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Le regard que nous portons sur le passé n’est pas neutre. Il dépend de nos centres d’intérêt, de nos convictions et des problèmes que notre époque doit affronter. Selon le point de vue qui est adopté, le même événement peut être considéré comme une catastrophe ou revêtir un caractère providentiel. De plus, nous n’avons pas directement accès au passé : nous le reconstituons à l’aide de traces et de vestiges que nous interprétons. Les documents disponibles doivent eux aussi être traités avec une certaine prudence. Ils peuvent avoir été rédigés par des personnes mal renseignées ou peu objectives. Quand aux données qui ne peuvent pas s’inscrire dans le cadre des thèses communément admises, elles se trouvent souvent minimisées ou laissées temporairement de côté.
 
[[File:Diorama du Musée de Préhistoire des gorges du VerdonSépulture_de_Teviec_Global.jpg||right|frameless]]
 
En Histoire comme dans d’autres domaines, le chercheur de vérité doit donc être prêt à remettre en question ce qu’il croit savoir. Dans la recherche de nos plus lointains ancêtres, nous pouvons, de génération en génération, remonter jusqu’à l’origine de la vie. Les premiers êtres vivants à pouvoir être considérés comme des humains sont sans doute apparus il y a 2 ou 3 millions d’années, peut-être même davantage. Notre patrimoine génétique est proche de celui des singes supérieurs. Toutefois, grâce à quelques remaniements <ref>Les gènes régulateurs ont un rôle analogue à celui d’une horloge. Ils peuvent accélérer ou ralentir l’expression de certaines phases de développement. Ceci pourrait expliquer pourquoi l’être humain adulte possède certains caractères que les primates ont seulement à l’état juvénile. Le bébé chimpanzé a comme nous un crâne très développé, sans bourrelet au dessus des yeux. À l’état de fœtus, il a la peau nue. Lorsqu’il est adulte, ces caractères ont complètement disparu. Comme l’Homme nait « inachevé », chez lui le crâne et le cerveau continuent de se développer après la naissance. Le système nerveux va naturellement se construire en fonction de l’hérédité, mais l’expression des gènes se trouvera également influencée par les relations avec le milieu – en particulier la famille et la culture. L’augmentation de la grosseur du cerveau va de pair avec un rétrécissement de la mâchoire. Le [[w:trou occipital|trou occipital]] se trouve donc déplacé vers l’avant, ce qui facilite le redressement du corps. Parallèlement, le bassin se modifie, ce qui rend possible la marche [[w:bipède|bipède]]. De ce fait, Les mains se trouvent libérées, le regard peut se porter au loin et les déplacements demandent moins d’énergie.
 
[[w:Anne Dambricourt|]] a constaté que, depuis 60 millions d’années, le redressement de l’axe de la tête s’opère toujours dans le même sens, de manière régulière et selon les lois des [[w:mathématiques fractales|mathématiques fractales]]. Elle a également remarqué que, depuis les singes primitifs, la période embryonnaire se prolonge de plus en plus. Cette continuité semblant suivre une certaine logique, certains y voient une remise en question du caractère purement accidentel de l’évolution. Dans les milieux scientifiques les thèses Anne Dambricourt ont jusqu’à présent reçu un accueil mitigé.</ref> survenus à ce niveau, nous avons pu accéder à un développement d’une tout autre envergure. Tel est du moins le point de vue actuel de la science. Quel que soit le domaine, celle-ci demeure fidèle à sa méthode qui consiste à progresser à partir de ce qui est connu, sans faire intervenir des considérations d’un autre ordre ou des théories qui ne peuvent ni être ni démontrées ni vérifiées par des observations répétées.
 
[[File:Sépulture_de_Teviec_Global.jpg||right|frameless]]
 
Les premiers outils ont dû être taillés il a près de 2,5 millions d’années. Ils sont probablement l’œuvre d’[[w:australopithèques|australopithèques]] : nos présumés ancêtres. Appartenant comme nous à la famille des [[w:hominiens|hominiens]], ils sont considérés comme des êtres intermédiaires entre le singe et l’Homme. Les frontières sont ici difficiles à établir et dépendent des critères que l’on privilégie. Des ossements de pré-humains ont été retrouvés en Afrique uniquement ; c’est la raison pour laquelle on suppose que l’humanité est née en Afrique et qu’elle a ensuite colonisé l’ensemble de la planète, par vagues successives. Les plus anciennes traces de foyer datent de 500 000 ans. Grâce à la maîtrise du feu, l’Homme sera moins dépendant des conditions naturelles : il fera jaillir la lumière dans l’obscurité et pourra survivre dans les régions froides. Comme le feu effraie les animaux, il se sentira plus en sécurité. Une vie sociale plus étroite va pouvoir s’organiser autour du foyer qui revêtira parfois un caractère sacré.
 
