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Chapitre no 8
Leçon : Sémantique
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    Que se passe-t-il à présent quand j'écoute le discours d'un autre ? Je ne peux pas prendre mon temps comme avec un livre et souvent je me laisse aller à réfléchir et j'oublie ce qu'il vient de dire. Je n'ai pas le temps de plonger dans ma mémoire et je me contente d'extraire d'une façon automatique quelques parcelles de sens que renvoient mes mots-miroirs, un résumé de sens en quelque sorte. De cette interprétation rapide j'en tire une information que j'attribue à l'autre. Puis-je dire que ces résumés de sens que j'utilise pour interpréter le discours constituent du sens collectif ? Je pense que non et pour trois raisons: d'abord ces éléments de sens ne sont pas assez riches pour couvrir pleinement ce qui devrait être le sens d'un mot fût-il collectif. Ensuite cela reste du sens personnel et il peut varier à chaque moment en fonction de ce que je connais de la personne et des intentions que je lui prête. Enfin du fait du paradoxe sémantique je ne peux pas contrôler d'aucune manière que ces éléments de sens dont je me sers pour interpréter un discours soient les mêmes pour tous, ni imposer qu'ils doivent l'être. 
    Quant aux définitions du dictionnaire leur utilité pratique est évidente, mais pour me tenir à distance des paradoxes qu'une telle audace sémantique pourrait soulever, qui ont amené les langages formels à abandonner la signification intuitive, il faut me munir d'un gros volume de flou et considérer une définition comme « la désignation d’un signifiant destiné à signaler du sens par le bricolage d'un groupe de signifiants que chaque lecteur pourra interpréter à sa manière ». Les termes désignation, signaler, du sens, bricolage et groupe sont volontairement flous, le flou n'est pas mon ennemi mais mon allié, il fait partie de la nature du sens, alors que le clair ou pire l'obsession du clair peut présenter une menace d'enfermement.