« Recherche:Clefs pour mieux comprendre le monde et participer à son évolution » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Ligne 789 :
 
Au cours de leur Histoire, les Israélites furent déportés à plusieurs reprises : ceux du royaume du Nord en [[w:Assyrie|Assyrie]] en 721 av. J.-C. ; ceux du Sud au VIe av. J.-C. en [[w:Babylonie|Babylonie]]. À partir de 540 avant notre ère, grâce à l’autorisation du roi [[w:Perse|Perse]] [[w:Cyrus|Cyrus]] qui venait de conquérir la cité, les captifs pourront retourner en [[w:Judée|Judée]] et reconstituer leur nation. En l’an 70 de notre ère, les Romains détruisirent [[w:Jérusalem|Jérusalem]]. La résistance à l’oppression fut parfois héroïque mais la puissance de Rome était trop importante pour qu’elle puisse être couronnée de succès. Une dernière révolte eut lieu au II<sup>e</sup> siècle ; elle fut sévèrement réprimée. Un grand nombre de juifs furent alors expulsés de Palestine. La plupart s’exilèrent dans les pays du pourtour de La [[w:Méditerranée|Méditerranée]]. Certains furent vendus comme esclaves.
 
[[File:Die Plage (The Plague) by Harley Gaber, a multipanel selection from exhibit at Southwestern College, San Diego, CA.jpg|right|frameless]]
 
Tout en conservant leur culture, les juifs assimileront celles des pays où ils s’implanteront, contribuant ainsi à la prospérité de leur terre d’accueil. Tributaires du bon vouloir des différents régimes, ils seront souvent victimes d’exclusions et de persécutions. L’idée d’un retour au pays ne quittera jamais les Israélites. Pendant longtemps, cela restera un simple espoir car les conditions ne le permettront pas. Un projet visant à constituer un état indépendant sera conçu vers la fin du XIXe. Il se concrétisera en 1948 par la création de l’état d’Israël, quelques années à peine après cet évènement infiniment désespérant que fut la « [[w:Shoah|Shoah]] » : la tentative d’extermination totale des juifs par les [[w:nazis|nazis]].
Ligne 794 ⟶ 796 :
À l’intérieur de l’Histoire connue, les [[w:Hébreux|Hébreux]] furent sans doute les premiers à vouer un culte à un dieu unique. – Il n’existe dans ce monothéisme aucune divinité secondaire. Ainsi que l’a défini [[w:Maïmonide|Maïmonide]], Dieu est éternel et infini. Pur esprit, il ne peut être représenté sous aucune forme. Créateur du Ciel et de la Terre, il rappellera les morts à la vie. Durant le cours de leur existence, les êtres humains sont récompensés ou punis en fonction de leur obéissance à sa Loi. Bien que tout puissant, Dieu n’a pas achevé le monde : il a chargé l’être humain de mener à bien cette tâche. Mais celui-ci ne se montre pas toujours à la hauteur de ce qui est attendu de lui et il s’écarte parfois du projet divin. [[w:Adam et Ève|Adam et Ève]] ont été chassés du paradis pour avoir voulu déterminer par eux-mêmes les critères du bien et du mal alors que [[w:Yahvé|Yahvé]] leur avait seulement donné l’autorisation de nommer les choses. La Bible (ou [[w:Torah|Torah]]) invite à faire régner la justice et à respecter tout Homme, même s’il est esclave ou étranger. Sur d’autres points par contre, elle défend un système de valeurs assez éloigné de celui qui semble légitime actuellement. Ceci est particulièrement le cas pour les préceptes d’ordre familial ou certaines règles d’hygiène.
 
[[File:Haguenau Musée judaïsme 2.JPG||right|frameless]]||right|frameless]]
 
Comme tout livre considéré comme sacré, la [[w:Bible|Bible]] comporterait plusieurs niveaux de lecture. Pour les Kabbalistes, le texte serait même codé. En utilisant certaines clés mettant en jeu des correspondances entre lettres et chiffres, il serait possible d’accéder à un sens secret. La [[w:Kabbale|Kabbale]] est une tradition [[w:ésotérique|ésotérique]] pour laquelle, avec l’aide de Dieu, tout peut être transformé. Le [[w:Hassidisme|Hassidisme]] est un de ses prolongements. Ce mouvement est apparu au sein du [[w:judaïsme|judaïsme]] dans le courant du [[w:Moyen-Âge|Moyen-Âge]]. Ses adeptes se distinguent souvent par leur ferveur et le zèle ardent avec lequel ils observent les préceptes religieux. Se considérant comme de simples instruments entre les mains de leur créateur, ils mettent l’accent sur la sincérité et l’intention profonde. Le Hassidisme connut une importante résurgence au XVIII e, en particulier en [[w:Europe centrale|Europe centrale]]. Certains de ses caractères le rapprochent beaucoup du [[w:Soufisme|Soufisme]], un courant qui lui a émergé au sein de l’Islam. Alliant mystique et interrogation existentielle, certains maîtres s’appliquaient à susciter chez leurs disciples une remise en question permanente. Les contes et la danse extatique occupent une place non négligeable dans la pratique. Pour les Hassidismes, ce que la personne éprouve est plus important que l’obéissance à la lettre. Les émotions négatives elles-mêmes ne doivent pas être tues : quand elles sont sublimées par la parole authentique, elles libèrent leur contrepartie positive.
 