100 000 ans avant notre ère, nos ancêtres offraient déjà des [[w:sépultures|sépultures]] à leurs semblables. La présence occasionnelle de [[w:cristaux|cristaux]] et de [[w:fleurs|fleurs]] témoigne des liens qui unissaient le défunt à ses proches ou à l’ensemble du groupe. Plus tard, les corps seront quelquefois saupoudrés d’[[w:ocre|ocre]] rouge ou enterrés dans la position du [[w:fœtus|fœtus]]. À ce stade, il s’agit indiscutablement de rites funéraires <ref>Pratiqué à cette époque, les pratiques [[w:anthropophages|anthropophage]] comportent deux versants qui se rejoignent. Ce peut être une façon de s’approprier la force de l’ennemi mais aussi un moyen grâce auquel les défunts peuvent continuer à vivre en celui qui consomme leur chair – le corps de ceux qui les aiment ou les respectent étant la meilleure sépulture.</ref>. Nous pouvons difficilement nous faire une idée de l’état d’esprit de ces temps reculés. Nos interprétations des indices sont nécessairement incomplètes : aujourd’hui encore, chez les [[w:Bochimans|Bochimans]], l’arc est à la fois arme et instrument de musique. Il n’est pas non plus possible d’établir une chronologie standard des étapes de développement. Celles-ci se chevauchent et varient beaucoup d’un endroit à l’autre.
 
[[File:Lascaux_painting.jpg||right|frameless]]
 
L’Homme s’adonne à l’art figuratif depuis au moins 30 000 ans. Les premières manifestations incontestables datent de cette époque ; mais elles ont vraisemblablement été précédées par d’autres, effectuées sur des supports périssables. L’art est sans doute né par petites touches à peine perceptibles, et les œuvres les plus anciennes resteront à jamais inconnues de nous. Dans le Sud de la France, l’art des cavernes a pris son essor une vingtaine de millénaires avant notre ère. Il s’agit presque toujours de représentations animales, parfois associées à des sign
100 000 ans avant notre ère, nos ancêtres offraient déjà des [[w:sépultures|sépultures]] à leurs semblables. La présence occasionnelle de [[w:cristaux|cristaux]] et de [[w:fleurs|fleurs]] témoigne des liens qui unissaient le défunt à ses proches ou à l’ensemble du groupe. Plus tard, les corps seront quelquefois saupoudrés d’[[w:ocre|ocre]] rouge ou enterrés dans la position du [[w:fœtus|fœtus]]. À ce stade, il s’agit indiscutablement de rites funéraires <ref>Pratiqué à cette époque, les pratiques [[w:anthropophages|anthropophage]] comportent deux versants qui se rejoignent. Ce peut être une façon de s’approprier la force de l’ennemi mais aussi un moyen grâce auquel les défunts peuvent continuer à vivre en celui qui consomme leur chair – le corps de ceux qui les aiment ou les respectent étant la meilleure sépulture.</ref>. Nous pouvons difficilement nous faire une idée de l’état d’esprit de ces temps reculés. Nos interprétations des indices sont nécessairement incomplètes : aujourd’hui encore, chez les [[w:Bochimans|Bochimans]], l’arc est à la fois arme et instrument de musique. Il n’est pas non plus possible d’établir une chronologie standard des étapes de développement. Celles-ci se chevauchent et varient beaucoup d’un endroit à l’autre.
 
