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L’humanité peut être comparée à un organisme vivant. Pour que la vie atteigne une certaine plénitude, les cellules doivent se trouver dans des conditions qui leur permettent de bien se nourrir physiquement et psychologiquement. Si une partie d’entre elles est négligée, c’est finalement l’ensemble qui en souffrira. À cause des réactions en chaîne, même les toutes petites causes peuvent produire des effets importants. Rien ni personne ne doit être laissé de côté. Ici bien sûr, malgré une certaine communauté de destin, les cellules sont dispersées et en partie autonomes. Les êtres humains sont avant tout des individus : le rythmes, la sensibilité et les aspirations de chacun doivent être respectés. Le sens de l’unité est primordial, mais la diversité est précieuse. Nous devons donc élaborer un cadre qui coordonne et unisse mais où d’innombrables aventures individuelles puissent se dérouler.
 
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[[Fichier:Flamboyant detalhe.jpg|thumb|Unité dans la diversité]]
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La pensée actuellement dominante mise sur l’équilibrage naturel des égoïsmes. À cause des expériences désastreuses du [[w:vingtième siècle|vingtième siècle]], beaucoup considèrent que cette posture est moins dangereuse et plus féconde que les diverses formes d’[[w:idéalisme|idéalisme]]. Certains ont même la naïveté de croire que des lois intelligentes pourraient nous dispenser du courage [[w:éthique|éthique]]. Le sens du bien commun et l’héroïsme changent de forme, mais ils sont toujours aussi nécessaires. De plus, par delà leur utilité sociale, ces vertus favorisent la croissance de ceux qui les pratiquent. Les instruments que nous forgeons sont parfois contre-productifs. Si la nécessité des lois n’est pas pleinement comprise et ressentie, le civisme et le sens moral peuvent être assimilés au conformisme ou à la simple peur des sanctions. Ils perdent alors toute valeur aux yeux d’un grand nombre de personnes.
 
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Nous disposons désormais des moyens permettant de créer des conditions où les Hommes n’auraient plus besoin de lutter les uns contre les autres, mais où ils affronteraient ensemble les difficultés de l’existence et partageraient tout ce qui peut l’être. La concurrence stimule l’inventivité en secouant notre inertie et en nous obligeant à nous surpasser malgré notre égoïsme et nos peurs. Mais, poussée à l’extrême comme c’est aujourd’hui le cas, elle instaure un climat d’insécurité permanente qui accule au désespoir et incite à tricher. L’[[w:égalitarisme|égalitarisme]] forcené est lui aussi particulièrement redoutable. Les différences de niveaux de vie ne sont pas un mal en soi, mais elles doivent résulter de choix personnels et non être imposées par des rapports sociaux qui favorisent certains au détriment d’autres. Chacun doit pouvoir bénéficier de la joie que procure le fait d’entreprendre, de se révéler à lui-même, de courir des risques et de se mesurer à ses semblables. Il mérite même d’y être encouragé s’il respecte effectivement ceux que cela implique et s’il accepte d’assumer pleinement les conséquences de ses choix. La concurrence peut être au service de l’harmonie si on la considère comme un jeu où de temps à autre les cartes sont redistribuées et où la majeure partie des gains est quelquefois rassemblée afin que tous puissent passer d’agréables moments.
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Pour l’instant, la compréhension des citoyens du monde est encore brouillée. Les informations données par les messages publicitaires sont souvent rares, volontairement incomplètes, et les mots sont vidés de leur véritable substance. La reconnaissance sociale d’une activité reposant très largement sur l’hypocrisie et la manipulation n’est pas sans conséquences. Dans un monde où il est déjà bien difficile de trouver des points de repères véritablement fiables, c’est un encouragement supplémentaire au [[w:cynisme|cynisme]] et une contribution à la perte de sens. La publicité nous empêche de bénéficier pleinement des bienfaits apportés par les institutions démocratiques, l’évolution des mentalités et les progrès de la connaissance. Si l’on tient compte de toutes les implications, son action feutrée est plus redoutable que celle des fléaux dont nous avons le plus peur. Les personnes manipulées ne se sentent pas vraiment opprimées, car on fait d’elles des esclaves consentants en exauçant apparemment leurs désirs. On les suscite même, à l’occasion, pour renforcer les liens de dépendance. Les pièges les plus agréables ne sont pas les moins puissants. Nous avons ici affaire à une [[w:servitude|servitude]] contre laquelle il est difficile de se révolter car les liens sont en grande partie secrétés par le système hormonal de la victime. Ils font peu à peu partie de l’état ordinaire de l’individu. Le prisonnier considère ses chaînes comme des filets de protection ou des bijoux, et ceux qui cherchent à l’en libérer lui apparaissent comme des ennemis qui veulent le dépouiller.
 
