Recherche:Prononciabilité des diverses combinaisons de consonnes

Prononciabilité des diverses combinaisons de consonnes

Toute réaction ou commentaire par rapport à ce travail de recherche sont les bienvenus sur cette page de discussion.

Cette page fait partie de l’espace recherche de Wikiversité et dépend de la faculté français. Pour plus d'informations, consultez le portail de l'espace recherche ou rendez-vous sur l'index des travaux de recherche par faculté.
Strč prst skrz krk.
(Enfonce ton doigt dans ta gorge.)

Ce projet étudie les combinaisons de consonnes relativement à leur facilité d’élocution.

L’étude se propose de dégager :

  • ce qu’on entend par simplicité d’élocution ;
  • une méthode pour évaluer la facilité de prononciation d’une suite de consonnes ;
  • une étude du cas des combinaisons de consonnes en français.

La simplicité d’élocution

modifier

Par simplicité d’élocution, on entend l’aisance avec laquelle le locuteur d’une langue donnée prononcera la syllabe constituée de la combinaison de consonnes et voyelles. Ici on se concentre d’avantage sur les consonnes, puisque ce sont les phonèmes susceptibles de se combiner, là où les voyelles marquent une rupture.

Il ne s’agit donc pas ici d’évaluer la difficulté que peut représenter la prononciation d’un virelangue. On ne s’intéresse dans le cadre de cette étude qu’à la prononciation de combinaisons de phonèmes qui ne dépassent pas la syllabe.

Méthode d’évaluation

modifier

Un francophone monolingue qui ne souffre d’aucune difficulté d’élocution particulière pourra prononcer /si/ et /ti/ sans difficulté, car il en fait usage couramment. Il aura sans doute plus de difficulté à prononcer /stsi/, qui est étranger au vocabulaire français. Un espérantophone n’aura pas cette difficulté, car c’est une combinaison de phonèmes courant en espéranto et qu’il aura pris l’habitude de le prononcer.

De plus une fois une combinaison de consonnes étant maîtrisée, on considérera négligeable – dans le cadre de cette étude – qu’elle soit utilisée en amont ou en aval d’une voyelle. Ainsi /stsi/ ou /ists/ et /stsists/ seront considérés de difficulté équivalente : une fois la prononciation de la combinaison /sts/ acquise, on la considère acquise une fois pour toute.

Enfin, il reste à prendre en compte le cas des phonèmes reposant sur des consonnes totalement étrangères. Ainsi un arabophone n’aura pas de difficulté à prononcer /ɣ/ là où ce son absent du français représentera une difficulté supplémentaire pour le francophone qui l’ignore.

On dégage donc un triplet qui représente la difficulté d’élocution d’une combinaison de consonnes, vis-à-vis du corpus linguistique de la personne, par trois scalaires qui modélisent :

  • le nombre de consonnes atomiques qui composent la combinaison ;
  • le nombre consonnes atomiques appartenant au corpus donné ;
  • le nombre de combinaisons étrangères au corpus donné.

La difficulté d’apprentissage d’une nouveau phonème atomique est, à priori, la caractéristique la plus considérable et la plus dépendante des capacités d’assimilation de chacun. Une piste d’évaluation qui pourrait être investiguée serait la difficulté à assimiler des nouveaux phonèmes en fonction de la proximité à un phonème connu dans le corpus de départ.

On propose également de synthétiser la difficulté de prononciation d’une combinaison vis-à-vis d’un corpus donné en un scalaire unique, en soustrayant le nombre consonnes atomiques appartenant au corpus donné, noté E ci-après, au nombre de consonnes atomiques qui composent la combinaison, noté A ci-après, et en y ajoutant le nombre de combinaisons étrangères au corpus donné, noté I ci-après. On a donc la synthèse O obtenu par la formule[1] :

 


Dans le tableau ci-après on propose quelques exemples d’une analyse de la difficulté de la prononciation d’une combinaison de consonnes en fonction du corpus français. Les voyelles indiquées n’entrent évidemment pas en compte, elle permettent simplement de proposer une syllabe effectivement utilisée en français.

Exemples de caractérisation de difficulté de prononciabilité vis-à-vis du corpus français
Nombre de consonnes atomiques (A) Nombre de consonnes atomiques connues (E) Nombre d’étrangetés combinatoires (I) Nombre synthétisant la difficulté (O)
/bo/ 1 1 0 0
/stʁa/[2] 3 3 0 0
/ʕa/[3] 1 0 0 1
/ɣdʑa/[4] 3 1 3[5] 5

Le cas du français

modifier

Les combinaisons de consonnes du français

modifier

Bien qu’on puisse trouver des graphies où se succèdent plus de trois consonnes orthographiques, il semble à l’auteur qu’aucun mot français ne fasse usage de plus de trois consonnes phonétiques consécutives (ambidextre donne ´ kstr ´). Cette analyse s’appuie sur une rapide vérification du mot contenant le plus de voyelles consécutives dans le dictionnaire non-exhaustif fourni avec le système Debian[6], de laquelle il ressort que :

  • putschs (/pu.tʃ/) est le seul mot où apparaît plus de quatre consonnes orthographiques consécutives, bien qu’il ne combine phonétiquement pas plus de deux consonnes consécutives ;
  • dans les 592 mots présentant quatre consonnes orthographiques consécutives, un parcours rapide ne nous a pas offert une occasion de prononcer quatre consonnes phonétiques consécutives ;
  • pour autant qu’il nous est donné de savoir, en français, il n’y a pas de combinaisons de graphies qui référent à une combinaison de phonèmes plus nombreux[7].

