« Recherche:Clefs pour mieux comprendre le monde et participer à son évolution/Produire, diffuser et consommer mieux » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Ligne 53 :
 
== La publicité et ses alternatives ==
 
[[Fichier:Times_square_at_night.jpg||droite|vignette]]
Nous sommes généralement convaincus de la nécessité de résister à l’endoctrinement politique ou religieux et, d’une façon générale, à tout ce qui peut restreindre la possibilité de choisir librement. Il existe cependant une exception : la publicité. Bien qu’il soit évident qu’elle tente d’orienter nos choix, cette activité bénéficie d’une indulgence surprenante. La plupart des êtres humains se croient peu influençables et pensent qu’ils peuvent goûter aux appâts qu’elle offre sans se faire prendre à l’hameçon qu’elle y a inséré. Quelle illusion ! Même si nous savons qu’il s’agit d’un stratagème, nous ne sommes pas immunisés pour autant. Notre affectivité est souvent touchée plus profondément que nous le pensons et, à notre insu, les parties les plus instinctives de notre personnalité nous incitent à agir dans le sens voulu par les publicitaires. Ces habiles artisans ne lésinent pas sur les moyens : le budget consacré à la publicité représente 20% des dépenses mondiales. Il est le second, devancé uniquement par celui de l’armement. Pour les cosmétiques, il atteint 90 % du prix total. – Les sommes allouées ne le sont sans doute pas en pure perte.
 
[[Fichier:Times_square_at_night.jpg||droite|vignette]]Les techniques utilisées s’appuient sur les découvertes des sciences humaines. Elles s’emploient tout d’abord à retenir l’attention et à laisser une trace dans le psychisme. Elles y parviennent en séduisant, en suscitant une forte émotion ou en provoquant l’ébranlement des cadres habituels de la pensée. La personne prise pour cible se trouve ainsi momentanément dans un état de grande vulnérabilité. On lui propose alors un produit ou un service qui semble pouvoir mettre fin à ce malaise ou laisse entrevoir la possibilité de retrouver un plaisir analogue à celui qu’elle vient d’éprouver. Dès lors, dans son psychisme, ces états émotionnels intenses se trouveront associés à un produit ou à une marque qui, de ce fait, deviendra objet de désir. On peut véritablement parler de création d’un réflexe conditionné. Il y a évidemment une responsabilité plus ou moins marquée de l’acheteur. Les publicitaires savent que, généralement, celui-ci recherche les plaisirs faciles et souhaite donner de lui une image favorable. C’est sur de telles tendances qu’ils misent. Ils connaissent également notre crainte d’être isolé ou rejeté et notre désir de nous sentir enveloppé par une communauté sécurisante et valorisante, par exemple, celle des heureux bénéficiaires d’un service de qualité, d’un objet fétiche ou d’un signe distinctif ; et ils savent en tirer habilement parti.
 
Les agences publicitaires détournent à leur profit tout ce qui leur permet de faciliter la vente. Elles se servent même du désir de liberté pour nous asservir et utilisent des fragments de messages spirituels pour enfoncer leurs victimes dans le matérialisme. Elles s’approprient tout sans retenue. De nombreuses œuvres se trouvent ainsi parasitées et perdent temporairement la majeure partie de leur rayonnement à cause des associations triviales qui les polluent. Leurs auteurs doivent bien souvent se retourner dans leur tombe. Les fabricants de leurres sont même parvenus à faire admettre la publicité au rang des arts. Des prix officiels sont décernés à ceux qui bernent les populations. Celles-ci entrent d’ailleurs dans le jeu avec enthousiasme, ne voulant pas voir, comme dans le conte d’Andersen, que « le roi est nu ». Les méthodes et les ressources de l’art sont effectivement utilisées, mais pour des fins qui n’ont rien à voir avec lui. En effet, l’art véritable ouvre l’esprit et développe la sensibilité en amenant ces facultés au delà du stade où elles se trouvent. La publicité, elle, se contente de flatter les goûts et les idées qui sont déjà présents dans le public. Dans différents milieux, arborer certaines marques
Ligne 91 ⟶ 89 :
 
== Les objets en question ==
[[Fichier:Gluehlampe 01 KMJ-2.jpg|thumb]]
 
Les objets1 que l’Homme fabrique lui ont permis d’acquérir une certaine indépendance à l’égard des conditions naturelles. Grâce à eux, les possibilités du genre humain ont été considérablement augmentées. À maints égards, notre existence est devenue moins dure et plus plus riche. Il y a malheureusement des effets secondaires indésirables. À partir d’un certain seuil, il peut même se produire un renversement. Le moyen de libération devient alors une cause de servitude et un problème. La relative sécurité qui avait été conquise à travers lui fait place à une insécurité diffuse ou plus radicale. Lorsque le serviteur est considéré comme indispensable, c’est lui qui de fait devient bien souvent le maître. Petit à petit, nous sommes devenus dépendants des objets et des structures qui permettent de les utiliser. Cet assujettissement nous rend très vulnérables. Notre capacité d’adaptation aux conditions naturelles ayant diminué, en cas de pénurie grave nous serions sans doute plus démunis et désemparés que l’étaient nos ancêtres.
 