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Les publicitaires ne se contentent pas de miser sur nos faiblesses: ils les accentuent même. Ils nous rendent encore plus avides, ils nous exhortent à briller, à dominer nos semblables et entretiennent en nous la crainte d’être distancés. Il leur arrive même de nous culpabiliser en laissant entendre que notre refus d’acheter dénote un manque de générosité envers la vie et qu’il risque de porter préjudice à nos proches : en particulier les enfants. En d’autres occasions, si cela peut servir leurs intérêts, ils n’hésitent pas à dévaloriser certaines qualités humaines. La répétition des slogans s’apparente à celle des [[w:rituels|rituels]], et rares sont les [[wikt:incrédules|incrédules]] qui les [[wikt:démystifient|démystifient]] et refusent de se conformer à leurs prescriptions : le paradis terrestre qui est promis vaut bien quelques sacrifices. Le besoin est spécifique. Le désir, lui, est flottant : n’importe quelle proposition alléchante est susceptible d’être acceptée. La publicité place entre nos besoins et notre volonté consciente, un produit de substitution qu’elle nous incite à désirer. Comme nous poursuivons désormais ce leurre, nous renonçons à chercher une réponse réellement adaptée à notre besoin. Nous finissons même par oublier son existence. Notre véritable problème n’étant pas résolu, nous sommes perpétuellement insatisfaits. C’est l’état idéal pour être ouvert à de nouvelles propositions grâce auxquelles, on nous l’assure, notre manque sera enfin comblé.
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Si nous n’étions pas ainsi conditionnés, une part plus importante de notre budget pourrait être consacrée à aider respectueusement nos semblables et à entreprendre des actions individuelles et collectives d’envergure ou véritablement novatrices. Avec le prix d’un lifting, on pourrait soigner à temps plusieurs lépreux, leur évitant ainsi d’être défigurés et d’avoir les mains rongées par la maladie. Avec le prix d’un gadget ou d’un vêtement qu’on jettera à la saison suivante, il serait possible d’offrir une bonne prothèse à un enfant ayant perdu une jambe en marchant sur une mine. L’un n’empêche pas nécessairement l’autre, mais il y a parfois des choix à faire. Il y a sans doute des aspects positifs à mettre au crédit de la publicité. Elle favorise notamment le dynamisme de nombreuses sphères d’activité. Mais cela se réalise souvent au détriment d’autres, jugés moins rentables financièrement et dans un état d’esprit qu’il me semble souhaitable de dépasser. Dans l’état actuel du monde, nous avons plus besoin d’équilibre que d’hyperactivité professionnelle.
 
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Pour briser le cercle vicieux dans lequel est engagé l’économie, c’est sans doute au niveau de l’information que nous pouvons intervenir avec le maximum d’efficacité. Il n’est guère possible d’être à la fois [[w:juge et partie|juge et partie]]. Pour éviter toute dissimulation et toute tentative de manipulation, l’information concernant les biens de consommation doit être assurée par des organismes totalement indépendants du secteur économique. Grâce à cette mesure, ceux qui travaillent dans la publicité seraient enfin libérés de la nécessité de faire acheter à tout prix. Leurs talents pourraient alors s’exprimer dans des directions plus respectueuses des êtres et des choses. Ils seraient d’ailleurs les premiers bénéficiaires de ce nouvel état d’esprit. Au lieu de stimuler artificiellement la consommation, ils donneraient, sous une forme attrayante toutes sortes d’explications. Chacun pourrait ainsi évaluer très précisément ses besoins réels et réaliser ses objectifs en évitant au maximum le gaspillage.
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Dans son sens habituel, un objet est une partie de la réalité qui a été façonnée ou aménagée pour assurer certaines fonctions. Ce n’est pas un simple matériau, mais ce n’est pas non plus un être vivant. Il reflète les désirs et les besoins de ceux à qui il est destiné mais il n’a pas de volonté propre : le plus sophistiqué ne sera toujours qu’un automate. Les objets sont inconscients d’eux-mêmes et étrangers les uns aux autres : il n’y a pas entre eux de liens de vie, de cœur ou d’idées À force de s’accumuler, ils forment une couche isolante qui mobilise une partie importante de notre énergie. De ce fait, malgré le temps qu’ils nous permettent d’épargner, nous parvenons difficilement à nous rendre disponibles pour réfléchir profondément et être attentifs aux êtres vivants. Le bonheur dépend moins de facteurs externes que de la qualité de ce que chacun ressent. Si l’on peut trouver en soi de quoi être heureux avec peu de choses, notre vie y gagne en aisance et en authenticité. Moins une personne a de besoins et plus elle est libre. Malheureusement, à cause du matérialisme ambiant, l’individu n’a plus guère confiance en ce qu’il peut générer en lui-même. Il n’ose plus faire un pas sans s’entourer d’accessoires.
 
