et les conflits armés, le canon à poudre peut se vanter d'avoir sa place au sein de la culture, que ce soit dans l'imaginaire collectif, dans les arts ou encore dans la littérature.

Destruction de l’idéal Chevaleresque

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Le Moyen Âge occidental n’est pas préparé à la révolution militaire qui débute. Toute la société se cristallise autour de l’exploit chevaleresque, du héros se battant au corps à corps. Il y a une destruction totale de cet idéal. Par exemple, dans les Aventures de Simplicius Simplicissimus de l’écrivain allemand Grimmelshausen écrit durant la guerre de Trente Ans. Un jeune paysan dans la hiérarchie militaire durant ces guerres remarque :

« Ce qui fit de moi un homme si puissant fut le fait que le plus rustre garçon de ferme possédait de nos jours le moyen d’abattre les héros les plus braves du monde. Si, en revanche, la poudre n’eût pas été inventée, je me serais trouvé en bien mauvaise posture. »

En effet, l’invention d’armes technologiquement plus avancées face aux armes de l’époque médiévale, a entraîné le déclin de l’idéal chevaleresque. Dorénavant, il n’était plus nécessaire de participer à des tournois afin de prouver sa valeur et sa puissance puisqu’elles ne faisaient pas le poids face aux armes à feu (bombarde, arquebuses…).

Ainsi, la culture chevaleresque finit par disparaître et est remplacée par le culte des armes nouvelles, par les canons et par les armes à feu portatives. L'idéal chevaleresque de nos jours pourrait s'apparenter avec le culte des armes à feu et l'apparition de nouvelles figures de puissances. Une figure caractéristique de cette nouvelle ère est, par exemple, Lucky Luke : un chevalier qui tire plus vite que son ombre.

L'exception japonaise

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Le Japon entretient une relation particulière avec les canons. En effet, dès 1545, les premiers fusils “made in Japan" ont été fabriqués, mais la suite de son histoire est singulière. Oda Nobunaga, un daimyo de l'époque Sengoku, réputée pour ses qualités de tacticien, fut l’un des premiers dirigeants japonais à intégrer les armes à feu dans sa tactique de guerre. Vers 1549,  il créa une organisation de corps de 500 fusiliers avec chacun un mousquet à mèche. De plus, 200 arquebuses et un canon furent mis en service dans l’unité. C’est en partie grâce à Nobunaga que les stratégies basées sur l’utilisation des armes à feu se développèrent dans le pays. C’est notamment à lui que l’on doit la stratégie du feu roulant, une tactique de guerre basée sur la rotation de mousquetaires pour projeter un feu continu sur l’ennemi. Mais le plus marquant reste la bataille de Nagashiko dans une province de Mikawa au Japon. Cette bataille qui opposait Oda Nobunaga à Katsuyori Takeda se solda par la victoire de Nobunaga qui triompha grâce à l’usage des armes à feu. Cependant, bien que ces armes aient fait leur preuve en matière d’efficacité, elles disparurent de l’archipel à la fin du siècle. En effet, le code d'honneur des samouraïs est très ancré dans la culture japonaise. Ainsi, l’usage du sabre par les samouraïs occupent une place importante dans la culture et le patrimoine japonais. Que ce soit pour des raisons d’ordre religieux ou spirituel, le canon était perçu comme une menace pour la tradition. De plus, contrairement au canon, la fabrication de ces sabres se faisait de façon artisanale et spirituelle, en symbiose avec la nature. Le canon, la poudre et les armes à feu étaient en total opposition avec la philosophie des Japonais de l'époque.