L’Homme s’adonne à l’art figuratif depuis au moins 30 000 ans. Les premières manifestations incontestables datent de cette époque ; mais elles ont vraisemblablement été précédées par d’autres, effectuées sur des supports périssables. L’art est sans doute né par petites touches à peine perceptibles, et les œuvres les plus anciennes resteront à jamais inconnues de nous. Dans le Sud de la France, l’art des cavernes a pris son essor une vingtaine de millénaires avant notre ère. Il s’agit presque toujours de représentations animales, parfois associées à des signeses abstraits. Sur les parois de ces grottes admirablement peintes, l’être humain est très peu représenté. Les rares exceptions le font apparaître de manière discrète et sous des formes à peine esquissées. Situées souvent en des lieux difficilement accessibles, ces œuvres semblent répondre à des préoccupations à caractère [[w:magique|magique]] ou [[w:religieux|religieux]]. L’espoir d’une chasse fructueuse a pu jouer un rôle mais n’est pas seul en cause <ref>À [[w:Grotte de Lascaux|Lascaux]], on se nourrissait surtout de renne, pourtant cet animal n’est pour ainsi dire jamais représenté. Mais peut-être était-ce simplement en raison de son abondance ou parce qu’on pratiquait sa domestication ?</ref>. Pour leurs auteurs, ces représentations raffinées devaient plutôt être des supports permettant aux Hommes d’établir une relation privilégiée avec certains animaux. Grâce à ces liens, ils pensaient pouvoir s’imprégner de leurs caractères essentiels et acquérir ainsi les qualités qui les caractérisent – C’est, en tous cas, ce qu’un parallèle avec le chamanisme laisse supposer. Ces œuvres témoignent d’une observation très fine de la nature, mais les sujets ne sont pas traités de façon [[w:naturaliste|naturaliste]]. L’artiste semble avoir tenté de saisir des [[w:archétypes|archétypes]]: des formes dotées d’une vie propre et d’un pouvoir créateur.
 
[[File:Venus_von_Willendorf_01.jpg||right|frameless]]
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[[File:La louve (musée du Capitole).JPG|thumb|Romulus et Remus]]
Comme la plupart des peuples, les Romains se réclamaient d’origines prestigieuses. Après la chute de [[w:Troie|Troie]], [[w:Énée|Énée]] et ses compagnons auraient trouvé refuge dans le [[w:Latium|Latium]]. La fondation de [[w:Rome|Rome]] est attribuée à un de leurs descendants : le légendaire [[w:Romulus|Romulus]]. Fils d’une gardienne du feu sacré et du dieu Mars, Romulus aurait tracé à l’aide d’une charrue les limites de la cité, en 753 avant notre ère. Son frère jumeau, [[w:Remus|Remus]], ayant commis un sacrilège en franchissant avec dérision le sillon sacré, il se serait senti dans l’obligation de le tuer. Remus incarne la part de l’Homme que les Romains ont sacrifiée : celle de l’indicible, qu’ils ont ensevelie mais qui reste néanmoins très influente et dirige à leur insu le destin de Rome.
Au début, le voisinage des [[w:Étrusques|Étrusques]] et la proximité des colonies grecques ont sans doute été déterminants à maints égards, en particulier sur le plan culturel. Dans la première moitié du VI<sup>e</sup> siècle avant notre ère, la cité passera sous la domination des rois étrusques. Les Romains parviendront à se libérer, et, vers 509 av. J.-C., la république sera proclamée. En deux siècles, la cité parviendra à conquérir toute l’[[w:Italie|Italie]]. Elle entreprendra ensuite une série de guerres qui l’amèneront à étendre sa domination à tout le pourtour de la [[w:Méditerranée|Méditerranée]] et même au delà. [[w:Jules César|Jules César]] fut sans doute le personnage le plus représentatif de Rome. Ambitieux, habile stratège et excellent administrateur, il était implacable mais savait se faire aimer de ses troupes. Il entreprit d’importantes réformes, notamment pour mettre de l’ordre dans le calendrier et la vie publique. Il fut assassiné par une conjuration de sénateurs qui espéraient ainsi pouvoir sauver la République.
[[File:Roman Empire with provinces in 210 AD.png|thumb|L'Empire Romain en 210 av J.C]]
Un de ses fils adoptifs accèdera au pouvoir et deviendra, en 27 av. J.-C., le premier empereur romain. [[File:Jules César en buste.jpg|right|frameless]]La paix sera maintenue dans les provinces jusqu’au début du III<sup>e</sup> siècle de notre ère. Après la mort de [[w:Théodose|Théodose]], survenue en 395, l’empire sera partagé en deux. Celui d’Orient aura pour capitale [[w:Constantinople|Constantinople]]. l’Empire [[w:Byzantin|Byzantin]] se constituera à partir de ce centre. En son sein, [[w:christianisme|christianisme]] et pouvoir impérial se trouveront réconciliés. Ce puissant empire prolongera le Monde Antique et diffusera son héritage tout au long du Moyen-Âge. Siège de l’Église orthodoxe, [[w:Byzance|Byzance]] sera un important foyer culturel qui rayonnera sur l’Europe de l’Est et l’Orient méditerranéen. Il parviendra à se maintenir jusqu’en 1460. En Occident, les assauts des barbares iront en s’accentuant. Parfois, ces peuples n’avaient au départ aucune intention belliqueuse. Ils se trouvaient cependant dans l’obligation d’envahir d’autres pays car ils avaient dû fuir le leur, mis à feu et à sang par des envahisseurs – en particulier les [[w:Huns|Huns]], ces guerriers infatigables venus d’[[w:Asie centrale|Asie centrale]]. Ébranlé de toutes parts, l’Empire se morcèlera en plusieurs royaumes. En 476, un chef germanique prendra le pouvoir à Rome. Ce sera alors la fin de l’[[w:empire d’Occident|empire d’Occident]].
 
