« Recherche:Clefs pour mieux comprendre le monde et participer à son évolution/Produire, diffuser et consommer mieux » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Ligne 60 :
est devenu un moyen permettant de jouir d’un certain prestige, ou tout au moins d’avoir le sentiment d’exister dans le regard de l’autre. Beaucoup sont prêts à payer très cher pour avoir le privilège d’être transformés en panneau publicitaire gratuit. Et comble de l’absurde, pour conquérir ce droit d’être exploité, quelques uns ont même recours au racket. Les générations futures riront sans doute beaucoup de nous. Cela les consolera un peu de l’héritage écologique catastrophique que nous risquons de leur laisser à cause de notre consommation excessive.
 
[[Fichier:Mailpouch8466.jpg||droite|vignette]]
Depuis 2009, des granges avec des messages anti-tabac ont été commanditées à un peintre en Virginie.
|vignette]]
Pour l’instant, la compréhension des citoyens du monde est encore brouillée. Les informations données par les messages publicitaires sont souvent rares, volontairement incomplètes, et les mots sont vidés de leur véritable substance. La reconnaissance sociale d’une activité reposant très largement sur l’hypocrisie et la manipulation n’est pas sans conséquences. Dans un monde où il est déjà bien difficile de trouver des points de repères véritablement fiables, c’est un encouragement supplémentaire au cynisme et une contribution à la perte de sens. La publicité nous empêche de bénéficier pleinement des bienfaits apportés par les institutions démocratiques, l’évolution des mentalités et les progrès de la connaissance. Si l’on tient compte de toutes les implications, son action feutrée est plus redoutable que celle des fléaux dont nous avons le plus peur. Les personnes manipulées ne se sentent pas vraiment opprimées car on fait d’elles des esclaves consentants en exauçant apparemment leurs désirs. On les suscite même, à l’occasion, pour renforcer
les liens de dépendance. Les pièges les plus agréables ne sont pas les moins puissants. Nous avons ici affaire à une servitude contre laquelle il est difficile de se révolter car les liens sont en grande partie secrétés par le système hormonal de la victime. Ils font peu à peu partie de l’état ordinaire de l’individu. Le prisonnier considère ses chaînes comme des filets de protection ou des bijoux, et ceux qui cherchent à l’en libérer lui apparaissent comme des ennemis qui veulent le dépouiller.
Ligne 164 ⟶ 166 :
Cette situation n’a rien d’une fatalité. Ce n’est pas non plus la faute d’une classe dirigeante ou la conséquence inévitable de conditions particulières : elle est le résultat d’une attitude. L’esprit de solidarité et le courage font défaut à tous les échelons. S’il n’y avait pas eu tant d’avidité, de démissions, de visions à court terme et de fuite devant les responsabilités, un système aussi mesquin n’aurait jamais pu se mettre en place. Heureusement, les ressources humaines sont loin d’être épuisées. Si nous retrouvons le carrefour où nous nous sommes trompés de chemin, les meilleures d’entre elles pourront diriger le cours de nos vies.
 
[[Fichier:Herzanfall_am_Arbeitsplatz.jpg|
[[Fichier:Herzanfall_am_Arbeitsplatz.jpg||droite|vignette]]Une entreprise est avant tout un lieu où des personnes sont réunies afin de travailler pour leurs semblables. Ici comme ailleurs, nul ne doit traiter l’autre comme un moyen. Et nul ne devrait accepter d’être considéré uniquement en fonction des avantages qu’il procure. Derrière la fonction, il y a une personne. Chacun a une certaine vision du monde, une sensibilité particulière et des capacités de résistance limitées. Quelle que soit sa place dans sa hiérarchie, toutes les dimensions de son être doivent être prises en considération. Si cela était effectivement le cas, un plus haut degré d’harmonie en résulterait et tous en retireraient finalement un bénéfice. La malédiction qui pèse sur le monde du travail peut et doit être levée. Il serait absurde de continuer à mener une double vie : celle des dures nécessités, où l’on se prête à de nombreux compromis et une autre, où l’on s’efforce de vivre en accord avec les idéaux de l’humanité. Une telle division a sans doute été indispensable pour que la seconde puisse se développer de manière autonome et soit protégée contre les risques d’étouffement. Toutefois, si nous voulons vivre vraiment, nous devons dépasser ce stade.
Un employé ayant une crise cardiaque se voit refuser une heure d'arrêt pour aller chez le médecin car cela donnerait un mauvais exemple aux autres.
[[Fichier:Herzanfall_am_Arbeitsplatz.jpg||droite|vignette]]Une entreprise est avant tout un lieu où des personnes sont réunies afin de travailler pour leurs semblables. Ici comme ailleurs, nul ne doit traiter l’autre comme un moyen. Et nul ne devrait accepter d’être considéré uniquement en fonction des avantages qu’il procure. Derrière la fonction, il y a une personne. Chacun a une certaine vision du monde, une sensibilité particulière et des capacités de résistance limitées. Quelle que soit sa place dans sa hiérarchie, toutes les dimensions de son être doivent être prises en considération. Si cela était effectivement le cas, un plus haut degré d’harmonie en résulterait et tous en retireraient finalement un bénéfice. La malédiction qui pèse sur le monde du travail peut et doit être levée. Il serait absurde de continuer à mener une double vie : celle des dures nécessités, où l’on se prête à de nombreux compromis et une autre, où l’on s’efforce de vivre en accord avec les idéaux de l’humanité. Une telle division a sans doute été indispensable pour que la seconde puisse se développer de manière autonome et soit protégée contre les risques d’étouffement. Toutefois, si nous voulons vivre vraiment, nous devons dépasser ce stade.
 