Dans la Tradition biblique, l’Histoire est orientée ; elle est une marche vers la lumière, la justice et la paix. L’Homme ne doit donc pas se soumettre aux déterminismes naturels mais les utiliser pour le plus grand bien, en accord avec la volonté divine qui a donné naissance à tout ce qui existe. Si les juifs ont été victimes de tant de haine, peut-être est-ce en partie à cause de l’irritation que suscite la notion de [[w:peuple élu|peuple élu]] ? Mais une autre raison, celle-ci plus profonde, est sans doute à l’origine de cet acharnement. Les juifs ne se contentent pas de rechercher un salut dans un au-delà ou sur un autre plan. Ils sont les dépositaires d’une tradition qui affirme que, sur Terre, le bien finira par triompher absolument. Et ceci sera réalisé en partie grâce à l’action de l’Homme. L’enjeu se trouve dans ce monde-ci et la lutte ne peut ni ne doit être évitée. Il n’est donc pas surprenant qu’ils se heurtent à de farouches oppositions. Nous sommes bien entendu ici sur un terrain de simples hypothèses. L’identité juive actuelle est d’ailleurs difficile à cerner. Il ne s’agit pas d’un groupe ethnique défini et ceux qui s’en réclament sont parfois athées.
 
[[File:BismillahanimatedChrist with beard.gif|jpg|right|frameless]]
 
Aux alentours de l’an 30 de notre ère, un juif nommé [[w:Jésus|Jésus]] est mort crucifié à Jérusalem. Il a été condamné à ce supplice par les Romains car il déclarait être le [[w:Messie|Messie]] et dispensait un enseignement qui dérangeait une partie des autorités religieuses du peuple dont il était issu. Il devait sans doute aussi inquiéter les occupants romains car la crucifixion était habituellement réservée aux esclaves et à ceux qui se révoltaient contre Rome. Jésus affirmait que l’amour de Dieu et l’amour du prochain sont indissociables – il rappelait aussi discrètement à chacun qu’il doit s’aimer lui-même. Par ses paroles et par ses actes, il incitait ses disciples à aimer tous les Hommes quels qu’ils soient, y compris leurs ennemis. Il leur recommandait également de pardonner et de s’abstenir de juger autrui. Ceci n’excluait pas de sa part de vigoureuses dénonciations de l’ordre établi et des pratiques qui lui semblaient offenser Dieu. Un jour il alla même jusqu’à chasser les marchands du Temple, ce qui dut lui valoir quelques inimitiés.
Ligne 817 ⟶ 821 :
 
L’[[w:Islam|Islam]] est né en [[w:Arabie|Arabie]], un de ces pays très arides où la vie se trouve concentrée autour des oasis et des caravanes. Au moment de son apparition, La [[w:Mecque|Mecque]] était déjà le centre commercial et religieux de toute la région. C’est là qu’à partir de l’année 612 de l’ère chrétienne, [[w:Mahomet|Mahomet]] commença à recevoir des révélations par l’intermédiaire de l’[[w:archange Gabriel|archange Gabriel]]. Le [[w:Coran|Coran]] est la transcription de ce qui lui a été communiqué.
 
[[File:باب وكسوة الكعبة.jpg|right|frameless]]
 
Les cinq piliers de l’Islam sont : la profession de foi en un seul Dieu dont Mahomet est le prophète, les prières quotidiennes, l’aumône due aux pauvres, le jeûne du [[w:Ramadan|Ramadan]] et, pour ceux qui le peuvent, le pèlerinage à La Mecque. Les musulmans croient en l’existence de l’âme, au jugement dernier et à la résurrection. Ils reconnaissent la valeur des témoignages d’[[w:Abraham|Abraham]], [[w:Moïse|Moïse]] et [[w:Jésus|Jésus]] : tous prophètes au même titre que Mahomet. Celui-ci étant le point d’aboutissement de cette lignée, son message est considéré comme la récapitulation de ceux qui l’ont précédé. Selon une interprétation assez répandue, il ouvrirait l’ère de la raison, désormais d’actualité maintenant que les temps sont mûrs et que Dieu n’intervient plus directement dans les affaires du monde.
 
[[File:Supplicating_Pilgrim_at_Masjid_Al_Haram._Mecca,_Saudi_Arabia.jpg||right|frameless]]
 
D’après le Coran, Dieu est un pur esprit, infini, unique et incréé : il ne peut donc pas s’incarner dans un être humain ou une idole. Et comme lui seul est libre, s’en remettre à sa volonté est la seule façon de participer à sa Liberté. Telle est l’origine de la soumission spirituelle fréquemment invoquée par ceux qui se réclament de la révélation coranique.
 