Ajoutons à cela qu’avec le français pour langue natale, l’auteur n’a pas pu penser à un cas avéré de mot français où l’on trouverait plus de trois consonnes phonétiques consécutives. Aussi sans prétendre qu’un tel mot n’existe pas, il semble raisonnable de se limiter dans cette section à des combinaisons de consonnes ne dépassant pas les trois éléments.

Le français comprend vingt consonnes, mais toutes les combinaisons qu’elles offrent ne sont pas utilisées dans son corpus. Ainsi la combinaison /sts/ n’y est pas pas employée, même si on trouve par exemple postsynchronisant, mais on prononcera /pɔst.sɛ̃.krɔ.ni.zɑ̃/ et pas /pɔ.stsɛ̃.krɔ.ni.zɑ̃/. C’est donc l’étude de ces combinaisons et de leur présence ou absence dans le corpus français qu’on se propose de réaliser dans cette section.

Les vingts consonnes sont :

  1. /n/
  2. /J/
  3. /N/
  4. /g/
  5. /k/
  6. /m/
  7. /b/
  8. /p/
  9. /v/
  10. /f/
  11. /d/
  12. /t/
  13. /Z/
  14. /S/
  15. /z/
  16. /s/
  17. /R/
  18. /l/
  19. /h/
  20. /?/

Et l’on peut y ajouter trois semi-consonnes :

  1. /j/
  2. /ɥ/
  3. /w/
Quantification des combinaisons de consonnes
Nombre de phonèmes Nombre de séquences les combinant
1 23
2 506
3 11132
Total du nombre de combinaisons 11661

En effet, on peut envisager les combinaisons suivantes :

  • une consonne seule : 23 possibilités ;
  • une combinaison de deux consonnes : 23×22 possibilités, puisqu’on ne peut pas combiner une consonne avec elle-même pour réaliser une combinaison de sons distincts ;
  • une combinaison de trois consonnes : 23×22×22 pour les mêmes raisons.

Les combinaisons de deux consonnes

modifier

Faire un tableau qui pour chaque combinaison de deux consonnes donne :

