« Recherche:Un anthropologue venu des pères blancs » : différence entre les versions

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« À la fin de cette année là, 57 [18 ans], les pères blancs liquidaient cette maison, ce grand scolasticat, pour aller en Angleterre. » (82)
« Alors, on me demande de choisir où on voulait continuer mes études de théologie. Moi, n’ayant pas compris le programme n’ont plus, j’ai dit surtout pas chez les « Frogs » comme nous les Anglais on appelle les Français », « parce que j’avais demandé l’Angleterre on m’avait envoyé à Carthage » (83)
« c’est la première fois que j’ai mis les pieds en Belgique, c’est que qu'en route pour Carthage il y avait une expo. On a passé une semaine pour visiter puis passée vers Marseille. On a pris le bateau, troisième classe, sous le pont avec les arables et les chameaux. ( rire ) 36 heures non-stop pour traverser la Méditerranée sur un vieux rafiot. » (84)
« il y avait déjà la guerre d’Algérie. » (85)
« Et là on va, c’était début septembre, on va au scolasticat qui est bâti sur la colline de Byrsa qui est l’ancien site de Carthage. » (90)
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« pendant la dernière année on était vraiment enfermé, pas que je ne dis pas que l’on risquait sa vie », « Et l’année après, en 63 [Erreur vrai date 1962, 23 ans], on a fermé boutique si tu veux. On a rapatrié tout le monde par ce que ça devenait trop compliqué de survivre. » (100)
« Donc pendant cette année [1961, 22ans], on devait s’amuser entre nous. » (102)
« j’ai fait mes quatre années de théologie. Comme j’étais trop jeune parce que qu'en principe on ne pouvait ordonner qu’à 24 ans. Moi je n’en avais que 22 [1961-62]. Il y avait moyen d’avoir une dispense du Vatican pour 23 ans. Mais là ils ont... Ils ont dû mettre le paquet pour que je puisse passer à 22. Et de nouveau, on avait demandé où est-ce que vous voulez aller ?» (105)
« quand j’étais ordonné en 1962 [23 ans] et que je rentrais chez moi dans ma ville natale, mes parents organisaient une soirée souper moule dansant pour cueillir des sous pour que je puisse aller baptiser un maximum ».(23)
« on m’a envoyé aux études (rires) ce qui était une condamnation. C’est-à-dire le père blanc par excellence de type barbu en brousse, bossant, travaillant comme un aigle, c’est le cas de le dire » (107)
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« Et donc moi je n’ai jamais regretté » (112)
« Une de mes vocations, si tu veux, d’ethnologue, est venu à cause d’un vieux jésuite alsacien le père Goethe », « Il était anthropologue dans le silence physiologique si tu veux. ». (113)
« Après, et pourquoi j’ai finalement quitté les pères blancs, c’est que ça donnait un peu juste parce que qu'il n’y avait plus de vocation normale. » (48)
« C’est quand j’ai connu le brave Jean-Pierre Olivier De Sardan chez lui » (28)
« ça fait une quinzaine d’années [1995]» (28)
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5. Eh bien non, comment est-ce que cela a commencé pour vous dans votre vie ? 06:07.
6. Je suis né en 39. Mais je n’ai pas beaucoup de souvenirs de cette époque-là. Il paraît que c’était le même ou Pie XII a été couronné pape à Rome, mais évidemment, je n’ai pas beaucoup de souvenirs. Mes premiers souvenirs, c’est effectivement la Seconde Guerre mondiale, vaguement... Par ce que mon père était, aurait dû être à Dongkuk, mais il n’y était pas, et donc il est entré dans les pompiers, et donc heu ..., dans le nord-ouest de l’Angleterre, dans toutes ces villes bombardées, c’est un peu comme ça que j’ai vécu cette première guerre mondiale, dans un bled qui s’appelle Lancaster, une vieille ville romaine, et qui est peut-être la dernière grande ville industrielle avant d’arriver en Écosse qui est quant même à 90 miles de là.07:12.