Au VI<sup>e</sup> siècle, un empereur byzantin réussira à reconquérir une partie du Bassin Méditerranéen. [[w:Justinien|Justinien]] ordonnera la révision des textes juridiques qui se trouveront rassemblés dans le célèbre code qui porte son nom. Grâce à lui, la législation romaine pourra se perpétuer en Occident. L’exigence d’un état devant être fondé sur le droit vient de là. Et il en va de même pour la possibilité du mariage par consentement mutuel et pouvant être dissous. Auparavant, il s’agissait avant tout d’une union conçue en fonction des intérêts des clans familiaux.
 
[[File:Roman_fresco_Villa_dei_Misteri_Pompeii_001.jpg||right|frameless]]
 
À Rome comme en Grèce, les [[w:droits civiques|droits civiques]] resteront réservés aux hommes libres. Les femmes demeureront exclues de même que les étrangers et les esclaves non affranchis. Le pouvoir sera presque toujours exercé par une petite classe de privilégiés : en général des propriétaires terriens. Au premier siècle avant notre ère, la citoyenneté romaine sera accordée à de nombreux habitants de la [[w:péninsule|péninsule]]. À partir de l’an 212, tous les peuples conquis pourront bénéficier des mêmes droits. En tant que citoyen, chaque homme libre aura désormais la possibilité d’en appeler à l’empereur pour faire valoir ses droits politiques et juridiques.
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Ce qu’on appelle la [[w:Paix Romaine|Paix Romaine]] couvre une période qui va de – 31 à 235 apr. J.-C. La cohésion de l’empire ne sera pas seulement assurée par la puissance militaire, l’efficacité de son réseau administratif aura une influence tout aussi déterminante. La diplomatie jouera également un rôle : pour prévenir les révoltes, le pouvoir fera toutes sortes de concessions. Chaque conquête sera l’occasion de pillages et une nouvelle source d’impôts. Les produits des provinces entreront en concurrence avec ceux de l’Italie. Ne pouvant plus écouler leurs produits, de nombreux petits paysans seront ruinés. Ils deviendront durablement des assistés et se trouveront contraints de faire le jeu des d[[w:émagogues|émagogues]] avides de pouvoir. Pour remédier aux crises sociales, les [[w:Gracques|Gracques]] effectueront un certain nombre de réformes, mais c’est en vain qu’ils tenteront de reconstituer une classe moyenne. Avec l’afflux de toutes ces richesses facilement gagnées, les possédants vont souvent sombrer dans le luxe clinquant et les plaisirs faciles. Beaucoup perdront même l’envie d’étudier. La plupart des Romains conserveront néanmoins un gout pour les exercices physiques et ils continueront à se montrer courageux en face de la douleur et de la mort.
 
