« Recherche:Clefs pour mieux comprendre le monde et participer à son évolution » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Ligne 685 :
La [[w:vallée du Nil|vallée du Nil]] est une [[w:oasis|oasis]] de plus de mille kilomètres de long. Quand le [[w:Sahara|Sahara]] commença de devenir un désert, une partie de ses habitants se déplaça vers cette terre d’accueil. La civilisation égyptienne est peut-être née de la rencontre de ces nouveaux venus avec les populations qui y étaient déjà installées <ref>Les Égyptiens situaient le berceau de leur civilisation dans un pays légendaire : le [[w:Pount|]]. Dans la plupart des traditions, on pense qu’il devait se trouver le long des côtes de l‘[[w:Afrique de l’Est|]], à l’emplacement du [[w:Soudan|]]. Il existe effectivement en [[w:Éthiopie|]], une région où l’on observe encore des coutumes présentant de profondes similitudes avec celles qui avaient cours au temps des [[w:pharaons|]]. Peut-être s’agit-il des vestiges de ce lointain passé ?</ref>. D’abord indépendantes, les cités du bord du [[w:Nil|Nil]] se sont peu à peu trouvées réunies au sein d’ensembles de plus en plus vastes.
 
L’union de la Haute et de la Basse [[w:Égypte|Égypte]] s’acheva vers 3200 av JC. Malgré les crises internes et les occupations étrangères, l’identité culturelle du royaume se maintiendra sans grand changement durant trois millénaires.
[[File:All_Gizah_Pyramids.jpg||right|frameless]]
 
L’union de la Haute et de la Basse [[w:Égypte|Égypte]] s’acheva vers 3200 av JC. Malgré les crises internes et les occupations étrangères, l’identité culturelle du royaume se maintiendra sans grand changement durant trois millénaires. La société Égyptienne était fondée sur un système de valeurs très différent du nôtre. Toute la vie s’organisait autour de la personne du roi. La Tradition attribuait au monarque une essence divine. Intermédiaire entre le monde des Hommes et celui des dieux, il était considéré comme le conducteur et protecteur du peuple. Toutes les ressources du royaume convergeaient vers le souverain. Lui-même était tenu de s’acquitter d’une foule d’obligations et sa personnalité devait s’effacer derrière ce qu’il symbolisait. Par un processus d’identification, l’immense majorité de ses sujets avait sans doute le sentiment de s’élever en travaillant pour lui. Du moins au début car cet ordonnancement n’allait pas résister à l’épreuve du temps.
 
Dès l’aube du III e millénaire, cette conception unitaire commencera à se fissurer. Peu à peu, les aspirations individuelles demanderont à s’exprimer. Le sentiment d’appartenance cédera du terrain devant la revendication à une destinée personnelle. Le scepticisme se répandra et chacun osera prétendre à un privilège autrefois réservé au roi : celui de pouvoir accéder à l’éternité. Tout au long de son Histoire, le pays connaîtra des révolutions, des moments d’anarchie et des longues périodes de domination étrangère.
 
[[File:Egypte_louvre_144_hieroglyphesEgypte_louvre_066.jpg||right|frameless]]
 
La cohésion sera cependant chaque fois restaurée : en général sur des bases plus adaptées à l’esprit du temps. Le roi était chargé de préserver l’ordre [[w:cosmique|cosmique]] tout en insérant son action dans le mouvement de l’Histoire. Par l’accomplissement des rites, il coopérait avec les dieux afin d’empêcher le retour au chaos. Dans les différentes Traditions égyptiennes, le multiple est issu de l’[[w:Un|Un]] qui lui a donné naissance par son pouvoir créateur. Les divinités symbolisent les principes à l’œuvre derrière les phénomènes. Il ne s’agit pas de simples forces mais de personnes pouvant se manifester sous différentes formes. Elles étaient représentées avec des têtes d’animaux pour évoquer leurs qualités et leurs fonctions, mais aussi pour éviter toute assimilation à l’être humain.
Ligne 697 ⟶ 699 :
En Égypte, la recherche de l’immortalité était une préoccupation majeure. En raison de son unité avec l’âme, le corps devait être soigneusement préservé et placé dans sa demeure d’éternité. C’est seulement à cette condition que son âme pouvait venir l’habiter. Les offrandes régulières assuraient elles aussi, par un canal subtil, la survie du défunt. Avant d’accéder à l’au-delà, chacun devait affronter l’épreuve de la pesée de son cœur mystique. Ce qui servait de référence était le [[w:Maat|Maat]] <ref>La nature du Maat peut être entrevue à la lueur de ces paroles admirables dont, malheureusement, je ne connais pas l’auteur : « Chacun est porteur d’une vérité qu’il ignore et qu’il trouve à force d’interroger son propre cœur. »</ref> : une entité subtile aux multiples aspects. Incarnation de la justice et de la vérité, fondement de la morale, sagesse de la mère universelle, le Maat était aussi l’équivalent du [[w:nectar|nectar]] et de l’[[w:ambroisie|ambroisie]].
 