Le film Princesse Mononoké des studio Ghibli illustre parfaitement ce décalage entre le canon et la société japonaise, Hayao Miyazaki est un grand dessinateur, réalisateur et producteur de films d’animation japonais. Parmi les nombreux thèmes qui lui tiennent à cœur, il expose souvent des personnages qui se retrouvent confrontés à un conflit armé. C’est le cas de Princesse Mononoké, un film d’animation sorti en 1992 qui raconte l’histoire d’Ashitaka, un jeune archer entraîné dans un conflit qui oppose la forêt avec San, princesse Mononoké et Dame Eboshi.  Cette dernière est une ancienne courtisane de l’Empereur, qui une fois écartée de l’aristocratie, décide de fonder une communauté. Elle devint alors la cheffe d’un village de forge et développa une activité de fabrication d'armes à feu, dont les arquebuses et des canons de plus grandes tailles. Dans ce film, les armes à feu sont représenter comme un mal qui détruit tout sur son passage. Ce mal touche les hommes, les animaux et la nature, il enlaidit les âmes et rend fou. Ce film est la traduction en image de la pensée japonaise lors de l'introduction des premières armes à feu.

C'est grâce à sa politique isolationniste, que le besoin de contrôler et d'utiliser les armes à feu ne s'est pas fait sentir pendant des siècles au Japon. Il faudra attendre le XIXème siècle pour voir l’usage du canon se développer au Japon, néanmoins, il ne fait toujours pas partie du code d’honneur des samouraïs.

L’Homme-canon dans le milieu du spectacle

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Affiche de « La Femme Mélinite » au Cirque d'été (1887).

À partir du XIXè siècle, un nouveau spectacle fait son apparition dans le monde du cirque, il s’agit de l’Homme-canon. C’est en 1877 que pour la première fois, un être humain est propulsé dans les airs par un canon bien qu’il s’agisse en réalité d’une illusion d’optique. Mathilda Richter aussi appelée Zazel, âgée de quatorze ans, en est la précurseure puisqu’elle est la première femme-canon. Le spectacle reposait sur un principe très simple, la personne projetée était en réalité propulsée par un canon à ressort ou par un mécanisme à air comprimé. L’usage de la poudre noire intervient uniquement dans la réalisation des effets spéciaux visuels ou sonores. Ainsi, bien que ce mécanisme emprunte son nom aux canons, il s’agit plutôt d’une catapulte. C'est une pratique assez dangereuse car les projectiles humains sont propulsés à une vitesse pouvant atteindre jusqu’à 110 km/h et à une hauteur avoisinant les 21 mètres. De plus, étant soumis à une accélération de presque 9 G, les artistes ont tendance à s’évanouir ce qui complexifie l'atterrissage.

Néanmoins, cela montre la fascination que l'Homme éprouve vis à vis du canon depuis toujours. Le canon est une technique synonyme de puissance, il n'est pas étonnant que l'Homme veuille se mesurer à lui. Il fascine, il effraie, il défend, il attaque, en résumé le canon ne laisse pas indifférent.

Les canons volés

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Le Vogel Greif (Le Griffon)  est un canon qui possède une histoire commune avec la France et l'Allemagne. Il est fabriqué vers 1524, par le maître allemand Simon de Francfort à la demande de l’archevêque Richard Von Greiffenklau. C'est un canon en bronze de 9 tonnes, de 4,66 mètres de long et de calibre de 28 cm. Ce canon massif, était une arme de dissuasion et n'a pas été mis en service. En effet, durant la guerre de Trente ans, ne pouvant être utilisé à cause de son poids qui le rendait difficile d’utilisation, il est entreposé sur la Place du château de Ehrenbreitstein (ancienne principauté de Coblence). Mais, ce qui rend l’histoire de ce canon très particulière c’est que la France et l’Allemagne se sont échangés l'arme à de plusieurs reprises. Tout d’abord en 1799, lorsque la forteresse est assiégée, les Français transportent le canon vers Metz. Vers 1815, Coblence et la Rhénanie, alors devenues français, retournent aux mains des Allemands. Le canon est alors réclamé aux Français qui prétendent l’avoir détruit. En 1866, ce dernier est acheminé vers Paris et installé aux Invalides. Cependant, lors de la Seconde Guerre Mondiale, ce canon est récupéré par les Allemands puis ramené en Allemagne. En 1946, après la défaite allemande, le canon est à nouveau transporté vers Paris où il est exposé au musée de l’Armée. Finalement, la France restitua le Griffon aux Allemands en 1984 sous la présidence de François Mitterrand.