7. Et donc, c’est un milieu, je dirais moderne, dans le sens que c’est dans ce coin-là qu’est parti ce que je dirais, ce que l’on appelle, mais que les gens n’acceptent plus à proprement parler la révolution industrielle. Et c’est chez moi dans la vie de mes parents, parce qu’après quelques années à Lancaster, on est revenu au sud de là à 20 kilomètres dans la ville de Preston, qui était effectivement, ce n’est pas du chauvinisme de ma part, vraiment un des berceaux de la révolution industrielle. C’est là que qu'Arkwright a mis en marche ces fameux métiers à tisser et mécanisé et qui ont provoqué immédiatement une réaction. 07.58.
8. Je vous dis ça parce que je suis issu d’un milieu relativement modeste, mais avec des parents qui voulaient en sortir pour nous pour les enfants. Eux étaient assez doués. Il y avait quelque chose de génétique quelque part, mais mon père, ma mère sont assez douées pour les études, mais à cause de la modestie pour ne pas dire la misère du milieu, mes parents n’ont pas pu, parce que cela se payait à l’époque les études, n’ont pas pu payer ça. Je crois qu’ils se sont compensés un peu sur les enfants, mais aussi en voulant sortir de ces milieux non pas « coraniques », mais plutôt « coroniques » (rires), car c’était des corons, pas des mines, ma ville était uniquement à base du coton. C’est ça que j’ai connu quand j’étais petit, rien que des filatures, rien que des maisons « back and back », toutes ces maisons d’ouvriers, où il n’y avait que des briques et des pavés. 09.09.
9. Mes premières vraies études s’étaient, de nouveau, c’était aussi un sort d’acharnement de la part de nos parents qui voulaient à tout prix que l’on aille dans la filière secondaire ce qu’eux n’ont pas pu suivre à cause de ce que je vous ai dit de ces années 1920-30 où il n’y avait pas beaucoup de sous dans les milieux populaires. Et, on nous a fait du « brainstorming » chez les vieux enseignants retraités pour passer le fameux « eleven plus » c’est-à-dire que dans ces années-là en Angleterre le seuil fatidique s’était à la sortie des primaires, soit vous passiez cet examen décisif, et vous avez la chance d’aller dans les filières secondaires, soit vous restez (rires) dans le manuel, menuiserie, plomberie, et Dieu sait quoi.10:17.
10. Grâce à Dieu et à mes parents j’ai réussi cet examen et donc, je me retrouve cela devait être dans le début des années 1950 dans un collège secondaire tenu de main de maître par les jésuites. C’était le «Preston Catholic Collège ». Et là aussi si vous voulez, si j’ai réussi moi, paradoxalement c’est parce que dans les notes de fin d’année on faisait entrer en ligne de compte l’art, et la boxe ou la gymnastique.11:06.
11. Ah ! Ça, c’est original ça ! 11:08.
12. Et comme j’étais relativement doué pour ces choses-là, beaucoup moins pour le grec et le latin, parce qu’à l’époque il y avait 4 niveaux dans chaque année, si tu veux. Il y avait le groupe A qui était grec latin, il y avait le groupe B, qui n’était pas à la hauteur du grec latin et donc qui faisait un peu de maths et de sciences, et puis on descendait vers les bas-fonds par ce que qu'innommables.11:36.
13. Et moi, si tu veux, si j’ai réussi à être aussi souvent premier de la classe, ce n’est pas parce que j’étais un intello, c’est parce que j’avais ces deux appuis qui faisaient enrager les vrais intellos (rires) qui ne faisaient pas de la boxe et peignaient avec leurs pieds. Tu vois, je passais avant eux.11:58.
14. Et c’était dans la cinquième année où l’on commençait à penser à ce qu’on, l’on allait faire dans la vie. À l’époque, pour les gens, même, de ce type de collège, il n’y avait pas beaucoup de choix. On nous amenait à visiter les filatures, ou dans les mines pour susciter des vocations.12:30.