[[Fichier:Troedelladen_Thoms.jpg||droite|vignette]]Notre société d’hyper-consommation est le résultat d’un emballement du désir. Pour satisfaire les innombrables formes qu’il prend, l’humanité impose des conditions terribles aux autres espèces vivant sur la planète. Lui-même en subit les conséquences. Les effets destructeurs sont difficiles à prévoir car ils se manifestent souvent de manière diffuse, parfois loin de la source. Ils apparaissent sous forme de conflits, de pollutions, et contribuent au sentiment de vide intérieur qui touche apparemment un nombre croissant de personnes. Les plus graves seront sans doute laissés en héritage aux générations futures. Pendant ce temps, par manque d’information, intérêt ou préjugé corporatiste, les experts discréditent les philosophies et les pratiques qui permettent de mener une existence épanouissante sans avoir recours à tous ces gadgets soi-disant indispensables et ces produits tous plus miraculeux les uns que les autres. Tous les secteurs sont contaminés. À cause de la logique absurde de notre mode d’organisation, ceux dont la profession consiste à aider autrui n’ont pas toujours intérêt à ce que soient mises en œuvre des solutions permettant de faire disparaître la cause des maux que leurs prestations se proposent de soulager ou d’éradiquer. Même si, au départ, leur choix était désintéressé et qu’ils sont toujours consciencieux, la crainte de se voir dépourvus d’emploi ou de raison d’être peut les inciter à privilégier instinctivement les solutions qui favorisent le maintien du désordre existant. À leur manière, les « mutins de Panurge » sont eux aussi des artisans de la stagnation. Installés dans une révolte systématique, sans risque et de bon ton, ils refusent de coopérer avec les pouvoirs en place même si les propositions vont réellement dans le sens du progrès. Le chemin de l’équilibre évolutif est évidemment difficile à trouver mais c’est le seul qui soit véritablement réaliste.

<nowiki>*</nowiki>[[Fichier:Low9AppliancePiles2_%281%29.jpg||droite|vignette]]Nos choix sont très largement automatiques. Chacun d’entre nous a cependant la possibilité de les rendre plus conscients et libres. Avant de faire une nouvelle acquisition, prenons un peu de recul et interrogeons nous à son sujet : « Est-ce vraiment de cela dont j’ai besoin ? Cet achat ne pourrait il pas être remplacé avantageusement par un changement d’attitude ou par une activité créative permettant de parvenir à un résultat équivalent ? » Nous pouvons ensuite élargir notre champ d’investigation en nous demandant, par exemple :« Quelles seront les conséquences probables pour moi-même, pour les autres et le milieu naturel2 ? Quelle vision du monde cela implique-t-il ?» Si nous voulons être autre chose que des figurants, nous devons avoir le courage de nous déterminer en fonction des valeurs auxquelles nous croyons. Il est préférable de le faire progressivement et avec souplesse, en le vivant non comme un devoir qui nous impose d’héroïques privations mais comme un jeu libérateur.
 
Certaines productions plus que d’autres ont été conçues, réalisées et diffusées en respectant au maximum la dignité humaine et les équilibres écologiques : elles méritent d’être soutenues. Pour préserver notre liberté, nous éviterons tout ce qui pourrait nous engager sans raison majeure sur des voies irréversibles. Nous accorderons au contraire une attention particulière à tout ce qui peut nous aider à préserver ou accroître notre autonomie. La société de consommation a un pouvoir hypnotique : elle réduit le monde à un réseau dense et brillant mais clos où nous oublions la prodigieuse diversité des possibilités que la vie nous offre. Une fois que les besoins de base sont satisfaits, il ne faut pas s’appesantir dans ce registre en consacrant beaucoup d’énergie pour l’enrichir. Il vaut mieux essayer de se tourner vers des satisfactions plus subtiles et des aspirations plus élevées. La plupart des Hommes passent leur vie à peaufiner le socle de leur existence, sans même songer à édifier l’œuvre d’art qu’il est destiné à soutenir.
 