Sur le plan religieux, Rome a tout d’abord été influencée par les conceptions des Étrusques. Les
[[File:Twelve_Labours_Altemps_Inv8642.jpg||right|frameless]]
 
[[File:Sépulture_de_Teviec_GlobalRoman_fresco_Villa_dei_Misteri_Pompeii_001.jpg||right|frameless]]
Sur le plan religieux, Rome a tout d’abord été influencée par les conceptions des Étrusques. Les divinités grecques sont ensuite venues s’y superposer. Les Romains pensaient qu’ils étaient les auteurs de leur destin. La plupart d’entre eux ne s’intéressaient guère à la [[w:mythologie|mythologie]]. Pour ces Hommes à l’esprit pratique, les dieux étaient surtout « fonctionnels ». Ils ne possédaient pas de volonté indépendante : ce n’étaient que des puissances déclenchées par les rituels et les formules. Pour obtenir leur appui, ce qui importait avant tout, c’était la stricte observance des rites. Quand les Romains transgressaient les prescriptions, ils se livraient à des simulacres pour sauvegarder les apparences et échapper ainsi à d’éventuelles représailles. À côté des sacrifices, des [[w:augures|augures]] et des cérémonies publiques, il existait un [[w:culte|culte]] domestique avec le foyer pour centre. Dans le cadre familial, c’est le père qui exerçait les fonctions de prêtre. Les Romains diffusaient leur culture jusque dans les provinces les plus reculées, mais eux-mêmes ne refusaient pas de s’ouvrir à ce qui provenait des autres civilisations. Pour satisfaire son besoin d’une religiosité plus profonde et personnelle, une partie de la population se tournera vers les cultes orientaux comme ceux d’[[w:Isis|Isis]], [[w:Mithra|Mithra]] ou [[w:Cybèle|Cybèle]]. Cette désaffection de la religion officielle prit progressivement de l’ampleur, surtout à partir du début de notre ère. Comme les chrétiens refusaient de sacrifier au culte impérial, ils furent tout d’abord combattus et persécutés. En 313, l’empereur [[w:Constantin|Constantin]], lui-même converti, autorisa la pratique du [[w:christianisme|christianisme]]. À l’extrême fin du IVe siècle, le catholicisme devint la religion d’état. On réprima les [[w:hérésies|hérésies]]. Les temples païens furent fermés, les combats de [[w:gladiateurs|gladiateurs]], abolis. À cette époque, la Grèce faisait partie de l’Empire. Étant assimilés à un culte, les [[w:Jeux Olympiques|Jeux Olympiques]] furent interdits en 394.
 
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Sur le plan religieux, Rome a tout d’abord été influencée par les conceptions des Étrusques. Les divinités grecques sont ensuite venues s’y superposer. Les Romains pensaient qu’ils étaient les auteurs de leur destin. La plupart d’entre eux ne s’intéressaient guère à la [[w:mythologie|mythologie]]. Pour ces Hommes à l’esprit pratique, les dieux étaient surtout « fonctionnels ». Ils ne possédaient pas de volonté indépendante : ce n’étaient que des puissances déclenchées par les rituels et les formules. Pour obtenir leur appui, ce qui importait avant tout, c’était la stricte observance des rites. Quand les Romains transgressaient les prescriptions, ils se livraient à des simulacres pour sauvegarder les apparences et échapper ainsi à d’éventuelles représailles. À côté des sacrifices, des [[w:augures|augures]] et des cérémonies publiques, il existait un [[w:culte|culte]] domestique avec le foyer pour centre. Dans le cadre familial, c’est le père qui exerçait les fonctions de prêtre. Les Romains diffusaient leur culture jusque dans les provinces les plus reculées, mais eux-mêmes ne refusaient pas de s’ouvrir à ce qui provenait des autres civilisations. Pour satisfaire son besoin d’une religiosité plus profonde et personnelle, une partie de la population se tournera vers les cultes orientaux comme ceux d’[[w:Isis|Isis]], [[w:Mithra|Mithra]] ou [[w:Cybèle|Cybèle]]. Cette désaffection de la religion officielle prit progressivement de l’ampleur, surtout à partir du début de notre ère. Comme les chrétiens refusaient de sacrifier au culte impérial, ils furent tout d’abord combattus et persécutés. En 313, l’empereur [[w:Constantin|Constantin]], lui-même converti, autorisa la pratique du [[w:christianisme|christianisme]]. À l’extrême fin du IVe siècle, le catholicisme devint la religion d’état. On réprima les [[w:hérésies|hérésies]]. Les temples païens furent fermés, les combats de [[w:gladiateurs|gladiateurs]], abolis. À cette époque, la Grèce faisait partie de l’Empire. Étant assimilés à un culte, les [[w:Jeux Olympiques|Jeux Olympiques]] furent interdits en 394.
[[File:Colosseo di Roma panoramic.jpg|thumb|l'intérieur du Colisée]]
Les Romains préféraient les combats de gladiateurs aux [[w:joutes oratoires|joutes oratoires]] de ceux qui tentent de sonder les profondeurs de la réalité. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles ils n’engendrèrent pas de philosophie propre. Les trois grands penseurs latins, [[w:Lucrèce|Lucrèce]], [[w:Cicéron|Cicéron]] et [[w:Sénèque|Sénèque]] se rattachaient respectivement à l’[[w:épicurisme|épicurisme]], à l’[[w:éclectisme|éclectisme]] et au [[w:stoïcisme|stoïcisme]] : trois courants d’origine grecque. Leur contribution est néanmoins immense. Sans les traductions et les commentaires romains, nous ne saurions presque rien des philosophes de la Grèce antique. Ce sont les latins qui ont diffusé leurs enseignements et leur ont permis d’exercer une influence durable. Dans le domaine de l’art, Rome s’est abreuvée aux mêmes sources d’inspiration. Ses artistes ont fait preuve de beaucoup de virtuosité et d’un réel amour des formes. Leurs œuvres témoignent d’un souci de réalisme tout à fait admirable. Cependant, par manque d’intériorité peut-être, les Romains sont restés dans l’ombre de leurs illustres modèles sans parvenir à s’en libérer. Leurs ouvrages d’art sont par contre les plus prestigieux que le monde ait connus. Ce n’est sans doute pas par hasard si c’est au travers des routes, des ponts et des aqueducs que les Romains parvinrent le mieux à exprimer leur génie : dans le domaine de la culture comme sur la scène de l’Histoire, ils ont avant tout eu un rôle d’intermédiaires.
 