Au sein de l’Islam, le message purement spirituel se trouve accompagné d’un ensemble de coutumes qui proviennent de la culture locale de l’époque. Chaque religion comporte ainsi des éléments qui n’ont rien d’essentiel mais qui se trouvent simplement avoir été dictés par le contexte. Certaines des directives de l’islam semblent difficilement compatibles avec les aspirations du monde actuel, alors qu’au moment où elles ont été formulées, elles représentaient un réel progrès dans le sens de la dignité humaine, y compris celle de la femme. De nos jours cependant, de nouvelles possibilités sont apparues et elles permettent d’envisager, sans restriction aucune, l’autonomie de la personne. Les codes et les ancrages de circonstance doivent être renouvelés en fonction des situations. Les difficultés ne sont pas insurmontables. Le noyau central de chaque religion peut même devenir un élément dynamique au service du progrès. C’est notamment le cas de l’islam qui porte bien haut l’idéal de fraternité, croit en l’être humain, fait confiance à la raison et refuse les intermédiaires entre L’Homme et Dieu. Nul n’a le monopole de l’attitude juste. En divers points du Globe, la civilisation occidentale contemporaine apparaît parfois comme une forme de barbarie ; en particulier à cause du fait que presque tout y est traité comme une marchandise et mis en concurrence, y compris le corps ou des valeurs traditionnellement considérées comme sacrées.
 
[[File:Supplicating_Pilgrim_at_Masjid_Al_Haram._Mecca,_Saudi_Arabia.jpg||right|frameless]]
 
Par son idéal de solidarité, la religion islamique encourageait un dépassement des rivalités tribales, des liens du sang et des intérêts personnels. L’individu se trouvait soudain partie intégrante d’une vaste communauté qui transcendait toutes les frontières. Cette foi nouvelle devint pour beaucoup le point de ralliement. Dans le Coran il est écrit : « il n’y a pas de contrainte en religion. » L’Histoire allait cependant en décider autrement. Après avoir été longtemps méconnu et tourné en ridicule, Mahomet allait progressivement être amené à jouer un rôle diplomatique. Il devint même un chef politique et militaire important. L’islam connut une rapide expansion, en partie à cause de ses succès militaires, mais également grâce à sa morale et au dynamisme qu’il engendrait. La clarté et la simplicité de sa doctrine lui permettaient de rencontrer une large adhésion populaire et de s’adapter à de nombreuses situations. Il apportait l’espoir aux désemparés et à ceux qui subissaient le joug d’une classe dominante ou d’une puissance étrangère. Pour eux il représentait souvent l’unique possibilité d’évolution, la seule perspective exaltante. Aujourd’hui encore, il suscite l’espérance au sein des communautés qui se retrouvent dans des situations analogues.
 
[[File:Bismillahanimated.gif||right|frameless]]
 
La religion musulmane réalisa l’unification du monde arabe, très divisé jusque là. Elle permit l’édification d’un empire qui, au VII e siècle, s’étendait de l’[[w:Espagne|Espagne]] à l’[[w:Indus|Indus]], incluant même une partie de la [[w:Chine|Chine]]. Une culture raffinée s’y développa avec de nombreux centres prestigieux, de [[w:Cordoue|Cordoue]] à [[w:Samarcande|Samarcande]] et même au delà. Les arts, les sciences et la philosophie y étaient souvent encouragés et purent atteindre des niveaux élevés. Il y eut ainsi des époques d’équilibre entre la foi et la raison. Pour l’islam, le monde est le langage de Dieu et peut être déchiffré. C’est à [[w:Bagdad|Bagdad]] que se constitua ce qu’on pourrait considérer comme la première académie des sciences. Au XIe siècle, la civilisation arabo-musulmane élaborait des méthodes qui incluaient preuve et expérimentation. Les [[w:Mongols|Mongols]] disloqueront ce bel édifice. À partir du X<sup>e</sup> siècle, des combattants musulmans d’Asie centrale accèderont au pouvoir en divers endroits. Les [[w:Turcs|Turcs]] remplaceront les Arabes à la tête de l’empire. Ils s’empareront même de [[w:Constantinople|Constantinople]] en 1453. L’[[w:Empire Ottoman|Empire Ottoman]] va se constituer au XIVe siècle. Il deviendra, pendant un temps, la première puissance en Europe et imposera le respect au monde occidental, en particulier à son apogée, au XVIe, sous le règne de [[w:Soliman|Soliman]] le Magnifique… La première guerre mondiale amènera le démantèlement total de ce qui en subsistait.
 
[[File:Bismillahanimated.gif||right|frameless]]
 
Pour éviter toute forme d’idolâtrie, l’islam bannit des édifices religieux toute représentation naturelle. Il est en cela en plein accord avec l’interdit biblique qui exhorte à se détourner de l’image de la divinité pour en percevoir le reflet en soi-même. Les artistes musulmans utilisent donc toutes les ressources de leur imagination pour donner vie à l’abstraction. Les entrelacements et la répétition des motifs géométriques créent un monde où le temps semble aboli. L’accès à la [[w:transcendance|transcendance]] se trouve ainsi facilité. Grâce à l’art de la [[w:calligraphie|calligraphie]], les [[w:versets|versets]] du Coran échappent aux limites de la simple écriture. Pour un instant, au moins, ils donnent l’impression d’être un langage qui existe de lui-même, indépendamment de l’humain.