[[Fichier:Tri-s%C3%A9lectif.JPG||droite|vignette]]
Tri sélectif : papier, plastic...
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Les objets peuvent faciliter certaines prises de conscience et nous aider à développer nos capacités. Ils ne constituent cependant pas en eux-mêmes un acquis faisant désormais partie de l’individu au même titre que la station debout ou le langage articulé. Ils ne sont pas non plus transmissibles par des voies naturelles. La plupart d’entre eux sont de simples prothèses ou alors des solutions provisoires, un peu comme ces youppalas (ou ces déambulateurs) qui facilitent les déplacements de ceux qui ne marchent pas encore ou qui ont pour l’instant des difficultés à y parvenir. Les objets sont utiles tant que nous n’avons pas développé les facultés permettant de parvenir au même résultat sans leur aide. Si nous atteignions ce stade, l’être humain pourrait concilier son désir de maîtrise avec son aspiration à vivre en harmonie avec l’ensemble de ce qui existe. Tel est le grand défi à relever : le seul qui nous permette de nous élever au dessus des lots de consolation dont nous devons actuellement nous contenter. Les conditions requises se trouvent peu à peu réunies.
 
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Dans certains milieux professionnels, il est presque devenu naturel de se considérer comme un produit que l’on vend au plus offrant, parfois même à n’importe quel prix, simplement pour survivre. Les pouvoirs publics cautionnent cette attitude en organisant des stages où l’on apprend à se mettre en valeur pour être plus compétitif sur le marché du travail. Les responsables ne se rendent apparemment pas compte à quel point ce qu’ils proposent est dégradant. De plus, cela ne résout rien au niveau global : une fois de plus, c’est un jeu à somme nulle. Parfois, les exigences des actionnaires sont telles que, pour un gain de productivité relativement faible, il est nécessaire de consentir à une diminution importante de la qualité – ce que les producteurs consciencieux déplorent. Chacun est à la fois responsable et victime. Les investisseurs sont aussi des clients, conditionnés de toutes parts et esclaves de leurs désirs et de leurs peurs. La machine économique que nous avons crée obéit actuellement à sa propre logique sans que personne ne puisse véritablement décider de la voie à suivre. Tant que les intérêts des actionnaires seront privilégiés par rapport à ceux des consommateurs et des producteurs, l’économie ne pourra pas être véritablement au service de l’Homme. Il nous faut donc changer notre attitude envers l’argent : le considérer non comme un abri, un passe-partout ou un piédestal, mais comme une source d’énergie destinée, telle une sève, à alimenter tout ce qui va dans le sens de l’harmonie et d’un véritable progrès qui ne laisse personne de côté. Que les besoins de tous soient satisfaits et que chacun se trouve dans une situation lui permettant de contribuer le mieux possible à la prospérité générale : tel pourrait être le principe sur lequel nous devrions essayer de faire reposer l’économie.
 
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[[Fichier:AGH_Berlin_10-2013_img26_Wolfram_Priess.jpg||droite|vignette]]
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Le plaisir direct que procure le luxe n’est pas, la plupart du temps, la raison principale de son attrait. Quand on possède une chose en permanence, elle finit par lasser et, quel que soit son prix, elle cesse d’être considérée comme précieuse. En tant que signe visible de la réussite sociale, le luxe matériel permet de jouir du regard admiratif de ceux qui croient qu’il rend heureux. Il donne l’apparence d’une véritable distinction. C’est un succédané ou une imitation du sacré, de l’art ou de la fête. En lui, l’esthétique est mise au service du simple plaisir de l’individu, sans référence à des valeurs plus essentielles. Naturellement, comme tout exposé critique, celui-ci demande à être tempéré par par des considérations complémentaires. Il n’est pas prudent de trop exiger de la nature humaine. Peut-être l’étalage du luxe remplace-t-il dans certains cas celui de la force ? Il n’est pas impossible que, dans une certaine mesure tout au moins, ce substitut fasse diminuer le taux de violence et les probabilités de guerre. Le luxe peut également contribuer au dépassement d’une conception du monde trop utilitaire. Même les plus pauvres lui sacrifient une place à la mesure de leurs moyens. Cela leur permet de goûter temporairement un état de plénitude. Chacun devrait pouvoir bénéficier à tour de rôle de ce qui est raffiné, somptueux et grandiose. Une telle possibilité empêcherait à la fois l’accoutumance et la jalousie. Elle épargnerait en grande partie la course aux simulacres que nous venons d’évoquer. Dans ces lieux accessibles à tous, les artisans talentueux pourraient réaliser de riches ouvrages sans avoir à se conformer aux directives de la minorité la plus fortunée. Ce domaine public de qualité
favoriserait le sens de l’unité et éviterait l’identification trop stricte avec la situation sociale et les conditions qui s’y rapportent.
 