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Si l’on en croit les sources actuelles, le peuple d’[[w:Israël|Israël]] serait parti de [[w:Mésopotamie|Mésopotamie]] au début du deuxième millénaire avant notre ère. Il aurait atteint la [[w:Palestine|Palestine]] quelques siècles plus tard. Comme la région était inhospitalière, une partie des israélites alla s’installer en [[w:Égypte|Égypte]]. À cette époque, le pays se trouvait sous la domination des [[w:Hyksos|Hyksos]]. Quand les Égyptiens reprirent le pouvoir, les Israélites furent réduits au servage. Au XIII e siècle av. J.-C., entraînés par [[w:Moïse|Moïse]], leur libérateur, ils purent reprendre le chemin de [[w:Canaan|Canaan]] : « la terre promise. » Ils créèrent un royaume dont l’apogée se situe au IXe av. J.-C., en particulier pendant les règnes des rois [[w:David|David]] et [[w:Salomon|Salomon]]. Une scission eut lieu ensuite, donnant naissance à deux entités distinctes : Israël, en [[w:Samarie|Samarie]] ; et [[w:Juda|Juda]], avec pour capitale [[w:Jérusalem|Jérusalem]].
[[File:Musée Henri Mathieu-Judaïsme (2).jpg|thumb|Les Tables de la Loi]]
 
[[Fichier:Isaak Asknaziy 02.jpeg|right|frameless]]
 
Au cours de leur Histoire, les Israélites furent déportés à plusieurs reprises : ceux du royaume du Nord en [[w:Assyrie|Assyrie]] en 721 av. J.-C. ; ceux du Sud au VIe av. J.-C. en [[w:Babylonie|Babylonie]]. À partir de 540 avant notre ère, grâce à l’autorisation du roi [[w:Perse|Perse]] [[w:Cyrus|Cyrus]] qui venait de conquérir la cité, les captifs pourront retourner en [[w:Judée|Judée]] et reconstituer leur nation. En l’an 70 de notre ère, les Romains détruisirent [[w:Jérusalem|Jérusalem]]. La résistance à l’oppression fut parfois héroïque mais la puissance de Rome était trop importante pour qu’elle puisse être couronnée de succès. Une dernière révolte eut lieu au II<sup>e</sup> siècle ; elle fut sévèrement réprimée. Un grand nombre de juifs furent alors expulsés de Palestine. La plupart s’exilèrent dans les pays du pourtour de La [[w:Méditerranée|Méditerranée]]. Certains furent vendus comme esclaves.
 
