« Khmer/Initiation » : différence entre les versions

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{{Leçon
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| idfaculté = langues étrangères
| département = Khmer
| titre = Initiation à la langue khmère
| titre = Initiation à la langue khmère
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Le khmer est l’idiome de l’ethnie du même nom qui représente 90% de la population du Cambodge et est la langue officielle de ce royaume.
 
== Implantation ==
 
Elle est parlée par environ 13 millions de locuteurs, essentiellement au Cambodge, mais également dans les provinces de Nord Est de la Thaïlande (Surin, Si Saket, Buriram, Prachinburi) et du Sud de l’actuel Viêt Nam (Kampuchéa Krom). Elle est aussi la seconde langue, quand ils en ont une, de la plupart des membres des ethnies des hauts plateaux cambodgiens.
 
On la retrouve également dans la plupart des pays occidentaux par le biais de la diaspora (essentiellement aux États-Unis, en France, en Australie, au Canada …)
 
== Aspect linguistique ==
 
Elle appartient à la famille des langues austro-asiatiques et au groupe des langues môn-khmères dont l’apparition est estimée au 45<sup>e</sup> siècle avant Jésus Christ et dont elle est le deuxième élément le plus important derrière le [[vietnamien]]. Le thaïlandais et le laotien, bien que semblant proche, font eux partie de la famille des langues tai-kadai.
 
Toutefois, des études plus récentes tendent à faire du khmer un groupe à part des langues austro-asiatiques<ref>{{article| titre = The Austroasiatic central riverine hypothesis| périodique = Journal of Language Relationship| année = 2010 | prénom1 = Paul | nom1 = Sidwell | pages = 117-134 | url texte = http://www.jolr.ru/files/%2851%29jlr2010-4%28117-134%29.pdf | consulté le = 6 novembre 2012}}</ref>.
 
== Histoire de la langue ==
 
Suivant les sources, on distingue entre trois et cinq périodes distinctes dans l’histoire de la langue khmère.
 
=== Le khmer ancien ===
 
Avant le {{S|7}}, le khmer tel qu’il s’était construit à partir de la langue proto môn khmère est peu connu ; les seules traces sont quelques termes et phrases retrouvés au hasard de textes sanscrits de l’époque. C’est aussi à partir du {{S|3}}, probablement sous l’influence des marchands indiens, que la langue a emprunté de nombreux termes au sanscrit.
 
=== Le khmer préangkorien ===
 
La période préangkorienne, confondue par plusieurs sources avec la précédente, débute très précisément en 611 de notre ère, date à laquelle aurait été rédigée l’inscription la plus ancienne connue en langue khmère<ref>Les [[w:Serments de Strasbourg|serments de Strasbourg]], prononcés par Charles le Chauve et Louis le germanique et qui comportent le plus ancien texte connu en langue romane, datent du 14 février 842.</ref>; elle se trouve à Angkor Borey, dans la province cambodgienne de Takeo.
 
Les sources sur cette période restent néanmoins très éparses.
 
=== Le khmer angkorien ===
 
Le khmer angkorien, parfois rattaché aux deux périodes précédentes, est, comme son nom l’indique, le langage utilisé par l’administration de l’empire khmer, du {{S|9}} à son déclin vers le {{S|13}}. Il est attesté par de nombreuses inscriptions sur les temples et a été étudié par plusieurs chercheurs, dont Saveros Pou, Phillip Jenner ou Heinz Jürgen Pinnow.
 
=== Le khmer moyen ===
 
Avec la décadence de l’empire khmer, la langue perd de sa structure et connait de profonds changements en termes de morphologie, phonologie et de lexicologie. Dans le même temps, elle emprunte de nombreux termes aux voisins siamois, cham, lao, et dans une moindre mesure, annamite.
 
À partir du {{S|15}}, avec le développement du bouddhisme, la langue s’enrichit également de mots pâlis. Ces modifications feront qu’il ne sera pas possible pour une personne maîtrisant le khmer moyen, de comprendre le khmer ancien.
 
=== Le khmer moderne ===
 
Le khmer tel que parlé de nos jours n’apparait qu’au début du {{S|19}} ; son apparition précède de peu celle du « protectorat » français sur le Cambodge, qui changera les règles du jeu ; la langue de la nouvelle puissance tutélaire devenait celle de l’aristocratie et de l’intelligentsia cambodgiennes. C’est aussi dans cette période que la langue khmère s’enrichi de nombreux termes français, notamment dans les domaines techniques, administratifs et médical. Toutefois, au milieu du {{S|20}}, plusieurs lettrés, conduits par un moine du nom de Chuon Nath entreprirent de « khmériser » ces termes en leur trouvant des racines khmères, pâlies ou sanscrites.
 