Les pouvoirs publics encouragent la création artistique. Ils contribuent aussi au financement de la recherche scientifique. Pourquoi ne soutiendraient ils pas également les démarches et les expériences susceptibles de déboucher sur des innovations sociales fécondes ? Un nouveau type d’entreprise pourrait ainsi être crée. Considérées comme des sortes de laboratoires, elles permettraient de tester des solutions visant à améliorer la qualité des rapports sociaux. Tous les participants seraient évidemment des vrais volontaires. Les plus concluantes seraient ensuite étendues à une plus grande échelle. Elles ouvriraient peut-être la voie à une économie plus généreuse où même le sens poétique aurait un rôle à jouer. En attendant que les responsables politiques adoptent des mesures allant dans ce sens, c’est aux particuliers que revient la responsabilité de promouvoir cette façon de concevoir le progrès social. De nombreuses voies méritent d’être explorées.
Ligne 170 ⟶ 174 :
La production standardisée engendre une compétition forcenée. Certaines entreprises pourraient se mettre à fabriquer des objets personnalisés, faciles à réparer, à recycler ou à transformer. Dans un premier temps tout au moins, à cause de l’originalité de leur production, elles ne seraient pas directement en concurrence avec d’autres et l’atmosphère s’en ressentirait. Cela permettrait sans doute une amélioration de la qualité des conditions de travail et des relations avec les clients et le milieu naturel. Si nous voulons vivre dans un monde meilleur, nous devons consentir de bon cœur à quelques sacrifices. Il est naturel de payer plus cher ce qui a été produit en respectant les équilibres écologiques, la personnalité de l’utilisateur et la dignité des employés. Ceux qui aimeraient participer au développement de ce mode de production pourraient se rassembler au sein de réseaux de solidarité qui assureraient une partie de l’investissement ou achèteraient en priorité ces produits d’une plus grande valeur éthique et esthétique. Ce seraient peut-être les prémisses d’une nouveau type d’économie qui coexisterait avec le système actuel. D’innombrables possibilités s’offrent actuellement à l’humanité. L’important est de réveiller nos propres rêves. Pour cela nous devons cesser de nous laisser hypnotiser par ce monde de papier mâché et ses marionnettes qui nous assurent que notre mode d’organisation est conforme à l’ordre des choses, ou tout au moins qu’il est le moins mauvais, compte tenu des limites de la nature humaine.
 
[[Fichier:Alcal%C3%A1-_num_10-Frisio_%28comercio-industria%29.JPG||droite|vignette]]
Les trois secteurs d'activité: agriculture, industrie, commerce
|vignette|alt=]]
L’hyper-spécialisation engendre un sentiment d’isolement. Lorsqu’on est assigné à un poste, accaparé en permanence par un certain genre d’activités, on peut difficilement être conscient de ce que les autres ont à vivre. L’identification avec une fonction unique accentue les risques de rigidité dans les relations humaines. Comme chacun est tenu d’atteindre certains objectifs, il se voit dans l’obligation d’exiger des autres ce qui lui permet de respecter ses engagements. Les antagonismes prennent alors le pas sur le sentiment d’être réunis dans un même but. Ceux qui le souhaitent devraient pouvoir assumer tour à tour plusieurs fonctions nettement distinctes. Ce genre d’aménagement est sans doute possible dans la majeure partie des cas. Les choix s’effectueraient en fonction du contexte et des aptitudes de chacun. Le changement d’activité se produirait selon les rythmes qui conviendraient le mieux aux besoins des différents partenaires : à l’échelle de la journée, de la semaine ou de l’année. Pour assurer une diversité suffisante, des accords entre entreprises pourraient être passés. Dans le même temps, des informations sur leur fonctionnement pourraient être diffusées. Chacun aurait ainsi une bien meilleure compréhension du point de vue des autres. Il verrait de l’intérieur les difficultés auxquelles ils se trouvent confrontés. Une coopération plus chaleureuse et efficace en découlerait. Les bénéfices seraient également importants. Après un effort intellectuel intense, les activités manuelles délassent et permettent de se ressourcer. Inversement, après un travail très physique ou répétitif, l’activité créative ou relationnelle est réparatrice et stimulante. Cette alternance aurait des effets bénéfiques, notamment sur la santé. De plus, chacun de ces domaines permet de développer des qualités pouvant s’avérer très utiles dans les autres. Cette diversité des fonctions favoriserait le développement de personnalités plus riches, attentives à leurs semblables et davantage ouvertes sur les différents aspects de l’existence.
 