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33. Je fais mes deux années de philo en Irlande de c’était très intéressant. Le séminaire n’était pas borné, il n’était pas constipé, on avait de très bons profs. Ils étaient très motivés, très intelligents, ce n’était pas un catholicisme, si tu veux, heuuu... C’était pas trop clérical. Et surtout on avait une vie en plein air. On se levait vers 5 heures 30 chaque matin. De nouveau tout de suite après la méditation et la messe, au moins 40 minutes à courir dans les Landes et à nager dans le lac glacé, surgelé. Je te dis, tu ne pouvais pas dire non c’était absolu, on te foutait dehors c’était vraiment un système militaire, avec la prière en plus. 24:14.
34. Et c’est pour ça que j’ai vécu jusqu’à 71 ans, à cause de cette espèce de formation très saine. On bouffait pas du caviar, on ne buvait pas du champagne, on avait des flocons d’avoine et des bazars comme ça. Et donc, c’est une vie très saine, un peu comme tous les gens de cette génération. Mine de rien, moi je vois mes beaux-parents ici, ils ont tous 80 sinon 90 ans passés qui ont connu une enfance qu’ils disent difficile, mais où c’était très fin, on bouffait pas de viande, il n’y avait que du pain de seigle, des flocons d’avoine, et du lait entier, etc., etc. 24:48.
35. Paradoxalement cette génération, on dit toujours qu’il y a une augmentation de l’espérance de vie, mais je ne suis pas sûr que votre génération va survivre autant que la mienne par ce que qu'il y a tellement de pollution, il y a tellement de mal bouffe, etc. Nous qu’on ait cette chance à l’insu de notre plein gré d’avoir une enfance, une adolescence, émane à certaines années de notre vie adulte dans un monde qui qui donnerait des boutons aux jeunes d’aujourd’hui, mais qui était relativement, physiquement en saine, et même psychologiquement sain, si tu veux. On n’était pas traumatisé, il ne se posait pas trop de problèmes. 25:32.
36. Après ces deux années-là,...25:37.
37. Donc ça, donc ça pour faire un petit peu l’équivalent avec le système belge... 25:41.
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46. On était en quoi, une trentaine, une soixantaine d’étudiants, mais un petit noyau dur de profs, une demi-douzaine de profs, mais très motivés, très accueillants. Ils étaient dans le même couloir que nous, quand tu avais un problème, comprendre ce que Saint-Thomas voulait dire par la transsubstantiation, tu allais chez ton prof et il était toujours là. Il était disponible 24 heures sur 24 pour discuter. On avait que ça à faire et il n’y avait pas d’activités extracurriculaires. Il y avait le foot. J’essaie de la spéléologie. J’essaie de l’escalade. On marchait, on avait des vélos, on faisait des centaines de kilomètres.27:22.
47. Donc, c’était vraiment une vie à la fois spartiate, et spirituelle. On sublimait beaucoup, mais je te dis, moi j’ai jamais été malheureux. J’étais pas pédophile ni homosexuel (rires) il n’y avait rien de ces conneries-là à cette époque. Il y avait tellement de prêtres si tu veux, que les gens qui avaient des vocations, à cette époque-là, étaient tout à fait normaux. Quoi ? 27:48.
48. Après, et pourquoi j’ai finalement quitté les pères blancs, c’est que ça donnait un peu juste parce que qu'il n’y avait plus de vocation normale. On n’en y reviendra peut-être. Après ces deux années-là,... 28:04.
49. Pour récapituler, les études primaires comme chez nous, et puis ça nous mènent à quel âge? L’école primaire, pour apprendre... 28:14.
50. Mais c’est 11 ans. C’est-à-dire que tu commences, oui, tu commences comme ici tu termines tes primaires à 11 ans. Et puis il y a cette bifurcation, soit à l'époque, c'était le « second school », l’école secondaire et l’équivalent de l’athénée si vous voulez. 28:29.
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82. À la fin de cette année là, 57, les pères blancs liquidaient cette maison, ce grand scolasticat, pour aller en Angleterre. Ils avaient créé au nord de Londres un grand centre pour la formation démissionnaire. Et ils avaient aussi un grand scolasticat à Heverlée ici en Belgique, à Leuven. Ils avaient un grand scolasticat, et c’était énorme, avec 400 étudiants au Canada dans la partie francophone et surtout ils allaient à Carthage en Tunisie, une sorte de... C’est là que tout a commencé si tu veux, avec ce fameux cardinal de Lavigerie 41:37.