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[[Fichier:Developpement durable home.svg|thumb]]
Nous avons élaboré un système d’échange qui isole et insensibilise. Il serait souhaitable de le reformuler en accordant davantage de place à la joie du plaisir partagé. Tout peut changer. Si les personnes en vue adoptent un art de vivre ou une philosophie qui semble bénéfique, la plupart des gens auront envie de s’y rallier. En attendant, si faiblement que ce soit, chacun d’entre nous peut infléchir le cours des flux de vie qui sont à sa portée. Au lieu de nous plier à la tyrannie des désirs dominants, essayons de répartir équitablement notre argent entre les différentes composantes de notre être, en tenant compte de la hiérarchie des valeurs qui pour l’instant nous paraît devoir être respectée. Et plutôt que de nos précipiter, ainsi que des gloutons, sur les placements qui augmentent le plus notre capital, faisons preuve d’un peu d’élégance. Des solutions de remplacement existent. La plus simple consiste à confier notre argent aux banques qui soutiennent les entreprises et les institutions respectueuses de l’Homme et de la nature. Cette épargne responsable et solidaire est un moyen très simple mais efficace de participer à l’édification d’un monde meilleur. Dans tout bilan sérieux, les bénéfices et les pertes de toute nature doivent être prise en compte. Et ce qui ne se comptabilise pas ou n’est le fruit d’aucun calcul est loin d’être quantité négligeable. Les gestes accomplis gratuitement sont ceux qui ont le plus de valeur. Ils sont par ailleurs extrêmement féconds et leur pouvoir libérateur est immense.
[[Fichier:Indicateurs du développement durable.tiff|thumb|Indicateurs du développement durable]]
Nous pouvons également faire reculer la toute puissance de l’argent en valorisant ou en développant les relations qui ne
 
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Un grand nombre de biens et de services sont disponibles grâce à l’activité des entreprises. Ce qui se passe à l’intérieur de ce cadre est important à plus d’un titre. L’état d’esprit qui y règne n’a pas seulement une influence sur la qualité des services ou des produits, il se répercute également sur la vie privée et le comportement social de ceux qui y travaillent.
 
[[Fichier:Strat%C3%A9gie_de_l%27entreprise_et_Strat%C3%A9gie_SI.JPG||droite|vignette]]
Srtratègie de l'entreprise
|vignette]]
La plupart des entreprises sont actuellement tributaires d’un système économique qui les pousse à adopter des stratégies de guerre. Celles qui satisfont les mêmes besoins qu’elles sont considérées comme des adversaires potentiels qu’il faut neutraliser ou éliminer. Beaucoup considèrent que ceci est indispensable pour maintenir ses positions et conquérir des parts de marché. Les employés subissent parfois une sorte d’embrigadement idéologique pour qu’ils suivent le mouvement sans état d’âme et consentent à d’importants sacrifices. Mais bien souvent, la conscience de la précarité de leur situation suffit. De nos jours, les Hommes et les machines se trouvent mis en concurrence dans un grand nombre de domaines. Lorsqu’il s’agit de trancher en faveur de l’un ou de l’autre, les facteurs humains sont rarement l’élément déterminant. – En tous cas, pas pour l’instant. Durant les périodes où le chômage est important, les salariés doivent accepter toutes sortes d’atteintes à leur dignité. S’ils refusent de se soumettre à ce qui est exigé d’eux, on leur rappelle qu’ils peuvent facilement être remplacés par d’autres, tout aussi compétents, qui seraient très heureux de pouvoir occuper ce poste, même dans ces conditions. Les cadres eux-mêmes sont soumis à ce régime. Chacun vit donc avec un sentiment d’insécurité quelle que soit la fonction qu’il occupe. La situation du client-roi n’est pas plus enviable. On prend soin de sa petite personne dans la mesure où il semble solvable et susceptible d’être intéressé par le produit Mais si plus tard il se trouve dans l’impossibilité de payer ses traites, on emploiera avec lui un tout autre langage que celui du cœur. Dans cette économie dominée par l’esprit calculateur, les sentiments les plus humains parviennent tout de même à jouer un rôle, mais c’est presque par effraction.
 