  • sa graphie API ;
  • sa difficulté d’élocution ;
  • un exemple d’usage dans un mot français le cas échéant.
Liste des biconsonnes combinant les consonnes en usage dans le français
Biconsonne Niveau de difficulté de prononciation Exemple d’usage avéré[8] Note
1 N/A Bien que le score ne soit que de un, on notera la difficulté à prononcer et plus encore à distinguer une telle combinaison pour un francophone. En orthographe française usuelle nous pourrions transcrire une syllabe utilisant cette combinaison par ngna.
1 N/A Même remarque que pour nɲ.
0 ngolo, ngombe
nk 1 Bambara : nkaani
nm 0 nmécha
nb 1 Outaouais : nbi
np 1 Bambara : npalan
nv 1 (hu) : ellenszenv
nf 1 (de) : fünf
nd 0 ndombolo, week-end
nt 0 cent
0 ngiti, grunge
0 winch, Lynch
nz 0 skins
ns 0 suspense, breakdance, free-lance, Bambara : nsiirin
1 (ru) : нравиться /ˈnravʲɪʦə/
nl 1 N/A
nh 1 N/A
1 Koyukon : kʼetsaanʼ
nj 0 niais
0 nuit
nw 0 noir, noix
ɲn
ɲŋ
ɲɡ
ɲk
ɲm
ɲb
ɲp
ɲv
ɲf
ɲd
ɲt
ɲʒ
ɲʃ
ɲz
ɲs
ɲʁ
ɲl
ɲh
ɲʔ
ɲj
ɲɥ
ɲw
ŋn
ŋɲ
ŋɡ
ŋk
ŋm
ŋb
ŋp
ŋv
ŋf
ŋd
ŋt
ŋʒ
ŋʃ
ŋz
ŋs
ŋʁ
ŋl
ŋh
ŋʔ
ŋj
ŋɥ
ŋw
ɡn
ɡɲ
ɡŋ
ɡk
ɡm
ɡb
ɡp
ɡv
ɡf
ɡd
ɡt
ɡʒ
ɡʃ
ɡz
ɡs
ɡʁ
ɡl
ɡh
ɡʔ
ɡj
ɡɥ
ɡw
kn
km
kb
kp
kv
kf
kd
kt
kz
ks
kl
kh
kj
kw
mn
mk
mb
mp
mv
mf
md
mt
mz
ms
ml
mh
mj
mw
bn
bk
bm
bp
bv
bf
bd
bt
bz
bs
bl
bh
bj
bw
pn
pk
pm
pb
pv
pf
pd
pt
pz
ps
pl
ph
pj
pw
vn
vk
vm
vb
vp
vf
vd
vt
vz
vs
vl
vh
vj
vw
fn
fk
fm
fb
fp
fv
fd
ft
fz
fs
fl
fh
fj
fw
dn
dk
dm
db
dp
dv
df
dt
dz
ds
dl
dh
dj
dw
tn
tk
tm
tb
tp
tv
tf
td
tz
ts
tl
th
tj
tw
ʒn
ʒɲ
ʒŋ
ʒɡ
ʒk
ʒm
ʒb
ʒp
ʒv
ʒf
ʒd
ʒt
ʒʃ
ʒz
ʒs
ʒʁ
ʒl
ʒh
ʒʔ
ʒj
ʒɥ
ʒw
ʃn
ʃɲ
ʃŋ
ʃɡ
ʃk
ʃm
ʃb
ʃp
ʃv
ʃf
ʃd
ʃt
ʃʒ
ʃz
ʃs
ʃʁ
ʃl
ʃh
ʃʔ
ʃj
ʃɥ
ʃw
zn
zk
zm
zb
zp
zv
zf
zd
zt
zs
zl
zh
zj
zw
sn
sk
sm
sb
sp
sv
sf
sd
st
sz
sl
sh
sj
sw
ʁn
ʁɲ
ʁŋ
ʁɡ
ʁk
ʁm
ʁb
ʁp
ʁv
ʁf
ʁd
ʁt
ʁʒ
ʁʃ
ʁz
ʁs
ʁl
ʁh
ʁʔ
ʁj
ʁɥ
ʁw
ln
lk
lm
lb
lp
lv
lf
ld
lt
lz
ls
lh
lj
lw
hn
hk
hm
hb
hp
hv
hf
hd
ht
hz
hs
hl
hj
hw
ʔn
ʔɲ
ʔŋ
ʔɡ
ʔk
ʔm
ʔb
ʔp
ʔv
ʔf
ʔd
ʔt
ʔʒ
ʔʃ
ʔz
ʔs
ʔʁ
ʔl
ʔh
ʔj
ʔɥ
ʔw
jn
jk
jm
jb
jp
jv
jf
jd
jt
jz
js
jl
jh
jw
ɥn
ɥɲ
ɥŋ
ɥɡ
ɥk
ɥm
ɥb
ɥp
ɥv
ɥf
ɥd
ɥt
ɥʒ
ɥʃ
ɥz
ɥs
ɥʁ
ɥl
ɥh
ɥʔ
ɥj
ɥw
wn
wk
wm
wb
wp
wv
wf
wd
wt
wz
ws
wl
wh
wj

Les combinaisons de trois consonnes

modifier

Les combinaisons de consonnes qui ne présentent aucune difficulté d’élocution

modifier

Les combinaisons de consonnes sans atome consonantique étranger

modifier

Les autres combinaisons de consonnes

modifier

Notes et références

modifier
  1. L’auteur aura probablement été influencé dans le choix de cette formule de synthèse par sa connaissance de la Caractéristique d'Euler. Il pourrait être intéressant d’explorer le parallèle afin de déterminer si cette remarque permet de dégager autre chose qu’une coïncidence syntaxique.
  2. Comme dans /ap.stʁak.sjɔ̃/, abstraction.
  3. Comme dans l’arabe علم /ʕa.li.ma/ (« savoir »).
  4. Comme dans l’[[w:Amdo|]] /ɣdʑaŋ ŋər/ (« mollet »).
  5. Ici on compte /ɣd/, /dʑ/ et /ɣdʑ/, pas seulement cette dernière : il s’agit bien de comptabiliser dans la séquence de consonnes toutes les combinaisons étrangères du corpus considéré et non d’évaluer uniquement la présence ou l’absence de la séquence entière dans le corpus.
  6. De façon explicite, on a utilisé la commande
    grep "[bcdfghjklmnpqrstvwxz]\{5,99\}" /usr/share/dict/frenc
    
  7. De tels graphèmes existent, par exemple ĉ (/tʃ/) en espéranto
  8. On précise la langue uniquement pour les mots étrangers au corpus français. On considère comme de difficulté nulle une combinaison utilisée dans un mot français rare ou d’usage confiné, même si en pratique ils peuvent s'avérer tout aussi difficile d’usage pour une majorité de francophones.

Sur la prononciation

modifier

Liens externes

modifier