83. Alors, on me demande de choisir où on voulait continuer mes études de théologie. Moi, n’ayant pas compris le programme n’ont plus, j’ai dit surtout pas chez les « Frogs » comme nous les Anglais on appelle les Français (rires), pas du tout allait dans le monde francophone. Je dis laissant entrer chez moi en Angleterre si tu veux. Mais, il ne fallait jamais demander ce que tu voulais parce que le principe s’était toujours de te contrarier. Si j’avais demandé d’aller à Carthage, on m’aurait envoyé en Angleterre, mais parce que j’avais demandé l’Angleterre on m’avait envoyé à Carthage.42:21.
84. Et donc, la c’est la première fois que j’ai mis les pieds en Belgique, c’est que qu'en route pour Carthage il y avait une expo. On a passé une semaine pour visiter puis passée vers Marseille. On a pris le bateau, troisième classe, sous le pont avec les arables et les chameaux. ( rire ) 36 heures non-stop pour traverser la Méditerranée sur un vieux rafiot. 42:54.
85. On n’avait déjà la frousse, mais il y avait déjà la guerre d’Algérie. Donc, il y avait déjà des actes terroristes même sur les bateaux. J’arrive à Carthage, si tu veux, avec d’autres. On était quoi ? Une demi-douzaine. 43:17.
86. Interruption pour cause de batteries 43:35.
87. Voilà donc on est dans le bateau. 43:35.
88. Ici c’est des années 1950, c’est un autre monde par rapport au monde... Il n’y avait pas d’avion entre guillemets, il n’y avait que le bateau et on prenait le train, ces vieux trains à vapeur. C’était assez apocalyptique comme trajet. Bon, on était une demi-douzaine il y avait un Écossais, il y avait deux Allemands, et des hollandais, et moi. En débarquant sur les quais à Tunis, on reçoit une volée de cailloux dans le dos. On était déjà entre guillemets martyrisés par les Arabes par ce que, hein, on ne se rend pas compte non plus que qu'il y avait déjà une animosité en Tunisie à l’égard des blancs. Surtout les pieds-noirs (Rires). 44:24.
89. Par ce que, la Tunisie venait d’arracher son indépendance sans trop d’effusion de sang. Grâce à Bourguiba. Mais il y avait, et je les comprends, vous savez (rire) qu’est-ce que c’est foutu blanc vienne nous convertir, nous qui sommes la dernière religion prévue par dieu quoi? Donc, il y avait cette espèce de... ils n’étaient pas tous antichrétiens, on avait beaucoup d’amis parmi les Tunisiens, mais quand j’y réfléchis, surtout j’ai eu affaire après avec Kilani, un Tunisien, un anthropologue tunisien (rire). On a rigolé en disant que moi j’étais programmé pour le convertir lui à l’islam et que tous les deux on était complètement athées. (Rires) il y a de ces parcours de vie assez fascinants. 45:27.
90. Et là on va, c’était début septembre, on va au scolasticat qui est bâti sur la colline de Byrsa qui est l’ancien site de Carthage. Et à l'époque, tu n’avais que le grand scolasticat à des pères blancs qui est devenu un musée maintenant, et une immense basilique créée par le cardinal Lavigerie grâce aux dons de l’aristocratie française. Par ce que qu'il était assez redoutable se cardinal. Les pères blancs étaient une sorte de passe-temps, de hobby. Il était surtout connu pour ses manœuvres politiciennes. Léon 13 lui avait finalement demandé de faire un geste pour la France républicaine. C’était vraiment le cardinal hors d’état d’église si tu veux. Antilles esclavagistes, il est venu très souvent Belgique. Grand copain entre guillemets de Léopold Ier, antiesclavagiste, etc., etc. c’était un type assez fascinant. 46:36.