 
Le Baba Merzoug ou La Consulaire

Ainsi, cet échange répété du Griffon entre les puissances françaises et allemandes prouvent bien que le canon au-delà de son utilisation dans les conflits armés a également une valeur et une importance faisant de lui un objet du patrimoine. Cette anecdote montre également qu'au fil des siècles, le canon est restée une figure de pouvoir et de puissance. Et ce même si, ce canon en particulier n'a jamais représenté une réelle menace.

Un autre exemple est le Baba Merzoug aussi appelé la Consulaire, un canon de douze tonnes et de sept mètres de long qui fait partie des objets dont l’Algérie demande la restitution à la France. Conservé à Brest comme un trophée par la marine, il avait été acquis lors de prise d’Alger dans les années 1830.

Au XVIème siècle sous les ordres de Hassan Agha, beylerbey d’Alger, le Baba Merzoug est fabriqué afin de protéger la ville des navires ennemis. Il doit son nom français, La consulaire pour avoir servi à l'exécution en 1683 du consul français Jean Le Vacher.

Aujourd'hui, les Algériens réclament ce canon qui représente pour eux une part de leur histoire.

Le canon dans les expressions

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Le canon s’intègre également dans la langue française à travers des expressions. “Être canon” est une expression employée pour parler de la beauté d’une personne. L'une des hypothèses de l’origine de cette expression est liée au canon. En effet, il s’agirait de comparer le bruit du canon et de l’arme en elle-même jugées puissants à la beauté d’une personne rendant alors la comparaison plus intense.

“Tonnerre de Brest” est une expression souvent utilisée notamment dans Les aventures de Tintin de Hergé par le célèbre Capitaine Haddock. Selon Bruno Calvès, auteur et conseiller municipal de Brest Métropole et Louis Delormel, un journaliste, l’expression proviendrait du canon de Brest et de son "tonnerre de Brest”. Bien que les historiens semblent rejeter cette hypothèse, l’entourage de l’auteur de Tintin semble pourtant la confirmer. Une autre hypothèse accorde l’origine de l’expression au souvenir d’une batterie de canons à Vauban. Au début du XXème siècle, un canon de 14 modèle 1831 tonnait le matin et le soir pour informer de l’ouverture et de la fermeture des portes de l’arsenal. Cette tradition prit fin en 1924 sous Maurice Bokanowski, ministre de la Marine de l'époque.

Le canon dans les mentalités

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Aujourd’hui, le canon à poudre est perçu comme une arme puissante et massive avec un pouvoir de destruction immense. Dans l’imaginaire collectif, elle suscite à la fois la crainte mais aussi l’émerveillement.

Récemment, la vidéo d’une cuirasse d’un cavalier français transpercée par un boulet de canon pendant la bataille de Waterloo à été visionnée en janvier 2022 plus de 17 millions de fois. Cette vidéo qui suscita un vif intérêt des internautes prouve bien que les canons demeurent des armes assez impressionnantes.

Le canon est également une figure attestant de la puissance voire du prestige d’un pays. En effet, certains pays, dont la France, se sont souvent “battus” afin d’hériter de canons. Pourtant, ces canons n’étaient pas mis en service mais simplement entreposés soit comme une relique ou comme un objet historique à la manière d’un trophée. Par exemple, ce fut le cas du Griffon (Vogel Greif) et de la Consulaire (Baba Merzoug).