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Un employé ayant une crise cardiaque se voit refuser une demi journée d'arrêt pour aller chez le médecin car, si cela était accepté, tous ceux qui ont une crise cardiaque feraient de même.
|vignette]]Une entreprise est avant tout un lieu où des personnes sont réunies afin de travailler pour leurs semblables. Ici comme ailleurs, nul ne doit traiter l’autre comme un moyen. Et nul ne devrait accepter d’être considéré uniquement en fonction des avantages qu’il procure. Derrière la fonction, il y a une personne. Chacun a une certaine vision du monde, une sensibilité particulière et des capacités de résistance limitées. Quelle que soit sa place dans sa hiérarchie, toutes les dimensions de son être doivent être prises en considération. Si cela était effectivement le cas, un plus haut degré d’harmonie en résulterait et tous en retireraient finalement un bénéfice. La malédiction qui pèse sur le monde du travail peut et doit être levée. Il serait absurde de continuer à mener une double vie : celle des dures nécessités, où l’on se prête à de nombreux compromis et une autre, où l’on s’efforce de vivre en accord avec les idéaux de l’humanité. Une telle division a sans doute été indispensable pour que la seconde puisse se développer de manière autonome et soit protégée contre les risques d’étouffement. Toutefois, si nous voulons vivre vraiment, nous devons dépasser ce stade.
 
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Les pouvoirs publics encouragent la création artistique. Ils contribuent aussi au financement de la recherche scientifique. Pourquoi ne soutiendraient ils pas également les démarches et les expériences susceptibles de déboucher sur des innovations sociales fécondes ? Un nouveau type d’entreprise pourrait ainsi être crée. Considérées comme des sortes de laboratoires, elles permettraient de tester des solutions visant à améliorer la qualité des rapports sociaux. Tous les participants seraient évidemment des vrais volontaires. Les plus concluantes seraient ensuite étendues à une plus grande échelle. Elles ouvriraient peut-être la voie à une économie plus généreuse où même le sens poétique aurait un rôle à jouer. En attendant que les responsables politiques adoptent des mesures allant dans ce sens, c’est aux particuliers que revient la responsabilité de promouvoir cette façon de concevoir le progrès social. De nombreuses voies méritent d’être explorées.
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[[Fichier:Texte_4_mains.jpg||droite|vignette]]L’entrée dans la vie active peut se faire par étapes, et la charge de travail être réduite graduellement à partir du moment où les forces et les capacités commencent à diminuer. Pour autant qu’ils le souhaitent, les retraités devraient pouvoir rester en contact avec la vie professionnelle, de préférence à titre bénévole et de façon épisodique, pour le simple plaisir de faire bénéficier les autres de leur expérience et pour continuer à se sentir pleinement intégré dans le mouvement de la vie. Les enfants eux-mêmes pourraient faire de temps à autre une apparition sur les lieux de travail, ne serait-ce que pour rappeler aux adultes que tout ceci est un jeu qu’il ne faut pas prendre trop au sérieux. Souvent, les meilleures solutions apparaissent lorsqu’on parvient à se dégager des cadres habituels. La présence et les réflexions des enfants créeraient sans doute une effervescence qui ferait germer quelques idées neuves.
 