91. Et donc, on était... Les autres... Il y a quatre années donc ça fait quand même 400 étudiants, 300 étaient à Gammarth dans une espèce d’ancien campement de concentration pour les prisonniers de guerre allemande qui est devenu maintenant le centre cinématographique de la Tunisie. Mais à l’époque était dans une sorte de... sur des falaises surplombant la Méditerranée au milieu des vignobles ou ont travaillé. Il y avait chaque semaine une journée entière où on travaillait. Moi j’ai coupé les vignes, j’ai zappé la terre (rires). Ça veut dire que les pères blancs n’étaient pas du tout, n’était pas une congrégation d’intellos. On était vraiment... L'idéale étaient vraiment, l’idéal de Broussard. 47:33.
92. Surtout que dans le scolasticat, il y avait déjà la guerre d’Algérie donc, un tiers de la première année c’était des Français, qui partaient à la fin de l’année en Algérie comme soldats conscrits. Et pour continuer de trois années après s’ils avaient toujours la vocation, ce qui était le cas de la plupart. C’était comme assez, assez significatif que la plupart des gens que j’ai connus en première année sont revenus trois ans après quand moi j’étais sur le point d’être ordonné, eux. Ils rentraient au scolasticat. 48:13.
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97. Alors là je suis devenu plus anarchogauchiste que jamais. Je me rappelle aussi (rires), c’est aussi un peu compliqué à comprendre, de nouveaux en arrivant avec mon enthousiasme de jeune engagé, enragé. Il y avait un Italien, un jeune Italien que je vois encore il s’appelait Aldo Jenasi. En Italie c’était très différent, les communistes et l’église c’était un peu Peppone et donc Camino. C’était pas du tout la France mêmes combats, chrétien et communiste mêmes combats. Donc moi je dis, il faut quant même être ouvert, il faut quant même un avoir des sympathies... Marx n’était pas si idiot que ça. Le sort d’un homme dans la lecture spirituelle le père supérieur a fait une sortie contre les jeunes qui venaient à peine de débarquer et qui déconnait à 100 à l'heure sur le communisme. Là il fallait quand même freiner à temps. 51:16.
98. Et ça, dans toute mon expérience à la fois dans l’église et chez les pères blancs, il y avait des mouchards, on dirait des types qui étaient soit par... qui était peut-être même payé entre guillemets (rires) pour dénoncer les déviations. Parce que j’ai appris après qu’il a été trois fois question, et j’ai appris de sources sûres parce que c’était mon ancien prof de théologie morale qui habite maintenant à Héverlée et qui a épousé une belle femme éthiopienne. Il m’a dit Mike tu te rends pas compte, trois fois on voulait te mettre dehors. Par ce que... non pas pour des péchés mortels d’avoir couché avec une Tunisienne ou je ne sais quoi, mais uniquement parce que tes idées étaient complètement (rires) hors série (rires) inadmissible. 52:12.
99. Mais je ne faisais pas ça exprès si tu veux. J’ai même... Ils étaient même fâchés une fois par ce que qu'en dernière année on était enfermé pendant toute l’année parce que Bourguiba avait voulu mettre les... Il avait déjà mis les pieds noirs dehors {{formatnum:90000}} quand moi je suis arrivé quand je suis arrivé en Tunisie il y avait {{formatnum:120000}} pieds noirs, les uns plus catholiques que le pape. Quand on a quitté en 62 ne restait que 10 000. Donc, l’église est partie d’une église coloniale massive si tu veux, dominant tout, cathédrale..., mais il y avait même une grande statue du cardinal Lavigerie à l’entrée des souks en brandissant le crucifix (rires) que le supérieur des pères blancs a finalement... Ils étaient malins quant même, il a dit à Bourguiba dont c’était un des copains, un des grands copains, on va l’enlever quand même parce que ça ne fait pas très sérieux. 53:07.
100. Donc on l’a foutu dans le jardin de scolasticat. Et donc, les pères blancs n’étaient pas des mormons ou des témoins de Jéhovah. Ils étaient comme un homme très modéré et pas du tout... fanatisé. Et je te dis, pendant la dernière année on était vraiment enfermé, pas que je ne dis pas que l’on risquait sa vie, je t’expliquerais après pourquoi, il y avait eu la fameuse bataille de Bizerte en 61. Et donc, il était temps de quitter. Et l’année après, en 63, on a fermé boutique si tu veux. On a rapatrié tout le monde par ce que ça devenait trop compliqué de survivre. 53:48.