D’autre part, les coups de canons occupent également une place privilégiée dans la tradition française. En effet, à chaque investiture du Président de la République, 21 coups de canons sont tirés depuis les Invalides à Paris. Cette tradition monarchique héritée de l’Ancien Régime a été modifiée et s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui. A l’époque, 101 coups de canon étaient tirés des Invalides et du Louvre afin de célébrer la mort d’un roi et le couronnement de son successeur ou encore les naissances royales. Par la suite, au début de la Vème république,  les 101 coups ont été réduits à 21 coups. Selon, Pascale Mormiche, professeure à l’université de Cergy-Pontoise et spécialiste de la cour de Versailles au XVIIe et XVIIIe siècle, cette tradition a été préservée pour symboliser le rituel politique de succession de chef d’Etat.

Conclusion

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Le canon a bouleversé notre société à différentes échelles et dans divers domaines. À partir d'une économie de subsistance, et d'un système politique morcelé composé d'une myriade de chefs, émerge une économie globale où des états forts mènent des guerres toujours plus meurtrières. Paradoxalement, une invention qui avait été conçue dans une optique de destruction massive, s'est avérée être à l'origine de nombreuses créations dans notre société. À travers les siècles, cette technique a inspiré la science, l’ingénierie, l'architecture mais aussi la culture. Le canon fut pour ainsi dire la traînée de poudre qui déclencha le grand boom de la modernité.

Notes et références

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  1. ERRARD, Jean. La fortification démonstrée et réduicte en art. Paris : Paris , 1604, 130 pages
  2. « Fort Michel-Ange », sur fra.wiki (consulté le 11 mai 2022)
  3. « Douze fortifications de Vauban au Patrimoine mondial de l'Unesco », Le Monde, 7 juillet 2008.
  4. 4,0 et 4,1 Hors-série : Les canons et l'État, Sur le champs, 21 septembre 2016, https://www.youtube.com/watch?v=KY-WEuhAdHE
  5. Jean-Baptiste Brunet, Histoire générale de l'artillerie, Volume 1, 1923
  6. Patrice Bret. Lavoisier à la régie des poudres : Le savant, le financier, l’administrateur et le pédagogue. 1994. ffhalshs-00002883f
  7. 7,0 et 7,1 Alain Gallusser, Monica Bonfanti et Frédéric Schütz, Expertise des armes à feu et des éléments de munitions dans l'investigation criminelle, PPUR presses polytechniques, 2002 (ISBN 978-2-88074-500-4) [lire en ligne] 
  8. Jean-François Brun, « La mécanisation de l’armurerie militaire (1855-1869) », Revue historique des armées, no  269, 2012-12-06, p. 79–97 (ISSN 0035-3299) [texte intégral (page consultée le 2022-05-10)]
  9. 9,0 et 9,1 (en) Mike Cumpston et Johnny Bates, Percussion Revolvers: A Guide to Their History, Performance, and Use, Simon and Schuster, 2014-07-01 (ISBN 978-1-62914-035-3) [lire en ligne] 
  10. « Croisades contre les hussites », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  11. Artillerie de campagne : La 1ère bataille de Breitenfeld (1631), Sur le champs, 12 décembre 2016, https://www.youtube.com/watch?v=8BHeCRtKyCw
  12. Bernard Bergerot, , Paris, Bibliothèque Napoléonienne Tallandier, 1991, 220 p. (ISBN 978-2-235-02040-4, BNF 35414113).
  13. Brenda J. Buchanan, Gunpowder, explosives and the state : a technological history, Ashgate, 2006 (ISBN 0-7546-5259-9 et 978-0-7546-5259-5) (OCLC 60500341) [lire en ligne] 
  14. Brenda J. Buchanan, Gunpowder, explosives and the state : a technological history, Ashgate, 2006 (ISBN 0-7546-5259-9 et 978-0-7546-5259-5) (OCLC 60500341) [lire en ligne] 
  15. Brenda J. Buchanan, Gunpowder, explosives and the state : a technological history, Ashgate, 2006 (ISBN 0-7546-5259-9 et 978-0-7546-5259-5) (OCLC 60500341) [lire en ligne] 

Bibliographie

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