Depuis la fin du {{S|20}} l’émergence de nouvelles technologies amenèrent de nouveaux mots d’origine thaïe, vietnamienne ou anglaise.
 
== La langue khmère ==
 
=== Le ton ===
 
Contrairement aux autres langues du sud-est asiatique, le khmer est mono-tonal. Ainsi, alors qu’en [[vietnamien]] le mot ma peut prendre cinq significations différentes suivant l’intonation<ref>D’après Wikipédia, la [[w:Vietnamien|langue vietnamienne]] comprendrait officiellement 6 tons, le [[w:Thaï|Thaï]] 5 ...</ref>; on ne rencontre pas cette difficulté en khmer.
 
=== La grammaire ===
 
Comparé à la [[Département:Grammaire française|grammaire française]], la langue khmère comporte beaucoup moins de règles. Ainsi, à de rares exceptions, les mots sont invariables (on rajoute un nombre ou un adverbe comme beaucoup, un peu … pour indiquer la quantité, on précise mâle ou femelle si nécessaire …) alors que les verbes ne sont utilisé qu’à l’infinitif ; on rajoutera une information (hier, demain, le mois dernier …) pour indiquer le temps, ou, au besoin, un auxiliaire modal pour marquer le passé ou le futur.
 
=== Les registres de la conversation ===
 
Concernant les subtilités qui peuvent déconcerter, on se doit d'aborder les multiples registres de la conversation qui obligent le locuteur à adopter des termes différents suivant le statut social (supérieur, subordonné, famille royale, religieux, ...) et du degré de familiarité (ami, parent, aîné, cadet, ...) avec la personne à qui il s'adresse. Là où le français se limite au tutoiement et au vouvoiement, le khmer utilise une infinité de formules avec chacune son vocabulaire associé.
 
Ainsi, le terme manger se traduira par ɲɑm si on s’adresse à un semblable, sɑoj si on s’adresse à un membre de la famille royal, hop pour un subordonné, si pour un animal, pisɑ pour un supérieur ou un aîné et tçɑn pour un religieux<ref>{{Lien web | url = http://www.angkor-planet.com/dico/dicoFRKH.html | titre = Dictionnaire français > khmer | auteur = Bruno Levy | site = Angkor Planet | consulté le = 6 novembre 2012}}</ref>.
 
Il faut par contre reconnaître qu’il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une conversation avec la famille du roi, qui de surcroît est souvent francophone.
 
=== Les sons ===
 
Certains sons tels que le ʃ (''ch'' de ''ch''ien), ɡ (''g'' de '''g'''rand), z (''z'' de ''z''one), ʒ (''j'' de ''j''eune) ou le f (''f'' de ''f''emme) sont relativement récents dans la langue khmère et ne possèdent pas de consonne dédiée.
 
À l’opposé, les consonnes ŋ (''ng'' à la fin de parki''ng''), tç (avec un ''ch'' allemand comme dans i''ch'') ou ɹ (''r'' roulé) n’ont pas d’équivalent en français.
 
=== La traduction littérale ===
 
Vue l’origine différente des langues européennes et austro-asiatiques, il n’est pas étonnant que la structuration lexicologique divergente. De ce fait, il existe peu de termes dont les représentations en français et en khmer soient identiques. Une traduction mot à mot des phrases d’une langue vers l’autre donnera donc des résultats singuliers.
 
Ainsi le mot ពង(pɔŋ) peut se traduire par œuf, bosse, goitre, voire des parties génitales masculines.
 
Au contraire, le mot riz se traduira អំបុក (ambok) s’il est pillé, បាយ (bɑi) s’il est cuit, អង្ករ (ɑ̃ŋkoɹ) s’il s’agit de semences, សំណាប (samnɑp) s’il s’agit de pousses, ស្រុវ (sɹow) s’il n’est pas décortiqué, ដំណ៌ប (damnɑøp) pour du riz gluant …
 
=== La transcription phonétique ===
 
L’une des premières difficultés à laquelle sera confronté le nouvel apprenant sera la retranscription des mots appris. Trois écoles s’affrontent :
 
La méthode la plus courante dans les méthodes à bon marché est la retranscription à partir des sons français ou anglais. Si cette solution présente l’avantage d’être facilement assimilable, elle montre ses limites dès que l’on aborde les sons spécifiques au khmer ou les voyelles courtes ou longues dont le concept est inconnu dans les langues européennes. À titre d’exemple, toujours à propos des voyelles, le français se compose, suivant les études, de 13 à 15 sons, alors que le khmer en exige 24 à 32 différents.
 