101. C’était avant le rush des touristes. C’était une période entre les deux. Effectivement, les Français n’étaient pas, les Français franco-français, n’étaient pas les bienvenus parce que quand Bourguiba a foutu les Français dehors des coopérants belges sont arrivés (rires) surtout pour enseigner et boucher les trous laissés par les enseignants français. Il n’était pas en type européen pour un sou, mais c’était des périodes un peu compliquées à vivre.
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104. Je te dis, la théologie que nous avons reçue était vraiment très ouverte. Maintenant je dirais que j’ai perdu quatre années à élucubrer sur des sujets comme l’existence des anges ou la virginité de Marie, qui n’ont, qui, qui n’excite plus personne. Mais là ça va chauffer le cerveau si tu veux. Ce n’était pas inintéressant. Surtout, il y avait déjà des exégèses, allez, des gens qui étudiaient la Bible d’une manière ultra scientifique s’était un peu schizophrène parce qu’ils démontraient à la limite que Jésus était une chose est que l’église n’était pas prévue dans le programme si tu veux. 55:38.
105. Et puis ils continuaient à réciter le chapelet et dire la messe comme si de rien n’était. Il y avait... Ça, je n’ai jamais su si on me dit que Jésus n’a pas voulu ça. Moi je dis, bon (rires) vous avez raison, il y en a d’autres qui servent à convaincre. Il faut être logique. Il faut être réaliste aussi. Il y aura toujours une organisation qui vient catalyser cristalliser les aspirations prophétiques, il y aura toujours une église, si tu veux, comme il y a une université qui n’a rien fait avec l’université naissante. Mais là il faut un certain réalisme sociologique pour rester les pieds par terre. 56:17.
106. Donc, j’ai fait mes quatre années de théologie. Comme j’étais trop jeune parce que qu'en principe on ne pouvait ordonner qu’à 24 ans. Moi je n’en avais que 22. Il y avait moyen d’avoir une dispense du Vatican pour 23 ans. Mais là ils ont... Ils ont dû mettre le paquet pour que je puisse passer à 22. Et de nouveau, on avait demandé où est-ce que vous voulez aller ? En Afrique de l’Est, en Afrique de l’Ouest, et les pères blancs, à cause du cardinal Lavigerie qui avait fait ses premières armes au Liban lors des massacres dès druzes avait longtemps encore une maison à Jérusalem « Sainte-Anne ». Donc il y avait un tout petit noyau qui s’occupait des affaires de l’Église orientale, si tu veux. Et on avait un vieux prof qui était venu à Carthage de Sainte-Anne qui avait fait une thèse sur la musique arabe en sept volumes (rires) et qui lors des fêtes nous chantaient, parce qu’il y avait un Noël ou à Pâques, on avait des banquets entre guillemets, et souvent je ne me rappelle plus son nom, mais il insistait pour chanter des chants en arabe (rires). C’était très indigeste. Mais il était un type absolument fascinant. Il m’avait fasciné les mois j’avais dit à mes supérieurs, moi j’aimerais bien aller à Jérusalem, si tu veux. 57:59.
107. Bon, on m’a envoyé aux études (rires) ce qui était une condamnation. C’est-à-dire le père blanc par excellence de type barbu en brousse, bossant, travaillant comme un nègre, c’est le cas de le dire, disant ça, mais de temps en temps, bon vivant aussi, en communauté. On était toujours en communauté, moi j’ai jamais vécu seul, les jésuites si tu veux chacun es un one-man-show, ils n’ont pas de vie de communauté, tandis que les pères blancs, on était obligé de passer au moins 1 heure par jour ensemble même si on ne disait rien. Même si maintenant on ne regarde que la télévision, à l’époque c'était obligé, et toujours trois, et toujours trois de nationalité différente. Jamais trois Anglais ensemble, jamais trois Belges, etc. 58:54.
108. Et les études, c’est quoi alors ? 58:56.