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Bien que je me suis présenté, dès mon arrivée sur l'espace Wikipédia, comme un étudiant en [[w:anthropologie|anthropologie]] ayant pour projet de faire une [[w:Observation participante|observation participante]] au sein de la communauté Wikipédia, je fus plus d'une fois identifié en tant que sociologue. Il est vrai que mon étude aurait très bien pu être envisagée par un étudiant de sociologie et peut-être même que cela aurait semblé plus logique pour la plupart des gens. L'anthropologie reste une sciencesscience mal connue et certainement mal perçue lorsqu'elle se pratique sur des terrains occidentaux. C'est pourquoi je tiens avant toute chose, à répondre à cette légitime question : « Comment un anthropologue en arrive-t-il à embarquer dans le projet fr.Wikipédia ? ».

Si dans notre mémoire collective l'anthropologie reste associéassociée auaux terres reculées des anciennes colonies, à des mots quelque peutpeu désuets teltels que tribu ou ethnieéthnie et à des personnalités telles que [[w:Bronisław Malinowski|Bronisław Malinowski]] ou [[w:Claude Levi-Strauss|Claude Levi-Strauss]], il ne faut pas pour autant oublier que l'objet de l'anthropologie est comme son nom l'indique, l'étude de l'Homme. L'anthropologie se doit donc d'étudier l'humanité où elle se trouve et dans son intégralité sans quoi elle risquerait de passer à côté de sa question, voire même de disparaître, comme l'aurait dit un jour [[w:Georges Balandier|Georges Balandier]], selon les propos de [[w:Pierre-Joseph Laurent|Pierre-Joseph Laurent]] professeur d'anthropologie à l'[[w:Université catholique de Louvain-la-Neuve|Université catholique de Louvain-la-Neuve]]. Et puis, d'un autre côté, si les anthropologues occidentaux se désintéressaient de leursleur proprespropre culturesculture ou de leursleur proprespropre conditionscondition humaineshumaine, sous prétexte par exemple, que ce travail est réservé aux sociologues, ne seraient-ils pas accusés à juste titre, d'un manque flagrant de [[w:réflexivité|réflexivité]] dans le regard qu'il porte sur l'humanité ? Qui serions-nous, anthropologues occidentaux pour rendre compte des cultures qui nous sont étrangères sans rendre compte de notre propre culture ? Et ne serait-ce pas un comble d'[[w:ethnocentrisme|ethnocentrisme]] et d'[[w:égocentrisme|égocentrisme]] que d'adopter un point de vue extérieur et supérieur pour observer une humanité dont on fait partie ?

Dans l'introduction de mon premier cours d'anthropologie à l'[[w:Université libre de Bruxelles|Université libre de Bruxelles]], j'ai appris que « un des buts principaux que l'on doit assigner actuellement à l'anthropologie est donc de dresser l'inventaire de la diversité culturelle de l'humanité avant que tout n'ait été uniformisé par la civilisation occidentale moderne » {{Référence Harvard|de Maret|2006|p=2|id=deMaret2006}}. Voici donc une mission importante pour l'anthropologue qui se voit malheureusement bien souvent forcéforcée de se positionner dans une démarche rétrospective, tant le monde actuel est déjà influencé par la culture occidentale de façon avancée et dans les moindres recoins. Mais l'anthropologie à l'image des hommes qui la font et des hommes qu'elle étudie, est une science en perpétuelle évolution. Et si [[w:Marc Augé|Marc Augé]] prétend dans l'avant-propos de son manifeste ''Pour une anthropologie des mondes contemporains'' {{Référence Harvard|Augé|2010|p=7|id=Augé2010}} que « Nous avons fait le tour de tout, du monde et des idées. » c'est sans compter que ce monde et ces idées sont en perpétuel changement et que chaque tour est à refaire ici ou ailleurs.

En changeant d'Université pour continuer mes études de master à l'[[w:Université catholique de Louvain (1834-1968)|Université catholique de Louvain]], j'ai découvert le « [[w:Laboratoire d'anthropologie prospective|Laboratoire d'anthropologie prospective]] » qui possède depuis peu, son propre [http://www.anthropologie-prospective.eu site Internet]. Dans ce laboratoire, des chercheurs et des enseignants ont fait le choix d'étudier l'humanité non plus de façon rétrospective mais prospective et de porter ainsi leurs regards sur l'avenir des cultures et sociétés humaines tout en assumant une plus grande part de subjectivité dans leurs discours. Dans une tel contexte, il devient donc tout à fait pertinent pour un étudiant en anthropologie d'entreprendre un travail ethnographique au sein même d'un espace aussi prometteur qu'Internet en terme de d'avenir des cultures et des sociétés humaines. Cela cs'est fait par ailleurs sans aucune surprise, puisque d'autres travaux d'anthropologues, bien connus par ce laboratoire, sont en cours, ou ont déjà été rédigés uniquement ou presque sur base d'observations faites sur l'espace Internet. C'est le cas par exemple des travaux en cours de [[w:Grégory Dhen|Grégory Dhen]] et sa thèse en cours au sein du [[w:MMOG|MMOG]] [[w:World of Warcraft|World of Warcraft]]. Ce fut aussi le cas de Tom Boelstorff et son ouvrage ''Coming of age in second live, An Anthropologist Explores the Virtually Human'' {{Référence Harvard|Boelstorff |2008| id=Boelstorff2008}} ou encore [[w:Christophe Lazaro|Christophe Lazaro]] et son ouvrage ''La liberté logicielle'' {{Référence Harvard|Lazaro|2008|id=Lazaro2008}}.