[[Fichier:Troedelladen_Thoms.jpg||droite|vignette]][[Fichier:Low9AppliancePiles2_%281%29.jpg||droite|vignette]]
Dans son sens habituel, un objet est une partie de la réalité qui a été façonnée ou aménagée pour assurer certaines fonctions. Ce n’est pas un simple matériau, mais ce n’est pas non plus un être vivant. Il reflète les désirs et les besoins de ceux à qui il est destiné mais il n’a pas de volonté propre : le plus sophistiqué ne sera toujours qu’un automate. Les objets sont inconscients d’eux-mêmes et étrangers les uns aux autres : il n’y a pas entre eux de liens de vie, de cœur ou d’idées À force de s’accumuler, ils forment une couche isolante qui mobilise une partie importante de notre énergie. De ce fait, malgré le temps qu’ils nous permettent d’épargner, nous parvenons difficilement à nous rendre disponibles pour réfléchir profondément et être attentifs aux êtres vivants. Le bonheur dépend moins de facteurs externes que de la qualité de ce que chacun ressent. Si l’on peut trouver en soi de quoi être heureux avec peu de choses, notre vie y gagne en aisance et en authenticité. Moins une personne a de besoins et plus elle est libre. Malheureusement, à cause du matérialisme ambiant, l’individu n’a plus guère confiance en ce qu’il peut générer en lui-même. Il n’ose plus faire un pas sans s’entourer d’accessoires.
 
[[Fichier:Troedelladen_Thoms.jpg||droite|vignette]]Notre société d’hyper-consommation est le résultat d’un emballement du désir. Pour satisfaire les innombrables formes qu’il prend, l’humanité impose des conditions terribles aux autres espèces vivant sur la planète. Lui-même en subit les conséquences. Les effets destructeurs sont difficiles à prévoir car ils se manifestent souvent de manière diffuse, parfois loin de la source. Ils apparaissent sous forme de conflits, de pollutions, et contribuent au sentiment de vide intérieur qui touche apparemment un nombre croissant de personnes. Les plus graves seront sans doute laissés en héritage aux générations futures. Pendant ce temps, par manque d’information, intérêt ou préjugé corporatiste, les experts discréditent les philosophies et les pratiques qui permettent de mener une existence épanouissante sans avoir recours à tous ces gadgets soi-disant indispensables et ces produits tous plus miraculeux les uns que les autres. Tous les secteurs sont contaminés. À cause de la logique absurde de notre mode d’organisation, ceux dont la profession consiste à aider autrui n’ont pas toujours intérêt à ce que soient mises en œuvre des solutions permettant de faire disparaître la cause des maux que leurs prestations se proposent de soulager ou d’éradiquer. Même si, au départ, leur choix était désintéressé et qu’ils sont toujours consciencieux, la crainte de se voir dépourvus d’emploi ou de raison d’être peut les inciter à privilégier instinctivement les solutions qui favorisent le maintien du désordre existant. À leur manière, les « mutins de Panurge » sont eux aussi des artisans de la stagnation. Installés dans une révolte systématique, sans risque et de bon ton, ils refusent de coopérer avec les pouvoirs en place même si les propositions vont réellement dans le sens du progrès. Le chemin de l’équilibre évolutif est évidemment difficile à trouver mais c’est le seul qui soit véritablement réaliste.[[Fichier:Low9AppliancePiles2_%281%29.jpg||droite|vignette]]Nos choix sont très largement automatiques. Chacun d’entre nous a cependant la possibilité de les rendre plus conscients et libres. Avant de faire une nouvelle acquisition, prenons un peu de recul et interrogeons nous à son sujet : « Est-ce vraiment de cela dont j’ai besoin ? Cet achat ne pourrait il pas être remplacé avantageusement par un changement d’attitude ou par une activité créative permettant de parvenir à un résultat équivalent ? » Nous pouvons ensuite élargir notre champ d’investigation en nous demandant, par exemple :« Quelles seront les conséquences probables pour moi-même, pour les autres et le milieu naturel2 ? Quelle vision du monde cela implique-t-il ?» Si nous voulons être autre chose que des figurants, nous devons avoir le courage de nous déterminer en fonction des valeurs auxquelles nous croyons. Il est préférable de le faire progressivement et avec souplesse, en le vivant non comme un devoir qui nous impose d’héroïques privations mais comme un jeu libérateur.
 