Tout en conservant leur culture, les juifs assimileront celles des pays où ils s’implanteront, contribuant ainsi à la prospérité de leur terre d’accueil. Tributaires du bon vouloir des différents régimes, ils seront souvent victimes d’exclusions et de persécutions. L’idée d’un retour au pays ne quittera jamais les Israélites. Pendant longtemps, cela restera un simple espoir car les conditions ne le permettront pas. Un projet visant à constituer un état indépendant sera conçu vers la fin du XIXe. Il se concrétisera en 1948 par la création de l’état d’Israël, quelques années à peine après cet évènement infiniment désespérant que fut la « [[w:Shoah|Shoah]] » : la tentative d’extermination totale des juifs par les [[w:nazis|nazis]].
 
[[File:Haguenau Musée judaïsme 2.JPG|right|frameless]]
 
À l’intérieur de l’Histoire connue, les [[w:Hébreux|Hébreux]] furent sans doute les premiers à vouer un culte à un dieu unique. – Il n’existe dans ce monothéisme aucune divinité secondaire. Ainsi que l’a défini [[w:Maïmonide|Maïmonide]], Dieu est éternel et infini. Pur esprit, il ne peut être représenté sous aucune forme. Créateur du Ciel et de la Terre, il rappellera les morts à la vie. Durant le cours de leur existence, les êtres humains sont récompensés ou punis en fonction de leur obéissance à sa Loi. Bien que tout puissant, Dieu n’a pas achevé le monde : il a chargé l’être humain de mener à bien cette tâche. Mais celui-ci ne se montre pas toujours à la hauteur de ce qui est attendu de lui et il s’écarte parfois du projet divin. [[w:Adam et Ève|Adam et Ève]] ont été chassés du paradis pour avoir voulu déterminer par eux-mêmes les critères du bien et du mal alors que [[w:Yahvé|Yahvé]] leur avait seulement donné l’autorisation de nommer les choses. La Bible (ou [[w:Torah|Torah]]) invite à faire régner la justice et à respecter tout Homme, même s’il est esclave ou étranger. Sur d’autres points par contre, elle défend un système de valeurs assez éloigné de celui qui semble légitime actuellement. Ceci est particulièrement le cas pour les préceptes d’ordre familial ou certaines règles d’hygiène.
[[File:Haguenau Musée judaïsme 2.JPG|right|framelessthumb]]
 
Comme tout livre considéré comme sacré, la [[w:Bible|Bible]] comporterait plusieurs niveaux de lecture. Pour les Kabbalistes, le texte serait même codé. En utilisant certaines clés mettant en jeu des correspondances entre lettres et chiffres, il serait possible d’accéder à un sens secret. La [[w:Kabbale|Kabbale]] est une tradition [[w:ésotérique|ésotérique]] pour laquelle, avec l’aide de Dieu, tout peut être transformé. Le [[w:Hassidisme|Hassidisme]] est un de ses prolongements. Ce mouvement est apparu au sein du [[w:judaïsme|judaïsme]] dans le courant du [[w:Moyen-Âge|Moyen-Âge]]. Ses adeptes se distinguent souvent par leur ferveur et le zèle ardent avec lequel ils observent les préceptes religieux. Se considérant comme de simples instruments entre les mains de leur créateur, ils mettent l’accent sur la sincérité et l’intention profonde. Le Hassidisme connut une importante résurgence au XVIII e, en particulier en [[w:Europe centrale|Europe centrale]]. Certains de ses caractères le rapprochent beaucoup du [[w:Soufisme|Soufisme]], un courant qui lui a émergé au sein de l’Islam. Alliant mystique et interrogation existentielle, certains maîtres s’appliquaient à susciter chez leurs disciples une remise en question permanente. Les contes et la danse extatique occupent une place non négligeable dans la pratique. Pour les Hassidismes, ce que la personne éprouve est plus important que l’obéissance à la lettre. Les émotions négatives elles-mêmes ne doivent pas être tues : quand elles sont sublimées par la parole authentique, elles libèrent leur contrepartie positive.
[[File:Meister Theoderich von Prag 002.jpg|right|frameless]]
 