[[File:Egypte_louvre_066Egypte_louvre_144_hieroglyphes.jpg||right|frameless]]
 
Les souverains égyptiens se faisaient construire des monuments funéraires imposants. Considérées comme des rayons de lumière matérialisés, les pyramides assuraient
tout particulièrement le lien entre le Ciel et la Terre. Aujourd’hui encore, le caractère presque surhumain de ces constructions impressionne. D’une masse totale de deux millions de tonnes, la pyramide de [[w:Kéops|Kéops]] est composée de blocs pesant en moyenne deux tonnes. La majeure partie du travail était assurée par les paysans durant la période où leurs terres étaient inondées. En Égypte, l’[[w:esclavage|esclavage]] ne fut introduit que tardivement. L’organisation sociale n’était pas égalitaire et la majeure partie de la population vivait plutôt dans d’humbles conditions. Les femmes étaient généralement écartées des fonctions importantes mais il semblerait que, pour l’époque, elles aient bénéficié d’une position relativement honorable. Dans la tradition biblique, la solidarité est horizontale, chaque être étant théoriquement l’égal d’un autre. Les Égyptiens avaient au contraire une conception verticale de la solidarité : chacun était au service de celui qui le précédait et en échange il recevait sa protection. C’est ainsi que s’opérait la circulation entre le Ciel et la Terre, pour la prospérité de tous et avec l’espoir de l’immortalité.
 
[[File:Egypte_louvre_144_hieroglyphes.jpg||right|frameless]]
L’art était animé par la même volonté de triompher de la mort. Les édifices grandioses se dressent comme un défi, un rempart contre le néant, l’oubli et les assauts du temps. Un indicible sentiment d’éternité s’en dégage. Les Égyptiens ont réussi à imprimer dans la pierre, leurs aspirations à un monde d’équilibre et de beauté. Ils y ont inscrit leur espoir de parvenir à s’élever au dessus de la condition humaine. Néanmoins, bien que leur art soit orienté vers l’au-delà, il nous laisse aussi entrevoir un grand amour de la vie et tout l’éventail des raffinements que les Égyptiens lui apportaient pour la mettre en valeur. Les peintures riches en couleurs célèbrent un corps sublimé mais respecté dans toutes ses dimensions. L’écriture elle-même est un art aux lignes très pures. Comme les [[w:hiéroglyphes|hiéroglyphes]] pouvaient être compris à plusieurs niveaux, ils éveillaient des résonances en chacun. Et ceci, quel que soit son degré d’instruction. Des millénaires durant, ils contribuèrent à relier les membres du plus grand état de l’[[w:Antiquité occidentale|Antiquité occidentale]].
 
[[File:HouseAltar-AkhenatenNefertitiAndThreeOfTheirDaughters.png||right|frameless]]
 
Vers le milieu du II e millénaire av. J.-C., l’Égypte fut gouvernée par deux personnalités hors du commun : une femme dotée d’un caractère que l’on qualifie habituellement de viril, et un homme chez qui le côté féminin était particulièrement développé. Durant l’Antiquité, peu de femmes ont dirigé leur pays. La reine [[w:Hatshepsout|Hatshepsout]], elle, a détenu le pouvoir pendant vingt ans. Cette grande reine a laissé un souvenir exemplaire : durant son règne, le pays connut une période de paix et de prospérité. [[w:Akhenaton|Akhenaton]] eut lui aussi un destin exceptionnel pour l’époque. Au XIVe siècle avant notre ère, ce [[w:pharaon|pharaon]] rompit avec les traditions en vigueur. Pour rendre le divin moins inaccessible, il mit au premier plan [[w:Aton|Aton]] : le dieu sans visage, représenté par le disque solaire, celui qui dispense la vie et prend soin de tous. [[w:Akhenaton|Akhenaton]] tenta d’introduire plus d’humanité dans tous les domaines de l’existence. Sous l’impulsion de ce réformateur, l’art se libéra de ses codes habituels. Les portraits furent moins idéalisés. La singularité de chaque être fut davantage mise en lumière. Akhenaton innova aussi en matière de gouvernement, et son épouse, [[w:Néfertiti|Néfertiti]], fut directement associée aux affaires du royaume. Mais les deux souverains se heurtèrent à de très fortes oppositions et les difficultés de toute nature eurent finalement raison de leur union. À leur mort, l’[[w:orthodoxie|orthodoxie]] fut rétablie. Mais les idées qu’ils avaient introduites poursuivirent discrètement leur chemin.
 
Un millénaire plus tard, après une période de domination grecque, [[w:Alexandre de Macédoine|Alexandre de Macédoine]] prendra le pouvoir. Il fondera la ville d’[[w:Alexandrie|Alexandrie]] qui deviendra la capitale de l’[[w:hellénisme|hellénisme]]. C’est là qu’en 304 av JC, [[w:Ptolémée|Ptolémée]] 1er créera le prestigieux musée d’Alexandrie : centre de recherche et bibliothèque où se trouvait rassemblé tout le savoir de l’Antiquité occidentale.
 
La dynastie grecque se terminera trente ans avant notre ère à la mort de [[w:Cléopâtre|Cléopâtre]]. Après avoir été longtemps un brillant empire, la région du Nil deviendra une simple province romaine. Le christianisme s’implantera très tôt. Il coexistera avec les écoles philosophiques issues de Grèce. L’Égypte fera partie de l’[[w:Empire Byzantin|Empire Byzantin]] jusqu’à l’arrivée des [[w:Arabes|Arabes]] qui introduiront l’[[w:Islam|Islam]].