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Tout le monde n’attribue pas la même importance à l’argent. Ceux qui ont d’autres valeurs prioritaires déplorent de devoir se plier aux objectifs de ceux qui détiennent le pouvoir économique. Les personnes qui en ressentent le besoin devraient avoir la possibilité de rejoindre des entreprises où la distinction entre actionnaire et salarié serait atténuée ou n’aurait plus cours. Tous les participants auraient un statut d’associés et recevraient une part de bénéfice en proportion de la pénibilité du travail et des services rendus. Les décisions relatives à la production seraient prises par ceux qui ont les compétences requises. Par contre tout ce qui concerne les conditions de travail serait décidé de façon totalement démocratique. À cet égard, chacun disposerait d’un pouvoir égal, quel que soit sa place dans la hiérarchie. Et il en irait de même lorsqu’il s’agirait de la répartition des bénéfices. Les pouvoirs publics veilleraient à ce qu’un minimum soit assuré à tous en cas de difficulté. L’accès aux capital demanderait lui aussi à être revu en fonction de ces principes. Les entrepreneurs porteurs de projets intéressants et viables devraient pouvoir disposer facilement des capitaux nécessaires pour les mener à bien sans s’endetter même si au départ ils ne possèdent aucune fortune personnelle. Ici également, l’aide de l’état ou des collectivités locales pourrait se conjuguer avec le soutien des particuliers qui sont en sympathie avec les objectifs poursuivis.
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Grâce aux apports de la médecine moderne, de nombreuses maladies sont désormais soignées avec succès et des handicaps importants peuvent être corrigés ou atténués. Nous sommes également moins impuissants en face de la douleur. Mais sommes nous pour autant en bonne santé ?
 
[[Fichier:Medical_Drugs_for_Pharmacy_Health_Shop_of_Medicine.png||droite|vignette]]
Tout est savamment étudié. Ainsi la couleur rouge favorise la consommation du médicament
|vignette]]
Nous vivons rarement en bonne intelligence avec notre corps. Dès que nous ressentons un malaise, nous prenons un médicament. Or les petites maladies sont en général des réactions de défense de l’organisme. La plupart d’entre elles contribuent à notre santé. En les éliminant systématiquement, nous perturbons des processus chargés de nous protéger. Les symptômes sont des signaux qui indiquent qu’il se passe quelque chose d’anormal. Le caractère difficilement tolérable de la sensation incite à tout mettre en œuvre pour trouver une solution. Souvent, au lieu de rechercher la cause de la perturbation et d’agir sur elle, nous nous contentons de réduire au silence le signal d’alarme. Comme il ne nous dérange plus, nous sommes soulagés. Mais jusqu’à quand ? Le message exprimé par le symptôme n’a pas été déchiffré. Les raisons du dérèglement n’ont été ni recherchées ni prises en considération. Le problème rencontré par l’organisme reste donc sans solution. La maladie risque alors de revenir sous une forme ou une autre, au même endroit ou dans une autre partie du corps.
 
La médecine conventionnelle pallie généralement au plus pressé. Elle se concentre sur la lutte contre les maladies,
 
[[Fichier:Circuit_d%27un_m%C3%A9dicament.png||droite|vignette]]
Circuit du médicament
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n’accordant qu’une faible attention à la santé proprement dite et à tout ce qui permet de la conquérir ou de la restaurer en profondeur. La santé n’est pas seulement l’absence d’incapacité ou de sensation douloureuse. Elle implique aussi un sentiment de bien-être, une sensibilité en éveil et un certain dynamisme dans la pensée comme dans l’action. Pour des raisons de commodité, le corps est souvent assimilé à une sorte de machine d’une grande complexité. On néglige le fait que des échanges de toute nature ont lieu en permanence entre les différentes parties de l’organisme, le psychisme et le milieu ambiant. La souffrance et la maladie sont des événements qui n’ont pas que des aspects négatifs. Ils peuvent être l’occasion de prises de conscience bénéfiques pour l’ensemble de l’existence. La médecine allopathique obtient des résultats assez réguliers car, au niveau moléculaire, les processus se déroulent de manière plus ou moins automatique, sans être grandement influencées par les particularités des individus. Elle permet d’éliminer les symptômes sans que le patient ait à modifier son comportement et sans qu’il soit nécessaire d’agir sur les conditions extérieures qui nuisent à sa santé. Comme toutes les solutions de facilité, celle-ci a son revers. À cause de cette dépendance envers la médecine, nos facultés d’adaptation et notre résistance ont tendance à diminuer.
 