Dans la Tradition biblique, l’Histoire est orientée ; elle est une marche vers la lumière, la justice et la paix. L’Homme ne doit donc pas se soumettre aux déterminismes naturels mais les utiliser pour le plus grand bien, en accord avec la volonté divine qui a donné naissance à tout ce qui existe. Si les juifs ont été victimes de tant de haine, peut-être est-ce en partie à cause de l’irritation que suscite la notion de [[w:peuple élu|peuple élu]] ? Mais une autre raison, celle-ci plus profonde, est sans doute à l’origine de cet acharnement. Les juifs ne se contentent pas de rechercher un salut dans un au-delà ou sur un autre plan. Ils sont les dépositaires d’une tradition qui affirme que, sur Terre, le bien finira par triompher absolument. Et ceci sera réalisé en partie grâce à l’action de l’Homme. L’enjeu se trouve dans ce monde-ci et la lutte ne peut ni ne doit être évitée. Il n’est donc pas surprenant qu’ils se heurtent à de farouches oppositions. Nous sommes bien entendu ici sur un terrain de simples hypothèses. L’identité juive actuelle est d’ailleurs difficile à cerner. Il ne s’agit pas d’un groupe ethnique défini et ceux qui s’en réclament sont parfois athées.
 
Aux alentours de l’an 30 de notre ère, un juif nommé [[w:Jésus|Jésus]] est mort crucifié à Jérusalem. Il a été condamné à ce supplice par les Romains car il déclarait être le [[w:Messie|Messie]] et dispensait un enseignement qui dérangeait une partie des autorités religieuses du peuple dont il était issu. Il devait sans doute aussi inquiéter les occupants romains car la crucifixion était habituellement réservée aux esclaves et à ceux qui se révoltaient contre Rome. Jésus affirmait que l’amour de Dieu et l’amour du prochain sont indissociables – il rappelait aussi discrètement à chacun qu’il doit s’aimer lui-même. Par ses paroles et par ses actes, il incitait ses disciples à aimer tous les Hommes quels qu’ils soient, y compris leurs ennemis. Il leur recommandait également de pardonner et de s’abstenir de juger autrui. Ceci n’excluait pas de sa part de vigoureuses dénonciations de l’ordre établi et des pratiques qui lui semblaient offenser Dieu. Un jour il alla même jusqu’à chasser les marchands du Temple, ce qui dut lui valoir quelques inimitiés.
 
[[File:Christ with beard.jpg|right|frameless]]
 
Jésus accordait une attention particulière à ceux qui souffrent, ceux qui sont rejetés ou égarés. Il attribuait une grande valeur à la simplicité et encourageait chacun à retrouver un cœur d’enfant. Mais le message de Jésus n’avait pas seulement un caractère [[w:éthique|éthique]]. Il invitait ses disciples à rechercher le Royaume de Dieu qui est en eux sans se préoccuper du lendemain. Il annonçait aussi l’avènement de ce Royaume dans le monde, assurant que tous, même les plus humbles, y auraient une place digne d’eux.
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Les cinq piliers de l’Islam sont : la profession de foi en un seul Dieu dont Mahomet est le prophète, les prières quotidiennes, l’aumône due aux pauvres, le jeûne du [[w:Ramadan|Ramadan]] et, pour ceux qui le peuvent, le pèlerinage à La Mecque. Les musulmans croient en l’existence de l’âme, au jugement dernier et à la résurrection. Ils reconnaissent la valeur des témoignages d’[[w:Abraham|Abraham]], [[w:Moïse|Moïse]] et [[w:Jésus|Jésus]] : tous prophètes au même titre que Mahomet. Celui-ci étant le point d’aboutissement de cette lignée, son message est considéré comme la récapitulation de ceux qui l’ont précédé. Selon une interprétation assez répandue, il ouvrirait l’ère de la raison, désormais d’actualité maintenant que les temps sont mûrs et que Dieu n’intervient plus directement dans les affaires du monde.
 
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D’après le Coran, Dieu est un pur esprit, infini, unique et incréé : il ne peut donc pas s’incarner dans un être humain ou une idole. Et comme lui seul est libre, s’en remettre à sa volonté est la seule façon de participer à sa Liberté. Telle est l’origine de la soumission spirituelle fréquemment invoquée par ceux qui se réclament de la révélation coranique.