Ligne 208 ⟶ 214 :
<nowiki>*</nowiki>
 
Notre santé dépend aussi de l’état de la planète. Nous commençons à prendre conscience des conséquences de notre activité désordonnée. Le réveil est un peu difficile. Nous avons laissé la logique industrielle prendre peu à peu possession du domaine agricole. Notre connaissance de plus en plus fine de la nature nous permettrait cependant de coopérer plus facilement avec elle, et avec une efficacité supérieure à celle des modes de culture traditionnels. Dans l’agriculture considérée comme un art, on ne cherche pas à éliminer les plantes et les insectes considérés comme indésirables : on se contente de limiter leur nombre afin qu’ils ne représentent pas une menace. Tout est d’ailleurs relatif : si le contexte change, les nuisibles peuvent parfois s’avérer utiles. Leur présence sera alors recherchée. Par des soins et des choix appropriés, par la mise en place de leurres sexuels ou en introduisant des prédateurs spécifiques, des résultats honorables peuvent déjà être obtenus en dépensant peu d’énergie. Et de nouvelles techniques prometteuses sont à l’étude qui laissent entrevoir un avenir plus réjouissant que celui que nous présente l’industrie chimique et les orientations actuelles des biotechnologies.[[Fichier:Agave_Americano,_O_Magvey,_aloe_Wellcome_L0040960.jpg||droite
Aloe : une plante dont les effets bénéfiques sont connus depuis 5000 ans
|vignette]]Il en va des pesticides comme des médicaments: lorsque nous avons recours à eux, nous n’apprenons rien. Si, par contre, nous utilisons des méthodes plus naturelles, nous développons notre sens de l’observation et notre compréhension du monde s’approfondit. À la production, le prix de revient des produits biologiques est généralement plus élevé. Les personnes qui choisissent une alimentation saine doivent donc consentir à des efforts financiers. En revanche, grâce à leur geste, la société réalise des économies. Cela permet de réduire les coûts de dépollution et les dépenses liées au traitement des maladies provoquées ou aggravées par l’utilisation des pesticides et des engrais chimiques. Finalement, si l’on tient compte de tout, ce sont sans doute les produits biologiques qui coûtent le moins chers. Ils nous incitent d’ailleurs à manger légèrement moins mais mieux, ce qui réduit le surcoût et s’avère bénéfique pour la plupart d’entre nous.
 
Pour éviter l’épuisement rapide des ressources et la destruction des milieu naturels, nous pourrions réorienter progressivement nos centres d’intérêts. Nous serions tout aussi heureux sinon plus, en remplaçant progressivement la poursuite de biens matériel par la recherche de biens plus immatériels. Leur diversité est immense : connaissances, vie intérieure, capacité de s’émerveiller et de créer de l’harmonie ; sans oublier bien sûr les richesses inépuisables générées par les relations humaines de qualité et le contact intime avec la nature. L’économie pourrait progressivement être orientée dans ce sens. Il n’est pas trop tard pour changer de cap mais il n’y a pas de temps à perdre. Nous pouvons commencer par réviser les grandes orientations de la technique en tenant compte du fait que la nature est un partenaire irremplaçable.[[Fichier:Roelant_Savery_-_The_Garden_of_Eden_-_WGA20883.jpg||droite|vignette]]Nous ne sommes pas seuls à être importants. Notre santé et notre bien-être ne doivent pas être obtenues au détriment des autres. Nos relations avec les autres espèces doivent reposer sur des bases saines. Les animaux sont des êtres dotés de sensibilité. Évitons de leur infliger d’inutiles souffrances ou des dommages irréversibles. Ne les empêchons pas non plus d’avoir une vie digne de ce nom. Les plantes méritent elles aussi le respect ; et il en va de même pour l’ensemble de ce qui existe. Certains peuples n’abattent jamais un arbre sans lui demander de les excuser. Souvent aussi, ils le remercient pour ce qu’il leur apportent. Une telle attitude nous fait peut-être sourire. Pourtant, en plus de sa valeur poétique, elle évite les déforestations massives et les effets catastrophiques qui en découlent.