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Il serait préférable de faire reposer la santé sur la stimulation et la mobilisation des ressources personnelles. Le corps possède sa propre intelligence et des facultés d’auto-réparation. Le recours aux traitements offensifs doit être provisoire ou réservé aux cas où il est indispensable. Il existe d’autres types de réponse qui tiennent mieux compte des équilibres existants. Elles ont également l’avantage de renforcer les capacités de réaction de l’organisme. Chacun peut apprendre à faire connaissance avec son corps, être à l’écoute de ce qui s’y passe et devenir conscient de ses possibilités et de ses limites. Cette compréhension lui permettrait d’augmenter son potentiel et son système de défense. Depuis des millénaires, des recherches ont été entreprises dans ce sens. Beaucoup se fondent sur l’interdépendance du corps et du psychisme : toute action au niveau de l’un ayant des répercussions dans l’autre. À chaque tempérament correspondent des moyens appropriés : massages, bains, travail sur le souffle, gymnastiques diverses ou pensée positive, par exemple. L’activité artistique et le recours aux thérapies psychologiques peuvent elles aussi contribuer à l’amélioration de la santé. Et il en va de même pour la nourriture : chaque aliment a des propriétés spécifiques qu’il est possible d’utiliser à bon escient. Ces différents procédés ne doivent pas être considérés comme de simples recettes. L’état d’esprit avec lequel ils sont abordés est déterminant. Il est en outre nécessaire qu’ils soient adaptés aux particularités de chacun, qu’ils s’inscrivent dans le projet de vie du sujet et tiennent compte des conclusions issues de ses observations personnelles.
 
[[Fichier:Hu_Yue_Xian.jpg||droite|vignette]]
Pratique harmonisant le corps et l'esprit
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Peu de recherches sont entreprises dans le domaine des médecines alternatives. Il faut dire que les solutions peu coûteuses vont à l’encontre de la logique économique actuelle. Pour l’industrie du médicament, le patient idéal est celui qui vit longtemps mais a souvent besoin de ses produits. Dans le contexte actuel, mener une vie saine, prendre soin de sa nourriture et avoir un bon équilibre est dangereux pour la santé financière des grandes firmes pharmaceutiques. Certaines d’entre elles sont très influentes et jouent un rôle important dans la formation des médecins. Souvent, elles détiennent la majeure partie des revues spécialisées. Dans le prix d’un médicament, le pourcentage alloué à la promotion du produit est deux à quatre fois plus important que celui de la recherche. À cause de cette mainmise sur l’information, le public et les praticiens subissent un conditionnement qui empêche la mise en place de politiques de prévention qui s’attaquent directement à la racine du mal. Si les médecins recevaient une formation plus complète, ils auraient une ouverture sur l’ensemble des thérapeutiques sérieuses. Ils pourraient ainsi orienter chacun vers celles qui conviennent le mieux à son cas, à ses affinités et à son histoire personnelle.
 
Les moyens d’investigation désormais accessibles étant très performants : il serait possible de procéder à des examens approfondis révélant clairement l’évolution de l’état de santé des patients. Pour créer une synergie, les praticiens de différentes approches pourraient s’associer au sein d’un même cabinet ou coopérer étroitement. Ils seraient ainsi moins dépendants de l’industrie médico-pharmaceutique et des orientations qu’elle impose. Un certain nombre de réformes pourraient également être entreprises afin de les aider à assumer pleinement la fonction d’éducateur de santé. Le mode de rémunération demanderait lui aussi à être repensé. Les médecins ne doivent pas être pénalisés financièrement si leur clientèle a moins besoin d’eux; ce qui pourrait bien arriver s’ils pratiquent un art médical de haut niveau. Pour les aider à aller dans ce sens, une participation des pouvoirs publics pourrait être prévue. Elle compenserait le manque à gagner et encouragerait ainsi des soins et une prévention de qualité.
 
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Notre santé dépend aussi de l’état de la planète. Nous commençons à prendre conscience des conséquences de notre activité désordonnée. Le réveil est un peu difficile. Nous avons laissé la logique industrielle prendre peu à peu possession du domaine agricole. Notre connaissance de plus en plus fine de la nature nous permettrait cependant de coopérer plus facilement avec elle, et avec une efficacité supérieure à celle des modes de culture traditionnels. Dans l’agriculture considérée comme un art, on ne cherche pas à éliminer les plantes et les insectes considérés comme indésirables : on se contente de limiter leur nombre afin qu’ils ne représentent pas une menace. Tout est d’ailleurs relatif : si le contexte change, les nuisibles peuvent parfois s’avérer utiles. Leur présence sera alors recherchée. Par des soins et des choix appropriés, par la mise en place de leurres sexuels ou en introduisant des prédateurs spécifiques, des résultats honorables peuvent déjà être obtenus en dépensant peu d’énergie. Et de nouvelles techniques prometteuses sont à l’étude qui laissent entrevoir un avenir plus réjouissant que celui que nous présente l’industrie chimique et les orientations actuelles des biotechnologies.[[Fichier:Agave_Americano,_O_Magvey,_aloe_Wellcome_L0040960.jpg|