[[Fichier:Tea_Party_%2814059899354%29.jpg||droite|vignette]]
Nos choix sont très largement automatiques. Chacun d’entre nous a cependant la possibilité de les rendre plus conscients et libres. Avant de faire une nouvelle acquisition, prenons un peu de recul et interrogeons nous à son sujet : « Est-ce vraiment de cela dont j’ai besoin ? Cet achat ne pourrait il pas être remplacé avantageusement par un changement d’attitude ou par une activité créative permettant de parvenir à un résultat équivalent ? » Nous pouvons ensuite élargir notre champ d’investigation en nous demandant, par exemple :« Quelles seront les conséquences probables pour moi-même, pour les autres et le milieu naturel2 ? Quelle vision du monde cela implique-t-il ?» Si nous voulons être autre chose que des figurants, nous devons avoir le courage de nous déterminer en fonction des valeurs auxquelles nous croyons. Il est préférable de le faire progressivement et avec souplesse, en le vivant non comme un devoir qui nous impose d’héroïques privations mais comme un jeu libérateur.
 
Certaines productions plus que d’autres ont été conçues, réalisées et diffusées en respectant au maximum la dignité humaine et les équilibres écologiques : elles méritent d’être soutenues. Pour préserver notre liberté, nous éviterons tout ce qui pourrait nous engager sans raison majeure sur des voies irréversibles. Nous accorderons au contraire une attention particulière à tout ce qui peut nous aider à préserver ou accroître notre autonomie. La société de consommation a un pouvoir hypnotique : elle réduit le monde à un réseau dense et brillant mais clos où nous oublions la prodigieuse diversité des possibilités que la vie nous offre. Une fois que les besoins de base sont satisfaits, il ne faut pas s’appesantir dans ce registre en consacrant beaucoup d’énergie pour l’enrichir. Il vaut mieux essayer de se tourner vers des satisfactions plus subtiles et des aspirations plus élevées. La plupart des Hommes passent leur vie à peaufiner le socle de leur existence, sans même songer à édifier l’œuvre d’art qu’il est destiné à soutenir.
Ligne 132 ⟶ 126 :
 
Au fur et à mesure que la complexité des sociétés s’accroit, un certain nombre d’institutions se mettent à apparaître. L’argent est l’une d’entre elles. Donné généralement en contrepartie d’un bien, d’un service rendu ou pour réparer un préjudice, il permet d’accéder à une multitude de droits que l’on pourra faire valoir ensuite auprès d’un grand nombre de personnes.
[[Fichier:Hobby.jpg|thumb]]
 
[[Fichier:US-%24100-TN-1891-Fr-378.jpg/480px-US-%24100-TN-1891-Fr-378.jpg||droite|vignette]]
L’argent rend possible les échanges au delà du cercle restreint de ceux qui peuvent nous être utiles personnellement. Grâce à cet intermédiaire, la réciprocité s’établit là où elle semblait impossible. L’argent peut contribuer aux rapprochements entre les communautés naturelles. Il favorise aussi l’élargissement du champ des possibilités. Ceux qui en possèdent acquièrent également une certaine indépendance par rapport aux choix du groupe auquel ils appartiennent. Malheureusement, en raison de notre égoïsme, il est souvent utilisé pour avoir la mainmise sur les biens ou pour exercer un pouvoir sur les Hommes. Comme il permet la satisfaction de nombreux désirs, en posséder autant que possible est devenu une préoccupation centrale. Se retrouver avec davantage d’argent est sans doute l’événement matériel qui est souhaité par le plus grand nombre de gens. L’argent est peu à peu devenu une sorte d’idole à laquelle nous sacrifions ce que nous avons de plus précieux : notre temps, notre santé physique et mentale ; parfois aussi, nos états d’âme et nos idéaux. Comme il ouvre presque toutes les portes ordinaires, il est devenu pour la plupart d’entre nous, synonyme de liberté. Mais les désirs peuvent être des tyrans qui nous dirigent à notre corps défendant. Avoir les moyens de les satisfaire n’a rien à voir avec la véritable liberté. Celle-ci ne s’achète pas : elle se conquiert en prenant appui sur notre valeur personnelle.