La seconde possibilité serait de passer directement à l’apprentissage de l’écriture de la langue khmère et de commencer par maitriser les subtilités des 33 consonnes et 24 voyelles avant de débuter l’enseignement de la langue. Outre le caractère fastidieux de l’apprentissage, le fait que comme pour le français, l’écriture est de nature plus historique que logique et comporte de ce fait d’innombrables exceptions obligera d’adopter régulièrement un autre référentiel.
 
La troisième solution serait d’utiliser l’alphabet phonétique internationale, mais cela requiert un apprentissage, certes moins long que celui de l’écriture khmère, avant de débuter celui de la langue. C'est toutefois la solution généralement retenue sur les départements de la [[Faculté:Langues étrangères|Faculté de Langues étrangères]] de Wikiversity.
== L’écriture khmère ==
 
La langue khmère s’écrit au moyen d’un alphabet originaire de l’Inde du sud et dérivé du Sanscrit qu’il a fallu adapter à la phonétique locale en rajoutant certaines voyelles.
 
=== Lecture alpha-syllabique ===
 
L’alphabet khmer est composé de 33 consonnes, 24 voyelles et 15 voyelles dites indépendantes. Si l’écriture se fait bien de gauche à droite, comme pour l’essentiel des langues européennes, les voyelles se mettent, suivant le cas, à gauche, à droite, en haut ou en bas de la consonne avec laquelle elles s’accordent. Cette particularité fait que la lecture ne se fera pas lettre par lettre, mais syllabe par syllabe.
 
=== Deux classes de consonnes ===
 
Les consonnes sont toujours phonétiquement associées à une voyelle ; quand cette dernière n'est pas écrite, la consonne utilisera ce qu’on peut appeler une voyelle implicite ou inhérente dont le son dépendra du groupe auquel appartient cette consonne.
 
Les consonnes légères ou ouvertes sont au nombre de 15 et se prononce avec la voyelle implicite ɔ (comme dans le ''o'' de p''o''mme)
 
Les consonnes fermées, sourdes ou lourdes, sont au nombre de 18 et se prononce avec la voyelle implicite o (comme dans le ''ô'' de p''ô''le).
 
Ces voyelles implicites font que les mots uniquement composés de consonnes sont courants dans la langue khmère.
 
De la même manière les voyelles changeront de son suivant qu’elles soient associées à une consonne ouverte ou fermée.
 
=== Pas de séparation des mots ===
 
L’une des grandes difficultés pour le lecteur débutant, et pour les logiciels de traitement de texte qui doivent gérer les retours automatiques à la ligne, est que l’espace n’est pas utilisé pour séparer les mots, mais plutôt pour marquer une pause dans la phrase, là où les langues européennes mettraient des virgules. Le fait d’avoir ainsi les mots accolés les uns aux autres peut dérouter au départ, mais avec un peu d’entrainement, la difficulté est rapidement contournée.
 
== Sources ==
 
* {{ouvrage| titre = Parler le cambodgien, comprendre le Cambodge | auteurs = Pierre-Régis Martin & Dy Datsy | éditeur = Regissy éditions | lieu = Nogent sur Marne | jour = 14 | mois = décembre | année = 1999 | pages = 374 | isbn = 2-9514195-03}}
* {{ouvrage| titre = Khmer au quotidien | auteurs = Jean Michel Filippi, Hiep Chan Vicheth, Srin Sereyat, Chan Somnoble, Norng Sophy, Kit Calineat, Chhun Kun Bopha & Mao Bonna | éditeur = Funan| année = 2004 | pages = 297 | isbn = 2-911549910}}
* {{ouvrage| titre = Manuel de khmer | auteurs = Khin Sok | éditeur = You Feng| année = 2002 | volume = 1 | pages = 305 | isbn = 978-2842790684}}
* {{ouvrage| titre = La grammaire du khmer moderne | auteurs = Khin Sok, Sukh Ghẏn | éditeur = You Feng | jour = 1 | mois = janvier | année = 1999 | pages = 606 | isbn = 978-2842790868}}
* Article [[w:Khmer|Khmer]] sur Wikipédia
 
== Notes & références ==
 
{{Références}}